posté le 26-01-2025 à 08:19:31
OSIRIS, ISIS, HORUS PARTICIPENT A LA TRADITION
Hermès le trois fois grand, ce dieu des idées et de l'écriture, de l'intelligence et de la pensée, de la civilisation et de la société, aurait-il inventé l'histoire d'Osiris, d'Isis et d'Horus (ou le culte de Mercure) pour dissimuler l'œuvre hermétique ?
Dans l'obscurité des mythes anciens, ce dieu (chimique) forme le dessein d'aller conquérir toute la terre ; il assemble une armée composée d'hommes, de femmes, de satyres, de musiciens et de danseuses, et se met en tête d'apprendre aux hommes ce qu'ils savaient déjà.
Quoique Osiris connût parfaitement la prudence et la capacité d'Isis, pour gouverner ses États pendant son expédition, il laissa Mercure auprès d'elle ; il sentait la nécessité d'un tel conseiller, puisque c'est le Mercure des philosophes sans lequel on ne peut rien faire au commencement, au milieu, ni à la fin de l'œuvre. C'est pour Horus qu'Osiris entreprend ce voyage long et pénible.
Nous sommes bien dans la description de l'art sacerdotale. En effet, dans la mort d'Osiris, dans les honneurs qui lui sont rendus et dans son apothéose, est reproduit la pierre dans le premier état et l'on forme l'élixir dans le second état. Le coffre, où ce prince est renfermé, est le vase philosophique scellé hermétiquement. Typhon et ses complices sont les agents de la dissolution. La dispersion de ses membres indique la volatilisation de l'or philosophique ; leur réunion exprime la fixation ; elle a lieu, par les soins d'Isis ou la terre qui, comme un aimant, disent les philosophes, attire à elle les parties volatilisées.
Alors, Isis aidée de son fils Horus, combat Typhon, le tue, règne glorieusement et se réunit enfin à son époux dans le même tombeau, c'est-à-dire que la matière dissoute se coagule et se fixe dans le même vase.
Osiris, mort, est jeté dans la mer, autrement dit submergé dans l'eau mercurielle ou la mer des philosophes. Isis ne trouve le corps de son mari que dans la Phénicie, sous un tamarin, parce que la partie volatile ne se réunit avec le fixe que lorsque la blancheur survint. Or, les fleurs du tamarin sont blanches et ses racines rouges. Cette dernière couleur est même indiquée dans le mot Phénicie, qui signifie rouge, couleur pourpre.
Le secret préconisé par Hermès a pour seule fonction la préservation du dépôt sacré puisque le "ferme silence, observé" parait avoir pour vocation de motiver et orienter la quête personnelle, sans quoi la révélation risque toujours de se perdre. Aussi la portée "gnostique" d'une telle révélation est-elle indéniable, parce que la Connaissance accordée au disciple par cette vision lui donne accès à l'invisible et lui ouvre le chemin du salut de la régénération.
Nous savons que la matière de l'œuvre est le principe radical de tout, principe actif et formel de l'or qui devient l'or philosophique par les opérations de l'œuvre, imitées de celles de la nature. Nous pensons que cette matière, formée dans les entrailles de la terre, y est portée par l'eau des pluies, animée de l'esprit universel répandu dans l'air, et cet esprit tire sa fécondité des influences du soleil et de la lune, qui sont alors le père et la mère de cette matière.
La terre est cette matrice avec laquelle cette semence est déposée et se trouve être sa nourrice. L'Or qui s'en forme est le soleil terrestre. Cette matière ou sujet de l'œuvre est composée de deux substances, l'une fixe, l'autre volatile : la première, ignée et active ; la seconde, humide et passive, auxquelles on a donné les noms de Ciel et Terre, Saturne et Rhée, Osiris et Isis, Jupiter et Junon.
Le principe igné qu'elle renferme est nommé Vulcain, Prométhée, Vesta, etc. C'est ainsi que Vulcain et Vesta, qui est le feu de la partie humide et volatile, sont père et mère de Saturne, ainsi que le Ciel et la Terre, parce que les noms de ces dieux ne donnent pas seulement la matière encore crue prise avant la préparation, mais encore pendant cette préparation et les opérations qui la suivent.
Quand la matière devient noire, elle est le Saturne philosophique, fils de Vulcain et de Vesta, qui sont eux-mêmes enfants du Soleil. Si après le noir, la matière devient grise : c'est Jupiter ; blanche, c'est la Lune, Isis, Diane ; rouge, c'est Apollon, Phébus, le Soleil, Osiris : Jupiter est donc fils de Saturne et père d'Isis et d'Osiris.
Les philosophes ne commencent guère leurs traités et leurs récits qu'à la seconde opération. Comme l'or ou le soleil philosophique est fait et qu'il faut l'employer pour base du second œuvre, alors le soleil se trouve être premier roi d'Égypte. Il contient, dans son sein, le feu de nature qui, agissant sur les matières, produit la putréfaction et la noirceur : voilà encore Vulcain, fils du Soleil et Saturne, fils de Vulcain, Osiris et Isis viendront ensuite, puis Horus, par la réunion de son père et de sa mère.
C'est à cette seconde opération qu'on applique cette expression des adeptes : il faut marier la mère avec le fils, c'est-à-dire qu'après sa première coction, on doit le mêler avec la matière crue dont il est sorti et le cuire de nouveau jusqu'à ce qu'ils soient réunis et ne fassent qu'un.
À savoir que le fixe ou Horus fixe le volatil ou Isis, qui l'avait volatilisé ; car dans le langage des philosophes, tuer, lier, fermer, inhumer, congeler, coaguler ou fixer sont des termes synonymes, de même que donner la vie, ressusciter, ouvrir, délier, voyager, signifient la même chose que volatiliser.
Osiris et Isis sont donc, à juste titre, réputés les principaux dieux de l'Égypte avec Horus, qui règne le dernier, puisqu'il est le résultat de tout l'art sacerdotal. C'est peut-être ce qui l'a fait confondre avec Harpocrate, dieu du secret et du silence, parce que l'objet de ce secret n'est autre qu'Horus, appelé le soleil d'Apollon des philosophes.
Les Égyptiens le représentaient sur leurs monuments sous la figure d'une enfant (quelquefois emmailloté comme dans le 9ème grade de l'écossisme) entre les bras d'Isis qui l'allaite, parce que Horus est l'enfant philosophique né d'Isis et d'Osiris, de la femme blanche et de l'homme rouge.
Que dire de l'Hermétisme ? Une révélation prophétique, une tradition magico-religieuse, une pratique de la transmutation, une science intégrale supposée synthétique, un art de l'interprétation... Est-ce à dire que le "vieil Hermès", père de toutes les voies hérétiques détournées, a toujours raison comme le préconise Carl Gustav Jung ?
Hermès ne serait qu'un génie pervers s'il s'était ingénié à conjuguer détournement hérétique et rationalité dogmatique ! C'est à sa manière qu'il a toujours "raison", par son art de dissoudre et de coaguler ; par sa maîtrise des pondérations et son habileté, en effet inimitable, à faire soudain renaître du sens, tel le Phénix émergeant de ses cendres...
À vous de vous faire une opinion...
Jakin,