posté le 14-06-2012 à 05:38:59
Maître de curiosité, Intendant des Bâtiments, Prévôt et juge, pont entre Maîtres et Elus ?
Maître de Curiosité
Cette fois-ci la légende à un départ biblique (I Rois IX, 12-13), mais c’est la légende maçonnique qui va évidemment retenir mon attention.
Globalement, ont voit que les funérailles achevées, les choses bougent, des personnages apparaissent. Ils sont mis dans des situations que nous seront amenés à connaître et ils constituent autant de facettes de nous-mêmes que nous devons identifier et comprendre.
Hiram de Tyr vend des matériaux, Salomon construit un temple. Manifestement ils ne sont pas sur le même plan. L’un s’intéresse à la matière, l’autre à l’Esprit. voilà identifiées les deux parties de nous mises en scène dans ce degré. Matière et esprit coexistent en nous, quel que soit le sens que nous donnons à ce dernier, et l’obélisque du 5ième degré nous a appris que notre spiritualité se construit sur la matière.
Dans cette dualité, apparaît le troisième larron : Johaben. Celui-ci devine ce qui se passe, de la même façon que le Franc-maçon se rend compte qu’une matérialité excessive risque de tuer ou tout au moins d’inhiber l’Esprit et il essaie de comprendre le problème. Il ne suffit pas d’être dévoué et plein de bonnes intentions.
Ce degré nous amène à réfléchir en premier lieu sur la transgression car l’homme a besoin de se situer dans le monde et de connaître les limites qui lui sont permises. Puis sur la Parole. Si la parole est perdue depuis la mort d’Hiram Abi, elle ne l’est pas pour tout le monde. Il y a forcément quelqu’un qui la connaît. C’est le décors qui nous indique le chemin : le pays de Kaboul, Terres intérieures et stériles. C’est une façon de décrire l’émergence de la conscience dans l’homme à partir de sa matière brute qui, laissée à l’abandon, est stérile.
D’ailleurs, le Rituel nous le précise : « Mon zèle a été pris pour curiosité ». C’est le zèle qui a poussé Johaben à écouter aux portes, mais c’est la curiosité qui lui permet de découvrir les lois régissant l’univers matériel. Dans les deux cas celui-ci a fait fonctionner son sens de l’observation, son raisonnement et son intuition. Dans la tradition Johaben serviteur de l’esprit cherche à éviter que celui-ci soit tué par la matière.
Hiram de Tyr, Salomon et Johaben un ternaire qui reconstitue le Un et qui permet de reprendre le chantier…
Prévôt et Juge
Ce grade est propice aux interprétations sociales et moralisantes et il est bien évident que tout rassemblement humain, quel que soit son objectif, est susceptible d’engendrer des désaccords pouvant aller jusqu’au conflit. Il est par conséquent, nécessaire de prendre des mesures d’organisation, voire disciplinaires et pénales, pour les prévenir. Partant de là, il y a de quoi disserter sur toute société humaine. Mais là n’est pas le propos.
Ce degré nous engage plutôt à harmoniser les envies et les besoins de notre corps avec les exigences de notre esprit, la transposition saute aux yeux. Nous devons constamment examiner nos pensées et nos actions à la lumière des règles qui permettent de parvenir à cette harmonie et en tirer immédiatement les conséquences. Nous devons mettre en œuvre un nouveau triptyque : Vérité – Equité – Justice.
Adonhiram nommé par Salomon devient le chef des Prévôts et Juges, mais Johaben à qui nous nous identifions depuis le grade précédent est lui aussi nommé. Il est ainsi très clairement rappelé que nous ne sommes qu’un parmi les autres, que nous ne pouvons nous prévaloir d’aucune faveur particulière et que nous devons poursuivre notre chemin par nous-même.
Et pour cela Salomon nous donne une clef d’Or et une Balance pour accéder à la connaissance qui se trouve dans le Saint des Saints. Va-t-on pouvoir s’en servire ? Ne serions-nous pas ébloui par ce que nous allons découvrir dans la cassette ? Va-t-on pouvoir déchiffrer les plans ? Malheureusement il n’y a que nous qui puissions répondre à ces questions, car c’est nous… qui somme juge !
C’est une boutade qui est dans la droite ligne du sens de ce grade. La balance de la justice n’est pas le symbole de la justice des prétoires, mais de celle qui résulte de l’usage de notre discernement pour juger ce que nous sommes, ce que nous nous sommes fait.
Si nous ouvrons le coffret d’ébène et si nous savons déchiffrer le plan comme Johaben, nous pourrons comparer ce que nous avons fait avec ce qu’il aurait fallut faire. En d’autre terme, nous vérifions la conformité de nos actions avec la Loi, car nous sommes Juge.
Voilà le sens le plus profond que nous devons travailler au 7ième degré du Rite. Il en existe bien d’autres que le temps ne me permet pas de développer…
Intendant des bâtiments
Dans ce grade personne n’est encore capable de remplacer Hiram et c’est une nouvelle fois un remplacement collégial que met en place Salomon. Il s’agit cette fois de 5 intendants, responsables chacun de l'un des 5 Ordres d’Architecture et c’est Johaben, cet autre nous-même qui est appelé en premier.
Apparaît alors deux nouveautés : la chambre secrète et la voûte sacrée. Elles sont là pour nous dire que si nous voulons nous élever, il faut commencer par descendre en soi, encore et toujours. Avant de commencer les superstructures, il faut toujours commencer par le soubassement. C’est bien ce qui est demandé à Johaben. Mais pour quels trésors doit-il aménager la chambre secrète ?
Nous pouvons imaginer que ce sont nos émotions et nos sentiments qui risqueraient de nous faire exploiter si nous en faisions état et, aussi, de nous faire agir d’une façon non conforme à la balance qui serait alors déséquilibrée.
N’est-ce pas ce que nous avons de plus précieux, notre compassion, notre amour et aussi toutes nos petites faiblesses dont d’autres pourraient abuser et qui pourraient nous conduire à des impulsions inéquitables, voire injustes sinon périlleuses pour nous-même ?
Pour que la vie extérieure ne sollicite pas à chaque instant son attention, en devenant Intendant des Bâtiments, le franc-maçon va s’occuper à découvrir sa construction secrète pour l’administrer en toute responsabilité. Nous habitons un corps, une maison, un Temple et nous devons le diriger au mieux des intérêts du propriétaire. L’Intendant des Bâtiments est une personne qui connaît parfaitement la vaste propriété dont il a la responsabilité.
Le Juste, le Témoin, celui qui est libre de toute suggestion, pour gérer son domaine, va pénétrer plus avant dans la réalité de son monde matériel et spirituel, là où règnent la justice et l’ordre.
Ces trois grades étaient jadis appelés grades de grande maîtrise parce qu’ils sont vecteurs d’un enseignement de justice et d’équité.
Le chercheur retrouve d’un coup l’état de conscience du Maître de curiosité, la traversée du désert, la vision de populations sauvages dans son monde, le néant d’une vie transcendante. Nous voyons bien par là que la progression sur le chemin initiatique n’est pas linéaire, mais sinusoïdale, avec des hauts et des bas, des avancées et des retours en arrière, des certitudes et des doutes.
Pourtant si le travail a été bien mené, même si la conscience de l’être est plus faible, elle ne disparaît plus complètement ou, si elle s’estompe, le trajet de retour est plus rapide.
Dans le franchissement de ces trois grades, le franc-maçon qui voulait consacrer sa vie à l’épanouissement et à la réalisation de son identité véritable, ne sait plus où est le réel. Certes, il n’est pas le propriétaire de son domaine mais il ne se sent pas non plus un maître comptable de la gestion de son patrimoine, son état n’est pas satisfaisant, pas confortable et, après tant d’années d’efforts pour s’améliorer, il ne sait plus quelle direction prendre, il ne sait plus ou est le juste. Il en a assez de philosopher, d’améliorer sa pensée au détriment de son travail ou son travail au détriment de sa vie.
Il est tant de franchir le pont qui nous mène au grade d’Elu Secret…
Jakin,
Commentaires
Bonsoir Armand,
un peu savant pour moi ton article ce soir.
Je te souhaite une douce nuit.
Bisou
petit coucou ensoleillé aujourd'hui pour te souhaiter un très bon après-midi de gros bizzzous