Avec ce grade nous sommes en concordance avec celui que nous utilisons dans notre 1er Ordre.
Je pourrais longuement vous raconter, à la manière d'Irène Mainguy, que ce rituel est un assemblage du Maître Elu, dit des Neuf et de l'Elu de l'Inconnu ou Elu de Pérignan. Qu'il a été précédé par le Rituel du Conte de la Barre (qui en passant est marqué du symbole de la Loge martiniste ?) et qu'il existe aussi l'Histoire du 1er Elu Irlandais dont le tapis de Loge porte en son centre un berceau contenant un enfant, nous ramenant inévitablement à la philosophie alchimique.
Tous cela est intéressant pour le chercheur et l'historien de la FM, mais n'est que bavardage périphérique pour le cherchant. Ce qui est important pour tous les grades et en particulier pour celui-ci c'est d'éviter de confondre un ou des symboles, avec l'étape initiatique elle-même, de même qu'il est dangereux de confondre l'étape avec l'initiation.
On est initié qu'une fois en maçonnerie lorsqu'on est reçu apprenti. Tous les grades reçus ensuite correspondent à des étapes initiatiques successives, ce sont des clés complémentaires qui permettent d'avancer peu à peu dans la voie de la Lumière et de la Connaissance.
En le nommant à tors "Grade de Vengeance" on oubli souvent qu'il s'agit en premier lieu d'un Grade d'Elus. C'est comme si, en évoquant le Grade de Maître, on parlait d'un grade de mort, oubliant qu'en accèdant à la maîtrise, par la mort, on l'a vaincue, en renaissant.
Cette mauvaise interprétation est due probablement au besoin que chacun éprouve de classer, étiqueter, cataloguer, cerner les choses afin de mieux les dominer, ce qui constitue une démarche sécurisante, mais ô combien restrictive et génératrice de ghettos.
On doit considérer ce grade comme étant un grade de purification et d'épuration. Les outils utilisés sont le poignard et l'épée, instruments de vengeance et de justice employés pour poursuivre les mauvais compagnons, assassin du Maître où de leur trancher la tête comme chez les écossais.
L' allégorie au Rite Français nous soustrait de cet acte. Le mauvais compagnons en se faisant justice lui-même nous jette dans le doute et trouble la faculté de discernement.
Cet acte en apparence barbare enseigne qu'il faut supprimer en soi tout ce qui fait obstacle aux élans verticaux vers la lumière, en éradiquant, entre autres choses, l'intolérance, l'ignorance, le fanatisme, l'intégrisme, la jalousie et l'ambition qui sont autant de têtes de l'hydre maléfique.
La répétition de ce Rituel nous permet d'user notre réflexion en prenant la place de chacun des protagonistes de cette scénographie (Salomon, Johaben, Abiram et le chien) et en s'interrogeant sur les symboles présents (grotte, source, lampe), nous permet de mieux comprendre qu'il s'agit d'un même et seul personnage : le Moi, l'Elu, le FM.
La grotte signifie que nous sommes à l'intérieur de nous-même, la source nous indique que nous devons être pure pour retrouver la Lumière (la lampe). Johaben, Abiram et le Chien marquent les étapes que nous devons corriger pour y accéder. Salomon étant notre conscience qui nous rappelle sans cesse à l'Ordre.
L'Elu des Neuf, par son choix intérieur exigeant, est sélectionné pour assumer la charge de découvrir puis de détruire tout ce qui fait de lui un homme ordinaire. Il lui appartient d'ouvrir le chemin à la lumière splendide de sa vie intérieure en écartant la corruption de la vie ordinaire.
Le grade de Maître Elus apporte aux FM le temps de l'action de transcendance par l'accomplissement d'une mission morale l'inclinant à plus de spiritualité. Il ne s'agit plus de voir ce qui tue l'Etre en nous, il ne s'agit plus de comprendre les obstacles à l'Eveil, mais de châtier ce qui nous tue et de tuer un mental incapable d'accomplir l'ultime transcendance en s'anéantissant soi-même, en abolissant l'homme ordinaire.
Prenons le temps, non plus de réfléchir mais de sentir, de sentir combien nous aimons nos certitudes, nos haines et nos amours, prenons le temps de sentir se développer notre vie au fil de nos expériences réussies et de nos échecs, au fil de nos espoirs et de nos désespoirs.
Prenons le temps de sentir combien notre vie à été une construction, difficile ou facile, mais une construction qui nous appartient, une construction qui est "je". Prenons le temps de sentir ce "je" même s'il s'agit d'un "je" qui se cherche et s'interroge, et réalisons le cataclysme auquel pourrait conduire la conscience que tout cela n'est rien, c'est-à-dire que "je ne suis rien", absolument rien dans une nuit sans lumière. Est-ce supportable ? Est-ce acceptable ? Est-ce désirable ?
Voilà où en est l'Elu des Neuf, un mort qui ne sait pas qu'il est mort, un mort qui ne veut pas mourir, un mort tué par sa vie et qui, parce qu'il aime la vie, a peur que cette vie de mort soit la seule réelle et ne veut pas courir le risque d'une mort vivante pour que vive derrière la mort, une vie éternelle.
Des mots, encore des mots et pourtant à partir de ce langage, l'Elu des Neufs doit partir à la découverte de la vérité. La vérité n'est probablement pas dans une pensée juste, mais dans une action, et c'est donc une action qui fera de nous un Elu, un quêteur, un FM initié.
Si j'ai traversé ce grade avec souplesse et compréhension c'est bien parce qu'auparavant j'ai parcouru avec courage et détermination les grades de Maître Secret, de Maître Parfait, de Maître par Curiosité, de Prévôt et Juge et d'Intendant des Bâtiments pour y puiser les sources nécessaires au discernement de l'Elu des Neuf.
Je ne peut m'empêcher de conclure mon propos par une citation d'Alain Pozarnik : " Lorsque le Maître maçon, au lieu de chercher la Lumière, veut l'apporter aux autres, il ne transmet que l'ombre vaniteuse de son ego, car seul l'ego peut prétendre apporter une lumière en loge"...
Alors, soyons toujours vigilants !...
Jakin,
Commentaires
bonsoir Armand,
toutes mes félicitations, tu franchis toutes les étapes une par une avec succès.
A midi, ma fille nous a invités au restaurant.
Je te souhaite une belle fin de soirée.
Grosse bise
Cricri
Ouch ! Je n'en suis pas et, bien sûr, je n'arrive pas à entrer dans ce type de langage. Bon dimanche et à plus. Florentin