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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 15-09-2008 à 07:38:06

L'ACACIA



    
        Les FF et les SS qui sont présents de bonne heure en salle Humide voient souvent ce singulier manège : Un franc-maçon s’affère avec beaucoup d’ostentation auprès du F Servant pour obtenir une branche d’acacia. Après avoir disparu en cuisine le F servant ramène l’objet tant désiré. En le tenant avec les deux mains comme s’il s’agissait d’une relique le Maître retourne dans son atelier.

        Encore Apprenti, ignorant la botanique et la cuisine, je m’imaginais que de nombreux acacias devaient pousser dans le jardin privatif du F Servant et comme des branches se trouvaient dans sa cuisine, elles devaient probablement servir à composer d’excellentes sauces provençales. Oui, mais voilà, que pouvait faire un Franc-maçon avec une branche d’acacia dans son atelier ? Ma curiosité en était restée là, car après tout, dans le petit Temple, nous, nous brûlons bien  de l’encens sur le Naos !

        Son nom vient de « akakia » qui désigne un acacia en grec et de « hakis » qui signifie épine, pointe. L’acacia a la propriété de restaurer la fertilité des sols. Il vit en symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote qui développent des nodules sur les racines et les tiges. On remarque que l’acacia blessé est capable de recréer sa matière. Dans le langage floral, les fleurs d’acacia désignent l’amour platonique. L’acacia est aussi connu pour ses vertus toniques, diurétiques, et pour son effet contre les calculs biliaires. L’acacia ne rentre donc pas dans la composition des sauces provençales. Mais alors les Francs-Maçons seraient-ils en manque de fertilité au point de ne vivre que des amours platoniques. Seraient-ils alors frappés de tous les maux de la vie quotidienne, au point de se réunir en secret pour se tonifier en consommant des décoctions de feuilles d’acacia ?

        L’acacia a été longtemps, aussi, associé à la religion que ce soit pour les rites funéraires des Egyptiens ou bien à la couronne d’épine qui recouvrit la tête du Christ supplicié sur la croix de la religion catholique. Les légendes populaires disent qu’on peut s’adresser à un acacia et y puiser un renouveau de force et de courage lorsque l’on est confronté aux difficultés. Symbole de renaissance et d’immortalité pour les premiers chrétiens, il est aussi un symbole d’initiation solaire manifestant la continuité des cycles de mort et de renaissance. Le personnage qui tient un rameau d’acacia annonce soit le but qu’il poursuit, soit le niveau de conscience auquel il est parvenu. Me voilà enfin rassuré car c’est probablement dans ces indices qu’il faut chercher une interprétation.

        C’est peut-être pour toutes ces raisons qu’en Maçonnerie l’acacia illustre à la fois la mort et l’ancienne connaissance disparue que les Maîtres doivent retrouver. Une construction Symbolique de la victoire de l’esprit de jeunesse sur la mort et de sa renaissance à la lumière. Mais c’est en Grandissant, comme vous l’avez fait avant moi, que j’en ai découvert la véritable signification, lors de mon élévation.

           « En voyageant vers l’Est » - dit au cours de mon Elévation un des Maîtres envoyé à la recherche du corps d’Hiram – « Nous avons aperçu à la lueur du crépuscule une branche d’acacia fichée dans un tertre dont la terre paraissait toute fraîchement remuée. Or, il est dit que la Science repose à l’ombre de l’acacia et le lieu triste et désert où nous nous trouvions avait pu être propice à l’inhumation furtive d’Hiram, notre Père ». Et c’est, en effet, sous le signe de l’Acacia que gisait le cadavre du Maître !

        Dans la symbolique maçonnique l’acacia n’est donc que le marqueur de la légende d’Hiram. N’est-ce pas ce que nous entendons exprimer lorsqu’à la traditionnelle question du Tuileur, nous répondons : « Eprouvez-moi, l’acacia m’est connu ? ».

        Déclarer que « l’on connaît l’acacia » équivaut donc à dire que l’on n’ignore plus rien du drame symbolique, que l’on sait comment et par qui fut perpétré le meurtre, que l’on se souvient de la revivification du cadavre putréfié. Et c’est pourquoi nous professons que l’acacia est le symbole de l’éternel espoir, de la survivance des énergies, de l’indestructibilité de la vie, considérée dans son principe.

        Je pense cependant que ces définitions semblent purement conventionnelles et spécifiquement maçonniques. Rien ne permet, à ma connaissance, de justifier historiquement la valeur symbolique que nous attribuons à l’acacia. D’ailleurs, Ragon enseigne que « son bois incorruptible symbolise la pureté de l’Ordre maçonnique, que rien ne peut altérer », que « son écorce repousse tout insecte malfaisant, comme la Maçonnerie repousse tous les vices », et qu’enfin « ses feuilles, inclinées pendant la nuit, se redressent à l'apparition du Soleil et à mesure que cet astre s’élève, exactement comme l’intelligence du Néophyte se développe et grandit à mesure qu’il monte en grade ». Mon incompétence en science botanique ne me permet ni de confirmer ni de contester la réalité des qualités physiologiques que Ragon attribue à l’acacia qui, rappelons-le, est d’ailleurs un arbre qui ne croît que dans les pays tropicaux. Je remarque cependant que les analogies qu’il en tire sont sans rapport aucun avec la légende d’Hiram ou les enseignements initiatiques de la Maîtrise.

        On a dit aussi que l’acacia était un arbre sacré chez les Egyptiens et avait été déifié par certaines tribus arabes.  J’ai essayé, mais en vain, de retrouver les sources de ces affirmations.

        Enfin j’ai remarqué que dans certains rituels du 17ième siècle, il n’est à aucun moment fait mention d’une « branche d’acacia ». Dans d’autres, d’origine germanique, l’acacia semble inconnu, mais on y parle, par contre d’une branche de cassier. Or, le cassier ou canéficier sont les noms vulgaires de l’acacia de Farnèse ; et les mots suscités dérivent du grec « kassier », qui signifie « cannelle » ; cette plante aromatique aurait en outre eu sa place parmi les ingrédients utilisés dans l’antique Egypte pour les embaumements, grâce auxquels les morts conservaient toutes les apparences de la vie.
De la cuisine du F Servant, de l’embaumement des momies Egyptiennes, à la chambre du Milieu, on voit par ces brèves observations, les rapports étroits que l’on peut établir entre ces versions divergentes et les confusions de mots qui sont susceptibles de les avoir suscitées.

        Dans l’ensemble elles ne modifient aucunement le sens symbolique que nous attribuons à la Branche d’Acacia, et si les formes varient, l’idée exprimée reste toujours substantiellement la même : La branche d’acacia sur la tombe d’Hiram est comme la croix sur nos autels. C’est le signe de la science qui survit à la science ; c’est la branche verte qui annonce un autre printemps. Quand les hommes ont ainsi troublé l’ordre de la nature, la providence intervient pour le rétablir, comme pour venger la mort d’Hiram.

        Depuis le commencement du travail de l’esprit pour bâtir le temple de l’unité, Hiram a été tué bien des fois, et il ressuscite toujours. C’est Adonis tué par le sanglier, c’est Osiris assassiné par Typhon. C’est Pythagore proscrit, c’est Orphé déchiré par les Bacchantes, c’est Moïse abandonné dans les cavernes du Mont Nébo, c’est jésus mis à mort par Caïphe, Judas et Pilate.

        Parvenus à un grade qui nous impose le silence, nous nous croyons parfois mieux engagé par nos convictions que par un serment, alors la branche d’acacia comme un éternel marqueur vient nous rappeler que nous aussi nous croyons à la résurrection d’Hiram, et que les rites maçonniques sont destinés à transmettre le souvenir des Légendes de l’initiation et, à le conserver parmi nous...
 
 
Jakin    
 
 
 
 

Commentaires

elisabeth le 15-09-2008 à 07:59:48
Bonne journée

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