Situé à l’extrémité occidentale de l’Afrique du Nord – appelée aussi Maghreb -, le Royaume du Maroc étend son littoral de la Méditerranée à l’Atlantique qui lui servent de frontières naturelles. La côte méditerranéenne est très accidentée contrairement à celle de l’Atlantique qui offre de nombreuses plages. Une immense plaine fertile, avec une multitude de vallées et de collines, s’étend entre l’Atlantique et la montagne. Alors que le Haut Atlas, qui atteint au sommet du Toubkal 4 165 mètres d’altitude, représente la colonne vertébrale de l’Ouest du Maroc, la chaîne du Rif longe la Méditerranée…
La présence de l’homme en territoire marocain remonte à l’époque préhistorique, ainsi qu’en témoigne la découverte de restes de squelettes humains fossilisés près de Rabat et Casablanca datant de l’ère paléolithique inférieure. Après l’arrivée des berbères, le Maroc connut sur son territoire le passage des romains, des vandales et des byzantins. Mais son histoire commence avec la conquête arabe et l’implantation de l’Islam à la fin du 8ième siècle, conquête réalisée par le Chérif Moulay Idriss, arrière petit fils d’Ali, gendre de Mahomet. Le Maroc moderne commence avec Mohamed V qui obtint l’indépendance en dénonçant les protectorats imposés par la France et par l’Espagne et que consolida fermement son fils, l’actuel monarque Hassan II, en réintégrant à son royaume, en 1975, le grand territoire du Sahara…
Blanc, bleu, vert, végétation et paysages éclatants, cotonnades plus vives encore, le Maroc a oublié d’être terne ! De Casablanca à Fès, en passant par le magnifique pays de crêtes montagneuses qu’est le Rif, ses couleurs sont inoubliables. Mer, montagnes arides, vallons et plaines cultivées, jardins et palais, tout ici évoque l’attachement de l’homme à sa terre et témoigne de ce fabuleux sens de l’esthétique marocain, qui triomphe aussi bien à Marrakech ou à Mekhnès que dans les petits villages du Rif ou du Moyen Atlas…
En route pour le soleil, en route pour l’Orient ! Un soleil parfait, qui ne brûle pas, et un Orient forcément magique, vif et voluptueux, dès lors que l’on pose le pied dans ce pays. Surgi du désert comme un miracle avec ses palmeraies classées en espèces protégées, il fut bâtie comme un trésor dès le 11ième siècle par les Almoravides, princes du désert. Plus près de nous, Colette, Piaf, Montand, Yves Saint Laurent…l’ont adoré…
Pas de temps à perdre ! vite une valise avec quelques tee-shirts et shorts, une paire de babouches achetée au marché aux puces, des lunettes de soleil et une casquette, sans oublier la nécessaire carte bancaire, avec une puce, s’il vous plait ! Et nous voilà partis à l’aéroport de Marseille Provence. Trois heures plus tard, sous un soleil de plomb, notre guide nous accueille à Casablanca. L’aventure pour les villes impériales commence…
Casablanca, une ville industrielle et commerciale. Elle est l’une des villes les plus peuplées et des plus importantes du Royaume. On la surnomme « Casa », en arabe Dar el Beida (Maison Blanche). Elle couvre une grande superficie et son port splendide est situé entre les promontoires d’Oukacha et d’El Hank, qui lui font un abri sûr. Elle possède les installations portuaires les plus importantes du continent africain. L’aspect de la ville est dominé par la présence de grands immeubles modernes dont le profil contraste fortement avec la présence des constructions typiques de style arabe. Le centre est couronné par le magnifique Parc de la Ligue Arabe et ses grandes avenues peuvent concurrencer celles de Paris ou de New York…
C’est un véritable plaisir que de parcourir les rues de la ville et de se promener dans les vieux quartiers musulmans, folkloriques à l’excès. La place Mohamed V, l’avenue Hassan II envahie de boutiques et de magasins, l’ancienne médina, labyrinthe pittoresque de ruelles et pour finir les plages de Pont Blondin, Sehb Edhed, Temara, Miramar, Tamaris ou d’Azemmout entourée d’eucalyptus…
Ce matin nous partons pour la capitale du Royaume et siège du gouvernement. Rabat est située à l’embouchure du fleuve Bou Regreg. La ville possède deux zones parfaitement différentes, la médina, pleine de vitalité et la ville neuve qui se caractérise par son urbanisme moderne…
C’est une ville où les arbres et les fleurs sont en abondance. Ses jardins sont délicats et adoucissent suggestivement la structure urbaine. C’est un véritable plaisir de se promener dans le jardin du Belvédère, celui des Oudayas, celui du Triangle ou de L’expérimental…
Dans l’harmonieux tracé urbain, on remarque l’Avenue de Mohamed V, l’artère la plus dynamique, le Boulevard de Hussein I, la rue de Souk Essebt, la Place de Souk el Ghezel et la rue de Djemaa, la voie principale de la Casbah des Oudayas. C’est une accumulation de surprises visuelles…
La tour Hassan, minaret d’une mosquée de style romano-byzantin considéré comme l’un des plus grands temples de l’Islam, dont la sveltesse rappelle le profil architectural de la Koutoubia de Marrakech et celui de la Giralda de Séville, à l’entrée du mausolée de Mohamed V, se dresse comme les chevaux de la garde royale…
Nous visitons aussi les autres monuments importants, aussi bien historiquement qu’artistiquement, tel le Chellah, les murailles, la porte de la Casbah des Oudayas, celle de Bâb Errouah, la fontaine Mérinide du 14ième siècle, la Grande Mosquée et la Petite Mosquée de Guazzrin. Côté histoire, on peut noter que sous Yacoub el-Mansour (« le Victorieux »), Rabat connu un moment de gloire. Après plusieurs campagnes militaires victorieuses en Espagne, Ribat el-Fatah (la forteresse victorieuse), devint une grande capitale. El-Mansour fit élever plusieurs kilomètres de murailles et percer la portes des Oudaias pour pénétrer dans la casbah. Il entreprit alors l'édification de la plus grande mosquée de tout l'ouest musulman si ce n'est de tout l'Islam. Sa mort en 1199, mis un terme à ce grandiose projet. La Grande Mosquée, dominant le pont sur l'oued Bou Regreg, ne fut jamais achevée. Il reste aujourd'hui l'impressionnant minaret et des colonnes
Et enfin pour finir la journée, la visite du Palais Royal. Il fut construit pendant la seconde moitié du 19ième siècle sur le terrain qu’occupait un ancien palais du 18ième siècle. Sa majestueuse façade en pierre jaune frappe l’attention. Ses salles, grandes et somptueuses ont été restaurées et enrichies durant ces dernières années. Sa Majesté étant occupée à faire emprisonner plusieurs opposants au régime, n’a donc pas pu nous recevoir pour le thé. Et c’est avec regrets que nous retournons à notre hôtel…
Après le petit déjeuner nous partons pour Fès, la plus ancienne des quatre villes impériales. Elle fut pendant des siècles le centre culturel et religieux de l’Occident musulman. Sa situation magnifique au centre de la plaine du Saïs, sur les deux rives de l’Oued Fès, et la longue histoire de son développement, intimement liée à celle du pays, en font un des points culminants de ce séjour…
En l’admirant de la hauteur des tombeaux Mérinides, qui la domine au nord, on est saisi par cette impressionnante agglomération serrée dans son cadre de verdure et le vallonnement des montagnes qui l’entourent à distance. Les minarets de ses nombreux sanctuaires s’élèvent au-dessus du foisonnement de ses maisons grises, où les toits verts de la Zaouïa Moulay-Idriss et de la Karaouiyne marquent le cœur de son rayonnement…
Mais il faut encore parcourir inlassablement ses ruelles en pente, visiter les chefs d’œuvres de son architecture et se mêler au grouillement de la foule dans ses souks en pleine activité pour en connaître ses multiples aspects. Nos regards embrassent les toits bruns et mauves, émeraude et or, et l’harmonie calme des formes. Le contraste n’en est que plus prodigieux quand, talonnés par les ânes, interpellés par les « balek ! (attention !) des triporteurs, les yeux éblouis de couleurs, nous pénétrons dans la vieille ville, la plus belle et la plus ancienne des médinas et l’une des mieux conservée…
Un choc ! Nous ne suivons aucun plan, nous allons à notre guise du souk des bijoutiers à celui des potiers, des tailleurs aux teinturiers. Nous regardons les portes incrustées de nacre et de cuivre, les tuiles émeraudes de la superbe mosquée El Qaraouiyyin où, comme dans toutes les mosquées marocaines, on n’entre pas…
En descendant vers l’Oued Fès, on atteint le quartier des teinturiers situé entre les ponts Gzam-ben-Zeklam et Sidi-el-Awad, moins pittoresque que celui de Marrakech. En aval, au-delà de la place Seffarine, les tanneurs ont installé leurs cuves sur les terrasses des maisons proches du pont Bin-el-Moudoun (entre les deux villes). Si l’odeur n’y est guère agréable, le spectacle est extraordinaire et coloré…
La ville de Fès-Jdid, malgré son nom de « ville neuve », date du 13ième siècle. Elle est moins étendue et moins typique que sa voisine. Bab-Dekkaken donne accès au Petit Méchouar qui conduit au Palais Royal (Dar-el-Makhzen). A côté de cette grande porte, entre Bab-Sbaa et Bab-Segma, s’étend le Grand Méchouar avec à gauche la Makina, ancienne manufacture d’armes qui abrite une fabrique de tapis…
Après cette « partie de Fès », il est temps de se consacrer aux plaisirs de la table. La ville possède plusieurs restaurants installés dans le cadre authentique d’anciens palais où l’on y sert la meilleure cuisine du Maroc. C’est incontestablement ici que l’on déguste, de préférence à toute autre ville, le meilleur couscous, surtout si l’on a eu la précaution de le commander à l’avance…
Ce matin nous partons pour Moulay-Idriss, la ville sainte. Cette citée renferme le tombeau du fondateur de la première dynastie marocaine, celle des Idrissides (7ième siècle), situé dans la dépression qui sépare les deux quartiers, Tasga et Khiber, ce dernier le plus haut placé et d’où l’on a, d’une petite terrasse proche de la mosquée de Sidi-Abdallah une vue remarquable sur les maisons en cascade. Des ruelles en gradins permettent de descendre devant la barricade du horm (entrée interdite aux non musulmans et interdiction de prendre des photos dans la ville)…
L’après-midi est consacrée à la visite du site de Volubilis sur la route de Mekhnès. Cette cité romaine a de tout temps été liée à sa voisine musulmane du nom de Oulili, la résidence du roi berbère Juba II. C’est une cité édifiée par les romains dès l’an 40 pour contrôler la région nord africaine qui fut ensuite peuplée par des Grecs, Berbères, Juifs et marchands carthaginois. C’est au 2ième et 3ième siècles que cet avant poste commença réellement son développement, grâce à la culture des céréales. Sous un soleil brûlant nous déambulons dans les rues pavées à la découverte de la maison d’Orphée, les termes de Gallien, le Municipe, le Forum, et le Capitole. L’Arc de triomphe de Caracalla (217 ap. J.-C.) se situe à l’extrémité d’une allée dallée, et le Decumanus maximus bordé d’arcades, en direction de la porte de Tanger…
La soirée se termine sous une immense tente dressée dans le désert tout proche. Des danseuses du ventre nous invitent à nous trémousser, avec elles, sur la piste centrale, en échange de quelques billets de 1$. Des charmeurs de serpents à sonnette font leur numéro pendant que nous dégustons un tajine au poulet « bicyclette ». Nos hôtes berbères, qui nous accueillent, nous offrent une fantasia : un spectacle de cavaliers armés sur des magnifiques chevaux arabes. Ils foncent sur nous et au dernier moment tire en l’air avec leurs mousquets droits. C’est un bruit assourdissant, la poussière envahit la tente, ça sent la poudre, les youyous des femmes couvrent nos cris, et les cavaliers ravis de leurs effets s’apprêtent à recommencer…
Aujourd’hui c’est le tour de Mekhnès, une autre cité impériale, dans laquelle nous pénétrons par Bâb El-Mansour. Sans doute la plus belle porte d’Afrique du Nord, constellée d’étoiles de faïence. Dans cette ville façonnée par Moulay Ismail, contemporain de Louis XIV (dont il demanda la fille en mariage), tout est vaste : palais en ruines, écuries, bassins, mausolées, sans oublier le contemporain golf royal au cœur de la ville…
On entre dans la médina près d’une fontaine ornée de mosaïques. Sous une voûte à droite se trouve Dar Jamaï (19ième) ancien palais de vizir. On prend à gauche la rue Sekkakin bordée par les échoppes de ferblantiers, jusqu’à Bâb Berrima. Puis un passage étroit qui conduit vers Dar-Kebira, un ancien palais de Moulay Ismail. On contourne les murs du palais qui ouvre sur un jardin andalou, pour arriver à Der-El-Beïda, ancienne résidence impériale du 18ième siècle aménagée en Académie militaire. De l’autre côté de la route se trouve le quartier de Jbabra ; avec la Roua, anciennes écuries de Moulay Ismail qui aurait abrité 12 000 chevaux. Une salle sous coupole était peut-être destinée à la sellerie…
Ce matin nous partons de bonne heure pour rejoindre Marrakech la dernière ville impériale aux portes du Sud. Notre minicar se faufile allègrement entre les vélos, les attelages d’ânes, les Mobylettes et les calèches empanachées. Au bord de la route, des orangeraies, l’élégante silhouette des palmiers dattiers, la pourpre des bougainvillées. Blottie entre ses remparts, voilà Marrakech avec ses toits en terrasses dominés par le fier minaret de la Koutoubia…
Les matins de Marrakech vibrent au son du muezzin de l’immense Koutoubia, la mosquée de la grande ville rouge du sud qui domine, du haut et de la splendeur de son minaret, les hautes montagnes de l’Atlas qui font un large écrin à la ville…
Il faut lâcher les amarres, se laisser griser par la magie des lieux, et inch’Allah ! En djellabas chatoyantes et châles satinés, la foule déambule. Nous la suivons sans crainte dans les venelles sinueuses de la médina. Derrière les hauts murs se cachent palais et jardins, rafraîchis par de mélodieuses fontaines, qui se transforment parfois en de paisibles bistrots où l’on déguste, sur des tapis, pâtisseries au miel, thé et orange pressées…
« Regarde, regarde ! » s’émerveillent les visiteurs avec des yeux d’enfants ravis sur la place Jemma el-Fna. Ici, là et là encore ! Un montreur de singes savants. Une acrobatique pyramide humaine. Un jongleur. Une troupe de danseurs. Un charmeur de serpents. Un porteur d’eau…Le spectacle est gratuit et le cirque permanent sur cette grande piste aux étoiles envahie de troubadours et de vendeurs à la sauvette. Autour, les restaurants improvisés avec des braseros et quelques tables accueillent les spectateurs. La place s’anime ainsi chaque jour, quand le soleil se lève et fait battre le cœur de la médina…
Autour des souks, les riads, hautes demeures ocre ou argile, aux arabesques relevées de marbre, abritent de véritables palais transformés en chambres d’hôtes luxueuses. Salles fraîches en mosaïque, terrasses langoureuses aux sofas et coussins profonds, tentures aux belles couleurs intenses, patios et fontaines murmurantes invitent sans ambiguïté à la paresse et au plaisir…
Douces perspectives qui se confirment autour des superbes bassins de la Ménara où des voluptueux jardins de Majorelle dont les parfums et la sensuelle luxuriance ont inspiré le célèbre décorateur nancéien, puis plus tard Yves Saint Laurent. Plus loin nous découvrons la décoration de la Mamounia d’un kitsch délirant et dégoulinant d’or, mais qui reste un lieu très attirant et hanté par le souvenir des anciennes stars d’Hollywood qui firent la renommée du plus grand palace d’Afrique du Nord…
Nous retrouvons avec plaisir notre hôtel « Mansour Eddahbi***** ». La lourde porte de bois se referme lentement et, comme par magie, la rumeur insistante de la rue s’arrête. Un couloir frais, doucement éclairé, débouche sur une cour intérieure. Et là, divine surprise ! Nous voici dans un palais des Mille et Une Nuits, dont l’exotisme confortable ravit tous nos sens et efface d’un trait la fatigue de nos pérégrinations. Nous n’entendons que le bruit cristallin de la fontaine. De sa vasque où flottent des pétales de rose, l’eau glisse dans un grand bassin qui rafraîchit toute la cour et les larges feuilles de trois bananiers jouent efficacement les éventails…
Dans notre chambre ouverte sur le patio, nous profitons assez de cette fraîcheur pour apprécier le chaleureux contact des superbes kilims qui tapissent le sol. Avec un mobilier élégant et, telle une malle aux trésors, un coffre finement ciselé qui jouxte le lit bas recouvert de tissus aux couleurs profondes, le décor est à la fois sobre et raffiné. La salle de bain nous séduit plus encore avec, à la place de la baignoire, une belle et large vasque en creux, dans laquelle nous allons fondre… de plaisir !…
C’est notre dernière matinée à Marrakech, nous traînons dans les superbes jardins de Majorelle. Notre guide vient nous chercher pour les formalités d’embarquement à l’aéroport, notre aventure prend fin. Comme de tout être bien aimé, on peut, en parlant du Maroc, être lyrique et possessif. Ses habitants le sont, vis-à-vis de leur patrie. Le voyageur, l’étranger qui s’attarde, garde, des jours ou des années, un éblouissement tenace, souvent une nostalgie…