L’œuvre au noir correspond à la mort, à la putréfaction, puis la purification par le blanc et enfin, la renaissance, la résurrection par le rouge. Ce sont ces thèmes et ces chemins de pensée symbolique qui caractérise le grade de Maître.
Aux portes des ordres de sagesse, le Maître connaît l’expérimentation des métaux. Il sait que le sel est le liant entre le souffre et le Mercure. Que la putréfaction décompose les chairs comme l’Apprenti décompose les mots.
Jung, Mircea Eliade, Andréa Aromatica et bien d’autres en ont fait une étude sérieuse et documentée qui permet au cherchant d’en approcher le dessein et la philosophie.
Car c’est en effet l’art des métallurgistes et des forgerons qui maîtrisent le feu et font naître du minerai brut le métal pur. Dans l’athanor, à l’intérieur de l’œuf philosophale, la matière en cuisson subit une variation chromatique. La couleur est ainsi le miroir de la transmutation de la matière par l’argent spirituel : le composte passe d’abord au noir puis devient blanc et atteint enfin le rouge lorsqu’il est parvenu à l’état le plus parfait.
Ainsi, le Temple est drapé de noir pour rappeler la putréfaction, les étoiles sur les plateaux sont blanches pour convier au travail de la purification et les 9 flammes rouges annonce la transmutation. Le travail de l'Elu est résumé sur le pilier de l'Occident : Le fond est noir, les 8 élus sont représentés par des étoiles blanches et le chef, par une étoile rouge.
La noirceur de l’action : Les alchimistes qualifient cette étape de Mort Mystique ou putréfaction. Dans cette phase, l'alchimiste procède à la dissolution et à la calcination de la matière première, en la broyant, en la chauffant dans le creuset alchimique, en l'attaquant avec de l'acide. Ce travail de longue haleine peut requérir des milliers d'opérations et durer des années. Le but de l'Œuvre au Noir est de séparer la matière de ses scories, en raffinant celles-ci jusqu'à atteindre la purification de la matière. C'est ce que nous faisons en pénétrant dans la Caverne.
Sur le plan intérieur, l'Œuvre au Noir consiste à plonger dans notre subconscient, dans les profondeurs de notre psyché pour rencontrer ce que Jung appelle nos ombres. Nos ombres, ce sont non seulement ces aspects de nous-même dont nous ne sommes pas conscient, mais aussi tout ce dont nous ne sommes pas fier, tout ce que nous rejetons et repoussons parce que nous les jugeons comme mauvaises… Un autre aspect de nos ombres, ce sont toutes les potentialités que nous n'avons pas pu (ou osé) réaliser et actualiser dans notre vie consciente.
Le blanc de l’ardeur : l'alchimiste procède à la purification et à la rectification de la matière, en utilisant entre autres la rosée, cette nourriture essentielle, cette eau de sagesse que nous trouvons à l'entrée de la caverne.
Cette deuxième étape de l'initiation reliée au Feu s'appelle le degré de la transmutation. Lors de la calcination, l'aspirant dépose son moi personnel sur l'autel des renoncements. Au cours de la transmutation, le pouvoir qui animait sa nature inférieure se transforme en force animique et se manifeste sous forme de vertus.
Sur le plan intérieur, l'Œuvre au Blanc consiste à accueillir la lumière dans la matière, à la laisser descendre en nous, en n'y faisant plus obstacle. C'est tout le sens du travail de rectification de l'être. Lorsque ce processus s'accomplit, la matière devient transparente et laisse passer la lumière. Une invitation pour nous à laisser mourir l'ego, à ne plus chercher à briller à partir de l'intellect, mais bien à rayonner à partir du cœur…
Le Rouge du feu qui transmute : Dans cette ultime phase de l'alchimie, le feu primordial se réveille et donne naissance à la Pierre Philosophale. Cette pierre précieuse qui permettra de réaliser dans la réalité la Transmutation des métaux.
A cette étape, tous les vestiges de la personnalité se transmuent et s'incorporent à l'esprit. Dès lors, le disciple ne perçoit plus les choses sous l'angle humain ; désormais, il saisit tout dans la lumière de l'esprit.
Sur le plan intérieur, l'Œuvre au Rouge consiste à célébrer les noces alchimiques, en réanimant le Feu primordial en nous, en ressuscitant le phénix qui sommeille en nous. Comme le disait Jung, le but ultime de l'alchimie n'est pas d'atteindre la perfection, mais la plénitude et la complétude. L'Œuvre au Rouge est ce qui surgit une fois que tous les morceaux de notre être ont été rassemblés. Ce n'est que lorsque l'individu est vraiment UN qu'il peut vivre l'expérience de la Réalisation.
Pour conclure je vous engage à baisser les yeux, pas pour regarder vos pieds ou votre nombril, mais votre tablier. La bordure noire encadre l'athanor pour nous inviter à la calcination de nos passions, à la dissolution de notre ego pour séparer notre esprit de notre cœur. La bavette représente la bouche du chaudron avec les trois principes du Solvé Coagula : Soufre, Sel et Mercure. Le fond du tablier est blanc pour nous encourager à la Rectification, mesurer le Verbe et réapprendre le Silence. Au centre du tablier se trouve la quête de l'Elu secret, cette dualité entre Vengeance et Justice matérialisée par 9 flammes rouges qui entoure l'or et l'argent, c'est-à-dire, la transmutation du Temps en Lumière.
Jakin,
Commentaires
coucou Armand,
pas évident à comprendre, cependant, c'est un bon article. ;
Connais-tu Budapest, ma fille en revient. Elle y a passé quelques jours, elle m'a dit que c'était magnifique. Elle est revenue conquise.
Je te souhaite une bonne fin de soirée et un bon vendredi.
Je t'embrasse