posté le 19-05-2011 à 09:31:17
ROUSSEAU, LE NAÏF FLAMBOYANT
Novembre 1908. Picasso, qui vient d’acheter pour rien, chez un brocanteur, un « Portrait de femme » du Douanier Rousseau, organise en l’honneur du peintre un banquet dans son atelier du Bateau-Lavoir à Montmartre. Rousseau, qui est arrivé plein de timidité, plus pauvre et plus rayonnant que jamais, trône maintenant, ravi, sous les lampions.
Max Jacob, Georges Braque, Maurice de Vlaminck, Gertrude Stein et Marie Laurencin trinquent et boivent à la santé du grand homme. Le peintre joue au violon sa valse « Clémence » tandis que la cire d’une bougie coule sur sa tête sans le troubler, et lance sans façon à Picasso : « Nous sommes les deux plus grands peintres de l’époque ! » Guillaume Apollinaire monte sur l’estrade et dédie un poème improvisé à son ami Rousseau.
L’atmosphère devient exubérante : deux invités font semblant de se battre pour faire peur aux Américains en smoking ; Marie Laurencin, ivre s’écroule sur un canapé ; et Picasso rend au « maître » des hommages de plus en plus fantaisistes et bruyants… Cette folle nuit marque le couronnement, par ses pairs, d’un génie méconnu ; elle est aussi la grande avant-première des manifestations surréalistes, explosion d’art, de bonne humeur et d’insolente liberté. Mais demain, la fête passée, Rousseau retrouvera sa vie de peintre solitaire : aux cris du Bateau-Lavoir succèdera le profond silence des jungles superbes et des pays magiques…
Un mois de prison, 4 ans d’armée, pour 15 francs ! – Pour manger, il joue du violon dans les rues – Traîné en justice pour escroquerie… - « Un grand poète a besoin d’une grande muse » - Un monde mystérieux, des rêves exotiques hantent ses tableaux – Les folles nuits de la belle époque, il joue du violon pour Picasso et Apollinaire…
LE REVE
Peint quelques mois avant la mort du Douanier Rousseau, ce tableau fut exposé en 1910, accompagné d’un poème en guise de commentaire. Ces vers, sans doute écrits par Apollinaire, insistent sur le climat onirique de la scène, où l’on voit apparaître en pleine jungle un « joueur de musette » devant une odalisque allongée sur un canapé 1830. La première surprise passée, un public de connaisseurs admire sans réserve cette œuvre. Apollinaire, critique à l’Intransigeant, en témoigne : « Ils admirent tout, vous dis-je, même ce canapé Louis-Philippe perdu dans la forêt vierge, et ils ont raison. » Cet assemblage d’éléments sans lien logique entre eux annonce les délirantes inventions des surréalistes.
1910 (204,5 x 299 cm), Museum of Modern Arts, don Nelson A. Rockfeller, New York.
Henri Julien Félix Rousseau dit le douanier Rousseau est né le 21 mai 1844 à Laval. Issu d'une famille modeste, il est le fils de Julien Rousseau (1808-1868), ferblantier et d'Éléonore Guiard (1819-1890). Il devient commis d'avocat à Nantes (Loire-Atlantique). Il s'engage dans l'armée peu après pour éviter les poursuites secondaires à un vol chez son employeur. Il est libéré en 1868 à la suite du décès de son père et rejoint alors Paris. Il épouse en 1869 Clémence Boitard avec qui il aura sept enfants, dont un seul parviendra à l'âge adulte.
Le 2 septembre 1910, il meurt de la gangrène à l’hôpital Necker à Paris.
Sources Grands peintres, éditions F. Magazine sa et Wikipedia.
Armand,
Commentaires
bonsoir Armand,
très intéressant article du douanier Rousseau. Ses oeuvres sont superbes !
Je te souhaite une belle fin de journée. Bisou
coucou j'arrive avec le soleil pour te souhaiter un très bon après-midi de gros bizzzous