Dans le Rituel de Cérémonie l'ICTO énonce dans la séquence des planètes, pour Mars : "Le Sublime architecte des Mondes fit régner la lettre Guimel, l'orna d'une couronne et la combina avec les autres. Par elle il créa Mars dans le monde, le Mardi, le Fer, et l'oreille droite dans le corps".
Cette phrase tirée du Sépher Yetsirah ou Livre de la Formation donne le contenu suivant : "Il fit régner la lettre Guimel, il la couronna. Avec elle il forma : Jupiter dans l'Univers, le jour 2 dans l'année, l'œil gauche dans l'âme.
Nous avons la une deuxième contradiction entre le Rituel et le Sépher Yetsirah, qui peut s'expliquer par le fait que Jupiter par analogie représente le Dieu qui possède un Trident (le 3) et que l'œil gauche est l'œil d'Horus dans l'emprunt aux Egyptiens. Alors que sur le plan alchimique, Mars fait référence à l'action de la Calcination dans la transmutation du Fer dans le signe du Bélier et dans la maison 1.
Guimel est constitué par un Vav représentant un homme debout avec un Yod pour ses pieds en mouvement.
Le tracé de cette lettre en araméen est formé par deux barres formant un angle, symbolisant le sommet de la tête et le cou d'un chameau vu de profil. Le cou établissant une communication entre l'âme et le corps est la première articulation, donc le premier mouvement de la création, chez le nouveau-né, c'est la première articulation à manifester la vie.
Guimel compense donc le déséquilibre entre deux forces opposées et les fusionne en une seule. Il peut être aussi un pont qui unit deux espaces, mais également un symbole de récompense et de punition. Ainsi l'image du chameau associé à la lettre Guimel se comprend. Avoir un chameau en terre biblique c'est être riche. Sa bosse est une réserve permettant la traversée du désert de l'existence. Cette richesse intérieure accorde la capacité de compenser les manques et de rééquilibrer les forces en permanence.
La valeur 3 du Guimel lui donne le rôle d'un principe de complémentarité, de stabilité et d'équilibre. Il représente la synthèse dans le mouvement de la pensée. Il permet de séparer, de comparer et de nuancer. Le 3 introduit le concept esprit, âme, corps, associé physiquement par le Séfer Yetsirah à la tête, le tronc et l'abdomen, et symbolisé par les trois lettres mères : Shin, Aleph, Mém. Nous avons là, l'essence même du symbolisme en Loge d'Apprenti.
Le nom Guimel vient de la racine hébraïque "gamal" signifiant chameau. Toutefois le sens premier de cette racine ouvre deux directions essentielles : la première, il désigne le fait de témoigner quelque chose à quelqu'un, de rendre (en bien ou en mal), la seconde, c'est sevrer ou faire mûrir. Ce symbolisme évoque l'idée d'accumuler des réserves pour le futur. Le Chameau symbolise donc tout à la fois la tempérance, la modération et la prétention. Mais pour le Zohar, le chameau est un symbole infligeant la mort de l'homme. Le Chameau à travers le Guimel nous fait franchir la porte du Grade de Maître.
Pour les Alchimistes le Guimel signifie : Pour que le moule de toutes matières. Il permet la continuité du mouvement et de la forme. C'est la raison présidant à la conception des idées, les archétypes non-exprimés renfermés dans l'esprit. Ici commence le travail avec l'athanor, le symbole du premier équilibre par les trois colonnes de l'édifice, les trois principes de base sel, mercure et souffre. Mais c'est aussi l'équilibre entre les trois éléments primaires de la création : air, Eau et Feu.
Dans la relation Unité, Dualité, le nombre 3 vient légiférer, ainsi Thèse et Antithèse sont réunies par la synthèse, symbolisé par la hampe du Caducée d'Hermès, autour de laquelle s'enroulent les deux serpents.
Le Rituel nous engage à maîtriser la dualité et les oppositions et à nous engager dans l'unité par l'action, la création et la génération. Pour cela il nous fournit un véhicule symbolique : le Chameau et attire notre attention sur la fonction de l'oreille droite dont l'animation est de nous mettre en lien avec notre "moi supérieur", notre être profond.
Cette oreille qui va nous aider à faire des choix, sur le plan de la survie, des relations, et de nos croyances. Elle assure l'audition et l'équilibre. De même que les pieds écoutent la terre, pour en filtrer les informations, afin qu’ils se posent sur ce qui est vérifié, solide, de même l’oreille filtre l’air, symbole du souffle divin...
La partie kabbalistique est tirée de l'ouvrage de Georges Lahy "L'alphabet hébreu et ses symboles", Editions Lahy 2006.
Jakin,