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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 10-09-2008 à 09:03:24

LE CHIFFRE CINQ

 

 

 



 

            Quand mon Frère  premier surveillant me demanda de travailler sur le chiffre 5, j’aurais du tourner 7 fois la langue dans ma bouche avant de lui demander s’il s’agissait du chiffre (signe servant à représenter le nombre) ou bien du nombre (notion fondamentale des mathématiques qui permet de dénombrer, classer, mesurer les grandeurs, mais qui ne peut faire l’objet d’une définition stricte). Et c’est le silence du M qui me remis sur le chemin, car le compagnon n’est pas fini, il doit cherchez sans cesse sa vérité.


            La Science des nombres remonte à la nuit des temps. Déjà dans la bible on peut y lire : « Tout a été crée avec poids, nombres et mesures ». Platon dira : « Que seul celui qui connaît la réalité des nombres parvient au plus haut degré de la connaissance humaine ». Dans toutes les civilisations – Grecque, Hindou, Taoïste, le nombre est avant tout « un principe spirituel, une entité métaphysique. Il tisse l’ordre cosmique, à partir des alternances du pair et de l’impair ». « Tout est arrangé d’après les nombres », dira Pythagore.


            Alors dans ma régression la première image qui me vient à l’esprit c’est celle de mon maître d’école, ce vénérable instituteur, qui m’éveillait déjà au symbole des nombres. Voici ma main, elle a cinq doigts, en voici deux, en voici trois….
Quelques années plus tard, un autre instituteur, pendant les cours de science naturelle, nous apprendra que l’homme est un, qu’il a quatre membres, deux jambes, deux bras, les deux bras sont terminés par deux mains de cinq doigts, les jambes sont terminées par deux pieds de cinq doigts. Il a aussi une bouche, deux oreilles, deux yeux, deux narines qui font un nez. Il a aussi un cerveau avec deux hémisphères (certain dirons timidement pas toujours !). il a aussi un sexe composé de trois éléments, une verge et deux bourses. Et notre F pierre aurait sans doute rajouté en commentaire : « c’est dans la mesure de la rectitude que le compagnon doit s’employer à bien utiliser son levier ».


            Dans cette énumération qui peut se poursuivre à l’infini, l’homme est un assemblage de nombre. Mais pas n’importe quel nombre : il s’agit essentiellement du chiffre un (l’unité) et deux (la dualité), qui par adition, soustraction ou multiplication nous donne de nouveaux chiffres, le trois (la trinité ), le quatre (la stabilité) et le cinq (la quintessence).


            Nous ne pouvons donc pas ignorer, qu’avant et après le cinq, d’autres chiffres existent, et que nous ne devons pas les occulter. Lors du troisième voyage, le Compagnon, dans la pratiques des Sept Arts Libéraux, découvrira que la Mathématique – Science des Nombres – y prend toute sa place. Et son étude nous révèle quelques nombres fondamentaux :
- L’Unité représente le Grand Architecte de l’Univers – Tout est en Tout – l’unité est perfection disaient les Grecs.


- La Dualité est l’opposition des contraires : Bien/Mal, Beau/Laid, l’Un/l’Autre, Mâle/Femelle, Esprit/Matière.


- Trois, le symbole de l’éternité, de ce qui était et sera. C’est le nombre le plus parfait de tous. Il est « L’image sensible de la divinité » dira Eusèbe, s’inspirant de la symbolique Chrétienne du Père, du Fils et du Saint Esprit. Trois, est aussi le nombre sacré des bâtisseurs. Le triangle obtenu par sa combinaison, ne représente t-il pas la figure fondamentale de la Géométrie (Cinquième science). Il est le premier polygone fermé donc complet.  « Il est impossible de bien combiner ensemble deux choses sans une troisième. Il faut entre elle un lien qui les rassemble – L’intelligence c’est trois » écrira Platon.


- S’il n’est pas considéré comme fondamental, n’oublions pas le nombre quatre, bien présent chez les Maçons. Quatre c’est d’abord les points cardinaux : L’Orient, l’Occident, le Midi, le Septentrion, où chacun trouve sa place dans notre Temple. Quatre c’est les voyages de l’initié : Terre, Air, Eau, Feu. Mais quatre représenté dans l’espace permet d’obtenir un Carré (lorsque ses points sont situés sur un même plan), ou un Tétraèdre (formé de quatre angles), premier volume apporté par les nombres. Et, cette idée de volume suggère alors la Matière. Philon en fera la remarque en écrivant du nombre quatre : « il est le premier à montrer la nature du solide ».


- Quant au nombre cinq, il était chez les Mages, la représentation du monde sensible ; Moïse rédigea sous son égide le Pentateuque ; Pythagore soumettait ses disciples à une préparation de cinq ans, avant de leur reconnaître le droit d’enseigner à leur tour, et enfin – pour ne pas nous étendre – ne donnons nous pas encore à ce qu’il y a de principal dans un problème, de plus pur dans une chose, le nom caractéristique de « quintessence », et qui, en la circonstance, s’appliquerait fort bien à la figuration de l’esprit humain dégagé des quatre éléments grossiers du monde physique, et les dominant par sa subtilité.


            Le Compagnon a cinq ans, il est initié par cinq voyages, pénètre en Loge par cinq pas, travaille sous l’égide de l’étoile à cinq branche, œuvre pour les cinq principes de la lettre G, et clôt ses travaux par une batterie à cinq coup. Mais le symbole du nombre cinq, comme tous les symboles d’ailleurs, ne parle pas de lui-même. Ne dit-on pas que « Les symboles interviennent pour nous rendre manifestes les vérités qui sont en nous ? Si notre esprit est vide, ils n’ont aucune signification, on ne peut rien sortir d’une intelligence creuse… » et c’est pour cela qu’il nous faudra les disséquer, les analyser, pour y trouver source d’inspiration.


            Si, dans les religions, on s’accorde à dire que l’Unité est à la fois paire et impaire, mâle et femelle, Androgyne, alors ont peut convenir que le nombre 5 est formé du premier nombre impaire (trois) et du premier nombre pair (deux). En représentant le nombre deux par deux points espacés par un vide, nous pouvons imaginer que son graphisme représente une Femme. Le nombre trois représente, lui, un symbole phallique, donc un Homme. En mariant les deux on « accouche » du nombre 5 (nombre nuptial chez les pythagoriciens). C’est alors l’union parfaite entre le Masculin et le Féminin, le symbole de la Vie, de la Procréation.


            Le nombre 5 est également la somme du 4+1. Quatre indique ici le symbole du monde matériel (Air, Terre, Eau, Feu), de la Matière, du solide. Il représente la base stable. Un, quand à lui représente le Spirituel (que l’on retrouve sur la partie supérieure de la pierre cubique à pointe). C’est le parcours du Bas vers le Haut, du Haut vers le Bas, du Matériel vers le Spirituel. Cette équilibre entre Matière (quatre) et Esprit (un), se concrétise dans la représentation faite par Léonard De Vinci, ou l’homme s’inscrit dans le Carré (matière stabilisée) et le Cercle (esprit en action).


            Dans ce dessin, nous remarquons que l’homme, dans cette représentation, occupe entièrement le Carré (l’écartement de ses bras donne la mesure d’un côté, sa taille l’autre, il s’agit de la même mesure). Si on observe le centre de ce Carré, il se situe au niveau du sexe, ce qui fera dire à certains « que pour l’homme fils de la Matière, le point essentiel est sexuel ».


            Dans le Cercle, les bras et les jambes déterminent les Rayons. Le centre est le Nombril. C’est à partir de ce centre, ce cordon ombilical, que l’homme se détache de la Matière. C’est de cette « périphérie du cercle » que l’homme essaiera d’atteindre le « centre », afin d’établir un contact entre le Ciel et la Terre, le Haut et le Bas.


            Dans ces deux positions, l’homme est « debout les bras en croix » il est le Centre. Les quatre points de cette croix, auxquels s’ajoute le centre (représentation de l’homme) vont asseoir le Nombre Cinq (le cercle symbolisant le Ciel, le Carré la Terre, le Cinq l’homme). Cinq se rapporte alors à la quintessence, à ce que seul l’esprit peut concevoir. Il devient le nombre de l’homme doué d’intelligence. C’est le nombre de la compréhension.


            Si nous nous penchons dans les détails, dans le tracé du dessin de Léonard De Vinci, apparaît alors ce symbole, si fort pour nous les Maçons, une Etoile à cinq branches et cinq sommets, enfermée dans un pentagone. Cette étoile, symbole du microcosme, de l’homme, réplique du macrocosme (du haut en bas) devient le symbole de la pensée libre, vivante et spiritualisée. C’est le travail matériel et intellectuel réunis.


            Et c’est au cours de son premier voyage que le Compagnon va apercevoir à l’Orient « l’Etoile Flamboyante », elle prendra toute sa dimension, à la fin du cinquième voyage, où il la découvrira pleinement, au centre, entre la sphère Terrestre et la sphère Céleste. Comme les Rois Mages, le Compagnon suivra l’Etoile Flamboyante des yeux (la vue, l’un des cinq sens dont il a été doté) pour ramener sa lumière vers son cœur (du haut vers le bas et du bas vers le haut). Car, c’est cette étoile qui guidera le Compagnon tout au long de sa démarche vers son perfectionnement, par la connaissance de lui-même.


            Mais le nombre 5 est également la somme du 3+1+1. Le Compagnon commence son voyage avec les trois pas de l’Apprenti pour lui rappeler qu’il suit un enseignement transmis par ces pères, que le chemin est long et difficile sans la connaissance et la droiture. Puis il est autorisé à faire un pas de côté pour sortir du chemin, pour voler de ses propres ailes, pour faire des expériences, pour faire des erreurs, mais aussi pour se construire. Rempli de tout ses enseignements le cinquième pas le ramènera sur le chemin tracé.


            Pour débuter sa quête le Compagnon se servira des cinq sens (la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, et le goût) que la nature lui a donné pour exécuter ses facultés et qui servent en rapportant leurs perceptions à l’intelligence, de discerner toutes les impressions qui agissent sur son être. Car si dans le premier degré, l’apprenti se complait au spectacle des merveilles de la nature, le Compagnon va pouvoir utiliser ce don (dans le sens de donner) du Grand Architecte de l’Univers. A l’aide de ces sens, il aura la possibilité de transmettre concrètement à son intelligence, la perception de ce qui est « dehors » pour la ramener « dedans », en lui, afin de se connaître et se corriger, avec le ciseau de la Morale.


            Certain savants pensent que l’homme a été confondu avec le chiffre 5. Mais lors de la Création, il fut façonné le sixième jour, le cinquième se trouvant affecté à la création de l’Espèce Animale. Doit on y voir une régression dans la spirale de la Création ? L’observation du chiffre cinq démontre cette imperfection, tant du côté spirituel (le cercle) que du côté terrestre (le carré). En disséquant en effet le chiffre 5, on constate alors qu’il est formé d’un « demi carré » et d’un « demi cercle ». Mais l’homme est perfectible.


            Le compagnon s’engage alors dans la recherche de la vérité en se mesurant aux cinq principes de la lettre G :
- La Géométrie : le symbole le plus utile à la maçonnerie, celui qui permet de se construire. L’enseignement de Pythagore permettait aux tailleurs de pierres de mener à bien leur tracés géométriques par des formules numériques. Aujourd’hui les francs-maçons se servent de ses théories anciennes fidèles aux conceptions les plus hautes que l’esprit humain puisse former, pour fournir une excellente méthode d’approfondissement et d’élévation de notre intelligence, un moyen efficace de méditation, de réflexion, de concentration pour tailler notre propre pierre brute. Elle nous donne un moyen analytique et synthétique pour résumer l’envers et l’endroit, le dehors et le dedans.


- La Génération : les Egyptiens firent d’Isis, déesse de la Nature, le symbole de la fécondité par l’action d’Osiris le dieu soleil. Il s’agit ici, de la génération des êtres qui est prise comme élément de celle de l’univers pour lui servir d’explication symbolique. Pour le franc-maçon la Génération peut s’affirmer dans les deux colonnes J et B, l’union de l’actif et du passif. Dans un langage familier et par des expressions empruntées à la construction, elle place sous les yeux du compagnon des images et des signes, qui à défaut de la pleine compréhension des principes, lui donne au moins une idée. La lettre G quand on l’interprète par Génération est ici un des liens qui rattachent la pensée moderne à la sagesse antique.


- La Gravitation : l’attraction de la matière par la matière, un fait qui frappe les esprits et préoccupe les philosophes comme les savants, tout désireux d’en comprendre la cause. Newton sut par une intuition de génie, expliquer la pesanteur par l’attraction et identifia ce phénomène avec celui des mouvements des corps célestes. Pour le franc-maçon cette gravitation c’est celle du monde mental et spirituel, des idées, des esprits parmi lesquels les attractions et les répulsions se manifestent. Les sentiments bas ou les idées grossières nous font descendre comme un boulet nous riverait au sol, tandis que les sentiments purs et les idées Lumineuses nous font monter dans une région intellectuelle de plus en plus élevée. Les bonnes raisons ont des ailes qui nous soulèvent et nous transporte au-dessus du monde de l’égoïsme, pour nous permettre de graviter dans l’attraction de l’idéal.


- Le Génie : Si l’apprentissage montre l’homme façonnant son caractère, ses mœurs et son intelligence, le compagnonnage est un résumé des travaux de l’homme en marche vers le mieux, de l’effort ascensionnel de l’activité humaine vers le règne de l’esprit, vers la lumière de l’Etoile flamboyante. Pour le maçon ce Génie est le résultat du concours des pensées, des enseignements, des exemples de tous ceux qui dans le passé ont transmis le flambeau de génération en génération, de tous ceux qui dans le présent travaillent à l’œuvre de lumière, d’idéal et de fraternité. Le Génie humain pris maçonniquement c’est la solidarité intellectuelle et morale des « Hommes libres et de bonnes mœurs », qui dans notre ordre, ou au dehors, poursuivent la réalisation de l’idéal et du bien sous toutes ses formes.


- La Gnose du compagnon : dans le rituel le compagnon renouvelle sous une autre forme les voyages de l’apprenti, on lui présente le panorama des sciences, des lettres et des arts, la commémoration des grands sages et des bienfaiteurs de l’humanité, non pour qu’il entasse dans sa mémoire les détails d’une instruction livresque et spécialisée à la façon profane, mais pour mettre en lumière les principes et les directions de la vie, pour lui faire comprendre ce qu’est l’homme dans l’univers, quel rôle il doit jouer dans la vie universelle, dont il est un atome conscient, où il va, et ce qu’il peut. Du façonnement de la pierre brute à la préparation de la pierre cubique et philosophale, le compagnon est un maçon qui cherche la sagesse et le règne de l’esprit par l’intermédiaire des instruments de travail, des emblèmes et des symboles de sa double activité, à la lumière du delta sacré et de l’étoile flamboyante.


            C’est en travaillant sans cesse, faisant fi des difficultés, que le Compagnon parcours ses Voyages armé de l’Equerre et du Niveau : Je ferais de la droiture une Règle et de la justice un niveau » disait Esaïe. Ainsi le compagnon doit méditer, mais pour mieux régler son activité en la coordonnant, il peut s’adonner aux spéculations les plus abstraites, mais non s’y absorber au point d’oublier le travail et de déposer les outils ; son symbolisme s’arrête-t-il au point de contact du concret et de l’abstrait, à la frontière de l’intellect et du mysticisme : il laisse chacun libre de la dépasser, mais à une condition de ne pas oublier la tâche à accomplir dans la vie individuelle et sociale. Le Compagnon, gravira l’échelle aux sept marches, apprendra les Sciences et les Arts, cultivera son être pour préparer son ascension à un état supérieur, en travaillant comme le Grand Architecte, dont il a sous les yeux les œuvres merveilleuses et tangibles et se préparera ainsi à atteindre la Gnose, dont l’acquisition le rendra digne de la Maîtrise.


            On le voit le nombre cinq affecté au grade de Compagnon ne constitue pas une fin en soi. Il sera nécessaire, primordial qu’il effectue sans cesse son travail sur cette représentation numérique, pour accéder aux nombres suivants.

            Cent fois sur le Métier tu remettras ton ouvrage….           

 

Jakin