Où que l'on pose son regard, on entr'aperçoit une statue rigide dont le regard se pose dans le vide, un ange rieur, un griffon prêt à bondir sur le premier intrus qui pourrait passer par là, ou encore des feuilles, des arbres, des végétaux de toutes sortes, et même tout autour du triforium, tous les légumes que l'on cultivait à Amiens au Moyen Age.
Il faudra tout d'abord s'ôter de la tête que le sculpteur voulait "faire joli". Tout dans une cathédrale a sa raison d'être, et le hasard n'y a pas place, le hasard n'est-il pas le nom que nous donnons à notre ignorance ?
Au sommet d'un tertre, la cathédrale domine la ville. Sa flèche pointe les cieux, tel le gnomon, Digitus Dei, des cadrans solaires. La voûte devient alors ciel étoilé et se teinte des couleurs du jour : très sombre avec du bleu et du mauve au nord, elle irradie de jaune et d'orange pour enfin finir embrasée de rouge à l'ouest. Les vitraux aussi se lisent dans leurs couleurs telle l'Oeuvre des Philosophes : Oeuvre au noir, au blanc et au rouge.
Les voûtes rappellent la carène du bateau. C'est une invitation au voyage. Amiens est une ville d'eau : de nombreux canaux la parcourent, et la cathédrale a ses soubassements très humides. Les forces hydro-telluriques y sont puissantes. On peut y trouver un ancien puits, bouché par une dalle avec un anneau, qui dérègle les montres.
Patrick Burensteinas nous emmène bien vite sur les sentiers de la Tradition du portail central, foulant du pied la vouivre, le serpent tellurique, il nous rappelle qu'en ce lieu, tout est maîtrisé. C'est la seule cathédrale nous dit-il, qui présente sur le portail central l'ensemble des connaissances de l'œuvre. Une représentation symbolique, une représentation Alchimique et une représentation théurgique.
Regardez ce médaillon, c'est le plus important. Il représente l’adepte. L’Alchimiste accomplie. Remarquer qu’il a retiré ses chaussures, ce qui montre qu’il a fini son voyage. Il est aussi sous le signe des Poissons. Dernier signe fin et renouveau. Comme il les cuisine, il a le sens de la mesure. Il sait ce que les poids sont (les poissons).
Le four est sur sa gauche. De sa main gauche, paume vers le ciel c’est-à-dire le travail de l’esprit. Esprit qu’il fait descendre dans son chaudron à sa droite. Alors que le feu monte du poisson, la matière écailleuse pêchée dans la mer cure.
Moitié Labor, moitié Oratoire. Tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Sa capuche est abaisse laissant voir une coiffe, un couvre-chef le signe du maître...
"Limen Arcanum"... Le Seuil Caché... Passez donc cette porte invisible aux yeux profanes et entrez donc. Vous voici prêt à faire une visite dans ce lieu magnifique qu'est la Cathédrale. Cette visite ne sera pas une visite ordinaire.
La pierre centrale porte les figures de l'évêque et des trois maîtres d'œuvre qui sont incrustés en marbre blanc. Elle possède aussi une rose des vents qui indique les quatre points cardinaux. On peut remarquer que la cathédrale n'est pas parfaitement orientée Est-Ouest, mais possède quelques degrés d'inclinaison par rapport à cet axe.
Autour de la pierre centrale, il y a une bande de cuivre, qui n'est pas d'origine car elle était illisible depuis longtemps, dont voici l'inscription : En l'an de grâce 1220, l'œuvre de cette église fut commencée. L'évêque de ce diocèse était alors Evrard ; Le roi de France, Louis, fils de Philippe le Sage. Celui qui fut maître de l'œuvre s'appelait maître Robert de Luzarches : après lui vint maître Thomas de Cormont, et , après celui-ci son fils, maître Renaud, qui fit placer l'inscription en l'an de l'incarnation 1288. Symbolique du Labyrinthe (ou encore Dédale)
Pour la tradition kabbalistique, reprise par les alchimistes, il est aussi appelé Labyrinthe de Salomon : Il serait l'image complète de l'œuvre à accomplir. Fait de pierres blanches et noires, il faut combattre ses deux natures, les sublimer et renaître entier : solve et coagula. Il est la victoire du spirituel sur le matériel.
Au niveau des énergies telluriques, le labyrinthe est aussi très significatif : à son entrée, le taux normale de la vie, 6 000 UB . Durant le parcourt, 8000 UB : l'initié est aidé par une énergie plus forte durant son cheminement. Juste avant de pénétrer sur la dalle centrale : 1 500 UB, la mort symbolique avant la renaissance. Le centre : 14 000 UB, l'état de spiritualité. Le labyrinthe à la même superficie et taille que la grande rosace ouest.
Une ligne noire partage la nef de la cathédrale en deux. Cette ligne est interrompue par le labyrinthe, et se poursuit après. Ou plutôt, si on suit la ligne, il faut passer par l'épreuve du labyrinthe pour pouvoir poursuivre son chemin.
Avant le labyrinthe, on remarque de chaque côté de la ligne des svastikas : à gauche, elles sont noires sur fond blanc, et à droite, blanches sur fond noires. Il faut savoir que ce symbole de la svastika est un très vieux symbole. Il représente la force de vie, les énergies qui tournent et génèrent la vie. C'est une roue solaire.
Après le labyrinthe, nous pouvons voir un dallage élémentaire : quatre pavages représentant chacun un des quatre éléments : Feu, Air, Eau et Terre.
L'homme qui parcourt le chemin spirituel de la Cathédrale, après avoir connu la mort initiatique à l'entrée de la dalle centrale du labyrinthe, et être régénéré en son centre, sort du labyrinthe et se retrouve équilibré par les quatre éléments. La force nouvelle en lui se stabilise et il en devient ainsi pleinement le maître.
La cathédrale subit une transmutation alchimique du lever du Soleil à son coucher : elle devient Or, lumière pure. Les vitraux sont les témoins, du vert au noir, du noir au blanc, du blanc au bleu, du bleu au pourpre, et du pourpre à l'or, de la transmutation de la matière par le feu du sol et le feu céleste.
Au nord, partie de la cathédrale que le soleil ne pénètre jamais directement, nous avons l'Oeuvre au noir. C'est là que l'on trouve la Materia Prima, c'est le début du chemin symbolique que devra parcourir l'Adepte. Il représente le néant primordial, le chaos, l'océan des origines. Nous sommes en un lieu sombre, qui dissimule en son sein le secret des origines. Il faut y descendre pour y puiser la Sapience, VITRIOL.
Au sud, le jaune domine : c'est le soleil de midi, celui de l'Oeuvre au blanc. C'est l'œuvre à accomplir. La matière enfin trouvée, il faut maintenant commencer le travail de transmutation. A midi, la rose explose et tournoie d'un feu extraordinaire, le "Feu de Roue" des alchimistes que l'on retrouve aussi sur la façade occidentale : Ezéchiel méditant devant deux roues entrelacées ou bien l'Adepte méditant sur le feu de roue ? Cette étape est importante : l'Adepte peut enfin travailler au grand jour, la matière a suffisamment mûri.
A l'occident, la grande rosace rouge symbolise l'Oeuvre au rouge. Dans un chatoiement de jaune et d'orange, c'est l'étape décisive : la Pierre doit acquérir son efficacité. C'est la dernière étape du pèlerinage, la plus délicate où il faut se méfier des faux prophètes. La Rosace regarde l'Or Riant ou Orient, Or pur où se trouve le maître autel, lieu de la transmutation à la fois physique et spirituelle.
Le Signe de Croix (crux ou encore creuset) est tracé : Septentrion, Midi, Occident et Orient.
Commentaires
Très encyclopédique !
Coucou Armand,
je n'ai vu que l'extérieur de la cathédrale, la prochaine fois, je visiterai avec mon amie l'intérieur.
Patrick Burensteinas est un homme érudit. Il connaît tout.
Bon week end.
Bise
Cricri
Bonsoir Jakin, quand je retournerais la visiter, je la regarderai différemment en pensant à cette très intéressante description de cette magnifique cathédrale d'Amiens. ..
Merci, bon week-end, fanfan
Savantes analyses ! Je crois que l'on peut faire dire à un monument comme une église, et à plus foret raison une cathédrale (beaucoup plus complexe), ce que l'on veut. On peut toujours y trouver des signes. Bien amicalement. Florentin
bonjour super article
suis Babeth suis de retour
j'espère que tu va bien amitié
Je pense qu'il faut la visiter avec un guide qui a tes connaissances mais peut être que juste prier au choeur de ce chef d'oeuvre te rempli de sérénité et de force pour supporter les misères de la vie