posté le 27-11-2024 à 12:30:42
SYMBOLISME ET HERMETISME - PETER PAN
Pourquoi James Barrie l'auteur de Peter Pan décida-t-il de baptiser son héros du nom d'un dieu issu de la mythologie grecque ?
Selon certains auteur, c'est Hermès qui fut le père de Pan par Dryopé , dont le nom signifie "pic vert" ou oiseau pivert, fille de Dryops (au visage de chêne). Pour d'autres, la mère de Pan fut Pénélope la femme d'Odysseus (Ulysse). Notons qu'Ulysse a pour sens "blessé à la cuisse", et que tous les personnages affligés d'une blessure aux jambes sont des initiés. Cela est vrai pour Héphaïstos vulcain comme pour saint Roch chez les chrétiens.
D'autre part si cet enfant plus vieux que ses parents est un mystère, on comprendra en revanche pourquoi certains prétendent que Pan fut issu de la semence de tous les prétendants de Pénélope. En effet pan signifie tout. On dit aussi que Pan était le fils de Cronos (Saturne) et de Rhéa, ou de Zeus et d'Hybris. Toutes ces versions recouvrent la même réalité sur un plan alchimique. Elles visent à masquer le nom de la matière à élire afin de réaliser la Pierre Philosophale.
Pan incarne en fait une tendance propre à tout l'univers. Il est le dieu du Tout, l'expression de l'énergie universelle à la base de tout ce qui existe et, par conséquent, le Tout de Dieu, le Tout de la vie. Il résume la formule célèbre "Tout est Un" qui peut également s'entendre comme "tout étain" ou " tout éteint".
Á ce sujet Louis Claude de Saint Martin, dans son livre Des Nombres, faisait observer que le chiffre 1 est stérile et ne peut rien engendrer par lui-même. Il ajoutait que le passage à 2 s'était effectué par force. En effet 1 multiplié par lui-même ne donne que l'unité. Et nous savons que 1 sur 2 élevé au carré, au lieu de nous rapprocher de l'unité, nous en éloigne. Ce problème mathématique pose l'épreuve de la création. Cependant Peter Pan ne refuse pas de grandir ; le texte anglais est clair et exprime son incapacité à le faire...
Nous retrouvons aussi une analogie avec Robin des bois quand à la vêture. Selon la légende, c'est un ennemi des moines. Autant dire qu'il est l'anti-moines. Il est vêtu de vert et se bat comme un lion... un lion vert ! Tout ceci est parfaitement logique... du moins pour ceux qui connaissent un peu le langage des alchimistes.
Enfin, si on considère en général que Pan provient du grec paein (faire paître), il est aussi admis que ce dieu représentait le diable. Si nous nous souvenons que le diable devint Satan chez les chrétiens, il y a là un élément curieux. En effet, Satan est l'anagramme de stana : l'étain. De même la première lettre et la dernière de Satan (Sn) forment le symbole chimique de ce métal. Je n'en tire aucune conclusion et me contente de signaler le fait. Voilà une curiosité qui nous ramène au coq, aux cloches et à la fée clochette.
Ce n'est pas non plus un hasard si les livres hermétiques sont rédigés en Langue des Oiseaux. Car cet esprit est aussi un volatil, insaisissable, invisible, sauf lorsqu'il se densifie et se matérialise. Il adopte toutes les formes, c'est ce que les Alchimistes ont appelé "notre Mercure", soulignant par l'emploi du pronom "notre" qu'il ne saurait s'agir du mercure des chimistes. Par conséquent, Peter Pan qui, souvenons-nous, a la possibilité de voler - il est donc volatil ou semblable à un volatil (un oiseau) - est une figuration à la fois d'Hermès Mercure, mais également de ce Mercure-Esprit des alchimistes.
Á propos de l'île de Nulle Part, cette île mystérieuse qui ne peut se situer géographiquement et où vont aborder les petits héros du roman. Pour comprendre, il faut aller chercher dans les traditions populaires et la mythologie et plus particulièrement dans la rencontre de Jésus et de Pierre, tout deux au milieu de l'océan, portés par un simple manteau étendu sur les flots : "Lève le manteau et repose-toi sur le roc".
Sous le manteau soulevé par Pierre saisi de panique (Homme de peu de foi), l'eau s'était transformée en un rocher. Nous avons là le Soufre, quant au manteau, il n'est pas sans rapport avec l'aigle sur lequel est assis Jupiter au milieu des eaux du ciel. Dans les textes alchimiques, les sublimations sont appelées les aigles, se sont elles qui préparent l'union mystique d'Apollon et de Diane, le mariage du Roi et de la Reine, du Soleil et de la Lune.
Cette île mouvante, c'est ce que les hermétistes nomment le bain mercuriel, c'est elle qui va donner naissance au grain fixe ou soufre, représenté par la tradition populaire, sous la forme de la fève au sein de la Galette des Rois.
Apollons et Diane, jumeaux, sont les futurs parents de la Pierre. En résumé, l'île est le corps (sel) né de l'union du soufre (l'âme) et du mercure "esprit". Ce que raconte le mythe n'est qu'une illustration d'une phase physique de l'œuvre, phase au cours de laquelle il y a coagulation du mercure sous l'action sulfureuse. Le résultat de cette opération consiste en l'obtention d'un nouveau mercure, désigné par l'expression mercure philosophique.
Mais quel rapport avec le personnage de Peter Pan me direz-vous ? Lorsque commence le roman, Peter symbolise le Mercure. Il est volatil, non seulement parce qu'il possède la faculté de voler, mais également en raison de son caractère instable. Il ne tient pas en place. Nous sommes dans le premier Œuvre, la première phase. Puis au fil des pages, Peter évolue ; l'auteur nous le décrit même longuement assis, autant dire "devenu fixe". Nous sommes dans le second Œuvre, la seconde phase, celle où le Mercure est fixé et devient le Mercure Philosophique ou Soufre. D'ailleurs, Peter devient beaucoup plus responsable, plus équilibré et souffre de n'avoir pas de mère. L'auteur pouvait-il se montrer plus explicite concernant un enseignement secret ?
En avançant dans le texte nous croisons le capitaine Crochet amputé d'une main, aux moustaches en crocs et portant tricorne, dont le destin est indissociable d'un crocodile annonçant sa présence par un tic-tac d'horloge, et dont on se demande bien ce qu'il vient faire dans cette histoire.
Je vous renvoie à l'Égypte pour découvrir la symbolique du crocodile, il a ici aussi son importance car c'est un animal lunaire. Et dans l'histoire, le crocodile avale une horloge et dans la langue des oiseaux on entend "or y loge" . Par conséquent, nous devons admettre que la Lune ne serait pas étrangère à la production de l'or alchimique !
Nous pouvons maintenant nous intéresser de très près au pirate, don le nom Jack Crochet sonne comme "j'accrochais". Celui-ci ayant eu peur du crocodile, l'auteur nous dit qu'il a le feu au cul (dans le texte original). Soulignons que cul est l'anagramme de Luc (la lumière).
Nous avons là un feu lunaire, dont on dit qu'il ne brûle pas, de même qu'il est une eau qui ne mouille pas les mains ? La perspective de servir de repas à un saurien faisant tic-tac ne sourit guère à ce cher Jack le Diable (de diabolos, qui désunit, divise). Cette perspective a le don d'affecter son teint, qui de blême passe au vert - ou passe O vert.
Dans les textes alchimiques, la matière basique usité doit être ouverte pour être purifié. On comprend mieux que notre pirate soit appareillé d'un crochet de fer pour réaliser Vitriol, l'agent de l'Œuvre que les vieux maîtres nommait Loup Vert (l'ouvert). Et si nous décomposons le nom de notre pirate nous obtenons :
C - offre l'aspect d'un quartier de lune,
R - le rhô grec signifie la chaleur lumineuse,
O - a toujours symbolisé le soleil,
CH - équivaut au khi grec symbolisant la clarté lumineuse,
E - représente l'aspiration vitale,
T - symbolise l'âme universelle.
Que ceux qui ont des oreilles entendent, que leurs yeux voient et que leur âme comprenne...
Nous formulons aussi l'hypothèse que James Barrie aurait été initié à la Franc-maçonnerie et qu'il fréquenta le Rite Ecossais Ancien et Accepté car nous retrouvons aussi des clins d'œil symbolique tel que : "Je crois bien que c'est ton louveteau". Louveteau désigne les enfants de francs-maçons.
Le texte fait aussi référence au rituel de l'Ordre de la Fenderie (société forestière), dit du Grand Alexandre de la Confiance qui existait dans la deuxième moitié du 18ème siècle. Le Pays de Nulle Part est le domaine des "Enfants perdus" et dans ce rituel le demandeur posait la question suivante : "Où vous ai-je envoyé" et le récipiendaire répondait : "A la recherche de l'enfant égaré".
Enfin on pourra se demander pourquoi Peter, confronté aux pirates, n'utilise qu'un insignifiant poignard. Cela semble être une référence aux Cercles Ultras du 19ème siècle qui fondèrent leur propagande, à l'encontre des Carbonari, sur l'utilisation, par ces derniers, de l'arme en question au cours des cérémonies d'initiation.
Dans le texte un autre personnage George Darling a la curieuse manie de loger dans la niche du chien ? C'est probablement une référence à l'ordre des Mopse dont le signe de reconnaissance consistait à faire une grimace imitant le petit chien nommé carlin.
Revenons pour conclure à l'hermétisme présent dans la voie initiatique et qui s'exprime par la Voie Royale, le Grand Œuvre. Dans le livre de James Barrie, qui montre une indiscutable érudition, nous somme bien en présence des bandes de pillards (noirs) de Crochet, des Peaux Rouges et des visage pâles (blanc). Les indiens appartiennent à la tribu des Négritos (noirs) et qu'à ce stade, purement alchimique, il aurait été inconcevable que le rouge dominât le noir. Ce sont les "blancs" qui vaincront les "noirs" pirates... enfin pas tout à fait puisque l'artisan de la victoire c'est le "vert Peter Pan".
L'alchimie étant un art s'inspirant de la Nature, peut-il en être autrement ? Au noir de la décomposition, de la mort, succède le vert de la moisissure, auquel répond le vert de la renaissance du printemps, après que la Nature, comme morte, se soit éveillée.
Le secret de la vie ce n'est pas la vie, c'est la mort...
Jakin,
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Commentaires
Une phrase de conclusion pas très joyeuse...