posté le 04-09-2008 à 05:51:06
AU PAYS DES PHARAONS...
La Grande Traversée de l’Egypte du 6 au 20 août 1983 Découvrir l’Egypte, c’est remonter le long de la vallée du Nil au temps des pharaons et c’est, avec Le Caire qui commande l’entrée de son delta, pénétrer dans l’une des plus prestigieuses capitales de l’Islam, la plus grande ville du continent africain, l’une des métropoles incontestées du tiers monde. C’est enfin, avec Alexandrie, plonger dans l’animation d’un des plus grands ports de la Méditerranée orientale – un port dont le nom reste attaché depuis près de 2 300 ans à toutes les péripéties de son histoire…
C’est, en 1080 km, parcourir 5 000 ans le long d’un chemin verdoyant perpétuellement menacé par le désert. De toutes les grandes vallées du monde, celle du Nil est l’une des premières à avoir donné leurs chances à la vie et aux échanges, c’est-à-dire à la civilisation…
Avec les Pyramides, elle nous a légué, intactes, les plus anciennes manifestations du génie constructeur de l’homme. L’histoire de l’Egypte est, avant celle de la Chine, la plus longue, la plus continue que l’on connaisse. Certes, le pays a subi au cours des temps de nombreux maîtres étrangers. Mais, sur les bords du Nil, les fellahin ont poursuivi leur vie millénaire, insensibles aux fluctuations de la politique, et ceux que nous verrons aujourd’hui se pencher sur leurs champs semblent descendre des grandes scènes qui furent peintes dans les nombreux tombeaux du 3ième millénaire…
L’Egypte nous fascine ! Nous en avions rêvé ! Les pyramides, emblème de l’Egypte pharaonique, sont un mystère ? Qui a posé patiemment et savamment ces pierres ! Que cache le Sphinx millénaire derrière une façade impénétrable et sereine ? c’est pour tenter de répondre à toutes ces questions que nous quittons Aix en Provence pour Le Caire, que nous atteindrons après 5 heures de vol…
L’aéroport du Caire est une fourmilière indescriptible. Les porteurs se bousculent bruyamment pour accaparer nos bagages afin de gagner quelques Livres (monnaie locale). Dans ce « brouhaha » angoissant nous apercevons enfin notre guide Lobna et son compagnon Mohamed qui se chargent rapidement de nous sortir de la foule envahissante. Un mini bus qui roule à « tombeau ouvert », et qui slalome entre quatre voies de circulation, nous mène vers la capitale. Les pneus crissent sur l’asphalte chaud en s’arrêtant devant l’hôtel, les porteurs sont déjà là, l’aventure commence…
Un petit hôtel au charme discret, en plein centre ville, sera notre résidence pour les quatre nuits que nous passons au Caire. Discret certes, mais pas silencieux ! Surprise, chaque matin à 5 heures le Mutzi appelle, du haut de son minaret, les fidèles à la prière en criant dans un haut-parleur qui se situe à hauteur de notre chambre. Arrivés de nuit, nous n’avions pas vu que la cour de l’hôtel était mitoyenne avec la Mosquée…
Le Caire, de longues artères bordées de maisons de rapport, crasseuses, du plus pur 19ième siècle, derrière lesquelles des quartiers populaires dressent quantité de minarets. Nous circulons dans le tohu-bohu de voitures particulières, de taxis noirs et blancs, d’autobus où s’accrochent en grappes des hommes en costumes européens ou locaux. Dans ce décor ultramoderne du centre où jaillissent des buildings, nous oublions presque le Nil et les Pharaons ! Nous passons par Midan el Tahrir, la grande place de la Libération, où le tourbillon de la circulation, alimenté par une gare routière, n’a d’égal que celui de la foule qui, pour l’éviter, contourne la place par des passerelles…
Le Caire dont on a célébré le millénaire en 1969, est une ville en pleine métamorphose où il est difficile de se promener. L’admirable corniche du Nil elle-même est en train de dresser un nouveau décor dans le vacarme de la circulation. Pourtant, sur le fleuve lent et majestueux, on voit encore passer des felouques qui, tôt le matin et tard le soir, transportent des chargements de grands bois. Parfois même, au bord de l’eau, de petits canards pataugent dans de petits jardins où, au pied du béton, se cultive le papyrus…
Pendant ces quatre jours au grès de nos envies nous visitons la vieille ville Copte et son musée, la mosquée d’Ibn Touloûm, la mosquée du Sultan Hassan et la Citadelle, la mosquée El-Azhar, la Cité des Morts, l’institut du Papyrus et surtout le Musée Egyptien où nous nous attardons dans la magnifique salle du trésor de Toutankhamon…
Le Sphinx et les Pyramides (Kheops, Khephren et Mykérinos), ces vedettes de l’Egypte sont l’objet de notre visite. Pour pénétrer d’emblée dans le mystère de ce site unique au monde, dans cet univers de la Grandeur absolue, éternelle, nous l’abordons dans son ensemble. C’est-à-dire au pied du Sphinx, puis nous remontons ensuite vers les Pyramides, qui se dressent derrière lui, en bordure du plateau…
Une petite route de campagne qui longe le canal nous mène jusqu’au site de Memphis. Nous traversons des villages, d’abord Mit Rahineh, puis Matanyeh, croisons des carrioles, des bicyclettes, des moutons et des chameaux en caravane…
Nous longeons pendant un moment le plateau désertique et enfin nous aboutissons à la palmeraie où quelques ruines éparses évoquent l’existence de cette cité qui, du 3ième millénaire à l’ère gréco-romaine, resta un des centres religieux, culturels et commerciaux les plus importants du monde antique. Nous entrons dans son enclos et nous sommes accueillis par une impressionnante table en albâtre, où se pratiquait l’embaumement des taureaux sacrés Apis, et d’un magnifique sphinx, de près de 8 mètres de longueur qui, sous le nouvel Empire (1580-1085 av. J.C.), flanquait vraisemblablement un temple consacré à Ptah, le dieu de la ville…
Quatre jours ne sont pas suffisants pour visiter la capitale, cependant, il nous faut poursuivre notre voyage. En fin de soirée nos guides nous conduisent à la Gare ferroviaire, non sans avoir une énième fois accompli leurs prières à la mosquée. Ils sont tous les deux chiites pratiquants. Un train couchette climatisé mettra 16 heures en longeant la vallée du Nil, pour nous rendre à Assouan, la première cataracte…
Il est 10 heures ce matin du mois d’août quand nous descendons sur le quai de la gare d’Assouan. La chaleur est accablante (40° à l’ombre), pas un brin d’air pour nous rafraîchir. Le soleil nous écrase de ses rayons assassins. En buvant nos dernières réserves d’eau, nous montons à bord d’une felouque qui glisse sur les eaux du Nil jusqu’à l’île Eléphantine…
Dans la mythologie, l'île abritait la caverne d'Hapi, le dieu grassouillet et hermaphrodite personnalisant le Nil. Malheureusement, il ne reste pas grand chose aujourd'hui des temples dédiés à Khnoum, le dieu bélier et à sa femme Satis. Longue de 1 500 m et large de 500 m, c’est le site primitif de la ville. C’est là qu’aboutissaient au 3ième millénaire les caravanes commerciales du Soudan et de la Nubie ; et ce fut probablement l’un des premiers postes de douaniers du monde. Parmi les assises d’un quai nous trouvons le célèbre Nilomètre, dont parlait déjà au début de notre ère le géographe grec Strabon : il permettait aux spécialistes, il n’y a pas si longtemps encore, de prévoir la date et l’importance de la crue. Tout proche nous visitons les décombres du temple ptolémaïque de Khnoum, dieu de la Crue…
Après un repas traditionnel à base de mouton, quelques litres d’eau minérale pour éviter la « tourista » et une sieste réparatrice à l’ombre, nous partons visiter en début de soirée le grand temple d’Isis, déplacé de Philae sur l’îlot d’Agikia. Ce temple mis en chantier par les derniers Pharaons (30ième dynastie) et terminé par les Romains était envahi 6 mois par an par la montée des eaux du barrage d’Assouan. On sait que le culte d’Isis y attira jusqu’au milieu du 5ième siècle les pèlerins de Nubie et de Grèce…
Très tôt ce matin nous filons vers l’aéroport pour prendre un Tupolev 144 qui nous dépose une heure plus tard sur le tarmac du site d’Abou Simbel, la deuxième cataracte en pays africain sur le lac Nasser…
Lorsque, au détour d’un chemin caillouteux, sous un implacable soleil, nous retrouvons ces quatre géants face à nous-même, face au grand plan d’eau, nous sommes saisis d’un respect royal. L’un d’eux est brisé à hauteur des genoux. Son torse, sa tête, gisent sur le sol. Les trois autres sont assis, calmes, coiffés du némès que surmonte le pschent. Souriants, sur leur pectoral, sur leur bras se répète le cartouche royal. Sur les flancs du siège sont figurés des captifs. A gauche, à droite, les filles, la femme, la mère du pharaon Ramsès II sont traitées debout, selon des proportions plus humaines…
Le temple d’Hathor, situé à une cinquantaine de mètres de là, est plus modeste. Encore est-il que les six colosses taillés dans le roc qui forment sa façade, encastrés dans les niches profondes de sept contreforts inclinés en talus, atteignent 10 m de haut. Mais l’ensemble est d’une telle harmonie qu’on en oublie ses dimensions ! Il s’agit d’un sanctuaire consacré à la déesse de la Joie et de l’Amour, qui prend ici les traits de la reine Néfertari…
Dans le petit matin nous quittons en minibus Assouan pour rejoindre Le Caire, en longeant la vallée du Nil par la piste des caravanes. Nous effectuons ce parcours initiatique (1 000 Km environ) en 7 jours, multipliant les étapes au grès de notre curiosité et sur les conseils de nos guides chiites…
Kôm Ombo, le temple du Dieu Crocodile : Ce temple, dont les ruines s’élèvent à la limite des cultures, dans ces dunes de sable, fut consacré à deux divinités, Haroëris, le faucon, et Sobek, le crocodile. Nous visitons la grande salle hypostyle dont les colonnes sont d’une variété étonnante. Nous découvrons sur les bas reliefs du couloir extérieur un plateau couvert d’instruments de chirurgie qui fait certainement allusion aux talents de Sobek…
Les montagnes rejoignent le fleuve, puis s’en éloignent et recommencent, et voilà que, magnifiques, au-dessus des palmiers et des maisons d’une petite ville, émergent les deux môles d’un pylône. C’est Edfou, notre nouvelle étape. Nous découvrons l’un des plus grands temples de l’Egypte antique, le second après Karnak. C’est le temple d’Horus, le faucon solaire protecteur des pharaons. Deux faucons de granit noir encadrent d’ailleurs sa porte. Construit à l’époque des Ptolémées (327 av. J.-C.), il est pourtant fidèle à la grande tradition de l’architecture pharaonique, et il est si bien conservé qu’il aide à mieux comprendre les ensembles qui l’ont précédé…
La route remonte vers le sud en longeant la rive. Nous arrivons devant le petit village d’Esna notre seconde étape. Soudain enfouie dans une fosse de limon, nous découvrons une merveilleuse futaie de vingt quatre colonnes parfaitement conservées qui, à 13,50 m de haut, sur d’énormes architraves, supportent un plafond. C’est tout ce qui reste du temple construit à l’époque romaine en l’honneur du Dieu Khnoum, le Dieu à tête de Bélier, et c’est surprenant…
Des ruines magnifiques se dressent dans le calme et le silence, à la limite des terres cultivées du petit village de Dendérah notre troisième étape. Derrière un rideau de palmiers nous apparaît le temple d’Hathor. Ce temple est dédié à la déesse aux oreilles de vache, symbole de joie et d'amour, celle que les Grecs assimilèrent à Aphrodite…
Après avoir erré dans ces ruines, nous imaginons sans difficulté la grande procession annuelle qui accompagnait Hathor, sur le Nil, jusqu’à Edfou, la résidence de son époux, puis, après 15 jours de réjouissances extraordinaires, la ramenait dans son domaine. Quant à nous, nous remontons vers Louxor notre quatrième étape…
Le site est exceptionnel. C’est celui de Thèbes, la ville aux cent portes que chantait Homère et qui, protégée par le Dieu Amon, resta plus de 15 siècles et jusqu’au milieu du premier millénaire la capitale spirituelle de l’Egypte. Nous admirons dans la lumière naissante la délicatesse de nuances de ses grès et de ses granits. Ce temple fut essentiellement l’œuvre de deux grands pharaons : Aménophis III (1408-1372 av. J.-C.), et Ramsès II (1298-1235 av. J.-C.)…
A l’est, au pied des collines arabiques, se trouve Karnak qui domine tout le site de Thèbes et autour duquel celui-ci a grandi. Il fut élevé à l’aube du 2ième millénaire par les premiers pharaons originaires de la cité, à la gloire d’Amon. Le temple que nous visitons est né de la splendeur des pharaons du Nouvel Empire (1580-1085 av. J.-C.). Aménophis, Thoutmosis, Ramsès II et ses successeurs, qui au retour des campagnes glorieuses qu’ils menèrent en Afrique et en Asie, de la Nubie au Mitanni (Arménie), offrirent l’essentiel de leur butin au dieu qui les avait conduits et en firent le plus riche propriétaire du pays. A coté des trois principaux temples, à l'intérieur ou à l'extérieur des enceintes, ont été réalisés d'autres temples, des sanctuaires et des reposoirs de barques pour divers « hôtes divins », tel Ptah, Maât, Osiris et Opet,…
C’est dans le dédale de ce monde sans fin que le spectacle son et lumière nous entraîne. Il nous conduit de cour en cour, d’évocation en évocation, en une lente et dense procession jusqu’au lac Sacré. Là, assis sur des gradins, nous laissons voguer notre imagination vers ces rois dieux, ces pharaons dont les noms restent attachés aux pierres de Karnak et qu’une voix mystérieuse interpelle pour nous…
La rive gauche du Nil est notre cinquième étape. Nous suivons sur près de 2 Km la route de Dendérah en longeant sur la droite un canal. La route campagnarde passe tout d’abord à proximité du temple de Gournah. Elevé par Séthi 1er, le père de Ramsès II, ce temple était autrefois précédé d’une allée de sphinx, qu’empruntaient les processions venant de Karnak. Nous contournons le pied des collines, et pénétrons dans le désert. Nous faisons une halte pour puiser de l’eau comme les Sakieh avant de poursuivre notre route…
Encore 3 Km et nous traversons le fleuve. La route se divise en deux vallées que le soleil dissimule dans la pierraille environnante. C’est la vallée des Rois où sont cachés les tombeaux des plus grands pharaons du Nouvel Empire. On sait que toute trace devait en être à jamais effacée. Pourtant, ils furent retrouvés. Aussi, lorsque l’expédition de Bonaparte réussit par chance à ouvrir le tombeau d’Aménophis III, elle provoqua une révolution archéologique mondiale. Nous visitons les tombeaux de Séthi 1er, de Ramsès III, d’Aménophis II, de Thoutmosis III, de Ramsès IX, de Ramsès VI et le tombeau de Toutankhamon, le seul parvenu intact…
Le temple de Deir El Bahari a été construit pour la reine pharaon Hatshepsout, par son favori, le grand architecte Sem Mout. Cet ensemble est unique au monde, unique en tout cas dans l’architecture égyptienne : précédé autrefois d’une allée de sphinx, il ancre dans la montagne trois magnifiques terrasses à portiques, coupées en leur milieu par les rampes montantes qui les rejoignent et mènent à un sanctuaire creusé dans le roc et que l’on ne voit pas…
Nous laissons sur la droite, Deir el Medina, l’ancien village des ouvriers de la nécropole royale, et nous rentrons dans la vallée des Reines. Ses tombes sont en cours de restauration. Nous visitons cependant celle d’un jeune fils de Ramsès III. Elle est d’une incomparable fraîcheur, tant par ses couleurs que par le dessin…
Le temple de Médinet Habou est dominé par la personnalité de Ramsès III (1198-1166 av. J.-C.), qui y fit élever, à côté de son temple funéraire, un palais dont on retrouve la trace sur le sol. C’est le temple le plus prestigieux de la Haute Egypte, et un vaste ensemble de constructions. Il regroupe, autour du temple proprement dit, aussi bien des vestiges d’un temple de Thoutmosis, que ces chapelles ou des adjonctions des époques éthiopiennes ou gréco-romaines. Avant de reprendre la route, nous montons sur le grand pylône. Au soleil couchant, ses rayons éclairent au loin Karnak et Louxor…
Nous quittons Médinet Habou pour rejoindre le Nil direction Nâga Hammadi notre étape de nuit. Nous doublons le Service des Antiquités sur la droite puis nous atteignons les célèbres colosses de Memnon, qui se dressent, impressionnants, en contre bas de la route, dans les terres cultivées où des enfants jouent. Ces deux géants impassibles, dont le regard passe bien au-dessus du monde, flanquaient autrefois l’entrée du temple funéraire d’Aménophis III. Il devint célèbre car au lever du soleil, dit-on, il faisait entendre un son mélodieux – on vint de partout pour l’admirer. Les Grecs, émus, devaient l’identifier à Memnon, le fils de l’Aurore. Deux siècles plus tard, l’empereur Septime Sévère le fit restaurer ; depuis lors, il a cessé de chanter…
Ce matin, nous quittons très rapidement Nâga Hammadi, un petit village de paysans. La nuit a été difficile car nous avons dormi sur une paillasse jetée à même le sol. Les rampants en tous genres nous ont tenu compagnie ainsi qu’une forte odeur de fuel remontant des sous-sols de la maison de notre hôte. Nous nous dirigeons maintenant vers Abydos notre sixième étape. Sur les rives du Nil la vie se déroule au rythme des travaux quotidiens, insouciante des mystères que recèle encore le voisinage…
Abydos fut la ville sainte d’Osiris, le dieu de la Résurrection, le premier des grands pèlerinages de l’Espoir que le monde ait connus. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un immense champ de ruines envahi par les sables, comme si un cyclone millénaire avait soufflé sur lui. Pendant mille ans, du début du Moyen Empire à la fin du Nouvel Empire, des hommes de tous rangs s’y pressèrent de toutes parts pour participer à la célébration, renouvelée chaque année, du mystère qui, grâce à l’amour d’Isis, rendit la vie au corps dépecé d’Osiris…
Nous déambulons dans les salles du temple de Séthi 1er. Il ne ressemble à aucun de ceux que nous avons visités à Thèbes. C’est un immense ex-voto consacré à 7 dieux à la fois, c’est-à-dire d’abord à Amon Ré, puis à Osiris, Isis et Horus, leur fils ; à Ptah, le dieu funéraire, créateur du monde ; à Harmakhis, le dieu solaire associé aux portes de l’au-delà et enfin à Séthi 1er divinisé. Séthi Ier fit ériger deux monuments dans ce site, un temple funéraire et un cénotaphe. Le premier était dédié au roi et aux six divinités. Sous le Moyen Empire, Moutouhotep fit ajouter un petit reliquaire dans lequel les célèbres Tables d'Abydos montraient Séthi Ier et son fils, le futur Ramsès II en train de brûler l'encens devant les cartouches des 76 rois qui les ont précédés
Nous nous levons de bonne heure pour profiter au maximum de la fraîcheur de la nuit car nous avons une longue route à faire (400 Km) pour rejoindre Le Caire, notre septième étape. Nous longeons la piste dans le désert Ghard Abou Moukharri, puis nous remontons le long du Nil dans une vallée verdoyante. Nous traversons les petits villages de Akhmim, El Badari, Mellaoui, Samalout, Maghagha et des grandes agglomérations comme Assiout, Minîèh et Béni Souef. Le chauffeur appuie sur l’accélérateur à l’entrée du Caire afin de laisser nos guides à la mosquée qui jouxte notre hôtel, pour la prière du soir. Quant à nous, une douche fraîche est la bienvenue…
Après une bonne nuit de repos, le Mutzi nous réveille à 5 heures « Allah Akbar, Allah Akbar… ». Nous partons avec nos guides pour Alexandrie, passer la journée. Pour gagner du temps nous empruntons la route numéro 4, peu fréquentée, qui traverse le désert…
La seconde capitale de l’Egypte ne ressemble guère à la première. Créée, il y a 23 siècles de cela, par Alexandre le Grand, c’est une ville bien méditerranéenne. La mer et le soleil, bien sûr, l’immense corniche, les palmiers bordant les avenues, et le port, tout à la fois actif et tranquille. Et une atmosphère de seconde Tanger, où le passé cosmopolite se lit encore dans l’abondance de ses grands édifices à la somptuosité vieillie…
Après un tour d’orientation de la ville, nous partons à la recherche du Phare. A l’extrémité de la Corniche, près du Yacht-Club et de quelques chantiers de réparation de petits bateaux, nous arrivons à la pointe de l’ancienne île de Pharos où se dresse maintenant le fort de Qaïtbai. C’est l’un des plus importants vestiges du système défensif arabe, est une belle construction massive de la fin du 15ième siècle. Il s’élève sur l’emplacement du célèbre phare de l’Antiquité dont les matériaux ont été remployés en partie. Partiellement restauré, le fort abrite un petit musée naval…
C’est l’heure de nous restaurer, nos guides nous proposent un déjeuner de poissons et de fruits de mer sur les rives du lac Mariout, à la sortie d’Alexandrie. Pendant qu’un pêcheur nous prépare le poisson sur un feu de bois improvisé, nous devenons l’attraction des autochtones. En effet, aucun européen ne vient sur ces plages populaires, que seuls les musulmans utilisent pour leurs familles. Un dernier bain pour nous rafraîchir et nous reprenons la route du désert pour rejoindre Le Caire et profiter de notre dernière soirée…
En reprenant la route de l’aéroport avec Lobna et Mohamed, nous comprenons que la vie en Egypte suit un rythme ancestral. Des hommes à califourchon sur leurs petits ânes passent le long du fleuve, ainsi que des caravanes de chameaux lourdement chargés. Des femmes descendent par deux ou par trois dans leurs grandes robes noires, une amphore posée sur le côté ou sur la tête, pour la remplir sur les berges. Les petits canards, les oies sœurs de celle de Meïdoum exposées au musée du Caire, barbotent dans l’eau trouble. Des buffles (les gamousses) continuent de faire tourner la pompe à eau, la vieille sakieh, comme si, depuis des millénaires qu’ils y sont arrivés, rien en Egypte n’avait changé…
Et dans la sécheresse de l’air qui leur donne une délicatesse particulière, on voit se jouer à l’horizon, comme sur les murs des mastabas millénaires, les ocres, les bleus, les verts, les mauves de l’Egypte éternelle…
Andrée et Armand
Commentaires
bravo pour les belles images et le texte merci pour ce merveilleux voyage