posté le 17-01-2013 à 00:30:25
LES DEUX SAINT JEAN
Janus chez les Romains, Jean le Baptiste et Jean l'Evangéliste chez les Chrétiens, les deux Saints Jean nous traversent tous dans les Rituels de Table Maçonnique.
A la question posée - à un 33ième - la semaine dernière à la Pioline : Pourquoi les FM fêtent-ils les deux Saint Jean ? La réponse fut tout simplement : "que les FM avaient faim et soif ces soirs-là !"
J'ai donc ressorti de ma bibliothèque l'ouvrage de Rémy Lucas sur Les mythologies gourmandes pour vous livrez quelques-unes de ses réflexions sur la nourriture.
Les plats ne sont rien d'autre que des histoires connues et maintes fois proposées, dont le goût et la texture actualisent le récit et nous donnent à retrouver, par le biais d'une redoutable mémoire sensorielle, l'ensemble des histoires précédentes associées. Ils contiennent aussi en eux-mêmes des valeurs supportées par celles des aliments qui les composent.
Ainsi, chaque plat servi ou consommé prend la forme d'un double discours : l'un, qui se destine à nos papilles et à la satisfaction de notre estomac ; l'autre, qui s'adresse à nos émotions et, parfois, à notre conscience.
Manger est une forme d'assimilation de l'inconnu, une manière d'avaler l'incohérent et de digérer le surnaturel, une fonction naturelle vitale, transcendante, entre profane et sacré, au fondement de l'humanité : acte métaphysique alimentaire.
Forme d'argumentation efficace, le mythe gourmand est un outil donné au philosophe, au chef de cuisine ou à la maîtresse de maison pour faire passer un message par une voie simple et imagée. Il recouvre une pensée globale, concrète ou poétique qui s'oppose à un raisonnement logique ou scientifique : muthos et logos, deux formes complémentaires d'expressions de la vérité.
Une botte d'asperges et une barquette de fraises nous disent l'arrivée du printemps plus sûrement qu'une hirondelle ou un calendrier. La simultanéité de saveurs caractéristiques comme celle de l'ail, de l'huile d'olive, de la tomate et du basilic nous expédient en Provence plus rapidement qu'un train à grande vitesse. La consommation de saucisses ou de coquillages, en nous renvoyant aux symboles des formes génitales, peut nous choquer ou nous amuser. La cocotte en fonte, d'où s'échappe le fumet d'un lapin confit aux aromates, ou encore la tarte aux mirabelles nous rappellent avec une intensité stupéfiante le visage d'une grand-mère, et le bonheur de vacances lointaines.
Ainsi, nous nous sentons forts lorsque nous mangeons de la viande rouge, parce que nous percevons physiquement le goût du sang, la résistance des fibres et la volonté puissante de nos mâchoires à anéantir - au moins pour partie - un gros animal.
Nous mangeons du sens. Nos repas se construisent autour de mythes : le plateau de fruits de mer, la choucroute garnie, la tête de veau, la côte de bœuf grillée, la mousse au chocolat... sont autant de plats dont la consommation dépasse le cadre strict d'un assemblage d'ingrédients rituellement codifiés. Inlassablement cuisiné, ingérés, partagés, assortis d'anecdotes personnelles ou culturelles, ils portent en eux la puissance fabuleuse de contes gourmands fréquemment répétés.
Le message mangé est assimilé avec efficacité. Le plat, qui devient fable, dit la vie, la mort, le temps qui passe, la folie ou l'amour, la conscience et le plaisir.... Mieux que tous les discours.
Pour revenir à la question ésotérique de départ, la langue française nous ouvre quatre possibilités : extérieurement nous avons tous deux seins et nous pouvons les nommer Jean, intérieurement nous aspirons tous à devenir des saints comme les deux Jean, notre esprit, du moins je l'espère, est sain probablement comme Jean et notre ventre est ceint d'un tablier de "Jean" en écossais...
Je conclurais donc par une formule alchimique qui se transmettait dans les temps anciens : "lis, lis, relis, prie, travaille et tu trouveras"....
Jakin,
Commentaires
bon pour moi ce soir 2 invités une sans gluten et l'autre sans viande bof !!!bon wk
bonsoir Armand,
excellent article, j'ai apprécié.
Gla gla dans la capitale, nous attendons - 9° cette nuit. J'en frissonne.
Douce nuit et gros bisou
Cricri
bonsoir Jakin, merci d’être passer . bonne fin de soirée
coucou avec toujours des températures négatives je te souhaite un très bon après-midi de gros bizzzous