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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 12-01-2019 à 07:58:12

LE SOLEIL

 

 

 

           Lumière primordiale, rayonnement, gloire, santé, joie. Et encore : La Vérité et le discernement. Toutes choses bonnes et favorables sont les attributs de cette carte.

     Pas de lune sans soleil. Depuis l'antiquité la lune est considérée comme l'intermédiaire entre l'homme et le soleil dont elle reflète la lumière. Artémis est la sœur jumelle d'Apollon et la mythologie précise que, sortie la première du ventre de sa mère, elle aida aussitôt celle-ci à mettre au monde le Dieu solaire. Les deux luminaires sont complémentaires et, bien qu'opposés, ils ne peuvent être appréciés que l'un par rapport à l'autre.

     La barque solaire égyptienne est représentée par une lune d'argent porteuse d'un disque d'or. On y voit le symbole de l'union des deux principes féminin-masculin, exprimé éternellement par l'image du vase et de son contenu.

     Dans les Veda, le soleil est supposé demeurer dans une parfaite immobilité au zénith. Dans les gâthâ, Ahura Mazda reproduit chaque jour le miracle de la lumière diurne renouvelée après avoir éclairé la part nocturne du royaume d'inconscience où trône le soleil noir qui émane du Logos divin au même titre que le soleil brillant.

     Dans le Dodal primitif : Un énorme soleil surplombe deux jeunes gens aux cheveux blonds, sans doute des jumeaux. Ces jeunes gens sont debout.

     L'un a posé sa main droite sur l'épaule gauche de son frère, tandis que l'autre avance sa main gauche vers lui, au niveau de son ventre. De grosses gouttes de lumière descendent sur eux et sur le sol.

     Dans le Tarot ancien de Marseille : Un soleil rayonnant inonde de ses énergies, matérialisées par des gouttes, deux jeunes enfants très semblables, pratiquement des siamois, reliés par le plexus solaire, curieusement ils sont tous les deux marqués par une double ligne autour du cou, comme s’il ne s’agissait pas réellement d’enfants, mais plutôt, le produit unique d’une naissance (réalisation de l’œuvre, thème souvent rencontré dans la littérature alchimique avec le couple royal). Le soleil paraît ici dispenser 4 types d’énergies (en connexion avec les 4 éléments), différenciées à travers la teinte des gouttes nourricières ou fécondantes.

     A travers son rayonnement, toutes les couleurs (5) émettent sous formes de flammes ou de glaives, à noter que seuls, ceux de couleur or ont une émission rectiligne, elles sont au nombre de 3 en infériorité numérique par rapport au bleu (origine de la réalisation alchimique). Mais supérieures dans les gouttes 3 contre 2. Est-ce une allusion à la poudre de projection qui transmute le vil métal en or ? Il est à noter ici que dans les lames originelles, les radiations solaires étaient uniquement basées sur l’or et le rouge. Le rayonnement or rappelant d’ailleurs étrangement l’épée flamboyante du VM:.

     Dans le Tarot des Alchimistes : Cette carte est librement inspirée de la 5ième des "12 clés" de Basile Valentin (1599). L'Eros aux yeux bandés représente le feux secret qui agit comme une brûlure d'amour pour faire fleurir le cœur de l'œuvre.

     Le lion couronné, soleil roi, représente le triomphe annoncé, la réussite éclatante, l'intégration prochaine du soleil rayonnant. "Captez le rayon du soleil, condensez-le, nourrissez-le de feu élémentaire, ce feu corporifié, et vous posséderez le plus grand trésor du monde". (Fulcanelli, les Demeures Philosophales).

     En bas de la carte, Osiris, reconstitué sous la voûte du foyer, représente le soleil lors de son parcours caché, au-delà du plan terrestre. Dans son voyage il est supporté par la barque lunaire de l'inconscient. C'est l'image d'une autre réalité : celle du soleil au centre de l'être qui répond au soleil extérieur rayonnant en haut de la carte.

     Cette lame est considérée comme l'une des plus énigmatiques du Tarot. Pourtant, sous un point de vue alchimique, rien n'est plus clair : le Soleil est le symbole du Soufre rouge et aussi, selon ce qu'en disent les astrologues, le maître du Lion où nous avons vu que la matière poursuivait sa dissolution, entamée dans le Capricorne. Cette dissolution s'achève dans le signe des Gémeaux et nous les voyons, d'ailleurs, en bas de l'arcane. La couleur dominante est le jaune d'or et montre que l'on se situe assez loin dans le 3ème œuvre. Treize gouttes tombent du Soleil (il en tombait 19 de la Lune). S'agit-il du nombre de mois philosophiques nécessaires au mûrissement de la matière ? On ne peut pas ne pas faire le parallèle avec l'arcane 13 - la Mort - qui représente l'antithèse exacte de l'arcane 19.

     Voyez aussi ce muret où la couleur jaune - le signe de l'Air - est entourée de deux bandes rouges - le signe du Feu - ; pour certains commentateurs, ce muret ne serait autre que la Pierre philosophale ; si tel était le cas, les couleurs devraient être différentes : deux couleurs chair devraient encadrer la couleur rouge, puisque la Pierre est faite d'un Corps où a été capté et emprisonné un rayon solaire igné. Le bas de la lame est occupé par un sol sans végétation, où nous verrions plutôt une étendue d'eau ; en effet, on remarque que les jumeaux reposent sur une plaque blanche qui ressemble à une pierre cubique...Ce serait l'équivalent de Délos.

     Au laboratoire : Le magma semble maintenant s'alléger tout en continuant à s'éclaircir jusqu'à devenir d'une blancheur éclatante nourrie par le "feu corporifié". La rédemption de la matière va s'accomplir. Totalement régénéré et purifié le substrat devient, pour l'alchimiste, son premier élixir, ou médecine du second ordre. Les alchimistes l'appellent aussi "Elixir parfait au blanc" exprimant ainsi "l'état de notre matière cuite, digérée et calcinée à blancheur".

     Les parties mâle et femelle sont unifiées dans le Rebis. C'est "l'œuvre au blanc". Exaltée à la blancheur de neige, la matière obtenue est en sympathie avec le rayonnement astral. Elle attire et concentre en elle-même une si grande quantité de particules solaires reçues du soleil et de la lune, qu'elle se trouve dans la disposition prochaine de devenir "l'or des philosophes".

     Architecture et recherche Géométrique : Le mot soleil vient du latin Sol. Il se disait d'ailleurs "Sol" dans l'ancien français. Si sol désigne le soleil, il existe un mot qui se rapproche phonétiquement de "sol", le soleil, c'est le mot "sole" (la sole) du latin solda, "semelle", qui désigne tout bonnement le "plancher" d'un foyer sur lequel on allume le feu, mais qui désigne aussi la plate-forme inférieure d'un four de verrier.

     Or cette lame nous montre le Soleil au plus haut de sa lumière, au plus fort de sa chaleur, à tel point que les deux personnages se sont dévêtus sous sa chaleur cuisante. Chaleur, lumière et cuisson vont donc nous guider pour décrypter les autres niveaux de lecture.

     La plus forte chaleur du Soleil n'est-elle pas en rapport avec celle du four à fabriquer le verre ? Nous posons donc cette hypothèse et verrons si l'examen de l'image viendra la confirmer. Mettons en tout cas déjà en rapport l'image de cette lame avec celle d'un four de verrier avec sa sole.

      Examinons de près la figure du Dodal où nous avons repassé les traits marquants des corps des jumeaux, nous pouvons constater un certain nombre d'anomalies. Tout d'abord, la façon curieuse dont sont dessinés nos jumeaux. Leurs jambes ont l'air de fondre sous l'action du soleil. Les troncs, séparés des jambes par de bizarres ceintures, qui semblent être en pierre, sont parcourus de traits noirs qui ne suivent pas ceux d'une anatomie normale. Les torses surtout, d'avantage que les visages, semblent être faits de morceaux de puzzle aux contours épais que l'on aurait assemblés.

     Si l'on garde à l'esprit qu'il s'agit peut-être d'un four à fabriquer le verre, qu'il s'agit de lumière et de chaleur, les morceaux du puzzle formant les torses des jumeaux perdent leur caractère bizarre : ils représentent les différentes pièces d'un vitrail serties dans le plomb comme sur la figure ci-après. La principale caractéristique d'un tel vitrail est que les armatures de fer, au lieu de suivre le contour des médaillons ou des figures, viennent en général couper les sujets. Nous sommes bien en présence d'un four de verrier et des éléments d'un vitrail, résultat du travail des maîtres verriers.

     On pourrait même avancer que les jambes en train de fondre représentent la première partie de l'opération, la fonte du verre sous l'action des 1000° à 1200° de température nécessaire et que la moitié supérieure des personnages représente la dernière partie de l'opération : l'assemblage des pièces de verre dans leurs gaines de plomb.

     La partie inférieure de la carte, sur laquelle les jumeaux se tiennent debout, est très lumineuse. Or les verres s'assemblent sur ce que les compagnons verriers appellent "la table lumineuse".

     La strate supérieure de la sole (les ceintures des deux personnages), faite de pierres sombres, semble avoir fondu et s'être affaissée sous l'action de la chaleur, entraînant les figures des jumeaux.

     Les vitraux sont fait pour s'insérer dans des fenêtres et le Qof nous met en relation avec une ouverture, une percée vers la lumière. Il nous faut donc trouver dans quel genre de fenêtre les vitraux de cette lame vont s'insérer. Les jumeaux nous mettent sur la voie : les deux vitraux, représentés chacun par un des deux jumeaux, ne seront pas séparés, ils s'inséreront dans des fenêtres géminées, fenêtres qui peuvent être simples ou trilobées comme sur la figure ci-après, évoquant ainsi des personnages.

     Tarot, Alchimie et Franc-Maçonnerie : Le vitrail transforme la lumière, il la filtre pour aller vers le sacré et la méditation. Au niveau spirituel, on pense alors à l'inscription INRI, initiales de la formule Igne Natura Renovatur Integra (La nature est renouvelée entièrement par le Feu). C'est au grade de Chevalier Rose+, 18ième du REAA que le processus alchimique se termine avec INRI.

     Le feu qui vitrifie le sable, opère ainsi la transmutation de la matière qui devient transparente et lumineuse. Ainsi l'initié, quelle que soit la voie qu'il a choisie, après la purification par l'eau de la Lune, retrouve sa nature lumineuse par le feu du Soleil, l'ultime porte, le chaos du qof.

     Le FM pourra ainsi accéder au 28ième degré du REAA, le Chevalier du Soleil : il est retourné à la source, au Paradis. Le Vénérable est Adam. Les FM officient sous la Lumière unique et éblouissante du Soleil. On termine le processus alchimique : c'est l'œuvre au rouge.

     Après l'épisode caractérisé par un dernier refus de l'être, les éléments un temps dispersés on été rassemblés. Comme Osiris démembré puis reconstitué, cette lame nous engage comme l'être régénéré à nous abandonner maintenant au voyage sur la barque de l'inconscient à la découverte de notre véritable centre : pôle d'harmonie, source de rayonnement, soleil intérieur...
 

Jakin,