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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 06-02-2014 à 08:27:16

LE PAYS DE L'ALBIGEOIS ET DES BASTIDES (2)

 

 

 

81 -Tarn, Villeneuve sur Tarn du 12 au 16 août 2012

 

(Deuxième Partie)

 

 

 

           Ce matin nous partons pour le pays Cordais nous plonger dans l'atmosphère des villages de Cordes sur Ciel et de Najac. Parcourir Cordes, c’est découvrir un fabuleux livre d’art et d’histoire incrusté dans la pierre. Même les grands auteurs tels Camus en sont tombés amoureux !
    


    Cordes sur Ciel fascine tous ceux qui la découvrent parce qu’elle est d’abord une vision : celle d’une cité montant à l’assaut du ciel. Parce qu’elle est ensuite un livre d’histoire et un album d’art où la mémoire des hommes est restée vivante, inscrite dans les pierres depuis sa création en 1222 par le Comte de Toulouse.
    


    Son site exceptionnel, son héritage architectural remarquable en font une des villes médiévales les plus significatives de France et un des hauts lieux du patrimoine européen. Et on raconte que la création de la cité fut présidée par les astres, et que l’emplacement de celle-ci fut choisi par le destin !
 


       Son cadre de vie, d’une rare authenticité, a su attirer et retenir artistes et artisans qui trouvent là leur inspiration. A l’abri des puissantes portes fortifiées, les fastueuses demeures aux façades sculptées magnifient l’art gothique. Parcourir les rues, franchir les seuils, c’est voyager au travers des siècles !
    


    Les maisons « gothiques » qui bordent l’axe principal, la Grand Rue Raymond VII, constituent un ensemble architectural exceptionnel. Les marchands, enrichis grâce au commerce du cuir et des toiles, font construire, dès la fin du 13ième siècle, de somptueuses demeures aux façades affichant ostensiblement la richesse des propriétaires. De véritables livres de pierre pour qui sait prendre le temps de voir !
  

 

   Parmi toutes les maisons gothiques de Cordes, s’en distinguent trois, particulièrement décorées : la Maison du Grand Fauconnier, la Maison du Grand Ecuyer et la Maison du Grand Veneur. Cette dernière doit sa popularité à la scène de chasse sculptée en haut relief sur le second étage. Des sculptures hors du commun. En les regardant de plus près, vous découvrirez qu’elles ont l’allure de gargouilles mais qu’elles n’en sont pas. Car si tel avait été le cas, elles auraient été dotées d’orifices permettant l’écoulement de l’eau. Par ailleurs, elles ne sont pas concentrées sous le toit, mais dispersées en ligne sur les façades.

 

 

     Les façades ont été édifiées selon un grand appareillage de pierres soigneusement taillées et assemblées. Il s’agit d’un grès extrait au village de Salles sur Cérou, à 15 km de Cordes, de couleur grise, ocre ou mauve. Au Moyen âge, le grés est un matériau de construction noble, onéreux et donc employé à la construction de bâtiments d’exception.

 


    A cette époque, les étages étaient réservés à l’habitation des propriétaires tandis que les arcades du rez-de-chaussée avaient un rôle fonctionnel. L’une d’entre elles donnait accès aux étages, les autres s’ouvraient sur des boutiques, des entrepôts, des ateliers. Une unité architecturale impressionnante qui fait aujourd’hui de Cordes sur Ciel une cité médiévale intacte.


    27 Kilomètres plus loin la cité de Najac notre deuxième étape. Najac occupe un massif escarpé où le schiste et le gneiss imposent d’étonnantes tonalités au paysage. La couverture végétale des gorges, dans lesquelles étaient cultivés autrefois le chanvre et le lin, est foisonnante. Elle se distingue de celle des collines sur lesquelles les conifères ont progressivement supplanté les vignes et les vergers, ainsi que les forêts de chêne et de châtaignier dans lesquelles paissaient les troupeaux.


    Le village, qui s’organise de part et d’autre d’une longue rue principale reliant le quartier de la Pause à la place du Barry, s’étire d’est en ouest le long d’une étroite arête rocheuse au bas de laquelle serpente un méandre de l’Aveyron. Telle une sentinelle, Najac surveille la rivière que deux ponts datant de l’époque médiévale permettent de franchir, et une vallée constituée de bois et de pâturages.


    Ce village rue d’une longueur exceptionnelle, dont le château fort occupe le point culminant du promontoire, et qui a su coloniser les pentes abruptes de la roche, est bordé par une multitude de terrasses à l’emplacement desquelles s’élevaient autrefois des habitations et des vignes.


    Najac est comme un livre ouvert. Il conserve en effet de nombreux édifices religieux, les vestiges de fortifications, des demeures médiévales dont les toits sont couverts de lauses de schiste, ainsi qu’une architecture traditionnelle de grande qualité, dont la diversité des matériaux, des techniques et des formes témoignent de son évolution.

   

    La Forteresse de Najac, célèbre dans le Sud-Ouest, fut construite pour défendre le Rouergue lorsque les comtes de Toulouse choisirent Najac comme capitale du Bas Rouergue. En 1249, à la mort du Comte Raimond VII, son gendre Alphonse de Poitiers, frère du roi St Louis, lui succède et la région, avec Najac, se soulève pendant quelques mois.

   

     Après la guerre de Cent Ans, la forteresse royale n’a guère servi que de prison jusqu’à la Révolution : Templiers, puis Croquants en 1643, y furent enfermés. Vendue comme bien national, elle fut exploitée partiellement en carrière de pierres. Le donjon resté intact, avec trois salles superposées de belle facture gothique, impressionne. A mi-hauteur, la chapelle St Julien montre des restes de fresque du 13ième siècle et de nombreuses marques de compagnons. Un passage secret dans l’épaisseur de la muraille la relie à la chambre du Gouverneur qui commandait le cellier. Sa terrasse enfin offre un magnifique panorama sur l’Aveyron et le village.
   


    Une imposante maquette, avec des personnages à l’échelle, permet au visiteur d’aujourd’hui de prendre la mesure de la politique de dissuasion mise en œuvre La Forteresse de Najac dans la région par Alphonse de Poitiers.
   


    L’Église, qui adopte le style gothique Languedocien, et dont les proportions sont monumentales, a été élevée à la demande des inquisiteurs Dominicains grâce à la participation des habitants, dont plusieurs, suspectés d’hérésie, ont été condamnés au paiement d’une forte amende pour racheter leurs fautes.
   


    Porte de la Pique (13ème siècle). Cet ouvrage défensif, contemporain du château fort édifié par Alphonse de Poitiers, faisait initialement partie de l’enceinte qui ceinturait la ville jusqu’au 18ème siècle. La porte, couverte par un arc en plein cintre, était surmontée par une chambre haute destinée à en défendre l’accès, et défendue par un assommoir permettant de pilonner d’éventuels assaillants.
   


    Fontaine des Consuls (1344). Cette fontaine publique creusée dans un bloc monumental de granite rose, occupe la partie centrale du village. Une dédicace en latin rappelle la date de sa construction et les noms des consuls qui en furent les commanditaires. Les armes de Najac (un château fort), un évêque bénissant (l'évêque de Rodez Gilbert de Cantobre), un roi portant la barbe, et des personnages aux figures énigmatiques en ornent la cuve décagonale.
   


    Nouvelle journée de découverte, mais cette fois-ci avec une excursion dans l'Aveyron, à Brousse le Château, puis nous reviendrons dans le pays albigeois pour visiter deux bastides.
 



     Première étape : Brousse le Château. La commune est située dans le sud du département à environ 50 à 60 km des villes de Rodez, Millau et Albi. Dans la région naturelle du pays du Roquefort, l’activité principale est agricole, notamment l’élevage ovin et la vente du lait de brebis aux caves de Roquefort pour la conception du célèbre fromage du même nom.
 


    Le village de Brousse le Château, dont l’origine du nom vient très probablement du latin « Bruscia » (bruyères ou broussailles incultes) remonte au 13ième siècle. C’est avant tout pour assurer leur protection, que les habitants viendront s’installer au pied du château dont l’implantation sur le site date du 9ième siècle. Aux invasions et aux guerres seigneuriales locales vont succéder de plus grands conflits encore dont le Rouergue sortira particulièrement meurtri.
   


    Le village d’aujourd’hui est l’héritier d’un passé riche d’évènements marquants, quoi de plus naturel alors de lire à même les pierres toute une histoire de France. Le village illustre parfaitement l’architecture locale, tout comme son environnement porte encore les traces d’une vie organisée autour d’une agriculture en terrasses et d’un commerce itinérant autrefois intense dans cette vallée du Tarn.
   


    L'église au clocher fortifié fut construite au 15ième siècle par le seigneur Jean II d'Arpajon et sa femme Anne de Bourbon. L'édifice servait de halte aux pèlerins en route pour Saint Jacques de Compostelle.
   


    Un vieux pont gothique du XVII° siècle enjambe l'Alrance, berceau de la truite argentée. Il constituait jusqu'à la fin du XIX° siècle le seul accès à la ville.
   


    Point fort de la visite, le château médiéval, véritable forteresse dont l’architecture défensive est clairement lisible : un donjon, une succession de tours incluses dans des remparts couronnés de mâchicoulis et percés de nombreuses meurtrières. Cet ensemble protège le logis des seigneurs, le puits citerne, le four à pain, à l’intérieur d’une haute cour et d’une basse cour. Après avoir appartenu aux comtes de Rouergue, de Toulouse puis de Rodez, le Château devint la propriété des Arpajon, une des puissantes familles de la noblesse française, de 1204 à 1700. Certains de ses membres s’illustrèrent avec éclat dans l’histoire de France, d’autres nous on légué des tragédies plus sombres, comme celle de la jeune Hélène de Castelnau, qui à l’âge de 6 ans fut captive du seigneur Jean d’Arpajon en ces murs pendant 3 longues années.
   


    Un temps, propriété des Grandsaignes il fut racheté en 1785 par François Peyrot de Vailhauzy ; Sa fille Madame de Lauro, de Rodez, le vend en 1839 à la commune qui le transformera en presbytère.
   


    Sauvé de la ruine grâce à des chantiers de bénévoles impulsés par l’Association de la « Vallée de l’Amitié » il sera administré et aménagé par les membres du « Foyer Rural » jusqu’en 2007. Il est depuis cette date géré par la commune.
   


    Deuxième étape : Graulhet. Une industrie qui a la peau dure. Ancienne cité médiévale, Graulhet est devenue une capitale du cuir depuis le 17ième siècle. La Maison des Métiers du cuir vous propose de découvrir les techniques et également des ateliers d'initiation aux métiers du cuir. Les créateurs travaillent avec les grands couturiers internationaux et le savoir-faire « made in Tarn » est toujours d’actualité.
   


    Une ville à la campagne. Posée sur un damier de champs et de bois, entre plaines et collines, lacs et rivières, Graulhet aime accueillir et faire partager sa douceur de vivre et son goût pour la fête. Le Pont vieux, la porte du Gouch, les maisons à colombages du quartier de Panessac donnent une idée du visage du Graulhet médiéval.
   


    Troisième étape : Ambialet. Entre Albi et les gorges du Tarn, la vallée dessine ici une boucle de trois kilomètres formant une impressionnante presqu'île rocailleuse. Ambialet se niche sur cette langue de terre et dévoile son panorama spectaculaire. Des Celtes aux comtes de Toulouse en passant par la croisade contre les albigeois, cette situation géographique a incité les hommes à venir s’y réfugier et y installer leur pouvoir.
   


    Sur ce site unique en Europe Gaulois, Romains et Anglais se succédèrent pour trouver le fer. Les comtes d’Albi bâtirent une forteresse, les moines un prieuré et une chapelle romane. Sur ce terrain accidenté, la ville a évolué au cours du temps présentant deux visages au fil de l’histoire : Ambialet-le-bas et Ambialet-le-haut . Sur le rocher, le pouvoir seigneurial et le haut lieu de la foi. En bas, au bord de la rivière, la vie qui marche : commerçants, pèlerins le long des sentiers muletiers.
   


    Du haut du prieuré, la vue est à couper le souffle vers les plateaux de l’albigeois et les collines du Ségala. Plus bas, au fil des sentiers et des méandres c’est une immersion totale dans la nature. A pied, à vélo, à cheval ou avec votre canne à pêche, laissez-vous surprendre par les paysages grandioses et les petits trésors cachés.
   


    L’église doit son nom à un arbre situé aux abords du prieuré, l’Oder. Selon la légende, un chevalier revenant de la croisade ramena de Terre Sainte une jeune tige d’arbousier qu’il planta au dessous de la terrasse du Prieuré. A partir de cette époque (12ième ou 13ième siècle), le sanctuaire du prieuré prit le nom de Notre Dame de l'Oder et l'arbre devint l'objet d'une grande vénération.
   


    La centrale, bâtiment atypique et massif aux allures de manoir, a été construite en 1920 par l’usine métallurgique du Saut du Tarn à Saint-Juéry pour lui fournir la force électrique.
   


    Un petit sentier abrupt conduit au castella et, plus en hauteur, au point de vue de Saint-Raphaël. Les ruines du château vicomtal des Trencavel épousent parfaitement les contours du rocher. Cette grande maison forte, dont les origines remontent au 10ième siècle, était dominée par une tour, probablement une tour de guet, bâtie sur un rocher en surplomb. Afin de compléter sa défense, le château était isolé du reste du site par un profond fossé creusé au sud et qui fit office de carrière.
   


    Le département du Tarn est avant tout un fleuve. Dès l'Antiquité, le Tarn est utilisé pour la navigation, en particulier pour le commerce des produits tarnais depuis Gaillac jusqu'à Bordeaux. Vins de Gaillac, pastel ou safran y transitent et sont acheminés sur des gabarres, ces bateaux à fond plat. Aujourd'hui, vous pouvez emprunter les gabarres pour une promenade au départ d'Albi ou Aiguelèze et profitez d'un point de vue inattendu sur le patrimoine tarnais.

    Vous pourrez admirer  les ponts, écluses et ports qui jalonnent le passage du Tarn et sont autant de vestiges de l'utilisation de la rivière par les Tarnais. Témoins des activités d'antan, Moulin à huile de Rabastens, moulin albigeois. Ils étaient utilisés pour la fabrication de farines, huiles, pâtes, pour la plupart transformés en centrales hydroélectriques, certains sont encore préservés en l'état comme le moulin à huile de Rabastens ou restaurés, le Moulin Albigeois à Albi.

    A travers les méandres du Tarn, c'est un espace naturel préservé que vous découvrirez où s'épanouissent une faune insoupçonnée et une flore diversifiée.

    Tantôt calmes, tantôt vives, les eaux de la rivière offrent une multitude d'activités pour petits et grands. De la pêche au canoë, de la baignade au ski nautique, arrêtez-vous sur les rives du Tarn et laissez-vous portez par le courant !...

 

 Armand,

 

 

Commentaires

Patrice78 le 09-02-2014 à 09:08:59
Une magnifique visite guidée.

Merci du partage.

Amitiés.

PatriceClin doeil1
lafianceedusoleil le 06-02-2014 à 22:25:45
kikou Armand,

tu ne peux pas aller chez elle, elle n'a pas de blog.

Je la connais particulièrement, c'est une grande amie intime. Elle est franc-maçonne depuis au moins 10 ans.

J'étais étonnée de la voir chez toi. Je pensais que tu la connaissais.

Comme quoi, elle est attirée vers ton blog. C'est pour cela, je disais, il n'y a pas de hasard.

Je ne lui ai pas parlé de toi.

Je l'ai eue au téléphone il y a quelques jours. Je dois la rappeler pour autre chose.

Voilà, tu sais tout.

Douce nuit

Bisou
lafianceedusoleil le 06-02-2014 à 21:19:28
bonsoir Armand,

je découvre cette jolie région avec les belles photos que tu as mises.

J'ai vu que Mie79 t'avait laissé un message. Dis-moi, la connais tu ?

Je te dirai la suite. Le hasard n'existe pas.

Belle soirée Armand et bon vendredi.

Je t'embrasse très fort.

Cricri
anaflore le 06-02-2014 à 15:27:10
un patrimoine d'exception!!!une belle visite commentée bonne journée

ici toujours dans la galère....
mie-79 le 06-02-2014 à 10:54:59
bonjour Jakin

je connais un peu cette belle région riche en patrimoine.

je suis moi même passionnée de vieilles pierres.

c'est toujours enrichissant de découvrir son pays.

merci pour toutes ces photos et leurs explications