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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 05-04-2012 à 07:24:05

UNE SOCIÉTÉ PEUT-ELLE SE PASSER DE LA PUNITION ?

 

 

 

 

          La punition est une conception sociologique qui fonctionne selon un mode opératoire définit par les concepts de rétribution, d’intimidation, d’exemplarité, d’amendement et d’élimination.


     Voici développé ici le questionnement qui étaye mon propos :


  - La question pour un citoyen n’est pas de savoir où sont le bien et le mal, à plus forte raison ce que ces mots signifient, mais de se plier aux lois. Pour le Droit, les consciences individuelles et leurs alarmes n’ont pas la plus petite importance. Le Droit est une convention fragile qui ne repose que sur la seule volonté de tous d’obéir par commodité. Une société ne peut survivre sans cette soumission. Lois antisémites d’une époque, loi Gayssot d’une autre : libre à certains de les trouver scélérates, mais les transgresser entraîne un châtiment aux pénibles effets.


  - Punir celui qui a tué, c’est seulement lui montrer notre colère (éventuellement le tuer), notre agressivité épouse la sienne. Et il ne sert à rien de s’abaisser chaque fois jusqu’à ce degré de notre misère.


  - L’indignation n’est pas la même face à la délinquance courante où c’est notre impuissance qui nous désespère. Pourtant, en ce domaine, on peut justement agir politiquement (agir dans la cité). Nous savons fort bien que le voleur préférerait être marchand de biens ou présentateur de télévision et que la délinquance augmente en fonction non de la pauvreté mais de l’écart grandissant entre pauvres et riches. Dans ce cas, ce n’est plus tant l’envie qui anime le voleur que la rébellion.


  - Des juges souhaiteraient pouvoir condamner le crime sans condamner son malheureux auteur, mais ils ne sauraient se cacher que le blâme en lui-même est déjà violent dès lors que quelqu’un est accusé d’avoir commis un délit ou une erreur. Dans l’état actuel des choses, le procès est toujours une cérémonie de dégradation, il vous couvre d’opprobre quand bien même vous seriez relaxé à la fin des débats.


  - Des naïfs semblent attendre de la prison que le détenu réfléchisse et regrette ce qu’il a fait.


  - Le repentir est lié à une faute. Mais ce qui est faute à ses propres yeux n’a que très exceptionnellement à voir avec la Loi. Le regret qu’éprouve un détenu c’est le plus souvent celui de s’être fait prendre ou d’avoir manqué une affaire en or. Quant à celui qu’on exige de lui au moment du procès, il ne s’agit que de déculpabiliser juges et jurés en validant l’acte d’accusation.


  - Bien des gens seraient d’accord pour faire disparaître les gêneurs et autres fauteurs de troubles, mais « sans leur faire de mal ». Comment pourrait-on imaginer « ne faire aucun mal » à des hommes qu’on prive de liberté, qu’on sépare des êtres par lesquels ils vivent, qu’on coupe de leur passé et de leur avenir ?


  - Lorsqu’on punit, on veut faire expier à quelqu’un sa faute. La douleur infligée au coupable est censée rétablir un équilibre : il faut contrebalancer le crime par une souffrance équivalente. Quelle idée ?


  - Rares sont ceux, athées ou croyants qui voient dans la justice autre chose que le salaire des bons et des méchants : la possibilité d’une réparation et d’une réconciliation.


  - La punition à base de privations, de sévices parfois, s'appuie sur l'illusion que la privation ou la douleur vont déboucher sur une prise de conscience salutaire et entraîner un changement de conduite.


     De tout temps, dans toutes les sociétés même les plus primitives comme le rappelle Malinowski, quand il critique la vision idyllique d’un communisme primitif, il a existé des normes, des règles et une répression des écarts à la norme. C’est dans cette perspective fonctionnaliste que nous pouvons analyser la punition des criminels. La punition renforce d’abord la cohésion du groupe par la réaffirmation du groupe et de ses valeurs après un crime qui les a mises à mal et par l’exclusion de personnes qui le menacent. L’objet de « Surveiller et punir » de Foucault est d’analyser finement les changements.


     La question posée et la méthode proposée pour y répondre est emblématique de la difficulté épistémologique propre aux sciences sociales. L’objet de la sociologie est d’étudier des faits sociaux et des groupes sociaux qui ont des propriétés émergentes par rapport aux individus.


     Ce faisant, une autre caractéristique du processus dialectique est apparue : les concepts miroirs. Le triptyque criminel, punition, victime est intéressant pour cela. A priori, Crime et Châtiment sont deux objets bien distincts. En fait un parcours sur ces concepts nous démontre combien ils sont miroirs. Le crime crée la punition, mais c’est la punition qui fait que le crime est crime.


     C’est pour cette raison que je crois qu’une société ne peut pas se passer de la punition, même si la punition ne sert à rien et qu’elle est souvent pernicieuse.



Jakin,

 

Commentaires

lafianceedusoleil le 05-04-2012 à 22:25:12
Bonsoir Armand,

j'ai bien aimé ton article, je pense que c'est toi qui l'a écrit.

J'aurais bien aimé une suite, je reste sur ma faim.

Bonne fin de soriée et gros bisou


smiley_id117199
lolo78000 le 05-04-2012 à 15:10:52
coucou avec la pluie pour te souhaiter un agréable après-midi de gros bizzzous