posté le 19-09-2008 à 05:06:27
LA TABLE
Lorsqu’on évoque les agapes, le symbolisme de la loge de table, on oublie généralement de prendre en considération ce qui doit y figurer comme aliments. Certains d’entre eux prennent une importance considérable comme le pain à travers le blé et la farine qui le représente, le vin, le lait, l’huile, etc.…
Le beurre tient une place particulière dans cet ensemble car il est la quintessence du lait, la crème des graisses, cette graisse animale ou végétale qu’on offrait aux dieux comme on le fera aussi pour YHVH dans le temple de Salomon, cette « fleur » qui surnage à sa surface quand on le laisse reposer. De plus il brûle complètement sans faire de déchets. Dès les premiers jours de l’Inde védique, il fut offert en nourriture au feu matinal lorsque, naissant à peine du frottement des aranis, il enflamme les brindilles choisies. Le beurre clarifié alimente le feu qui bondit en flammes vivaces et joyeuses. Il ne reste plus qu’à le fortifier avec le soma, le nectar divin, boisson fermentée née d’une sorte de pomme qu’on trouve dans les montagnes.
Mes Sœurs et Frères Compagnons évoqueront, chacun à leur tour, un de ces aliments symboliques qui figurent sur la Table, au Rite de Memphis Misraïm.
Nous venons de rompre le pain ! Je vais donc vous parler de son principal composant : le blé. Mais avant finissons en avec le nectar divin…
Le soma fut considéré comme étant si précieux que les plus grandes traditions initiatiques telles l’Inde ou la Perse lui attribuèrent une origine sacrée. La légende raconte que l’épervier d’or, l’oiseau du soleil, l’apporta sur la terre qui en fit pousser la graine pour le plus grand bien des hommes de l’Age d’Or. Il en allait ainsi autrefois et cela perdure aujourd’hui pour le blé cultivé depuis la plus haute antiquité dans le bassin de l’Euphrate. Sa culture, la fourniture de la farine, la fabrication du pain furent toujours considérées par les hommes comme un présent céleste, un don divin en ces temps anciens où l’homme respectait la nature, la vie en ne mangeant pas de viande, en ne tuant pas ce qui portait la vie ; ce qui changera avec Prométhée qui rendit les hommes fourbes, malhonnêtes, tricheurs, les faisant basculer dans des âges et des ères de folie. Suite à son inconséquence, les dieux de l’Aréopage envoyèrent Pandore, nouvelle Eve, pour punir le genre humain ; en ouvrant le coffret qu’on lui avait recommandé de ne point violer, elle fit s’abattre tous les maux sur la terre.
En ses temps archaïques, l’initiation aux Mystères révéla aux Cherchants l’importance de cet aliment essentiel, valorisé comme emblème du jeu toujours renouvelé de la grande Nature. Dans le bassin de la Méditerranée, c’est à Eleusis surtout que le pain devint l’emblème de la vie spirituelle à son premier stade. Pour qu’il fût révélé aux hommes, il fallut que Déméter, considérée comme la Mère du monde à l’image de Marie la virginale pour les Chrétiens, perdît sa fille Perséphone ravie par Hadès le boiteux, le dieu des enfers et dieu des Forces souterraines. Elle apaisa sa douleur en devenant miséricordieuse, en soulageant les misères humaines. Elle révéla à Triptolème, son protégé, le mystère du grain que l’on recueille, qui devient farine puis pâte, puis pain sous l’ardeur équilibrée du feu. Depuis les temps les plus reculés le mystère de Schibboleth nous est toujours transmis et pourtant nous ne nous y intéressons guère.
Mais si Déméter instruisit les Grecs dans la culture du blé et l’utilisation de cette plante sacrée, on connaissait ce végétal depuis très longtemps à Babylone et dans de nombreux pays en orient. Abraham, vainqueur des rois de Mésopotamie, vit venir à lui Melchisédech, le prince de la paix, il le bénit comme un disciple puis lui apprit à communiquer avec le pain, le vin naturel et l’huile.
Tous les prophètes, tous les initiés reprirent l’image du grain de blé comme emblème de la vie physique, matérielle puis spirituelle. Tous les rituels du grade de Compagnon continuent à en perpétuer l’importance. Tous les rites sans exception véhiculent l’enseignement de Schibboleth qu’il appartient à chacun de retrouver.
S’il fallait offrir un banquet pour un groupe d’initiés désireux d’en distinguer le symbolisme, c’est-à-dire le message vivifiant, il faudrait répandre partout des roses blanches et pourpres, afin que « sous la rose », sub rosa, puissent échanger et partager librement ceux qui demeurent capables de comprendre les mystères les plus élevés qui révèlent aux Cherchants qui méritent par leur dignité et leur engagement au service de la divinité, de recevoir, de savoir.
Le vin et l’eau des carafes évoqueraient la communion des vivants comme celle des morts qui ne meurent jamais. Les mets comporteraient l’olive pour son huile pleine de douceur, annonciatrice de paix. Ensuite viendrait l’œuf annonciateur et vigile du monde astral. On pourrait choisir ensuite entre le porcelet rôti des initiés d’Eleusis, seule viande tolérée par Pythagore, et l’agneau des fêtes pascales, qu’on accompagnerait de pain sans levain. Les légumes suivraient les laitues qui tenaient une grande place dans les Mystères d’Adonis, ces laitues qui nous enseignent à vaincre la tristesse en nous avertissant de ne pas nous laisser aller au seul plaisir gourmet des agapes. Il faut surtout méditer au sens de la vie, penser à la lumière, à ce qu’on doit faire de cette existence pour servir la divinité, le monde et ses Sœurs et Frères.
Il n’est pas réservé aux faux initiés de comprendre, de savoir à quoi cela correspond, à quoi cela servirait-il de donner des perles aux pourceaux ?...
Se purifier avec un être que l’on estime, disaient les Egyptiens, c’est prendre un repas en sa compagnie. Pythagore disait que les êtres de connaissance ne meurent pas puisqu’ils ont entendu l’enseignement initiatique autour de la table, là où chaque maçon offre à son Frère, à sa Sœur ce dont il a besoin, là où l’énergie spirituelle circule de façon visible et tangible entre les Frères et les Sœurs.
La Table de la St Jean d’Hiver représente la Loge où nous venons puiser la nourriture dont nous avons besoin. Elle devient alors la construction rayonnante d’une fraternité totale où l’esprit n’est plus séparé du corps. Si les Frères et Sœurs sont capables d’entendre, au cours du Banquet, ce que proclame le devoir, ils découvriront le chemin de la vie.
Pour finir je citerais cette parabole : « YHVH s’écria : je n’ai que faire de vos temples de pierre, ce sont des temples de chair que je veux ! »
Jakin
Commentaires
Interressant cet article, merci pour le petit mot en mon blog . Bon samedi
Bonjour
Je te remercie d être venu visiter un de mes blogs (la gazette) et d y avoir laisser un mot.
En retour je découvre là un site des plus interessant.
bonne journée
Loopy
merci pour la visite........ je reviendrai... on dirait bien que ce n'est pas un blog où on passe seulement