Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
posté le 12-05-2018 à 06:56:26
LE DIABLE OU SOLVE COAGULA
Au premier niveau de lecture (Dodal), cette lame nous montre un diable dans sa représentation classique telle qu'on la voyait au Moyen Age : un corps noir monstrueux couvert d'yeux, des ailes de chauve-souris, symbole du monde souterrain, des cornes de cerfs, symbole de vieillesse, des oreilles d'animal. Toutefois, on le voit ici juché de façon inhabituelle sur une espèce de machine et encadré de deux diablotins encordés et reliés à la base de la machine. Il semble soutenir de sa main droite la courbure de ses ailes, tandis qu'il tient de la gauche un bâton se terminant par des oreilles de lapin. Par ailleurs, on compte six yeux sur son corps, plus un septième sur le pouce de sa main gauche.
Dans le tarot ancien de Marseille : Personnage androgyne (sexe masculin, mais poitrine marquée), avec des attributs animal (griffes, cornes, ailes de chauve-souris), deux diablotins de sexes différents, nus donc dépouillés, à l’état le plus pur possible, sont liés (ou reliés) au même brûlot rouge, représentant le feu qui d’une certaine façon les unit et les réunit, ils sont cependant coiffés de rouge. Leurs pieds sont à demi noyés dans la terre noire à laquelle ils appartiennent, et (ou) de laquelle ils sont issus, pour y retourner un jour.
Le brasier repose sur la terre noire de l’arcane sans nom, les personnages en font partie, le feu doit donc exister pour poursuivre l’œuvre. Les éléments constitutifs de la matière (nos 2 diablotins) sont coiffés de rouge, la pierre philosophale (du moins potentiellement), le diable, le maître de cette lame est coiffé d’or, résultat de la transmutation sous son aspect physique. Le fait que cet or soit porté par le diable, indique que l’or ne doit pas être utilisé à des fins bassement matérielles, d’ailleurs l’épée en main gauche (symbole de pouvoir) est démunie de garde, la mise en garde, si l’on peut dire, est me semble t-il, une fois encore très claire.
Dans le Tarot des Alchimistes : En alchimie, parler du diable , c'est parler du dragon Ladon ou du serpent Python, c'est-à-dire du Mercure en son premier état, celui dont Lulle, dans sa Clavicule, dit qu'il est commun, pour dire qu'il est vulgaire sans que pour autant il s'agisse du vif-argent. Il suffira de dire qu'il brûle dans un monde souterrain et que les initiales V.I.T.R.I.O.L. le définissent absolument. Mais, à la différence du feu de l'Enfer, les alchimistes veulent parler du feu de Ploutos (humide radical métallique), destiné à la germination et non à la corruption.La couleur rouge utilisée ici pour le fond de carte est le reflet de la vie qui circule et de la force énergétique mise en jeu. Cette teinte flamboyante est en opposition au noir de l'aigle qui enserre les personnages. Le noir obscur provoque la peur dans l'inconscient. L'aigle est souvent apparenté au soleil souverain, ici il s'agit sans doute d'un soleil intérieur : inquiétant mais cependant protecteur représentant la part sombre de l'inconscient.
Les deux personnages ne sont pas androgynes puisqu'ils sont sexués séparément. Ils représentent pourtant une union indissoluble des principes opposés mâle et femelle, souffre et mercure. La formule "Solve et Coagula" est un résumé de l'esprit de l'œuvre alchimique entreprise : dissoudre les parties fixes pour les rendre volatiles, et coaguler ce qui est instable afin de fixer les oiseaux.
De l'amas au sol surgit vers la droite un dragon qui dévore un serpent : le souffre actif tire sa nourriture de la décomposition de la matière originelle. Les personnages ont les pieds (au nombre de trois) dans le magma coagulé tandis que le haut des corps est saisi par l'aigle volatil représentant le mercure sublimé qui imprègne et "subtilise" (affiner) les parties émergeantes.
Ils tiennent dans leur main une chauve-souris vampire, et un lièvre. Ces animaux appartiennent à la gent terrestre en tant que mammifères, mais les ailes de la chauve-souris et la vélocité bondissante du lièvre marquent de leur part une certaine aspiration à la "volatilité". Mais ce n'est qu'une velléité limitée et bridée comme le montre présentement leur destin. Ces mammifères ont aussi un point similaire : ils disparaissent dans une caverne ou s'enfouissent dans un terrier pour récupérer dans le secret.
Les alchimistes tomberont d'accord là-dessus puisqu'ils professent que l'homme doit, en tout, imiter la Nature . Le Diable conserve dans son aspect un caractère ambivalent qui le rapproche des structures à l'œuvre dans le processus alchimique, et notamment son hermaphrodisme évident. A ses côtés, deux diablotins qui représentent les deux natures métallique et minérale. Il semblerait que cet arcane 15 soit comme le « négatif » de l'arcane 13 (la Mort) et que l'on puisse ainsi pénétrer jusqu'au monde occulte où se trouvent placés les éléments durant la phase de putréfaction.
Au Laboratoire : L'appareillage nécessaire à l'opération suivante consiste tout d'abord en un vase de forme ovoïde de cristal très épais, suffisamment grand car il ne devra pas être rempli à plus d'un demi-quart de sa capacité. Un volume de notre "souffre" y sera placé après l'avoir réduit en poudre fine au mortier ; puis deux fois plus du "mercure philosophique" obtenu précédemment. On ajoutera ensuite trois part du "sel' que nous avions conservé à l'écart. Cet ensemble constitue un réservoir de vitalité dans lequel l'esprit du soleil et l'âme de la lune seront unis par la grande coction. Nous pressentons le futur Rebis.
Le creuset, après avoir été luté hermétiquement, devra être fermement armaturé tout en laissant à la lumière la possibilité d'y pénétrer (ce qui sera nécessaire lorsque nous atteindrons le stade de l'arcane 18). Il sera enfin placé dans l'athanor.
Architecture cosmique et recherche Géométrique : Le diable est d'abord le symbole de la séparation. Etymologiquement, ce mot vient du grec diabolè, "division", diabolos, "qui désunit". Nous retrouvons bien dans le mot "diable" la division nécessaire à l'établissement du monde de l'En haut et du monde de l'En bas.Principe du monde obscur, il évoque les mondes inférieurs, les cryptes, les lieux souterrains ou se trouvent les morts. Par ailleurs, le mot "diable" est passé dans le vocabulaire technique, où il signifie un engin qui sert à transporter de gros fardeaux difficiles à manier, principalement des pierres de taille . On peut alors assimiler le corps du Diable à une énorme pierre.
Le diable siégeant en enfer, un lieu souterrain évoquant le Samek (signifiant le soutien du monde d'En Haut), Cette lame est donc en rapport avec la construction de fondation et en particulier de fondation sur voûtes renversées.
Par ailleurs, les ailes du Diable font penser à une voûte d'arêtes, évoquant de gigantesques ailes de chauve-souris. Quant au corps du diable, il symbolise la pierre de fondation, celle que l'on place profondément sous la terre. Les sept yeux placés sur son corps prennent alors une signification bien précise. Celle-ci nous transporte dans un passage de la Bible où nous allons trouver associés d'une certaine manière le diable et la pierre à sept yeux .
Tarot, Alchimie et Franc-Maçonnerie nous indique dans sa démarche à le recherche du centre, le SI? doit à ce moment comprendre que l'anima et l'animus s'unissent et se séparent du corps pour former l'esprit. Mais le corps ne doit pas être rejeté, il doit à son tour s'unir à l'esprit. L'anima est comme la respiration de la vie, elle est plutôt végétative alors que l'animus est actif. Ils ont besoin l'un de l'autre et l'être a besoin des deux pour se réaliser.
En FM le Diable évoque la descente à l'intérieur de la Terre (VITRIOL). L'arrivée des néophytes dans le temple maçonnique corde au cou comme les diablotins de la lame, les oreilles de lapins symbolisant la phase d'écoute. Au grade de Maître le rituel fait silence sur la séquence de la descente aux enfers, celle-ci reste secrète. Ce n'est seulement au grade de Royal Arch, en descendant dans les bâtiments souterrains situés sous les ruines du Temple, que le FM découvrira la pierre fondamentale.
La Pierre de fondation ou Pierre de fondement est la pierre de l'immanence divine qui s'enfonce au plus profond de la création...
Jakin, 