Voilà à peine cent ans que les grands explorateurs ont, pour la première fois, pénétré dans les étendues de l’Afrique orientale et découvert des régions qu’aucun blanc n’avait vues jusque-là. Ils ne pouvaient imaginer que sur leurs traces, des milliers de personnes viendraient facilement des quatre coins du monde pour admirer la beauté des côtes de corail, des vastes plaines et des montagnes couvertes de neige, examiner la diversité de la faune et étudier les mœurs et les coutumes des différentes tribus qui peuplent ces contrées. Ils ne pouvaient prévoir qu’un jour viendrait où il ne faudrait plus des semaines et des mois pour atteindre l’Afrique orientale, mais quelques heures seulement…
Un voyage au Kenya apporte, outre le foisonnement des images, des sensations fortes et rares, un retour aux origines dans un monde préservé, identique à celui des premiers jours de notre humanité. On vient ici éprouver sa capacité de curiosité, d’émotion, en de longues heures aventureuses, et seul le safari permet ce bain, de brousse et de forêts…
Il existe sans doute peu d’endroits au monde qui offrent une telle variété de paysages, de formes animales ou végétales, et un tel foisonnement de groupes humains. Certes, on cherchera en vain ce que l’on désigne généralement sous le vocable de « culture », chefs-d’œuvre architecturaux, théâtres, salles de concert – mais on découvrira au lieu de cela un monde dont on croyait qu’il appartenait depuis longtemps au passé…
Pendant les longs parcours sur des routes en terre rouge, à travers la steppe, qui prend une teinte brun jaune pendant la saison sèche et vert brillant après la pluie, le voyageur cherchera du regard les éléphants qui se déplacent souvent par troupeaux de plusieurs centaines, les girafes, les zèbres, les buffles, les antilopes, les guépards, les léopards et surtout les lions. Il écoutera le gazouillis d’innombrables tisserins ou le cri de joie de l’aigle pêcheur et ne pourra retenir un cri d’admiration en voyant s’envoler des lacs, tel un immense nuage rose, des dizaines de milliers de flamants à la fois…
Il méditera au bord du grand fossé d’effondrement (le Rift) en pensant que c’est peut-être là que se trouve le berceau du premier homme. Il regardera les sommets couverts de neige du mont Kenya et le groupe de glaciers du Kilimandjaro, la plus haute montagne d’Afrique, et aura alors une pensée pour les explorateurs Rebmann et Krapf, que l’on railla quand ils racontèrent avoir vu de la neige sur l’Equateur. Et peut-être ira-t-il voir le lac Victoria, presque une mer, où le Nil majestueux prend sa source, et dont la légende veut que celui qui boit de son eau y revienne constamment…
Il fera aussi la connaissance des hommes, les Kikouyous, les Luos, les Massaïs, les Samburus et les Souhélis. En un mot, il gardera de tout ce qu’il aura vu pendant les trop brèves semaines passées dans ce pays une foule de sensations inoubliables…
Nous voulons nous aussi ouvrir le livre vivant de la nature et en parcourir les pistes aventureuses. Le sac est vite rempli de tenues kaki, pataugas, casquettes et jumelles. Nous avons même, pour l’occasion, acheté un appareil photo avec zoom télescopique. En un rien de temps nous faisons déjà la queue à la porte d’embarquement de l’aéroport de Marseille Provence…
Après six heures de vol nous atterrissons à Nairobi la capitale du Kenya, le thermomètre marque 22°. On oublie presque qu’il s’agit d’un plateau situé à 2 000 mètres au dessus du niveau de la mer. Notre guide, Steven Mbogo Njeru, nous accueille, puis nous transfère à notre hôtel. Une demi-heure plus tard, en saharienne, casquette et lunettes de soleil, les jumelles et l’appareil photo en bandoulière nous montons dans un minibus à toit ouvrant pour notre premier safari dans le parc national de Nairobi…
Nairobi National Park, créé en 1945, se situe à 8 kilomètres du centre ville. Ce petit parc de 114 km² était initialement sur le passage de la migration des éléphants. Le braconnage et la croissance démographique leur ont aujourd’hui coupé la route. Il n’est sans doute possible nulle part ailleurs au monde, d’observer, juste à la sortie d’une grande ville moderne, autant d’animaux sauvages. La visite est agréable et la richesse du parc en herbivores inattendue…
Quant au jeu des acteurs, il est captivant et plein de surprises. Justement, voilà le phacochère qui déboule sur scène. La queue en tire-bouchon dressée comme une antenne, il pique un sprint puis s’arrête brusquement pour redémarrer sur les starting-blocks. On ne sait pas ce qui presse autant ce petit cochon sauvage, mais il fait toujours rire. Son surnom ? le Kenya express !
Les gnous, les impalas, les bubales, les gazelles de Grant et de Thomson, les girafes, les autruches, mais aussi les lions, les guépards et les rhinocéros se sont habitués à la présence des voitures et se laissent facilement photographier. Il nous est toutefois interdit, par notre ranger, de descendre du véhicule…
C’est au tour maintenant d’une famille de zèbres de Burchell de nous couper la route. Ils vivent dans les savanes ouvertes et les steppes herbeuses. Ils ont un magnifique pelage rayé blanc et noir. Une forte disparité dans le dessin des rayures permet de distinguer les individus. Ils vivent en groupe de un à six femelles avec leurs petits et un mâle. Cette structure familiale maintient leurs cohésions au sein des grands troupeaux…
Après une bonne nuit de sommeil, nous empruntons la route du nord qui passe par les petites villes de Thika, Sagana et Karatina avant d’arriver à Nyeri en deux heures environ. C’est notre premier arrêt détente. La végétation est dense et d’un vert lumineux. La bruine qui tombe depuis le matin accentue cet effet de brillance. Sur le bord du chemin des enfants curieux viennent vers nous…
La route continue vers Nanyuki, sur la gauche se dresse le majestueux massif des Aberdares ; sur la droite le second sommet d’Afrique, le mont Kenya culmine à 5199 mètres. La transparence de la lumière, la douceur du climat et la richesse des sols, produisent ici les meilleures plantations de café. Encore quelques kilomètres et nous arrivons au Mountain Lodge pour deux nuits…
La chaîne des Aberdares, appelée aussi chaîne de Nyandarua, fait face au massif du mont Kenya. D’une longueur de 70 kilomètres, elle dépasse assez largement les limites du parc national proprement dit. Malgré une richesse que nul ne songe à contester, la visite est exclue. Le climat humide et la végétation touffue rendent la circulation très aléatoire et l’observation des animaux particulièrement dangereuse. Le Mountain Lodge construit dans les arbres au-dessus des points d’eau où viennent les animaux est en séjour réglementé. Personne n’est autorisé à quitter l’hôtel, du reste bien gardé…
On a presque le sentiment d’être dans un chalet suisse, tout est en bois. La chambre est aménagée rationnellement et dispose d’un balcon étroit qui donne sur le point d’eau. Un banc disposé à l’extérieur est muni d’un chauffage radian, car les soirées sont fraîches à 2000 mètres d’altitude. Emmitouflés dans une couverture, les jumelles rivées aux yeux, nous attendons en silence la levée de rideau…
A 17 heure o’ clock, la cloche de cuivre de la terrasse panoramique sonne le rassemblement. C’est l’heure du thé et des petits fours, tradition anglaise qui perdure. Nous n’avons pas le temps de quitter notre chambre, qu’un bruit sourd de cavalcade sur le toit nous surprend. Une centaine de singes gibbons envahissent l’hôtel et chapardent les petits fours sous le regard ahuri des résidents et le sourire complice du serveur. C’est impressionnant ! Les singes, très observateurs, cachés dans les grands arbres, ont vite réaliser que le bruit de la cloche correspondait à de la nourriture facilement accessible. Le rituel est tenu secret par le personnel pour que l’effet de surprise soit total…
Ainsi, le temps s’écoule lentement pendant la journée, partagé entre le poste d’observation de la chambre et le salon « cosys » de l’hôtel, où un serveur très classe, en nœud papillon et blazer blanc, nous sert bière kenyane et thé anglais, à la demande…
Très tôt le matin nous reprenons la piste, direction les villages de Nanyuki, Isiolo et Archer’s Post. Des deux côtés du fleuve Uaso Nyiro que l’on ne peut traverser qu’à Archer’s Post, les pistes sont médiocres. Nous bifurquons à gauche et rentrons dans la réserve de Samburu. Une nouvelle piste qui longe le fleuve Ewaso Ngiro, nous conduit de Buffalo Springs au bivouac de Samburu Lodge, un camp de toile pour deux nuits…
Terrain herbeux, montagnes rocheuses, forêt en galerie, la végétation est pauvre, dominée par de petits acacias et des broussailles. Seules les rives du fleuve voient se développer des palmiers doums et de très grands acacias aux ombrages généreux. Dans ce paysages vivent des espèces rares, le zèbre de Grévy, l’antilope girafe, le beisa oryx et la girafe réticulée. Tisserins et aigles bateleurs sont aussi présents…
Voir pour la première fois la tête d’une girafe dépasser largement la cime des arbres est une grande émotion. Elle peut atteindre près de 6 mètres avec un cou de plus de 2 mètres. Le pelage de la girafe réticulée est plus sombre que celui de sa sœur Massaï, et les tâches brunes sont dessinées avec netteté. Elles vivent en groupe de deux à plusieurs dizaines d’individus et se nourrissent des feuilles hautes des acacias…
Et ce n’est que le début du spectacle ! quelques kilomètres plus loin, nous croisons maintenant un troupeau d’éléphants qui cherche sa pitance quotidienne. Son poids (de 3 à 6 tonnes) en fait le plus gros mammifère terrestre. Il a besoin de 200 kg de fourrage et 100 à 300 litres d’eau par jour. Une femelle adulte et trois à cinq jeunes constituent généralement un groupe. Les groupes se rassemblent pour former des troupeaux de plusieurs centaines d’individus pendant les migrations…
Le décor offert par la nature africaine est simplement grandiose. Le zèbre de Grévy : le plus grand des équidés est plus massif que son cousin de Burchell, ses rayures sont plus fines et étroites, ses oreilles plus grandes et arrondies. Le mâle est solitaire ou intégré dans de petit groupes. Les femelles vivent avec leurs petits. L’oryx beisa : très grande et élégante antilope, elle a de longues cornes, annelées et toutes droites. Le pelage est brun sauf sur la tête où se dessinent des formes géométriques noires et blanches. Elle se déplace en couple ou par groupe de six à trente sujets au gré des pluies ou des points d’eau. Animal parfaitement adapté à la vie dans le désert, il est capable de faire varier la température de son corps, emmagasinant de la chaleur le jour et la libérant la nuit, afin d'éviter la transpiration (qui est alors nulle en dessous de 40°C). Toujours dans le but d’économiser l'eau, ses urines sont peu abondantes et très concentrées( aussi épaisse que du miel)...
L’impala : la plus rapide et l’une des plus élégantes des antilopes. Elle a le pelage brun, et mesure 85 cm au garrot. Elle est facilement reconnaissable aux deux bandes noires qui descendent le long de ses cuisses. Seul le mâle a des cornes, et il domine un groupe de six à cinquante femelles qu’il a seul le droit de couvrir. Les babouins : pelage gris jaune sur tout le corps, avancée frontale et petits yeux très rapprochés. Ils marchent en s’aidant de leurs doigts. Rassemblés en groupes assez importants, ils vivent plus à terre que dans les arbres. Ils sont chapardeurs et parfois dangereux…
Après le dîner, nous rejoignons notre tente, accompagnés par un samburu, car elle se situe à la lisière du camp. Celui-ci, muni d’une torche enflammée, nous éclaire le chemin. Arrivé sur place, il sort de son sac un vieille appareil à « flitox » des années cinquante, et asperge de produit anti-moustique l’intérieur de la tente. L’odeur est tellement insupportable que nous sortons en courant. Les moustiques quant à eux restent ! Puis nous transmet quelques consignes pour la nuit, et notamment d’utiliser le sifflet pendu sous la moustiquaire dans le cas ou un lion roderait dans les environs ! Et avec ça, bonne nuit…
Pas tout à fait rassurés, nous fermons la tente et nous passons sous la moustiquaire. Nous décidons de nous coucher, tout habillés, dans les lits de camp en toile, répliques du matériel de l’armée anglaise. Mais il nous est Impossible de fermer l’œil pendant la nuit. Des cris bizarres raisonnent dans la nuit. Des craquements de branches nous font sursauter. Les arbres et la toile frissonnent sous le vent. On entend marcher autour de la tente. Bref, à chaque instant on est prêt à sauter sur le sifflet pour s’en servir…
Les Globe-trotters citadins avaient oublié que la savane vivait la nuit. Cependant, quand dans le petit matin, le soleil perce l’horizon, quel plaisir en ouvrant la tente d’être salués par un magnifique singe vervet qui vient nous rappeler que nous sommes sur son territoire. Il a un pelage gris tirant sur le vert, le visage noir cerclé de poils blancs. Les « ballottes » bleu vif et le pénis rouge se détachent sur le blanc de l’intérieur des cuisses…
Après deux jours d'intensif safari, nous quittons la réserve de Samburu pour le Parc National du lac Nakuru. Il faut laisser la Rift Vallée et contourner le mont Kenya. Nous reprenons la piste jusqu’à Nanyuki où nous faisons une halte photo. En effet, le petit village se trouve sur la ligne imaginaire qui marque l’équateur. C’est aussi une pause shopping, car les marchands du temple, eux aussi, sont présents…
La route franchit le petit village de Nyeri, puis bifurque à droite et traverse successivement Nyahururu, Gilgil et enfin Nakuru. Célèbre dans le monde entier pour ses flamants roses, ses pélicans et ses autres oiseaux, ce parc n’est qu’à quelques kilomètre du centre ville. Le lac salé situé dans le fossé d’effondrement est entouré d’une forêt d’euphorbes (arbres « candélabres »), d’une savane et des marécages. De loin, ces milliers de flamants forment une écharpe rose posée sur la rive. Mais dès que l’on approche, ce ruban s’envole précipitamment dans les airs…
Le déjeuner est vite pris car la route est encore longue. Nous devons rejoindre la réserve de Massaï Mara avant la tombée de la nuit (18 heures à l’équateur). Le minibus rejoint Gilgil, et traverse les villages de Naivasha et Narok, terminus de la route goudronnée. Il en profite pour faire le plein car c’est la dernière agglomération urbanisée. Nous traversons des paysages très variés, des plaines tantôt verdoyantes et tantôt semi désertiques…
Il nous reste encore une vingtaine de kilomètres avant d’atteindre la croisée des chemins à Ewaso Ngiro. On tourne à droite pour emprunter une très mauvaise piste qui nous mène jusqu’à Ngore. Puis nous franchissons les montagnes de Aitong, qui sont la séparation effective entre le monde cultivé et le monde des animaux. La nuit est tombée en quelques minutes, il faut vite échanger lunettes de soleil et casquette contre un gilet de laine. Et c’est dans la lueur des phares que nous pénétrons dans « Mara Serena » notre Lodge pour trois nuits…
Au premier abord, les paysages paraissent grandioses mais un peu monotones. L’immense plaine forme comme un miroir où se reflète le ciel. Les hautes herbes changent de couleur avec les saisons, passant d’un jaune desséché au vert tendre en quelques jours. Le temps change parfois en quelques minutes, de sombres nuages se forment sur la plaine baignée en fin d’après-midi d’une lumière argentée. D’autres nuages chargés de pluie se devinent au loin, formant comme un écran…
Mais nous nous rendons vite compte que la réserve possède des paysages incroyablement variés. Le long des rivières Mara et Talek défile une forêt galerie où de grands acacias ont élu domicile. En allant vers le Nord et l’Est, l’altitude s’élève graduellement à près de 2000 mètres, laissant place à une végétation riche en buissons épineux et petits arbres. Au Nord-Ouest enfin, l’escarpement d’Oloololo domine de sa hauteur le triangle de Mara ; c’est là qu’ont été tournées certaines scènes d’Out of Arica…
Nous sommes levés depuis l’aube et il commence à faire très chaud, mais quel plaisir ! A Massaï Mara c’est un vrai festival. Notre chauffeur-ranger a bien compris l’affaire, nous arrêtant pour la photo ou pour le bonheur tout simple de voir de près une troupeau de zèbres, de buffles, une famille de gnous ou un couple de gazelles…
« Eléphants devant ! », crie-t-il soudain. C’est avec tendresse que l’on songe alors au héros du « journal de Babar ». Tout près de nous, l’un d’eux commence à agiter les oreilles. Il serait ravi de notre départ ! Dommage. Mais ici, il est chez lui et a priorité sur la voiture. Il faut donc obtempérer…
Les yeux grands ouverts, nous continuons à scruter la savane, prêts à la mitrailler de photos. Plane ou gentiment bosselée, elle sert de terrain de jeux aux plus merveilleux animaux de la planète et les pistes ont beau chahuter notre 4x4, que nous restons debout pour surprendre tout ce petit monde. Là, à droite, des hyènes font ripaille sur un reste de gnou tué probablement par une lionne. Ils se disputent le repas avec une horde de vautours affamés…
La hyène a sont pelage tacheté surmonté d’une petite crinière sur la nuque. Elle enveloppe une silhouette lourde et maladroite (les pattes de derrière sont plus courte que celles de devant). Elle vit en groupe parfois important sur un territoire de 15 à 30 km². Elle se nourrit de proies disputées aux grands prédateurs et attaque des animaux vivants lorsqu’ils sont jeunes, vieux ou malades. Quelques kilomètres plus loin nous trouvons son terrier. Les trois petits attendent sagement devant l’entrée le retour de leur mère…
On approche maintenant d’un troupeau de bubales. Ils ont une allure générale proche du topi, leur pelage est cependant moins roux et surtout, vues de face, ses cornes ont la forme d’une lyre. Puis c’est un cob defasa solitaire. De la taille d’un cerf, seul le mâle possède de longues cornes à courbure concave. Son pelage est brun. Il est reconnaissable facilement de derrière car sa queue est entourée d’un large anneau de poils blancs. Il vit en petit groupe très sédentaire. Il est peu chassé par les grands prédateurs car sa chair est filandreuse…
La gazelle de Grant : un pelage fauve à brun roussâtre sur le dos et blanc sur le ventre. Elle a un triangle de poils blancs visible au-dessus de la queue. Elle n’a pas besoin de boire si sa pâture est assez riche. La gazelle de Thomson : un pelage brun sur le dos et blanc sur le ventre avec une ligne de séparation brun foncé sur le côté. Elle a une petite taille (60cm au garrot). Ses cornes sont légèrement lyrées et annelées pour le mâle, beaucoup plus droites et petites pour la femelle. Elle broute en remuant sa petite queue en permanence…
L’autruche Massaï : le plus gros oiseau vivant sur la terre, mais incapable de voler. Elle a le cou plutôt rouge, sa sœur de somalie a le cou plutôt bleu. Le plumage du mâle est d’un noir profond, celui de la femelle est brun. Elles vivent en petit groupe de deux à six individus, et peuvent courir à une vitesse de 50 km/h. le topi : pelage soyeux marron roux et petites cornes annelées. Il a une petite bosse sur le dos au dessus des pattes antérieures qui lui donne une silhouette un peu maladroite. Le mâle vit avec un harem de six à vingt femelles accompagnées de leurs petits. Il aime se poster sur de petite buttes de terre en position d’observation. de là il peut surveiller la savane et défendre son harem contre les prédateurs ou les éventuels prétendants…
Nous ne manquons pas de rencontrer dans la savane le guépard perché sur sa butte à guetter sa proie. Il est célèbre pour sa silhouette élancée et gracieuse et sa vitesse de pointe qui peut atteindre 100 km/h sur quelques dizaines de mètres. Il chasse exclusivement de jour. Se nourrit de petites antilopes et d’animaux plus petits. Très pacifique, il s’apprivoise facilement. Puis le léopard se reposant à l’ombre d’un acacia. Son magnifique pelage tacheté le fait souvent confondre avec le guépard. Beaucoup plus ramassé et plus lourd, il vit et chasse principalement la nuit. Solitaire, il chasse tous les herbivores jusqu’à la taille d’une grosse impala. Il dévore ensuite sa proie sur une branche pour se protéger des prédateurs (lions, hyènes)…
Massaï Mara est aussi une grande réserve de sensations ! Elle se situe à la frontière avec la Tanzanie, en prolongement du parc tanzanien du Serengeti. Son altitude moyenne est de 1700 mètre et notre Lodge somptueux se situe sur une colline a 2100 mètres (autonomie complète : forage, groupe électrogène, téléphone satellite). Après l’excitation suscitée par le grand spectacle de la nature, le bivouac est un havre de repos. Dans une petite maison bâtie en pierre et recouverte d’un toit de chaume, les globe-trotters préparent leur prochain safari sur la terrasse, les yeux perdus dans ces grandes étendues de savane…
Ce matin nous partons pour le triangle de Mara. Après vingt kilomètres de piste environ, on arrive au fleuve Mara. Peu avant un pont, une ornière éclaircit la berge, à droite, un chemin le long du fleuve mène à un endroit où l’on peut voir plusieurs hippopotames. Mais ce sont des canards égyptiens, qui barbotent sur le chemin, que nous rencontrons en premier…
Après avoir fait le silence pendant quelques minutes, deux hippopotames daignent sortir, d’abord leurs naseaux, puis la tête à hauteur des yeux. Dès qu’ils nous aperçoivent, ils replongent immédiatement pour ne laisser hors de l’eau qu’une petite partie du dos. Nous ne les verrons jamais en entier…
Dans l’après midi nous longeons la piste du fleuve jusqu’à la borne frontière avec la Tanzanie. Simba fait la sieste vingt-deux heures sur vingt-quatre. Un Simba, c’est un lion en swahili, la langue chantante des africains de l’Est. Pour le voir bouger sa lourde masse de muscles, il faut attendre la fin de l’après midi, quand la soif et la faim tiraillent sa majesté ! Sur les rives du fleuve, les lionnes plus actives traversent la savane et vont se rafraîchir…
Les fiers pasteurs Massaïs ont longtemps été les seuls humains à s’aventurer dans cette savane inhospitalière. A vingt ans, les jeunes hommes prouvaient même leur courage en affrontant un lion au corps à corps ! Temps révolu, mais on peut, en offrant un présent, visiter un village (manyattas) fait de boue et de branches qui fascinait Hemingway ou Karen Blixen…
Les Massaïs vivent en dehors des limites de la réserve. Ce peuple de pasteurs a su conserver intactes ses traditions malgré un contact permanent avec le mode de vie occidental. Dans un marché improvisé près de Serova Mara, en compagnie de notre guide nous achetons une vache, qui nous servira de droit d’entrée pour le manyattas que nous allons visiter. Tous alignés devant le chef du village avec notre vache, nous laissons notre guide entamer un long palabre. Il nous est permis ensuite de filmer et de photographier tout ce que nous souhaitons, et même d’entrer dans les cases traditionnelles. Malheureusement, l’impression qui se dégage est plutôt attristante car le voyeurisme ou le sentiment d’intrusion grossière ôtent tout le sel de la visite…
Dans le petit matin nous reprenons la route de Nairobi. Un immense panache de poussière se lève derrière notre 4x4 qui roule à vive allure en évitant les pièges de la piste. Il nous faudra toute la journée pour y arriver. Après une pause détente dans un hôtel de la capitale, nous rejoignons l’aéroport pour notre départ…
Il est plus de minuit. Pas ne nouvelle du « 747 » d’Air France, en provenance de l’île de la Réunion. Nous apprenons seulement vers deux heures du matin, que l’avion est parti très en retard de l’île, et que le commandant de bord a décider de zapper l’escale de Nairobi. Un fonctionnaire nous propose de nous répartir sur plusieurs vols à destination de l’Europe. Nous choisissons au hasard un vol pour Amsterdam. L’aventure ne s’arrête pas là, car il faut maintenant d’Amsterdam prendre un vol pour Genève, et de Genève nous arrivons enfin à Marseille avec un jour de retard…
Pendant toute cette période de transport aérien nous avons eu largement le temps de revivre nos aventures. Celles des femmes Massaïs qui proposent des animaux de bois sculptés et des colliers de perles. Puis la terre qui devient rose et où l’on entend des bruits bizarres. Un plouf ? Un crocodile plonge dans la rivière. Un gros snif ? Un hippopotame qui éternue dans la mare ! Le rugissement soudain d’un lion qui pétrifie un troupeau de gazelles. Un safari au Kenya est une vraie aventure avec juste ce qu’il faut de petites frayeurs pendant les nuits passées au Lodge avec cris et bruissements à sa porte…
Il faut chaque matin, en se levant, conjurer le sort comme le font si bien les kenyans : « Akuna matata » (tout va bien, en swahili). Nous n’avons pas bu l’eau du lac victoria, mais nous pensons y revenir bientôt…