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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 10-09-2008 à 07:39:41

DANS LES ANTILLES...

 

Guadeloupe, Marie Galante, les Saintes, la Désirade du 20 au 26 février 1988

 

            Lorsque le froid, la pluie et le vent malmènent les pays d’Europe, les Antilles offrent un climat de serre chaude. En quelques heures d’avion, le dépaysement est total. C’est l’éblouissement des tropiques, fait de chaleur, de lumière, d’eaux marines turquoises, de coraux ourlés d’écume blanche, de végétation luxuriante ou grillée de soleil…

            Avant nous, dans les temps reculés, vinrent d’Amérique du Sud, sur de minces pirogues, les indiens Caraïbes. Ils débarquèrent sur les plages des Antilles, et conquirent les îles, l’une après l’autre. Refoulant les Arawaks, tribus autochtones qui les occupaient déjà…

            Magnifique concentré de Caraïbe, la Guadeloupe est le centre d’un archipel où papillonne un essaim d’îles et d’îlots. Jolis bouts de terre sauvage aux noms très doux : Marie Galante, la Désirade, les Saintes. Si vous voulez le rhum et l’argent du rhum, de fabuleuses vacances sur les plages des Caraïbes, l’aventure et le confort, direction la Guadeloupe !…
 


            Toujours partants pour l’aventure, nous jetons, pèle mêle, dans une valise, shorts, maillots de bain, casquettes, lunettes de soleil et quelques tubes de crème bronzante. Nous laissons Aix en Provence dans le froid et la pluie sans regret pour atterrir huit heures plus tard à Pointe-à-Pitre sous un soleil radieux. Un guide local s’occupe de notre réception et nous conduit dans le petit village de Gosier (Grande Terre) à l’hôtel « Arawak**** » notre camp de base pour la semaine…

            Le joli village de Gosier, bien étalé le long de sa plage, constitue le lieu favori des Pointus (citadins de Pointe-à-Pitre) pour leurs loisirs. Les frondaisons de ses arbres retombent en corbeille de verdure sur le blanc de la plage et le bleu limpide de la mer. Il y règne une atmosphère joyeuse et bon enfant. Des familles entières sont réunies devant un pique nique, des couples prennent des bains de soleil, les enfants jouent dans le sable fin. Ils font des trous et des pâtés comme tous les enfants du monde, tandis que les plus grands, les bons nageurs, vont jusqu’à l’îlet paisible d’en face dominé par un phare. Les jours d’affluence dit-on : « que les Yen-Yens, c’est-à-dire les poux, y mourraient étouffés ! »…
     


            Le petit déjeuner est servi sur une terrasse ombragée face à la mer. Des oiseaux aux multiples couleurs viennent partager sur la table notre repas, essentiellement constitué de fruits exotiques. On ne se lasse pas de les regarder, un vrai plaisir. Un orchestre local tape sur des barils en forme de tambours et diffuse une mélodie cadencée tirée du répertoire de Bob Marley. Autour du buffet, les vacanciers balancent les hanches suivant le rythme de la musique. Le café noir a du mal à rester stable dans sa tasse malgré notre dextérité. Bref il y a de l’ambiance ! Mais il faut partir car nous avons choisi aujourd’hui de visiter Grande Terre et ses belles plages blanches, de Gosier à Saint-François…
 
            Alanguie au creux de la baie la plus profonde, Sainte-Anne fait chanter la brise dans ses palmiers de plage. Elle doit son nom à la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII à qui cet endroit fut dédié autrefois. Elle est restée de nos jour une charmante petite ville aux maisons basses entourées de verdure ou dominent les cocotiers et de superbes raisiniers, au bord d’une des plus belles plages de sable blanc de l’île, protégée des vents dominants par des « cayes »…
     


            Ensuite, nous allons découvrir que le lagon de la Porte-d’Enfer est en fait un endroit paradisiaque, formé par un très long bras de mer, venant clapoter en pente douce sur une langue de sable fin. D’abord sauvage et violente, la mer s’apprivoise à mesure qu’elle s’amenuise et finit en une pointe sage puis immobile. La partie large, ouverte sur la côte Atlantique, est bordée de falaises, de rochers déchiquetés sur lesquels se fracasse la houle du large dans des bruits infernaux et des jaillissements d’écumes. Sur la plage une petite buvette nous accueille pour nous désaltérer car il fait chaud et sec sur Grande Terre. Après une petite marche sur cette Trace nous apercevons le « Trou de Mam Coco ». La légende raconte qu’une certaine madame Coco, poursuivie par des histoires de cœur et victime de la rivalité d’une autre belle, y aurait disparu, son ombrelle à la main…
     
            A Port-Louis nous avons rendez-vous avec les pêcheurs, qui débitent dans une joyeuse activité : thons, dorades et vivaneaux, que nous retrouverons plus tard, grillés à point, au restaurant…
     
            La Pointe des Châteaux est une muraille naturelle de rochers hérissés contre la houle puissante de l’Océan. Sur le parking, une vendeuse d’épices, plus loquace et disponible que celles du marché de Gosier, nous explique avec humour la recette et les effets de la sauce chien ou les vertus du bois bandé…
     


            L’hospitalité légendaire des antillais s’exprime par la cuisine. Le nombre de convives est sans importance. Il faut, de toute façon, prévoir de grandes quantités afin d’être toujours prêt à accueillir quelques invités supplémentaires. Nous l’avons vérifié. Le soir venu, nous sommes invités dans une case créole. La cuisine est l’une des meilleures qui soient. Les hasards de l’histoire qui ont brassé dans ces îles, les peuples, les recettes, les secrets, ont donné naissance à une alchimie culinaire où l’on reconnaît au passage quelques vieux plats français, masqués d’épices et de soleil, mais surtout des créations originales, purement antillaises, qui font venir l’eau à la bouche : le matété, les acras, la sauce de ouassous, le calalou, le colombo etc.…
     
            Aujourd’hui notre intérêt se porte sur Basse Terre. Les premiers rayons finissent de toiletter les sommets de la jungle entremêlée, éclairant les sentiers qui montent des plages noires de Goyave vers les majestueuses chutes du Carbet. Au long d’une balade d’une heure à peine, calebassiers et frangipaniers composent un décor touffu qu’éclairent soudain une clairière fleurie, un cabanon de bois ou une échoppe perdue, mais bien fournie en mangues et caramboles !…
         
            Après avoir franchi plusieurs ponts suspendus au dessus de la rivière, un grondement sourd se fait entendre. La première chute d’eau apparaît dans un creux de feuillage, puis la seconde, majestueuse, élancée, élégante. La dernière montée jusqu’à la vasque élargit le paysage. Au dessus des chutes, veille le volcan de la Soufrière. Les arabesques terre de Sienne qui strient ses flancs sont les sentiers qui rejoignent le sommet. De là, la vue s’étend à 360 degrés. A l’ouest, les « fjords » de verdure où nichent les petites villes aux noms harmonieux : Pointe-Noire, Bouillante, Deshaie…
     


            En suivant la route côtière nous trouvons encore des plages idylliques et peu fréquentées, telles que celles de Petite Anse, Trois-Rivières ou Capesterre. En rentrant par la route de la Traversée, l’unique voie passant par l’intérieur montagneux de Basse Terre, nous pouvons nous rafraîchir dans le bassin de la cascade aux Ecrevisses, sous le chapiteau géant de la luxuriante forêt tropicale. Le promeneur qui s’avance dans la profusion de cette végétation est saisi par une étrange impression de solitude et de silence. Rien que les chants des oiseaux ou le bruit léger d’une feuille qui tombe…
     
            Ce matin nous déjeunons très tôt pour nous rendre au port de Pointe-à-Pitre, où nous embarquons vers les langueurs sauvages de la Désirade. L’île s’étire tout en longueur sur onze kilomètres et n’en mesure en moyenne que deux en largeur. Sa silhouette à l’horizon évoque une gigantesque assiette creuse renversée. Christophe Colomb la découvrit au cours de son second voyage. Malgré son nom, elle fait figure de parente pauvre dans l’étincelante famille des îles guadeloupéennes…
     


            Mais la plus orientale des îles de la Guadeloupe se déguste comme un verre de rhum agricole, âpre à l’avant goût, chaude et enivrante ensuite. Des hautes falaises battues de l’est, nous nous laissons glisser vers les anses sucrées du Souffleur et de Baie-Mahault qui font la vraie saveur de l’île. Grande Anse, longue plage de sable éblouissant, bordée de cocotiers secoués par le vent du large nous bercent de silence. A bord de leurs gommiers, des pêcheurs aux chapeaux salako en paille rêche remaillent des filets centenaires. Sur le sable fin nous profitons toute la journée du soleil. Une biguine langoureuse s’échappe d’une taverne. N’est-ce pas là le paradis…
         
            De bonne heure, nous embarquons pour les Saintes, un monde à part dans l’archipel guadeloupéen. Une demi-heure de bateau, à partir de Pointe-à-Pitre, nous sépare de la troisième plus belle baie du monde, après celle de Rio au Brésil et d’Along au Viêt-Nam. L’arc des flots montagneux protège de l’alizé les plus beaux fonds de la Caraïbe. Entre les jambes des baigneurs de Pompierre et de Grande Anse, les poissons multicolores filent comme l’éclair…
     


            Découverte le jour de la Toussaint 1493 par Christophe Colomb, cette île de rochers, de terre et de sable, se présente comme des collines arrondies, par endroit dénudées. La végétation est rabougrie, composée principalement de fourrés et de cactus, hantée par les iguanes, sorte de lézards monstrueux. Au sommet se trouve le fort Napoléon. Ses enceintes, son glacis, ses chemins de ronde, ses remparts sont en parfait état. Construit sous Napoléon, il n’a jamais servi militairement parlant. C’est une curiosité qui vaut le déplacement…
     
            Des « lolos » de plages monte un doux fumet : friture de ouassous ou blaff de langouste que nous dégustons sous les palmiers avant d’aller succomber à une sieste aussi délicieuse. En fin d’après-midi, la lumière orange fait ressortir chaque composante du paysage : la blancheur des plages, le chatoiement des toits peints de Terre de Haut, « village capitale » qui s’animera à la nuit tombée et, à l’est, déjà les rondeurs avenantes de Marie-Galante...
     
            Aujourd’hui c’est au tour de Marie-Galante, la plus grande des îles dépendant de la Guadeloupe, toutes reliées entre elles et à l’île mère par la navette blanche qui sillonne plusieurs fois par jour les eaux les plus claires des Antilles. Présentant un peu la forme d’une poire, Marie-Galante ressemble à un beau fruit posé sur l’océan, à 30 kilomètres dans le sud-est de la Guadeloupe. Christophe Colomb la découvrit le 3 novembre 1493. Il lui donna le nom de son navire bien aimé, sa gracieuse caravelle : « Maria Galanda »…
     


            Dès le débarcadère de Grand-Bourg, le marché de la matinée nous happe. De l’étal du potier aux amoncellements de fruits, des cris joyeux des vendeuses de coupons de tissus aux balances archaïques des pêcheurs, ce petit village nous égare le long de ruelles bordées de maisons créoles. Le château Murat a beaucoup d’allure avec ses pierres de taille, ses fenêtres hautes et étroites, et ses jardins suspendus…
     
            La canne à sucre y règne sans rivale. Cette canne d’une qualité remarquable, fait que les rhums de Marie-Galante sont réputés. Nous visitons une distillerie artisanale, mais surtout nous goûtons sans modération le rhum blanc. Ça décolle…
     


            Hic ! Pas de panique ! A Marie-Galante, tous les chemins mènent à la plage. Et nous ne tardons pas, au détour d’un jardin aux épices ou d’un bouquet de cocotiers, à retrouver le long et joli ruban de poussière de corail qui file jusqu’à Capesterre. Nous nous laissons mener, les pieds dans l’eau tiède, jusqu’à un nid de palétuviers en fleurs, parfait pour tendre son hamac rasta et rêver à des lendemains qui tanguent…
     
            Encore un matin comme on les aimes, la lumière filtre à travers les petits nuages blancs, le gazouillis des oiseaux titille nos tympans, une chaude atmosphère, aux odeurs de cannelle et de fleurs de magnolias nous enveloppe. Nous décidons, pour poursuivre l’enchantement, de passer une journée en mer au large de Pointe-à-Pitre…

            Sur la darse centrale, un catamaran bleu et blanc, recouvert d’un toit créole en matériaux légers nous attend. Nous montons à bord. L’intérieur est sobrement décoré. Quelques séparations en treillis largement ajourées délimitent l’espace. Un bar posé sur une large piste de danse compose l’essentiel du plat bord. Quelques tables rondes et des bancs sont disposés le long des bordages. L’équipage nous installe confortablement et le « bar flottant » quitte le port en longeant la mangrove, avant de prendre la pleine mer…
         


            Pendant la navigation, alors que nos yeux vagabondent sur la cime des mangroves et sur la douceur des flots bleu azur, l’équipage anime la traversée et nous propose : jeux collectifs et dégustations de fruits exotiques et de rhum. Petits chevaux sur grand échiquier, tiercé, jeux de mots, et questions-réponses sur la Guadeloupe sont prétexte pour boire et rire aux éclats. Le groupe fait connaissance, la mayonnaise monte (c’est une image), certains ne quittent pas la table centrale où se trouve l’essentiel : rhum et acras…
         
            Dans cette joyeuse ambiance, le catamaran arrive au large de l’îlet Caret notre destination. C’est une bande de sable de deux cents mètres sur cinquante qui semble flottée sur l’eau. Au centre quelques palmiers entourent une cabane sommaire faite de planches et de feuilles tressées procurant une ombre opportune. L’embarcation jette l’ancre à la limite de la barrière de corail, puis l’équipage, à l’aide d’un zodiac, nous transporte jusqu’au sable…
     


            Sur cet îlet paradisiaque chacun s’occupe selon son désir. Promenade sur le sable pour ramasser des coquillages, observation des poissons du lagon avec un masque prêté par l'équipage, ou tout simplement bain de mer et de soleil. Puis l’instant est venu de prendre l’apéritif. Une table est dressée dans le lagon pour déguster un Planter les pieds dans cinquante centimètres d’eau avec les petits poissons qui vous chatouillent les jambes. Un vrai bonheur…
     
            Le zodiac vient nous chercher pour nous ramener à bord. Les marins nous ont préparé un déjeuner uniquement à base de coquillages, crustacés et poissons grillés, arrosé de rhum bien entendu. Après le repas, le catamaran reprend sa navigation. Pendant tout le temps de la traversée, la piste de danse est ouverte. Zouks, Biguines sur fond de musique antillaise nous font trémousser ! Le rhum qui coule à flot nous fait décoller ! On transpire beaucoup. C’est la pénombre qui nous accueille dans le port de Pointe-à-pitre. Le catamaran se met à quai dans une ambiance de fête. Les pointus habitués, participent à la dernière biguine. On se jette un dernier verre de rhum en se frottant les fesses…Il faut rentrer maintenant à Gosier… se le rincer…
 


            La nuit a été courte. Les vapeurs de rhum sont encore présentes. C’est notre dernière journée antillaise, alors nous partons bien volontiers vers Pointe-à-Pitre. A partir du port nous pénétrons dans la ville par la place de la Victoire plantée de grands arbres, où se groupent les bâtiments administratifs. Autour de la place se trouvent d’agréables petits cafés, d’un style un peu « Nouvelle Orléans », aux terrasses animées et joyeuses. On nous sert d’emblée, une bouteille que l’on s’imagine pleine d’une eau limpide, alors qu’il s’agit en réalité du rhum « cœur de chauffe » le plus pur, le plus dur, mais si bon…

            Sur la place de la Rénovation on trouve l’Hôtel de ville, la Poste principale et des immeubles modernes bordant l’avenue Légitimus. Dans les rues adjacentes, la mode revient très heureusement aux maisons dites coloniales, qui sont jolie, aérées, ombragées par des vérandas qui les protègent aussi de la pluie et qui s’inscrivent si bien dans le décor végétal des Tropiques…
   
            Pointe-à-Pitre a tout l’agrément d’une ville de province avec, par surcroît, le piment tropical. Il y a bien sûr des feux rouges, un abondant trafic, mais la circulation n’y est pas aussi démente qu’à Marseille où à Naples, les gens n’y courent pas aussi vite, et l’on peut même y trouver le temps de flâner…

            Le marché d’une ville insulaire constitue à la fois une attraction et une source d’enseignement pour les visiteurs. C’est le moyen le plus simple et le plus rapide de plonger dans l’ambiance antillaise et d’entendre le doux accent du parler créole. Tout un petit monde s’interpelle drôlement, plaisante, rit au milieu du caquetage des poulets, du brouhaha de la foule et d’odeurs composées de vanille, de cannelle et de fleurs…

            De vieilles paysannes arrivent de la campagne environnante avec des paniers qu’elles portent sur leur tête, remplis de marchandises et de volailles ; la plupart ont des madras de couleurs, quadrillés, à la fois semblables et différents et d’incroyables chapeaux de paille de toutes formes et de toutes dimensions…
 


            Les marchandes, derrière leurs éventaires placés sur des tables ou posés sur le sol, arborent des costumes chatoyants et les teintes vives des étoffes, qu’elles soient à ramages, à pois ou à carreaux, font une symphonie de couleur avec les pyramides de fruits et de légumes. Nous en profitons pour faire le plein d’épices rares et odorantes…
     
            Sur la route de l’aéroport nos pensées vagabondent comme ces mythiques oiseaux blancs qui planent sur l’Océan. C’est une merveilleuse aventure car la belle antillaise en possède tous les atouts et, en prime, elle offre deux îles pour le prix d’une. A force de dire la Guadeloupe, on en oublie qu’elle est composée de deux îles principales, Grande Terre et Basse Terre, reliées par des ponts, de sorte qu’on quitte l’une sans s’apercevoir qu’on passe sur l’autre. On se promet d’y revenir bientôt…


Andrée et Armand 

 

 

Commentaires

laussymarine le 14-02-2009 à 22:27:25
merci pour la visite ..........

belle écriture.........

belles balades

marine