VEF Blog

Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 06-10-2011 à 08:05:13

UNE ÉTAPE DU CHEMIN DE ST JACQUES DE COMPOSTELLE

 

 

 

12 – Aveyron, Conques du  18 au 21 février 2011

 

 

 

        Pour cette nouvelle aventure, le cadre d’expérimentation se situe cette fois-ci à Conques. Dans cette région septentrionale de la province du Rouergue, devenue département de l'Aveyron, la nature et l'histoire paraissent avoir conclu une entente et conjugué leurs forces pour donner le jour à ce chef-d'œuvre chargé d'une incomparable puissance d'évocation : Conques.

    Peu de lieux en France, ou même en Europe, peuvent s'enorgueillir d'une telle accumulation de richesses : l'abbatiale romane et son célèbre tympan du Jugement dernier, les vestiges du cloître avec le grand bassin de serpentine, le trésor d'orfèvrerie et le musée, le village enfin, comme sorti intact du fond des siècles. Le tout s'enchâsse dans un site admirable, en forme de « conque » (du latin concha, coquille, en occitan conca) qu'avait choisi l'ermite Dadon pour se retirer du monde, au 8ième siècle.
     


        A l'intérieur d'un plateau ondulé composé de schistes ou de granits, les rivières du Lot, du Dourdou et leurs affluents ont ouvert un réseau de vallées sinueuses et profondes, témoin du rajeunissement de la vieille pénéplaine d'âge primaire. Ici, les gorges creusées par le torrent de l'Ouche, sur le point de rejoindre la vallée perpendiculaire du Dourdou, s'élargissent quelque peu et tracent une sorte de cirque dont la concavité - la « conque » - vient échancrer le plateau aux horizons tabulaires.
     


        Il s'agit d'un véritable relief en creux. Pentes escarpées, affleurements de rochers et taches sombres des châtaigneraies engendrent un paysage à la fois austère et grandiose. Tous les voyageurs, depuis l'écrivain Prosper Mérimée, par ailleurs inspecteur des Monuments historiques, qui avouait, en 1837, n'être « nullement préparé à trouver tant de richesses dans un pareil désert », furent frappés par l'aspect « sauvage » du site de Conques. Pourtant, ce cadre naturel s'avère particulièrement bien choisi et présente des avantages climatiques certains.
     


    L'abbaye et le bourg se sont installés sur le versant ensoleillé et abrité des vents du nord, assez haut pour échapper à l'humidité et aux brouillards des fonds de vallée. Des sources abondantes leur apportaient l'eau indispensable à la vie.
     


    Autour de Conques, il existe une série de belvédères naturels permettant de découvrir l'ensemble du site sous des aspects différents :
- au sud, le site du Bancarel permet d'appréhender le bourg de Conques, maison par maison,
- au nord, une série de vues plongeantes, depuis les vignobles, offre plusieurs angles de vue sur l'abbatiale et sur les toits de schiste argenté du village.
- à l'est, au hameau de Guillebastre, qui surplombe les gorges de l'Ouche, s'ouvre un large panorama en direction de Conques.
- à l'ouest, au-delà du pont médiéval qu'empruntaient les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, la montée en lacets ménage assurément les plus beaux points de vue sur le site et sur son environnement naturel.
     


        Conques est un village qui a su préserver son authenticité. Etirée à flanc de coteaux, l'agglomération enserre l'abbatiale suivant un vaste arc de cercle. Le plan originel, celui du Moyen Age, s'est conservé dans ses grandes lignes, hormis les altérations provoquées à la fin du 19ième siècle par le percement de la route départementale à travers le bourg, d'ouest en est.
     


        La grande expansion du 11ième siècle devait permettre à l'abbé Odolric (1031-1065) d'entreprendre, sur l'emplacement de la basilique du 10ième siècle, la construction de l'abbatiale romane actuelle. Les premières campagnes de travaux se soldèrent par l'édification des parties basses du chevet, abside et absidioles notamment, dont les murs se caractérisent par l'emploi d'un grès de couleur rougeâtre, extrait des carrières de Combret, dans la vallée du Dourdou. Ce matériau, jugé peut-être trop friable, fut abandonné sous Etienne II (1065-1087) qui assura la poursuite des travaux vers l'ouest.
     


        On voit se généraliser alors le « rousset », un beau calcaire jaune vif, provenant du plateau de Lunel. Sa chaude tonalité s'harmonise parfaitement avec le schiste gris local qui, dans la maçonnerie, assure le remplissage partout où la présence de pierres de taille ne s'impose pas.
     


     A la tête du monastère durant vingt ans (1087-1107), le grand abbé Bégon III déploya une intense activité de bâtisseur, faisant monter tout l'étage des tribunes dans l'église, ainsi que le cloître. Par la suite, aucun document ne permet de préciser le rôle exact joué par l'abbé Boniface, son successeur, dans le premier tiers du 12ième siècle. Mais il faut probablement lui attribuer le voûtement de l'abbatiale et la construction de la façade occidentale.
     


    La coupole romane de la tour lanterne, lancée trop hardiment au-dessus de la croisée du transept, s'effondra à une date inconnue. Les travaux de consolidation réalisés, il y a une vingtaine d'années, par les architectes des Monuments historiques ont permis une meilleure connaissance de cette partie de l'édifice, de ses vicissitudes et de ses transformations. Ainsi la faiblesse des trompes d'angles, destinées à assurer le passage du carré à l'octogone, serait responsable du désastre. La coupole fut remontée au cours des dernières décennies du 15ième siècle, en utilisant, pour son voûtement, les techniques de l'architecture gothique.
 


        Un siècle plus tard, en 1568 exactement, l'abbatiale faillit bien s'écrouler à la suite de l'incendie allumé par les protestants. Les grandes colonnes du chœur ayant éclaté sous l'effet des flammes, il fallut les cercler de fer et les noyer dans un massif de maçonnerie. Les tours de façade furent arasées, ainsi que le clocher central. Ce dernier, surhaussé par la suite d'un étage et surmonté d'une flèche charpentée, prit alors son aspect actuel.
 


    C'est l'intervention de Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques, qui permet d'entreprendre, à partir de 1837, la restauration de l'abbatiale laissée dans un état d'abandon au lendemain de la Révolution. Le long mémoire qu'il adresse au ministre lui permet d'obtenir le classement de l'édifice, assorti d'une première subvention. La restauration est confiée à Etienne Boissonnade, l'architecte du département, qui entreprend les travaux les plus urgents. En 1874, le ministère des Beaux-Arts commande à l'architecte Jean Camille Formigé un projet complet de remise en état. L'œuvre alors réalisée est considérable : reconstitution de la colonnade du chœur, reconstruction des voûtes, etc. Et c'est à partir de 1881 que commence la surélévation des deux tours de façade, suivie de la mise en place des lourdes pyramides de pierre qui les coiffent depuis lors.
     

 


 

    Des bâtiments monastiques du Moyen Age, qui abritaient une importante communauté de religieux bénédictins, ne subsistent, de nos jours, que peu d'éléments : essentiellement l'espace du cloître, et la chapelle des abbés.
 


    Le cloître, sans doute l'un des plus beaux de la France méridionale, fut élevé à la fin du 11ième siècle par l'abbé Bégon III, en contrebas du transept sud de l'abbatiale, mais il disparut en grande partie au début du 19ième siècle, faute d'entretien. Ses matériaux servirent alors de carrière aux habitants du village. Prosper Mérimée arriva quelques années trop tard pour le sauver.
 


    Seules furent épargnées, à l'est, deux petites arcades ouvrant sur l'ancienne salle capitulaire et, à l'opposé, les six baies géminées qui mettaient en communication la galerie occidentale du cloître et le réfectoire des moines. Les travaux réalisés en 1972 par les Monuments historiques ont abouti à la restitution de l'aire du cloître. La mise au jour, sous une épaisse couche de terre, de fragments du pavage et celles des fondations de la murette portant la colonnade intérieure permirent de reconstituer le tracé de trois des quatre galeries.
     


    L'emplacement de la dernière est occupé par le bâtiment qui abrite aujourd'hui le Trésor. Le pavage refait et la murette remontée suggèrent parfaitement le plan initial du cloître roman, dont la consécration aurait pu avoir lieu en l'an 1100, comme semble l'indiquer un linteau gravé récemment découvert.
 


    Le grand bassin claustral, quant à lui, a été remonté et restauré à partir des éléments d'origine. Par la qualité de la pierre utilisée - une serpentine de coloration vert foncé - comme par la beauté de son ordonnance et de son décor sculpté, ce bassin, malheureusement privé de sa vasque centrale, représente un monument sans équivalent connu dans tout l'art monastique.


        Monument majeur du patrimoine architectural médiéval sur le chemin de Compostelle, l’abbatiale de Conques s’enorgueillit d’abriter sous ses voûtes séculaires, un trésor incomparable de sculptures romanes (tympan du Jugement dernier, chapiteaux historiés) que magnifient depuis peu les vitraux contemporains de Pierre Soulages. Il est un autre trésor, infiniment précieux, que les hommes ont su rassembler et conserver : ces nombreux reliquaires, recouverts d’or et d’argent, d’émaux, de camées, d’intailles et de pierres précieuses.
     


    Depuis sa fondation, l'abbaye de Conques n'a cessé d'accueillir des pèlerins venus, de toute l'Europe chrétienne, vénérer les reliques de sainte Foy. Le Livre des Miracles témoigne de cette ferveur populaire.
 


        À ces pèlerins, se sont rajoutés progressivement, dès le 11ième siècle, ceux qui gagnaient Saint-Jacques de Compostelle, en Galice. Ils empruntaient la route du Puy-en-Velay (via podiensis), l'un des quatre axes majeurs de circulation.
     


        Le Guide du Pèlerin, un manuscrit latin du 12ième siècle, évoque en ces termes l'étape majeure de Conques et les bienfaits de sa sainte patronne : « le très précieux corps de la bienheureuse Foy, vierge et martyre, fut enseveli avec honneur par les chrétiens dans une vallée appelée vulgairement Conques ; on bâtit au-dessus une belle basilique dans laquelle, pour la gloire de Dieu, jusqu'à aujourd'hui la règle de saint Benoît est observée avec le plus grand soin ; beaucoup de grâces sont accordées aux gens bien portants et aux malades ; devant les portes de la basilique coule une source excellente dont les vertus sont plus admirables encore qu'on ne peut le dire. Sa fête se célèbre le 6 octobre ».
 


    De nos jours, cet engouement né il y a plus de mille ans ne s'est pas relâché, loin s'en faut. Aux pèlerins traditionnels, se rajoutent désormais les marcheurs des temps modernes qui, pour des raisons multiples, empruntent chaque jour plus nombreux, cet itinéraire culturel. Occasion privilégiée de rencontres humaines et de découverte d'un exceptionnel patrimoine architectural et artistique. C’est ce que nous avons fait avec Mireille. Nous avons mis nos pas d’Apprenti alchimiste sur le chemin de la découverte.
 


    L’objectif majeur de nos travaux était de retrouver sur ce lieu de pèlerinage la ligne d’énergie laissée par les initiés qui se sont succédés depuis le Moyen age.

    Quatre jours ont été nécessaire pour aller à la rencontre des édifices et d’en sentir les vibrations avec les paumes de nos mains. De pierres en pierres comme un métronome, notre ressenti nous a porté enfin au centre de l’Abbatiale. A l’aplomb du transept Nord, sous la clé de voûte de la coupole centrale… la Lumière vous pénètre.
 


    Le lieu est fermé au public, mais nous avons attendu que les touristes quittent l’Abbatiale en fin de soirée pour nous porter à la verticale de cet axe. Instantanément une lame vous transperce de chaleur qui pétille dans tout votre corps. Après quelques minutes de recueillent, votre corps flotte dans la béatitude. L’expérience est vivifiante et nous avons eu du mal à quitter cet espace… 
     


    Le lendemain matin nous partons pour la foret voisine expérimenter l’appel du vent. Comme nous l’avions vu faire dans la forêt de la Sainte Baume par notre instructeur, nous nous mettons en harmonie avec les arbres et nous invoquons « l’élémental » du vent. A notre grande surprise la branche d’arbre que nous regardons bouge sous l’effet d’un souffle de vent. Rien d’autre dans la foret ne bouge ? Nous renouvelons l’expérience deux fois dans des directions différentes et le vent répond. Nous arrêtons là notre expérience, car il ne s’agit pas de faire une démonstration, mais d’être en harmonie avec la matière.
     


    Le chemin est possible à celui qui croit. Mais il est difficile car il faut travailler sans cesse… Nous poursuivons donc notre chemin…



Jakin,  
 

 

Commentaires

heremoana le 07-10-2011 à 19:01:35
très jolie visite de ce petit coin que je connais bien ! ce pays est splendide même à cette époque .....

Bisous et bon week-end
lafianceedusoleil le 06-10-2011 à 20:58:07
bonsoir Jakin,

tu me fais découvrir Conques que je ne connais pas du tout. C'est un joli village rempli de vestiges.

Merci pour ce bon article.

Ah bon, tu es un 7, je suis enchantée ! Je te souhaite une belle soirée.

Bisou
miou14 le 06-10-2011 à 19:07:47
Bonsoir, merci pour ton passage chez moi, je profite de faire quelques pas en ta compagnie vers Compostelle. Amitiés.
lolo78000 le 06-10-2011 à 15:47:37
petit coucou sous la pluie pour te souhaiter un bon après-midi de gros bizzzous
Lilaschouette le 06-10-2011 à 11:55:12
Kikou Jakin !!


Quelle bonne balade que je viens de faire ... super!!!

A la prochaine Bisous
LA PIOTE FEE DU JEUDI. le 06-10-2011 à 09:06:50
bonjour jakin

et bien kelle merveille toutes ces vielles maizons et monuments merci de cette belle ballade l ami de vef amicalement bonne journee bisouxx tendresse