Gene Vincent appartient bien évidemment à ce petit groupe d'artistes qui, en ces années 50, ont décidé de tout donner au rock'n'roll pour que cette musique et l'image sensuelle et quasi "libertaire" qui s'y rattache s'imposent définitivement parmi les jeunes Américains.
A l'inverse d'Elvis Presley ou de Buddy Holly, Gene Vincent ne cherchera toutefois pas à bâtir son succès sur un "look" capable de provoquer l'hystérie des adolescentes issues des classes moyennes, mais sur une musique violente, mise en valeur par une voix torturée et un jeu de scène démoniaque, qui s'adresse aux catégories les plus défavorisées de la société américaine. Bref, aux yeux d'une Amérique conservatrice, Gene Vincent est l'archétype même du jeune Blanc qui a mal tourné pour avoir trop écouté de musique noire !
De retour à la vie civile et fortement révolté par l'injustice de la vie, Gene Vincent se réfugie dans la musique et plus particulièrement dans le country and western à l'honneur en Virginie comme dans tous les Etats du Sud.
Le succès artistique de Be Bop A Luna comme celui de la plupart des albums qu'il enregistrera jusqu'à la fin des années 50 n'est pas dû au hasard. Si ces œuvres arrivent au bon moment, c'est-à-dire lorsque les jeunes Américains ne jurent plus que par le rockabilly et le rock'n'roll, elles révèlent aussi et surtout un chanteur exceptionnel.