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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 29-09-2008 à 06:52:44

LA PORTE BASSE




    Le symbolisme de la porte basse reprend nécessairement celui de la porte comme moyen autorisant ou fermant un accès et le passage correspondant d’un monde à un autre.

Par la porte, on entre au Paradis mais les messagers célestes en sortent pour descendre dans la caverne du monde, ce qui implique une mort obligatoire pour qui veut la franchir.

    Qui d’entre nous, cherchant ou profane ne s’est pas présenté devant une porte symbolique ? Soit pour le faire progresser et s’élever dans les états d’être spirituel, soit pour le faire revenir en arrière pour vivre des épreuves nouvelles.

    Ici, la porte, en tant qu’entrée mais également sortie, se rapproche soit à un commencement soit à une fin.

    Cependant elle ne se réduit pas qu’à cela.

    Toute porte qui conduit à un sanctuaire, ce qui est le cas d’une Loge au travail, condense à son tour la nature du sanctuaire tout entier.

    On peut même considérer sa forme réelle ou supposée, comme dans le cas de la porte basse, qui résume à elle seule tout le temple.

    La porte basse, dont l’aspect ressemble à une niche, sera en quelque sorte morphologiquement identique au chœur du temple puisque la niche est une forme du Saint des Saints, lieu de la manifestation divine.

    Cette niche est aussi l’image en réduction de la caverne du monde.

    La porte basse se situe à la fin du boyau souterrain qui conduit l’impétrant, du milieu de la terre au monde des enfers, à la porte de la vie qui fait entrer dans l’éternité, dans l’au-delà de la non-mort.

    Le centre de la terre qu’on désigne sous le nom de nadir, c’est la matrice originelle, l’athanor dans lequel tout travaille, se dénature et restructure, par lequel tout se transforme.

    En conduisant le candidat à la porte basse, on lui signifie que sa régression ad uterum entreprise dans le cabinet de réflexion est ici achevée.

    La porte basse a pour but de faire comprendre que tout changement d’état ou de plan ne peut s’accomplir du seul fait de sa volonté ou de son vouloir ; accéder à d’autres états d’être et de conscience reste impossible sans le secours d'un guide éclairé.

    Seul, le candidat ne peut pas passer la porte basse, il a besoin de ces aides qui le poussent et le tirent. Il s’agit là de quelque chose d’essentiel.

    Celui qui tire est dans la Loge, celui qui pousse se trouve symboliquement dans la terre, dans le boyau souterrain, puisque le cabinet de réflexion se prolonge en quelque sorte jusqu’à cette porte infranchissable.

    Par conséquent, nous nous trouvons devant un enseignement capital pour les vrais initiés.

    Il nous prépare à ce qui va survenir lors de notre mort véritable, lorsque l’âme devra quitter le corps de chair.

    Seule, elle ne peut rien.

    A l’image du candidat conduit devant la porte basse elle a besoin d’un secours extérieur qui lui permette de quitter ce monde de la matière le plus rapidement possible en évitant les pièges et les attractions consécutives aux vices, aux passions accumulées durant toute une vie et ayant marqué indélébilement leurs empreintes dans le corps et dans l’âme.

    La Garbha précise : « le passage par la porte de la matrice est pour le nouveau-né plus une sorte de mort spirituelle qu’une naissance. »

    Or le fait de sortir du cabinet de réflexion est une sortie symbolique de la matrice. Toute incarnation ou incorporisation de l’âme dans un corps de chair créant une nouvelle chute dans la matière, on n’a jamais vu qu’une chute constituait une progression spirituelle !

    En vérité, le salut se situe dans ce qui se trouve de l’autre côté de la mort, dans ce que certains considèrent comme la permanence de la vie, dans ce qui ne subit plus de transformations ni de chutes, dans ce qui ne se trouve plus condamné à franchir les portes.

    Le meilleurs service qu’on puisse rendre aux hommes, pour les préparer à bien vivre et à mourir, c’est de leur faire vaincre leurs passions, leur moi chimérique, dissiper toutes les illusions.

    Naître deux fois reste essentiel, certes, mais si la nouvelle naissance aboutit au terme de sa vie à une mort identique à celle des non initiés, à quoi l’appartenance à un ordre initiatique aura-t-il servi ?

 
Jakin