Israël c’est d’abord l’Etat juif ressuscité, véritable miracle du vingtième siècle. Pendant deux mille ans, les communautés juives dispersées sur la surface de la Terre avaient espéré cette résurgence ; et voilà que maintenant le phénomène s’est accompli. Un peuple a retrouvé sa terre, une langue s’est remise à vivre, des traditions antiques se sont adaptées à la modernité…
Et pour le visiteur, curieux de voir, de ressentir, cette adaptation au monde d’aujourd’hui d’une des plus vieilles nations du monde, il effectuera son voyage la Bible à la main. Car Israël c’est la plus formidable concentration d’endroits qui font partie du patrimoine de l’humanité…
Sites bibliques, lieux saints, villes historiques, ruines, déserts… mémoire d’une histoire plusieurs fois millénaires. Abraham, David, Jésus, Mahomet sont passés ici et ont sanctifié cette terre. Judaïsme, Christianisme, Islam, les trois traditions monothéistes universelles, y ont leur souvenir. Jérusalem en est le symbole commun ; ne dit-on pas que l’ombre de Dieu y plane…
L’Etat d’Israël moderne, enfin, avec ses superbes musées, son architecture audacieuse, ses réalisations agricoles, son dynamisme économique, ses universités de pointe, n’en finira pas lui aussi d’étonner, et pourquoi pas de captiver. Peu de pays offrent au voyageur tant d’aspects divers sur un espace si réduit…
A côté des tentes noires des bédouins, on aperçoit des communautés agricoles juives et leurs bâtiments modernes. A proximité de villes animées, on trouve des plages bénies par un climat régulièrement doux, des montagnes nues voisinant les plantations et les vignobles fertiles. Comme il s’agit d’un pays d’immigration, on rencontrera sur son chemin des populations aux origines les plus diverses : à côté des juifs européens et nord-africains il y a ceux d’Iran et du Yémen, d’Inde et d’Ethiopie, des Amériques ou d’URSS…
Beer Sheba, déjà très peuplé à l’époque du patriarche Abraham, est toujours là, à l’orée du désert, et les caravanes viennent toujours du sud pour y échanger leurs marchandises. Nazareth, niché entre les collines de Galilée, est resté presque inchangé, et Eliat est un port animé comme au temps de Salomon…
Sur les bords de la Mer Morte, la « Femme de Lot » étonne toujours le visiteur, et les quartiers les plus modernes de Jérusalem conservent des vestiges de l’histoire sainte. Quant à Eliat, port de commerce, du Roi Salomon avec l’Asie, c’est aujourd’hui une splendide station balnéaire…
En octobre 1990 nous avions visité Jérusalem au cour d’une escale du « Princesse Marissa » en provenance de Chypre. La ville sainte nous avait ébloui et nous nous étions promis de visiter l’état d’Israël. Le temps est venu, nous jetons à la hâte quelques affaires dans une valise et nous trépignons d’impatience sur le tarmac de l’aéroport de Marseille Provence dans l’attente du vol pour Tel Aviv…
Un Shalom ! aimable vous accueille dès notre débarquement et nous invite au voyage dans une contrée dont la situation géographique fait voisiner les champs verdoyants avec les déserts et leur riche gamme de couleurs. Avant de prendre la route de Jérusalem, nous longeons la plage de Tel Aviv qui s ‘étire langoureusement sous les rayons de soleil. Quelques naïades en maillot minimal s’ébattent dans la Méditerranée, entre parasols, palmiers, et transats…
Une heure de route est nous voici devant Jérusalem la mystique. Dressée sur une colline, au confluent de trois vallées, la cité divine semble happée par les cieux. Serti dans ses murailles blondes, ce bijou architectural brille de tout l’éclat de ses coupoles et de ses dômes dorés à l’or fin…
Ely notre guide, qui à l’âge de 11 ans est rentré en Israël sur le célèbre bateau rebaptisé « Exodus », nous fait partager ses souvenirs avec beaucoup d’amour. Journaliste et conférencier pour la mémoire d’Israël, il nous raconte la ville moderne de Jérusalem avec énormément de lucidité. Pour ceux d’entre nous qui n’avons pas visité les camps d’extermination nazi, la visite du Yad Vashem (la main et le nom) révèle toute l’étendu de la Choa…
Un mémorial émouvant dédié aux juifs exterminés dans les camps hitlériens de 1939 à 1945. Une flamme perpétuelle brûle et éclaire les noms des camps nazis gravés sur un sol noir. L’allée qui conduit au mémorial est dédiée aux « Justes des Nations » qui sauvèrent des juifs. Nous sommes invités à pénétrer à l’intérieur du mémorial pour un parcours d’une demi-heure qui s’effectue dans le noir. Seules de minuscules lumières disposées dans l’espace, représentant les âmes des disparus, brillent dans le loin. La main sur un guidant nous poursuivons le chemin dans la nuit. Une musique solennelle, coupée par une voix grave qui égrène en continu les noms des millions de disparues nous envahi profondément. Nous sortons lessivé d’une telle expérience…
Aujourd’hui la journée est consacré à la visite de la vieille ville. Tôt le matin nous entrons par la porte de Damas, après avoir longé les puissantes murailles, construites en partie par les Turcs au 16ième siècle. La vieille ville couvre un kilomètre carré seulement, mais cette parcelle d’éternité a vu naître les trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam…
Du mur des Lamentations, majestueux vestige d’un temple aujourd’hui détruit, de ferventes litanies montent vers l’azur. Ce sont les Juifs qui prient, dignement chapeautés, vêtus de noir, ou enroulés dans le talit, châle rituel blanc rayé marine. Plus haut les muezzins de la mosquée El Aksa appellent les Musulmans à la prière. Leur chant vibrant plane sur la ville, bien au-delà du souk arabe, et se mêle aux carillons du Saint Sépulcre…
Tour à tour romane et baroque, cette vénérable basilique est le rendez-vous de tous les chrétiens du monde. Au cœur de la rotonde, un puits de lumière signale la chapelle de l’Ange dont la porte minuscule cache le tombeau du Christ. C’est une simple plaque de marbre, patinée par le temps et les baisers, noyée dans un nuage d’encens. Les moins mystique en repartent le cœur serré, surtout s’ils sont venus tôt le matin, quand l’atmosphère est propice au recueillement…
Dans la moitié ouest on visite encore la Citadelle avec l’énorme « Tour de David », construite du 14ième au 16ième siècle sur l’emplacement de trois tours érigées par Hérode près de son palais. Puis la remarquable église St Jacques, arménienne (11ième-18ième siècle), vaut également une visite. A proximité : le Patriarcat arménien et la « Maison d’Anne » et Joachim (beau-père de Caïphe) où Marie aurait grandi. Avant de conduire la sainte Vierge à Éphèse, Jean avait fait construire pour elle une maison en cet endroit, où déjà beaucoup de saintes femmes et plusieurs familles chrétiennes s’étaient établies, avant même que la grande persécution eût éclaté…
A l’est de la vallée du Cédron s’élève le Mont des Oliviers. On arrive d’abord au Tombeau de la Vierge, sur lequel se dresse une église orthodoxe de l’époque des croisés (12ième siècle). On visite également les tombeaux de ses parents et celui de son mari Joseph…
A quelques pas, Gethsémani, un jardin entretenu avec amour par les franciscains, planté d’oliviers séculaires, avec l’église des Nations (1924) où l’on retrouve des parties du rocher et des mosaïques byzantines (4ième siècle) de la première basilique…
Au dessus de Gethsémani se trouve l’église Russe, élevée en 1888 par le tsar Alexandre III, puis la chapelle Dominus Flevit (le Seigneur pleura), construite en 1955 au-dessus d’une église du 5ième siècle ; puis le monastère carmélite avec le Sanctuaire du Pater Noster. Le site où aurait eu lieu l’Ascension du Christ est marqué par une chapelle octogonale (musulmane) où l’on montre la « trace du pied du Seigneur ». Le sommet du Mont des Oliviers est occupé par le Monastère russe…
Mais Jérusalem n’est pas une ville figée dans son histoire. Depuis un siècle, elle caracole hors de ses murailles, dévorant avec appétit les montagnes environnantes. Le soir venu, nous partons dans le quartier Nahalat-shiva où de charmantes maisons 19ième enserrent des rues pavées de pierres blanches, souvent piétonnières. Là, on déambule entre boutiques et restaurants marocains, grecs ou italiens…
Ce matin, nous quittons Jérusalem par la vallée du Cédron. Au Mont des Oliviers nous empruntons une bifurcation à droite. Après 6 kilomètres de route on aperçoit les premières maisons de Bethléem. Nous passons devant la Tombe de Rachel puis nous bifurquons à gauche vers le centre ville…
C’est une petite ville accueillante dont les habitants sont pour la plupart chrétiens. On visite avant tout l’église de la Nativité, construite sur la grotte où Jésus serait né (visible dans la crypte) ; Les parties les plus anciennes sont du 4ième siècle. Au sol et sur les murs des restes de mosaïques et de fresques anciennes sont encore apparentes. Les franciscains présents à Bethléem depuis 1347 ont fait construire, à côté de la basilique, l'église paroissiale de Sainte Catherine ainsi que leur couvent. L'église Sainte Catherine donne accès aux grottes de St Jérôme…
Trente kilomètres plus loin nous descendons dans la vallée du Jourdain. Le car traverse assez rapidement la petite ville de Jéricho (250 mètres sous le niveau de la mer). Notre guide nous recommande de resté calme pendant la traversée, car la ville est maintenant entièrement palestinienne et on risque de nous jeter des pierres ! Au carrefour du centre ville, les Trompettes ne sonnent pas à notre passage, elles sont remplacées par des insultes et des « bras d’honneur ». Nous continuons néanmoins notre route vers Beth Shean. La végétation est maintenant subtropicale, on y croise même des dromadaires…
Beth Shean (la maison du Dieu Serpent) est déjà mentionnée par les Egyptiens. Nous visitons les importantes fouilles qui on révélés neuf villes successives. Après la bataille de Gelboé, les Philistins attachèrent le corps de Saül aux remparts. Au cours de l’histoire la ville ne fut que rarement aux mains des juifs, mais elle fut l’un des lieux préférés des Grecs, qui l’appelaient Skythopolis. La légende y situe ici l’entrée du Paradis. Il y eut l’une des premières communautés chrétiennes, qui a donné de nombreux saints à l’église orthodoxe. La ville perdit sa population à la suite de la conquête musulmane...
Nous poursuivons notre chemin sur le versant méridional des montagnes de la Basse Galilée en direction de Nazareth nichée dans les vallons verdoyants des collines environnantes. D’après la tradition, c’est ici que Jésus a passé son enfance, de nombreuse églises et communautés religieuses abritent les lieux qui rappellent son passage sur terre. Les siècles ont à peine altéré le visage de cette ville où l’Orient et l’Occident se côtoient…
Un escalier nous conduit à la nouvelle Basilique de l’Annonciation, achevée en 1969 sur l’emplacement de l’ancienne église de 1730, au-dessus de la grotte où la tradition situe l’annonciation de la naissance de Jésus. Pour arriver à la crypte, on passe par un escalier sombre et étroit à la « cuisine de la Vierge » et à la chapelle Saint Joseph avec l’autel de la fuite en Egypte. Par un passage étroit on entre dans la chapelle de l’Annonciation, où l’on peut lire sur l’autel les mots « Verbum caro hic factum est (c’est ici que le verbe s’est fait chair)…
Après une descente rapide de plus de 70 kilomètres on arrive au Lac de Tibériade (Mer de Galilée), à 212 mètres sous le niveau de la mer. La ville fut fondée par Hérode Antipas, le fils d’Hérode le Grand, qui lui donna le nom de l’empereur romain Tibère. Du temps de Jésus, les sources thermales de la ville étaient déjà célèbres. Après la destruction de Jérusalem en 70, Tibériade devint le centre spirituel et religieux des juifs. C’est ici que fut codifiée la Guemara qui, avec la Mishnah, constitue le Talmud…
On prend la belle route qui longe le lac vers le nord. On passe les ruines de Magdala, la patrie de Marie Madeleine. On prend ensuite à droite la route de Tabhgah, le site de la « multiplication des pains ». Au bord du lac, la petite église Saint Pierre des franciscains. En suivant le bord du lac, avec de belles plages, on arrive jusqu’à Capharnaüm…
C’est ici que Jésus revint chaque fois qu’il enseignait autour de la Mer de Galilée, et nulle part ailleurs il accomplit autant de miracles et de guérisons. La visite s’impose d’autant plus qu’en 1926 on y a dégagé les ruines d’une synagogue gréco-romaine richement décorée, la plus remarquable de Galilée. Immédiatement au sud on visite un parquet en mosaïque du 7ième siècle, dit de la « maison de Pierre ». Dans les jardins environnants on trouve des huileries anciennes. On reprend la route d’Haïfa pour parvenir enfin à St Jean d’Acre notre étape de nuit…
Acre est située sur une presqu’île au nord de la baie de Haïfa. C’est la seule ville d’Israël dont le caractère soit resté typiquement oriental. Les ruelles étroites avec leurs souks et leurs magasins minuscules ont conservé cette atmosphère que l’européen aime découvrir en Orient. Mais hors de la vieille enceinte s’étend une ville nouvelle avec des quartiers et un centre économique moderne. Au sud de la ville, la belle plage d’Argémon invite à la détente…
La ville est mentionnée dès 1480 avant J.-C. dans les documents égyptiens, mais ne semble pas avoir eu d’importance particulière sous la domination phénicienne. Lors de la conquête du pays par les Hébreux, les habitants ne furent pas molestés, et bientôt il y eut aussi une colonie grecque. L’essor de la ville en tant que place commerciale commença au 2ième siècle av. J.-C., sous les Ptolémées. Elle connut son apogée sous les Romains qui en firent la Colonia Claudia Ceasarea Ptolémaïs…
Très tôt le matin (5 heures) nous prenons l’autoroute du littoral jusqu’à Tel Aviv, puis nous rentrons dans les terres pour rejoindre Jérusalem, Ein Gedi et enfin Massada. Pour monter au rocher de Massada, on part à pied du camp des pétroliers, près des restes de plusieurs camps romains. Le chemin est assez pénible, mais offre des points de vue exceptionnels sur la mer Morte, à 411 mètres sous le sommet. Cette place forte, construite par le Grand prêtre Jonathan vers 36 av. J.-C. a joué un rôle important dans la Guerre juive. Ce dernier bastion de la résistance ne fut pris par les Romains qu’en 73 ap. J.-C. après un siège pénible ; les défenseurs, après avoir brûlé tout ce qu’ils pouvaient et tué leur familles s’étaient tous donnés la mort…
On accède au plateau par la porte ouest, en face des ruines d’une chapelle. Du côté sud-ouest on aperçoit des entrepôts, l’emplacement pour la crémation des morts et des niches funéraires. Au nord se trouve la citadelle et des habitations qu’on considère comme le palais d’Hérode. Au bord du précipice on voit les restes d’un édifice circulaire sur une terrasse à 20 mètres du sommet et d'un portique sur une terrasse plus basse, à 33 mètres du sommet qui faisaient partie du Palais. Malgré les escaliers aménagés dans le roc, la visite du palais est difficile. La descente est plus facile car nous empruntons un téléphérique nommé « le bienvenu »…
Au pied, la mer Morte avec ses 392 mètres au-dessous du niveau de la mer. C’est la plus profonde dépression sur la terre ferme. Le plan d’eau a 76 Km de long, sa plus grande largeur est de 16 Km, sa plus grande profondeur de 433 mètres. La mer n’a pas d’effluent, mais s’évapore au fur et à mesure, grâce aux températures constamment élevées. Aussi la voit-on toujours couverte de brume ce qui crée des effets de couleur incomparables au coucher du soleil. La concentration en sel est de 25% (Méditerranée : 5%), c’est pourquoi nous tentons d’y marcher à sa surface, comme Jésus…
Il faut nous rendre maintenant à Eilat, notre étape pour deux nuits, au bord de la mer Rouge en empruntant la piste qui traverse le Néguev. On prend la direction de Sodome, et de là,. on longe le remblai d’une voie de chemin de fer militaire construite en 1914 par les allemands et, ensuite une nouvelle route qui suit la frontière jordanienne. c’est une région qui fascine par son âpreté et pars ses paysages pétrifiés…
Toujours à travers de désert de Tsin, on arrive à Mitzpe Ramon où nous avons une vue superbe sur le Makhtesh Ramon, un cratère de dimensions énormes. Le Maale Haatzmauth (col de l’indépendance) descend en pente raide au fond du cratère, passe quelques montagnes désertiques et traverse la plaine de Hameishar, puis la vallée aride du Wadi Paran sur laquelle on a une vue panoramique sur le Néguev…
Le paysage change rapidement lorsqu’on descend des hauteurs nues dans les steppes de la vallée de l’Arava. notamment entre le carrefour de Tsihor et le kibboutz Yotvata. On suit les contreforts impressionnants du Néguev jusqu’aux mines de cuivre de Timna où l’on visite les Piliers de Salomon…
A environ 3 Km au nord-ouest, sur une bonne route secondaire, les rochers à droite de la route, portent le nom du roi Salomon qui exploita des mines de cuivres sur une colline visible sur la gauche. 7 Km plus loin, les Piliers d’Amran valent également une visite. Paysages rocheux riche en couleurs, où l’érosion a créé des formations fantastiques en forme de troncs colonnes. Après 280 Km de désert nous arrivons enfin en vue du golfe de la mer Rouge pour un repos bien mérité…
Les montagnes pourpres, jaunes et brunes du désert du Néguev viennent sombrer dans les eaux cobalt de la mer Rouge. Dans ce décor minéral digne des meilleurs westerns, près des frontières de l’Egypte et de la Jordanie, les israéliens ont bâti de toute pièces une oasis balnéaire : Eilat, 360 jours de soleil par an. Cette ville "au bout du monde" est perçue comme une alternative à la routine du quotidien. Eliat est résolument tournée vers la mer de part son tourisme et la protection de son riche écosystème corallien, cependant son développement est intimement lié au développement de la région du Sud du Néguev, avec son agriculture et ses centres de recherche…
Dès l’époque biblique le site était connu et, à l’est de celui-ci, dans le port d’Etzion-Geber, Salomon, dit-on, construisit sa flotte au 10ième siècle av. J.-C. C’est ici aussi qu’il devait rencontrer selon la tradition la Reine de Saba. Après sa mort, les Edomites occupèrent les lieux, en firent une importante place commerciale qui subsista durant les dominations romaine et byzantine. Après la conquête arabe, Eilat devint une station sur la route de La Mecque pour les pèlerins venant d’Afrique septentrionale…
Entièrement dédiée aux plaisirs païens de la plage, du farniente et de la plongée, la jeune cité se permet les plus folles audaces. Jaillis des dunes il y a moins d’un an, les hôtels de la Reine de Saba et du Herods ont le luxe et la démesure des palaces de Las Vegas. Et le dernier restaurant en date, le « Red Sea Star », a carrément été bâti dans les fonds sous-marins. Par ses baies en forme de hublot, nous pouvons admirer les coraux et les poissons aux couleurs fluo, tout en mangeant d’excellents…poissons !…
Eilat est un excellent point de départ pour visiter le Sinaï égyptien. Très tôt ce matin notre guide nous propose de passer la journée dans un kibboutz installé en zone occupée. Nous embarquons dans une vedette rapide qui nous dirige vers la côte égyptienne. De magnifiques oiseaux blanc à tête noire suivent le sillage du bateau. Ils ne sont pas farouches et sont habitués à la présence des marins qui leur jettent des bous de pin, qu’ils attrapent au passage…
Après deux heures de navigation, nous sommes en vue du kibboutz Nahal Haketovot. C’est une entreprise collective où l’ensemble des moyens de production et l’habitat appartiennent à la collectivité. Le travail est réparti par la collectivité, et les besoins des membres sont satisfait par des installations collectives (cuisine, vestiaire, garderie d’enfants etc.). A l’intérieur du kibboutz, l’argent n’a pas cours ; il sert uniquement au « commerce extérieur ». En cas de litige, c’est le conseil ou l’assemblée générale qui décident. Le kibboutz a longtemps été la « vitrine » de l’État d’Israël. Beaucoup de gens, qui ne connaissaient pas Israël et n’auraient pas su localiser Nahal Haketovot sur la carte, en avaient entendu parler et savaient qu’il s’agissait d’une expérience unique en son genre. Alors que l’on désespérait du régime communiste et que la social-démocratie européenne n’offrait rien d’enthousiasmant, le kibboutz faisait rêver les partisans d’un socialisme à visage humain.
C’est une formidable leçon de savoir faire. On à du mal à imaginer que nous sommes en plein désert du SinaÏ, tant l’espace entre les habitation ressemble à la Normandie. Des pelouses verdoyantes, des plantes grâces, des palmiers et des arbres fruitiers à profusions font de ce kibboutz une oasis de « paix ». Les habitant sont fiers de nous montrer leur élevage de vaches laitières bien à l’abris sous des hangars climatisés avec bruinificateur d’eau. Une vraie prouesse de technologie en plein désert…
Très tôt le matin, à cause de la chaleur, nous reprenons la route de la capitale. Cette fois, nous traversons le désert du Néguev par Yotvata, Beer Sheba, Gaza et Ashkelon avant d’arriver à Tel Aviv. Cette ville jeune issue de la réunion de l’antique Jaffa et de son ancien faubourg Tel Aviv (Colline du Printemps) fondée en 1909, est d’un aspect radicalement moderne et possède peu de lieux historiques. Elle est aujourd'hui le centre culturel, économique et industriel du pays. Forte de son agglomération de plus d'un million d'habitants, de sa situation géographique idéale (en plein centre du pays) et de son soleil constant (neuf mois par an), Tel-Aviv vous révèlera les multiples facettes de la société israélienne.
Il est huit heures à peine et la ville bouillonne déjà d’énergie. On déambule dans toutes ces petites rues du vieux quartier. Les étales du marché Carmel croulent sous le poids des rougets et des dorades, des oranges et des grenades. Les gamins se régalent de jus de dattes pendant que les mères juives achètent aneth ou coriandre. A deux pas la rue Sheinkin, temple du shopping branché et de la fantaisie. Ambiance bon enfant et courtoisie de rigueur…
Tel Aviv n’aime pas dormir. La nuit, c’est dans le quartier Florentin, très étudiant, ou sur le nouveau port qu’elle délire. Là ce sont ouverts des restaurants de fruits de mer, des clubs de salsa et de gigantesque boites techno avec les meilleurs « DJ » internationaux. La ville n’a pas changé. Elle sort, travaille, s’amuse avec frénésie, extravertie, sans repos, tendue vers un perpétuel présent. Elle bouge sans arrêt, déborde sur sa longue plage, dans les restaurants, les cafés, les hôtels du front de mer. Les religieux se mêlent aux filles au ventre nu, aux Yéménites, aux Falachas, aux prostituées, aux familles nombreuses. Nous aussi nous sacrifions à l’ambiance locale en dînant dans un petit restaurant de poisson sur le port et en participant à une représentation de folklore juif dans un cabaret plus traditionnel pour cette dernière nuit hébraïque…
Dans la matinée Ely nous accompagne à l’aéroport et nous raconte encore une petite anecdote qui s’est passée sur « l’Exodus », il est intarissable sur l’histoire de son pays. Il nous a fait partager avec beaucoup d’amour son parcours sur cette terre biblique. Sa présence continuelle nous a fait partager sa foi en la vie, et préparé les chemins de croix que nous avons empruntés pendant ce séjour…