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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 20-10-2018 à 06:34:05

LA LUNE

 
 

 
          L'appellation de notre carte "la Lune", est traditionnelle. son sens est souvent reconnu comme négatif. Cependant elle représente "la vie inconsciente, la gestation et l'imagination féconde", mais aussi "les illusions et l'impressionnabilité".

     De tout temps la lune a été perçue sous un double aspect : rassurante, maternelle, protectrice et par ailleurs mystérieusement inquiétante en raison de son appartenance au domaine nocturne. De plus elle est changeante, diminuant jusqu'à disparaître cycliquement pour revenir progressivement, d'on ne sait quelle zone d'ombre.

     Malgré tout ceci, la lune est souvent aussi ressentie comme une force sereine et protectrice. Elle représente le mariage alchimique de Séléné, reine des profondeurs insondables, et d'Apollon. Mariage consommé chaque nuit noire lorsque la lune se renouvelle...

     Dans le Dodal primitif : La lune surmonte une pièce d'eau sur laquelle se détache une écrevisse. Elle déverse ses rayons sous forme de larmes sur deux chiens aboyant, placés sur le bord du bassin. Deux tours les encadrent. A première vue, il s'agit de la Lune et du signe astrologique qu'elle gouverne, le Cancer, ce signe étant symbolisé soit par un crabe, soit par une écrevisse. Quant aux chiens, ils évoquent Diane, la déesse de la Lune que les Romains représentaient accompagnée de deux chiens, parfois des lévriers.

     Mais si l'on regarde d'un peut plus près l'image de cette lame et en particulier les deux "tours", on y voit l'ébauche d'un pont tel qu'on les construisait autrefois, comme le célèbre pont de Mostar. Nous comprenons alors que pour le moment seuls les deux massifs de maçonnerie, sur lesquels va s'appuyer l'arche du ponts, sont présents.

     Dans le Tarot ancien de Marseille : Guerre de différence. La lame de la lune, celle qui influence l’homme, elle régit les fluides et les humeurs, elle peut avoir une vocation d’inspiratrice bénéfique ou maléfique suivant l’orientation mentale de celui qui la reçoit. Elle est liée à la mère et à l’eau. Dans cette lame elle montre un visage bienveillant tourné vers le passé, son rayonnement est de 3 couleurs, bleu, rouge et blanc, cependant autour d’elle des gouttelettes de condensation, or, rouge et bleue, curieusement orientées vers elle, force d’attraction ? Allusion à la rosée printanière ? Une pièce d’eau bleue renferme un crustacé énorme (monstre de la nuit, allusion au signe du cancer et par déduction aux mois de juin et juillet période favorable pour la réalisation de l’œuvre). A l’arrière plan, deux tours, sous la lune deux chiens qui hurlent. C’est aussi le dernier avertissement d’un danger : "le coup de lune", mais aussi également que le magistère, sans elle, ne peut être réalisé. La 6ème injonction correspond à : Imbibez...

     Dans le Tarot des Alchimistes : L'image est une représentation des influences cosmiques qui se font sentir au sein du vase dans lequel sont assemblés les trois principes acquis : Soufre-Sel-Mercure. La grande forme ovoïde indique le caractère de gestation du moment. L'action interne évoque un mouvement de marée sous l'influence lunaire. La lune polarise le rayonnement du soleil, cela s'appelle : "réduire le soleil en eau".

     Dans son Anthologie de l'Alchimie, Bernard Husson rapporte un texte d'un auteur inconnu : "La lune est le réceptacle ou foyer commun dont tous les philosophes ont entendu parler ; elle est la source de leur eau vive. Si donc vous voulez réduire en eau les rayons du soleil, choisissez le moment où la lune, à son plein, nous les transmet en abondance ; vous obtiendrez ainsi l'eau ignée par les rayons du soleil et de la lune dans sa plus grande force".

     Un dessin d'un traité de Zosime nous précise que la Lune au crépuscule vespéral est l'hiéroglyphe du Mercure (Lune dans son premier quartier), alors que la Lune prise à l'Aurore représentait l'argent alchimique, c'est-à-dire le Sel de Paracelse (autrement appelé Soufre blanc par Fulcanelli ou Arsenic par Geber). On a parlé à propos de cette lame de l'enlisement de l'esprit dans la matière : ce n'est pas faux. Considérée comme signe mercuriel, le Cancer, que l'on voit représenté en bas, est le signe même de la dissolution la plus totale ; elle s'est déjà amorcée dans le signe du Lion et va trouver son achèvement dans le signe des Gémeaux.

     L'arcane 18 semble montrer la Lune en majesté, prise dans son premier quartier ce qui signifierait qu'il est question du Mercure, mais nous posons ceci en pure conjecture. Toutefois, le fait que l'on voit deux chiens nous conforterait dans cette hypothèse : ces deux chiens nous sont bien connus. Celui de gauche est une chienne, la chienne d'Arménie, en bleu ; celui de droite est le chien qui vient du Corascène, (Atalanta, XLVII). Il s'agit des deux natures : métallique et minérale.

     Examinons à présent la Lune : son disque est bleu ; nous y verrions volontiers la lumière cendrée dont nous parlons dans l'Atalanta (XLV). Il paraît que 29 rayons partent de l'astre : 7 sont bleus ; 7 sont blancs et les 15 autres sont rouges. C'est à peu près la succession des couleurs de l'œuvre. Et que les gouttes qui donnent l'impression d'être aspirées par l'astre se distribuent en 8 gouttes bleues, 6 rouges et 5 jaunes. A l'arrière plan, on aperçoit deux tours crénelées dont l'une est bleue et l'autre jaune. Nous verrions dans cette image comme une autre version de la Maison Dieu : les personnages tombant sont remplacés par les chiens ; au lieu d'une tour, deux ; au lieu de la foudre, la Lune (c'est-à-dire le Mercure). Enfin, au lieu de sphéroïdes, des gouttes. L'élément ajouté est l'Ecrevisse et l'eau mercurielle.

     On ne peut que souscrire à ce programme, puisqu'il dépeint exactement l'itinéraire du Soufre, entre l'instant où il est mêlé aux autres éléments dans le creuset et le moment où va débuter la coagulation de l'eau mercurielle, traduisant la réincrudation et la renaissance du phénix. On a vu des âmes dans les gouttes ; on peut proposer une explication alternative : ces gouttes forment la sueur minérale. En effet, presque tous les textes font état de l'importance qu'il y a à guérir le Rebis de son hydropisie, c'est-à-dire de son eau en excès. Le terme d'eau est d'ailleurs impropre ici et doit être remplacé par celui d'humidité.

     Voyez encore l'Atalanta, (XXXVI). Un mot encore : les trois couleurs des gouttes évoquent les trois sublimations dont parle Albert Le Grand dans son Composé des Composés : "La substance aqueuse a une humidité superflue. On débarrasse facilement le mercure de ses impuretés aqueuses et terreuses par des sublimations et des lavages très acides".

     Il s'agit des Laveures de Nicolas Flamel ; d'autres alchimistes ont parlé d'hydropisie du Soufre, comme Alexandre Sethon , Michael Maïer ou Lambsprinck. La sueur est évoquée aussi dans des textes comme le Bergbüchlein, qui se rattache indirectement au monde de l'alchimie.
 
     Au laboratoire : L'intérieur de l'œuf (le vase) s'obscurcit à nouveau et les couleurs de la matière perdent leur éclat. L'alchimiste disposera un appareillage pour que la lumière de l'extérieur soit reflétée comme celle de la lune avant d'atteindre le magma. La lune est considérée comme la source de "l'eau de Diane", ou "eau vive des philosophes".

     La matière semble travaillée de l'intérieur, elle se boursoufle comme attirée par l'aspiration d'une marée lunaire. Progressivement elle va s'éclaircir et tendre vers un aspect laiteux. Cette préparation, ou médecine au premier ordre est susceptible de purger et monder les corps, c'est-à-dire de les débarrasser de leurs impuretés. Don Pernety dit que "Lorsque la blancheur survient la vie a vaincu la mort, le roi est ressuscité, la terre et l'eau sont parvenus air et c'est le régime de la Lune... parce que la blancheur indique le mariage ou l'union du fixe et du volatil"...

     Architecture et recherche Géométrique : Différents termes d'architecture utilisent le mot lune :
- Demi-lune - présentent un angle efflanqué, saillant, que surmonte une guérite, elles sont formées de deux faces quelquefois à retour.
- Mezza luna - berceau transversal d'une voûte à pénétration, c'est-à-dire une ouverture arrondie formée par la pénétration d'une voûte en berceau dans une autre de plus grande dimension.
- Ecrevisse - Tenaille, demi-lune a tenailles, un terme de fortification. Les différentes parties de l'écrevisse peuvent aussi désigner autre chose :
- Le bec - se dit de la saillie des piles d'un pont.
- Les ouïes - ouvertures de forme quelconque destinées à augmenter la section offerte à l'écoulement des eaux.
- Croissant de lune - ce qui est courbé en arc. Les Compagnons nomment croissants les deux cintres qui vont servir à la construction d'un pont...

       Regardons de près les "antennes" de l'écrevisse : elle représentent en réalité les branches métalliques d'un compas. Ce compas confirme l'idée de chercher des tracés en rapport avec des arcs ou des "croissants". Ce qui se conçoit sans peine. Le croissant de lune chez les Babyloniens n'était-il pas utilisé comme mot pour désigner un "arc de cercle".

     Les postures des chiens, particulièrement celle du chien bleu, font penser à des arcs-boutants. Du point de jonction entre le torse et les pattes du chien bleu par en effet un arc de cercle. Chaque chien est placé devant l'une des deux tours. Le chien bleu met ses épaules en évidence, le chien blanc s'arc-boute et son arrière-train ressort comme la saillie d'une culée. Mieux encore, leurs deux arrière-trains se superposent aux deux culées.

      La "culée" est ce massif de maçonnerie contenant la poussée d'un arc-boutant ou des arches d'un pont. Au 14ième siècle encore, on l'appelait "culée de cul".

    Pour construire l'arche d'un pont, on prépare d'abord deux éléments de charpente, deux croissants, s'arc-boutant contre deux massifs de maçonnerie. On les appuie aux culées, on les incline dans le vide, en les faisant descendre à la même vitesse jusqu'à ce qu'ils touchent. Il n'y aura plus qu'à recouvrir cet arc de bois de tablier. Et voilà notre édifice : un pont, une arche épaulée par deux culées.

     Les croissants de lune indiquent donc les deux croissants qui vont faire l'arche, les deux chiens sont des culées, les antennes de l'écrevisse montre le compas qui sert à tracer les croissants sur la planche à tracer, les pinces de l'écrevisse suggèrent les pinces d'amarrage, ses pattes des arches de pierre. Les deux tours latérales sont en fait les piliers d'un pont...

     Tarot, Alchimie et Franc-Maçonnerie : Dans le domaine initiatique, la liberté de passer prend une dimension importante en FM. On trouve cette expression au 15ième degré du REAA ou au 3ième Ordre du RF, Chevalier d'Orient et de l'Epée. Les Hébreux traversent l'Euphrate pour se rendre de Babylone à Jérusalem. Ils passent sur un pont où la Liberté de passer leur est donnée. Le tapis de loge montre un pont sur lequel est écrit LDP pour Liberté de Passage. C'est la fin de leur captivité. Ils sont passés d'une terre symbole de matérialité (Babylone) à la terre sacrée de Jérusalem.

     Cette lame engage le SI? à construire son pont universel pour passer d'une rive à l'autre, du fini à l'infini, du connu à l'inconnu, de la terre vers le ciel, un changement d'état de conscience. Du Matériel au spirituel, de soi à l'autre...
 
 

Jakin,

  
 

Commentaires

universdemissfoxys le 20-10-2018 à 10:20:35
bonjour merci du com ooh superbe article bonne journée