posté le 20-01-2025 à 06:11:49
A PROPOS DE LA CHARTREUSE DE VILLENEUVE LES AVIGNON LES PIERRES RACONTENT L'HISTOIRE
Après 660 ans à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, que j'ai eu le plaisir de visiter en octobre 2018 avec un érudit lors du Chapitre de la Confrérie des Jacquets de France auquel j'appartiens, j'ai re-découvert le symbole du nombre d'or que va nous dévoiler notre sœur Nadine, associé à la quadrature du cercle pour la construction des bâtiments sacrés.
Pour nous initier du 21ème siècle qui ont par définition un esprit cartésien, qui prônons une philosophie humanitaire pétrie d'élans mystiques et curieux de tout, nous ne pouvons ignorer l'existence de cet énigmatique "Nombre d'Or", ou au mieux puisqu'il s'agit d'une abbaye de la "Divine Proportion", de le redécouvrir sous un autre aspect.
Quand un Apprenti a mérité de passer au grade de Compagnon, il est prévu de vérifier ses connaissances de base et lorsque nous lui posons la question de ce qu'est notre Art Royal, il doit répondre normalement : "Un système particulier de morale, enseigné sous le voile de l'allégorie au moyen de symboles".
Dans le monde profane, on tâche d'appliquer les règles énoncées par Descartes dans son "Discours de la méthode". On divise chaque difficulté en autant d'éléments qui sont nécessaires pour résoudre chacun d'eux isolément et facilement. On analyse. Pour l'initié, on dispose d'une méthode sur-rationnelle, synthétique, de se poser et devant l'Objet et devant le Sujet. Ce moyen, vous l'avez tous deviné, c'est le Symbole.
On peut trouver des quantités de définitions pour ce terme. Mais c'est le Zohar, "Le livre de la splendeur" des hébreux, qui, en peu de mots, nous donne le plus à penser quand il dit : "Ce qui est visible est le reflet de ce qui est invisible". Ceci dit, en grec, dia-bolon (qui signifie le diable !), est ce qui sépare - sym-bolon (qui signifie "je joins") ce qui rapproche.
Le but des symboles n'est pas de cacher. Leur but est de sélectionner ceux qui sont dignes de ces secrets, c'est-à-dire qui n'en abuseront pas pour des motifs égoïstes. Il n'y a jamais eu, dans aucune tradition, volonté de cacher quoi que ce soit de la Sagesse.
Lorsqu'on veut évaluer la longueur d'une table par exemple, et que l'on ne dispose pas d'un double-mètre, on porte successivement la longueur de la main, doigts écartés, de façon spontanée : on utilise l'empan sans le savoir ! Depuis les temps les plus reculés, instinctivement, la main a donné ainsi naissance à un système de mesures variables suivant l'époque et la région.
Observez votre main : Pour tout humain normalement constitué, la longueur de la première phalange de votre médium, additionné à la seconde, donne la 3ème. La 2ème + la 3ème, c'est la largeur de votre main à savoir la paume. La 3ème + la largeur de votre paume, c'est votre palme. Votre paume + votre palme, c'est votre empan. Votre palme + votre empan, c'est votre pied, et votre pied + votre empan c'est la coudée...
On appelle "la Quine" les cinq unité de mesures qui sont :
La paume, 7,64 cm
La palme, 12,36 cm
L'Empan, 20 cm
Le Pied, 32,36 cm
La Coudée, 52,36 cm
Vous remarquez la suite des multiples de la Quine, n'est ni plus, ni moins qu'une suite de Fibonacci que nous a fait découvrir notre Frère Pierre-François lors de la tenue du mois de décembre 2022.
Le passage d'une unité à l'autre se fait en numérotation duodécimale. Depuis les temps les plus reculés, on n'a pas trouvé mieux pour indiquer l'heure, la date ou encore la dimension d'un angle en degrés. Remarquez aussi que 6 coudées de 52,36 cm font 3,1416... le nombre π...
Transportons-nous maintenant en Provence au milieu du 14ème siècle...
Le lieu de construction ayant été soigneusement choisi sur une aire de battage située à Villeneuve les Avignon, au nord-est du palais du Cardinal Étienne Aubert, nouvellement élu pape sous le nom d'innocent VI. Le Maître d'œuvre Bertrand Nogayrol a fait préparer le sol du chantier en l'aplanissant de façon à obtenir un vaste espace plan.
Il a fait planter un poteau à l'emplacement du "Saint des Saints" à savoir au point géo-biologique choisi pour sa force tellurique importante qui lui permettra de faire "vibrer" l'église (en l'occurrence ce sera l'emplacement du futur Maître autel). Ce point sacré est exactement situé à 43° 57' 58,25'' de latitude Nord et 4° 47' 52,71'' de longitude Est. Partant de là, il a tracé le plan du futur bâtiment en vraie dimension.
Il nous faut tout d'abord calculer la hauteur du poteau, donc la longueur de son ombre le jour de la fête patronale de Saint-Jean le Baptiste choisi pour assurer sa protection, le 24 juin 1354. Bien entendu, il convient d'apporter la correction portant sur le calendrier Julien en usage au Moyen-âge soit le 2 juillet 1354.
D'après les tables de correction, l'angle solaire à midi ce jour-là à la latitude de 43,96° (43°57'58'') était de 69,27° et la hauteur du poteau peut être calculée.
L'axe de construction correspond à l'orientation exacte de l'église, soit un azimut de 108°. Puis il trace le Cercle de construction centré sur l'axe et passant par le pied du poteau, et un cercle de même diamètre que le cercle de construction centré sur l'emplacement du poteau qui va délimiter l'emplacement du cœur. Un cercle d'un rayon double de celui du cercle de construction est tracé de façon à ce qu'il soit tangent au cercle de construction. Un carré inscrit à ce cercle va délimiter la nef.
La longueur intérieure de l'édifice à l'origine est de 62 pieds (38 coudées) soit deux travées de 20 pieds (12 coudées ½) et une de 22 (13 coudées½) car le cœur des frères convers ne doit pas être pris en compte parce qu'il a été construit en 1462 soit 8 ans après la fondation.
Le Maître d'Œuvre peut enfin commencer la construction du bâtiment. Et les œuvrant après avoir pris la Jauge du Maître d'Œuvre peuvent tracer les plans annexes nécessaires à son élévation.
Pour celles et ceux qui ont poursuivi leur recherche avec les Lames du Tarot, c'est le moment de sortir de votre poche les 22 Lames pour comprendre l'édification d'un édifice religieux.
Le Chariot nous indique la base de tous les tracés avec le carré long. La Lame sans nom nous propose la division du cercle. La Maison Dieu nous permet de mesurer l'édifice et le Jugement nous procure la préparation du mortier.
La Tempérance nous met de niveau pour les fondations. Le Diable nous indique comment consolider les fondations sur une voûte renversée. Le Mat nous permet de construire deux pans de maçonnerie liés d'une assise sur l'autre en pierres de besace. La Lune nous dévoile comment construire une maçonnerie contenant une poussée d'un arc boutant.
L'Impératrice nous indique le plan d'un Dôme. L'empereur nous situe la colonne en coupe. L'Amoureux nous montre la taille de la pierre pour finaliser une voûte cintrée. Le Pendu nous informe sur la clef pendante ou la poutre de gloire. Le Pape nous livre la clef de voûte. La Force nous présente comment maçonner épi ou faîtage. L'Étoile nous indique comment tracer un corbeau et le tailler en pierre courbe en saillie sur l'aplomb.
La Justice présente le plan pour balancer un escalier en marche gironnées. Tandis que l'Hermite nous dévoile l'escalier à vis.
Et pour finir La Roue de Fortune nous lègue le mode d'emploi pour positionner les cloches. Le Soleil, l'assemblage des vitraux par le Maître verrier et le Monde nous dévoile le plan d'une installation d'une horloge astronomique...
Que ceux qui ont des oreilles entendent l'harmonie d'une construction divine, que leurs yeux voient les secrets de la géométrie sacrée et que leur âme comprenne la beauté du Mystère de l'Arcane...
Jakin,