posté le 28-10-2024 à 07:01:35
DES VÉDAS AU CHRISTIANISME
Notre époque a oublié l'art de musicaliser la terre. Pour les voyants d'autrefois, les contemplateurs du Véda, les Druvids ou Druides celtes, les formes visibles étaient la concrétisation de réalités invisibles, l'esprit était incorporé partout et il n'était question que d'avoir l'œil pénétrant, de voir les dieux qui transparaissaient à travers les formes matérielles : "Que les aveugles voient". Il semblait inutile de lever les yeux au Ciel puisque c'est sur cette terre même que les astres manifestent leur puissance. Notre seul travail est de procéder à une relecture du Liber Mundi, de cette réalité, qui en elle-même est sacrée, mais que nous voyons sans la voir. Cette relecture des formes est le sens d'une véritable "religion", et justifie l'étymologie : religare = re-legere.
L'image est nécessaire pour que vous sentiez la vérité, pour qu'il y ait une émotion. Les modernes ont perdu l'art de penser par image, le vrai langage métaphysique. Aujourd'hui nous périssons de cérébralité. Le cœur n'est plus touché par les idées. Or, pour que je puisse faire ce qui est dit, il faut que je sois ému. La naissance de l'enfant divin, c'est l'ouverture du cœur. Le cœur est l'intermédiaire entre les membres et la tête.
Ce qui est important dans un temple, c'est la signification. Par l'acte de reconstruire le temple sans cesse, ou de construire des dépendances, comme faisaient les Chinois, les Egyptiens, les Hindous, les Chrétiens médiévaux, on en comprend la signification.
L'homme est passé de l'expression par le monde matériel à l'utilisation du monde matériel. Le plaisir de l'homme ancien était d'exprimer la vérité, d'aller dans le pressoir de la vie pour que la vie lui fasse exprimer sa plénitude intérieure. L'homme moderne ne pense qu'à exploiter, à utiliser la terre, les forêts, les minéraux, la vapeur, les gaz, les cascades... La roue était parfaitement connue des peuples anciens qui l'employaient dans les chars processionnels en tant que symbole, figuration d'une réalité invisible, et qui auraient cru la dégrader en la réduisant à un rôle technique profane.
Les religions se sont perdue lorsqu'elles ont donné toute l'importance à "croire" au lieu de la donner à "faire". On perd la foi, on la retrouve, on la reperd... Rien de plus fugace que cette foi. Dans le Christianisme tel qu'il nous est parvenu, l'accent est mis sur "croire" alors que "facere" est le mot le plus fréquent dans les Evangiles. "Ma nourriture, dit le Christ, c'est de faire la volonté de mon Père". Ou encore : "Ce n'est pas celui qui dit Seigneur, Seigneur, qui sera sauvé, mais celui qui fait la volonté de mon Père".
L'Eglise à un moment donné vers le 14ième siècle a fini de tuer l'ancien monde mythique par son obstination à vouloir transposer en mode historique dit "réel" et matérialiste l'événement éternel, celui qui a lieu "in illo tempore", en ce temps-là qui est le présent éternel. Par contamination romaine et matérialiste, mythe devint synonyme de mensonge et l'Eglise voulut que Jésus soit historique pour qu'il soit réel. Elle perd le sens du mythe, qui n'est rien en effet et c'est pourquoi on doit le vivre. Un mythe n'est qu'un mythe, c'est pourquoi tu dois le vivre, l'agir, le faire. C'est le bouleversement "facere veritatem" de l'Evangile. Il faut "faire la vérité".
Il s'agit encore de voir, de cette vision qui est le Véda, car qui voit vraiment prévoit les conséquences de ses actes.
Le mot clé de tout le Véda est celui-ci : soma vitrah, "en vérité Vritra était le soma", le démon contenait l'ambroisie, le mal contenait le bien suprême. Quand le serpent a été dépouillé de sa vieille peau, écorché, en langage chrétien quand le vieil homme a été dépouillé, on voit que le nouvel homme était déjà là, mais recouvert d'une peau écailleuse de serpent. C'est le mariage d'Indra avec Indramî. Indramî était d'abord une serpente, une Nagimî.
Indra l'a fait passer trois fois par le moyeu de la roue de son char jusqu'à ce qu'elle soit décortiquée de trois peaux. Alors elle apparaît comme la pure déesse, la Shakti d'Indra. Il ne s'agit donc, jamais de tuer au sens littéral du mot dragon, mais le libérer du dragon la princesse qui était à l'intérieur. Vérité encore tangible dans le mythe grec de Persée et d'Andromède, bien qu'Andromède déjà à cette époque ne soit plus dans le dragon mais captive du dragon.
Dieu est unique, il pose le monothéisme védique avant le monothéisme biblique. Mais si l'homme devient directement réceptif à ce principe unique, il veut l'exprimer avec ses propres mots, avec ses propres chants, avec ses propre danse. L'Age d'Or est un âge où il n'y a pas de singes pas de perroquets, c'est l'âge de la plus grande multiplicité terrestre.
C'est le symbolisme de la queue de paon. La première fois, dit un mythe grec, que Héra, la déesse, se vit dans un miroir, elle se vit sous la forme d'un paon à la queue ocellée : un mandala, un cercle parfait, à l'intérieur duquel partout se trouvent des ocelles : des petits cercles parfaits. L'Age Noir présent est celui qui a aboli cette multiplicité terrestre.
Qu'est-ce donc que toutes les traditions ont voulu dire avec leur principe du Dieu unique ?
Car le Dieu unique était aussi bien connu de la vieille Inde que d'Israël. Lorsque Plotin, si proche de l'Inde, parle de Dieu, il ne l'appelle jamais que par ce mot : l'UN.
Le principe fondamental au sujet de cet UN qui n'est pas l'un numérique, le premier nombre d'une série, mais "l'un sans second" (ekam advaitam), c'est : Il n'est pas donné, il est donnant". La même idée se retrouve dans la Kena Upnishad. Il y a chez les Anciens un "mono-idéisme", mais cette idée doit rayonner partout. Les Anciens n'ont qu'une idée, l'idée du centre, mais il faut que ce centre rayonne partout. C'est ce que l'Inde exprime par la grande formule : Veda purânâbhyâm samupabrihayet ! "Que le Veda soit amplifié par les Purâna !"
Cet UN est ce qui est à sacrifier, c'est-à-dire à étendre. Le Shatapatha-brâhmana veut dire le Brâhmana des cent chemins. "Etendre le sacrifice", c'est le faire pénétrer partout. Le silence est requis pendant le sacrifice parce qu'il agit qu'il imbibe, qu'il pénètre toute la réalité.
Le Veda, c'est le Brahman, puisqu'il est lui-même : Etre-Conscience-Béatitude. Ce Brahman se sacrifie pour la création, c'est-à-dire que par la création il se répand partout. "Que le Veda par les Purâna soit étendu partout". Les Purâna désignent toutes les institutions, toutes les coutumes, tous les détails temporels de la civilisation.
Dieu n'est pas donné mais donnant. Il faut que le divin s'exprime. Il ne peut le faire que par la création. Il déborde, il irradie. Tout est signification. L'univers est-il un ou multiple ? Les yeux tournés vers le bas, celui qui voit l'un dans le multiple est dans la vérité. L'erreur est de vouloir chercher Dieu au ciel, ailleurs, en dehors de la réalité visible, tangible et perceptible.
Tous refus de la réalité sensible est une erreur. Comme dit un patriarche Zen : "chercher l'illumination en se séparant de ce monde est aussi absurde que de se mettre en quête de corne de lapin. Il faut voir Dieu ici même, dans cette réalité sensible, dans cette vie, dans cette incarnation. Le regard solaire est comme un rayon qui se pose sur l'être ou sur la chose et délivre l'étincelle divine qui était enfermée dans une écorce".
Patrick Burensteinas se plait à dire que dans la cosmogonie de l'Hermétisme, il est dit que les Sumériens sont arrivés entre le Tibre et l'Euphrate et il y avait déjà une vie, la ville d'Ur. Et cette ville était Dolmen, des blocs monolithiques qui faisaient 200 mètres de haut, sans portes ni fenêtres. Les anciens racontent qu'en haut ils voyaient passer de temps en temps des Lézards bipèdes.
Cette civilisation en fit une déesse à face de reptile, une déesse de la connaissance. Je remarque que dans toutes les cultures la transmission de la connaissance est donnée par un dragon, un lézard, un serpent... c'est bien étrange ?
Il y a aussi des histoires orales qui racontent qu'il y avait une civilisation avant la notre. Cette civilisation différente vivait en mer. Un cataclysme a fait que certain d'entre eux sont partis en Europe, cote Ouest et en Amérique, cote Est. Et l'on constate une nouvelle fois, que les constructions les plus anciennes se retrouvent bien là. Ils nous ont peut-être transmis, à nous qui étions des sauvages, un art une science qu'ils utilisaient naturellement tout les jours et dont nous avons pu comprendre une bride de ces savoir que nous avons appelée alchimie. C'est possible ? Et cela ne me dérange pas de croire à une autre civilisation...
Car notre histoire remonte à 5000 ans limitée par les traces connues de l'écriture que nous pouvons comprendre. Mais le Cro-Magnon, notre ancêtre, est arrivé il y a 30 000 ans. A -30000 ans cet homme nous est semblable : la même tête, une intelligence et le volume de la boite crânienne est semblable à la notre. Est-ce que cela veut dire que pendant 25 000 ans il n'a rien foutu et qu'il a fallut attendre -5000 ans pour avoir une civilisation. C'est assez peut probable ?
Donc imaginons que pendant ce temps il s'est passé une évolution. Si je reprends l'histoire des grands anciens qui avaient des têtes de reptiles, nous pouvons imaginer qu'il y a 65 millions d'années quand la météorite est tombée sur la terre et a tuer 90% de la vie par le feu, à fait le tour de la terre en consommant 90% de l'oxygène. Ce cataclysme ait put épargner l'homme qui était de taille minuscule et vivait au fond de terriers. Il a pu survivre et respirer.
Imaginons qu'un groupe de dinosaures de petite taille qui vivaient en petite communauté se trouvant dans la même situation que l'homme ait pu survivre. Doté d'une intelligence pour communiquer, échanger et projeter des stratégies dans l'avenir est créer une civilisation. Ce groupe a eu 65 millions d'années pour évoluer, alors que nous avons mis 6 millions d'années pour qu'un lémurien devienne un homme.
C'est une hypothèse possible et rien ne s'y oppose. On peut imaginer que nos civilisations ont cohabité peut de temps, mais c'est suffisant pour passer le flambeau des connaissances, en espérant qu'il y avait quelque chose à transmettre.
Je vous rassure, je n'ai pas fumer ce matin...
Un abîme sépare donc la pensée moderne de la pensée orientale ou antique, de l'ancienne voie prise par les Tout-Eveillés d'autrefois. L'appel qu'entend le monde moderne, c'est connaître, connaître plus. Connaître la lune, Vénus, les galaxies, connaître la structure de l'atome, connaître l'énergie psychique, connaître le sanscrit, le chinois et la linguistique comparée, connaître les cosmogonies et les théories sur le Brahman, et cela sans fin...
Quand nos Anciens d'Occident parlaient de "Dieu" ils polarisaient toujours le principe divin en Deus et Dea, en Spiritus Dei et Anima Mundi : "l'Esprit de Dieu et l'Ame du Monde". Cette distinction est encore bien connue de l'ancienne Scholastique, de St. Bonaventure, St Thomas d'Aquin, des Platoniciens etc. qui évitaient d'employer le mot déesse dont la connotation est trop païenne, mais qui parlaient d'Anima Mundi...
Voilà pourquoi le Rituel existe, il n'est que le véhicule d'une pensée ancienne qui prend sa source dans l'Arcane de l'univers. L'Initié, après avoir approché l'éon et le monde de l'invisible, peut mettre les mains dans le mystère en devenant opératif car celui qui sait faire de l'or à l'intérieur, sait faire de l'or à l'extérieur dit la Tradition des Védas. Le Réel ne peut être perçu que l'instant présent lorsque le mental apaisé n'est plus un obstacle à l'irradiation du Soi ou du Royaume (Roi-homme).
Dans son commentaire sur la voie de l'Eveil de Shântideva, le 14ième Dalaï Lama (Tenzin Gyatso) explique la voie du guerrier. Alors soyez des Guerriers...
Jakin,
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Commentaires
J'envie la richesse de tes réflexions
Très complique!
Bonne soirée