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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 01-10-2008 à 08:54:18

TOUJOURS FIDELE...



Cuba du 2 au 16 octobre 1994




    
    « C’est le plus bel endroit que mes yeux aient jamais vu » note Christophe Colomb dans son livre de bord. Il se croit en Chine, certain d’avoir atteint par l’ouest l’empire du grand Gengis Khan, dont Marco Polo a décrit les richesses. Son enthousiasme est à son comble. Tout le ravi ! Certes, il se trompe en géographie mais pas en esthétique ! 500 ans après sa découverte, l’île de Cuba exerce toujours la même fascination…

    La « perle des Caraïbes » est une île des Antilles, s’étirant sur 1 250 kilomètres, de la Floride à la péninsule du Yucatán, comme un vaisseau amiral sur la route du Nouveau Monde. Large de 90 à 200 kilomètres, elle a plutôt une taille de guêpe et, en tout point, la mer n’est jamais loin…

    La mer, turquoise, indigo, d’une transparence inouïe, avec des plages éblouissantes et un grand soleil toute l’année, a les faveurs des inconditionnels des vacances farniente sur le sable. Pour les mordus de la voile, des alizés qui soufflent en toute saison ; pour les passionnés de plongée, des fonds sous-marins d’une chatoyante diversité, et, pour les as de la sportive pêche au gros, d’exceptionnelles eaux poissonneuses…

    Mais pour nous Globe-trotters, le nom de Cuba est associé à ceux de personnages charismatiques, d’écrivains, d’artistes de renommée internationale. On n’oubliera pas l’exil de certains.  On ne niera point, non plus, le rôle et l’aura dont jouit ce petit pays qui semble avoir fait du paradoxe sa façon d’exister. En effet, rien n’est simple quand on parle de Cuba, et l’on se débarrassera des clichés trop souvent réducteurs, sans toutefois renier ses idées et son esprit critique. Cela pour découvrir Cuba, la superbe métis tropicale. Le voyage « intelligent », en somme ? Pas seulement : le plaisir aussi !…

    Du croissant doré des plages au turquoise enivrant de la mer, du faste végétal de la vallée de Viňales à l’aridité de la vallée mythique sierra Maestra, de la pathétique beauté de La Havane à la magnificence coloniale de Santiago, de la voluptueuse décadence de Trinidad au choc de la place de la Révolution ou encore à l’émouvant musée mémorial de Playa Girōn. Le voyageur trouvera, à Cuba, un certain sens à sa quête…
 


    Il est temps de partir pour mettre nos pas dans ceux de Fidel Castro, de José Marti, d’Ernesto Che Guevara ou d’Ernest Hemingway pour vivre cette nouvelle aventure. Quelques tenues légères, lunette de soleil et casquette, que nous jetons dans un sac, suffisent pour cette destination exotique et exubérante. Huit heures plus tard, un « Boeing 747 », nous dépose sur le tarmac de l’aéroport de La Havane…

    On n’atterrit pas à La Havane sans une certaine émotion. Il y a tout d’abord la chaleur qui nous saisit dès notre descente d’avion. Il y a ensuite des odeurs fortes de terre humide qui nous surprennent dès notre sortie de l’aérogare « José Marti ». Les premiers mots d’espagnol, les ondulations de l’accent local et le sourire de notre guide Rosa qui nous accueil. Puis c’est la torpeur tropicale de la  soirée avec le trafic ralenti, les passants qui flânent encore aux abords des maisons, les rues progressivement plus animées alors que l’on gagne le quartier des hôtels et les abords de la Rampa. Et, aussi, en chemin, un peu la sensation d’une rencontre avec l’histoire…
      


    De la fenêtre de la chambre on aperçoit le Vedado, ses hauts immeubles d’un blanc délavé, ses maisons rococo aux couleurs fanées, ses rues bordées d’arbres qui descendent vers la mer. On décide d’une petite balade sans but précis, une prise de contact à l’aventure, deux heures de marche vers les quartiers populaires. On rentre fatigué et indécis. Puis l’on s’endort rassasié d’impressions contradictoires. Les questions font déjà la vie dure aux images que l’on avait en tête. Cela ne fait que commencer…
      
    Ce matin nous partons pour la visite de La Havane, la capitale. Un nom qui fleure bon le cigare et le rhum vieilli et qui évoque romans et bars préférés d’Ernest Hemingway, dont la maison est devenue un musée national. Au bout de la longue promenade du bord de mer, que sillonnent guaguas (bus) et belles américaines des années 50, Habana Vieja, la vieille ville, retrouve, grâce à l’Unesco, ses couleurs et splendeurs d’autrefois. Depuis sa fondation en 1519, la Ciudad de La Habana est certainement la perle des capitales du Nouveau monde. Ultime étape pour les navires espagnols de la route des Indes qui s'en retournaient vers l'Europe. La Havane garde le souvenir de ses forteresses et de son rempart érigé à partir du XVIIe siècle en fronton de mer.  L'atmosphère de délabrement et la vie bouillonnante qui règnent à La Havane forment un contraste détonnant pour l'étranger. Les palais somptueux côtoient l'habitat populaire. Les habitants s'entassent dans des immeubles, chargés d'histoire et de splendeurs révolues, divisés en habitations, les fameux solares. Depuis un demi-siècle, la capitale souffre du manque d'entretien et de moyens pour valoriser son patrimoine architectural. Si La Havane tente de faire peau neuve pour les touristes, pour les Cubains, c'est toujours la même galère.
      


    Toutes les images de l’île s’entrechoquent ici. Demeures coloniales cossues, ruelles, cafés et tavernes de la place de la cathédrale, rues dépavées bordées de palais en ruine, qui débouchent presque toutes sur le joyau de la ville : le Malecon. Le front de mer est l’avenue à tout faire de la ville, du footing du matin au déjeuner de midi, de la sieste sur le parapet à la baignade, sous les embruns que soulève la brise de l’ouest…
      


    Située quelques mètres à l’ouest de la place d’Armes, la place de la cathédrale est certainement la plus belle place de la ville et l’une des démonstrations les plus réussies de l’architecture coloniale en Amérique latine. Jadis appelée place du Marais, elle fut restaurée à plusieurs reprises. Les palais qui l’entourent sont du 18ième siècle : la Casa de Lombillo à l’angle de la rue Empedrato, a été construite dans les années 1730 et agrandie en 1746. Elle était la demeure de la famille Pedroso, dont l’une des descendantes épousa le conte de Lombillo. Successivement siège du secrétariat à la Défense et de la Santé municipale, le palais abrite aujourd’hui les archives de la ville…
      


    La cathédrale est le monument le plus important de la place. Jusqu’au 18ième siècle, il n’y avait à son emplacement qu’une petite chapelle, l’oratoire de Saint Ignace. En 1798, Mgr Felipe José de Res Palacios, un riche évêque espagnol, entreprit d’y édifier une cathédrale dédiée à la Vierge. L’architecte Pedro Medina y apporta quelques améliorations à la fin du 18ième siècle puis une série d’agrandissements et d’embellissements fut conduite de 1802 à 1832, sous la houlette de l’évêque de La Havane, Mgr Diaz de Espada…
      


    A quelques mètres de la place, dans la calle Empredato, nous dégustons notre premier daïkiri à la bodeguita del Medio, la célèbre « taverne du Milieu », fréquentée par le romancier Ernest Hemingway. Fondée en 1942, c’est un endroit chargé de souvenir à l’image de ses murs tapissés de photographies et de dédicaces connues ou anonymes. Après plusieurs de ces cocktails au rhum on peut retourner, plein d’audace, se jeter dans les bras des belles cubaines qui vous chantent avec des accents languissants : Besame Mucho… ou Morir de Amor, pour vous rappeler que Cuba est le fruit de la passion des Caraïbes…
      


    Au sud du Vedado, au bout de l’avenida Paseo, nous visitons le lieu symbole de la révolution cubaine. C’est une vaste esplanade de 4,5 hectares entourée des immeubles du siège du comité central du parti communiste cubain, du palais du Gouvernement, du Théâtre national, de la Bibliothèque nationale, du ministère des Communications et du ministère de la Justice. Architecture sobre, béton triomphant, que sont venus égayer un portrait géant de Che Guevara et la colonne blanche élevée à la mémoire de José Marti. Endroit privilégié des discours fleuves du Lider maximo, Fidel Castro…
      


    Très tôt ce matin, nous partons pour le quartier de San Francisco de Paula, lieu souvenir du séjour d’Hemingway à Cuba. Il y vécut 21 ans et y écrivit plusieurs de ses œuvres, comme « Le Vieil Homme et la Mer », prix Pulitzer en 1953, dont l'action se situe d’ailleurs dans l’ancien village de pêcheurs de Cojimar. La vaste demeure léguée au peuple cubain quelques mois avant la mort de l’écrivain a été transformée en un musée mémorial assez émouvant…
 

 

    Tout est resté intact. L’atmosphère y est très émouvante : on dirait que le maître des lieux est seulement absent ou en train de faire la sieste dans une pièce voisine. De la tourette qui domine le parc, il voyait arriver les visiteurs sans être vu lui-même. s’il n’était pas d’humeur à recevoir l’intrus, il faisait dire qu’il n’était pas là. On dit que c’est dans cette pièce au deuxième étage qu’il a écrit « Le Vieil Homme et la Mer ». Sa machine à écrire l’attend toujours. Ainsi que tous ses documents et des tonnes d’ouvrages et de trophées de chasse ; d’Afrique, du Pacifique ou d’ailleurs…
      


    Un formidable port de plaisance, qui porte aujourd’hui le nom de l’homme de lettres, a été construit à Cojimar, alors, simple et modeste petit village de pêcheurs. On aime à dire que c’était là un refuge contre la vie mondaine pour Hemingway. C’est ici qu’il aurait fêté son Prix Nobel. Les restaurants Papa’s ou Fiesta installés dans la marina en gardent un souvenir ému. A la Bodeguita del Medio, pendant notre déjeuner, nous avons eu la chance de rencontrer le pêcheur de 94 ans qui servit de modèle à l’histoire du roman. « …Santiago, un vieux pêcheur cubain n'a ferré aucun poisson depuis quatre-vingt-quatre jours. Laissant son jeune ami Manolin, le seul qui croit toujours en lui, il décide de partir en mer, très loin sur le Gulf Stream, en quête de la prise qui lui vaudra à nouveau l'estime de ses pairs … ».
      


    A près le réconfort, l’effort, nous embarquons dans une vedette rapide pour quatre heures de pêche au gros au large du golfe du Mexique. Notre objectif est de battre le record de pêche d’Antonio Meilan (le maître es-cocktails du Floridita) qui à bien connu Hemingway. Pas de chance, nous n’avons pas pût ramener l’espadon tant espéré, mais la partie de pêche reste une expérience inoubliable. Le visage rempli de soleil et d’embruns nous rentrons satisfait de notre équipée, à l’hôtel…
      


    Aujourd’hui destination Pinar del Rio par la vallée de Viňales : trois heures de route dans une atmosphère de tranquillité. La route fort sinueuse oblige le chauffeur à lever le pied de l’accélérateur car elle ne peut se parcourir qu’à vitesse moyenne ; elle porte d’ailleurs le surnom de « Route des Hommes Ivres », exemple d’humour cubain ? Le paysage alentour, la sierra de los Orgnanos, que l’on traverse, ainsi que la végétation verdoyante méritent bien le voyage…
 


     Enfin, au détour d’une pinède, au sommet d’une colline, nous sommes comblés. Tout à coup, el valle de Viňales s’étend à nos pieds. La vallée ressemble à un immense jardin. Au milieu des cultures, des prairies et des palmiers se dressent de bien étranges montagnes, buttes coniques aux flancs abrupts, où s’accroche une abondante végétation, silhouettes pachydermiques qui jalonnent la vallée : les mogotes . Ces formations à dominante calcaire, uniques en leur genre, dateraient du jurassique supérieur.
   

   
    Ajoutons à ces curiosités naturelles des maisons de paysans, les bohios, aux toits en feuilles de palmier et aux murs de planches, le village de Viňales, tapis à droite dans le creux du vallon, une lumière exceptionnelle et jamais identique, des nuages bas qui modulent les ombres bizarres des buttes, une terre rouge et chaleureuse : il y a de quoi passer quelques heures à contempler le panorama…
     

 
    En bas, à l’intérieur des mogotes, l’érosion a creusé de multiples grottes, dont plusieurs sont traversées par des rivières souterraines. Telle la Cueva del Indio ou grotte de l’indien que nous découvrons à bord d’une petite embarcation. A quatre kilomètres du village, cette curiosité naturelle est située à l’entrée de San Vicente, petite station thermale, qui se dresse au milieu d’une végétation tropicale abondante et offre l’occasion d’une agréable promenade. Une légende populaire raconte que si lors d'une promenade à l'intérieur de cette grotte, une goutte d'eau fraîche nous tombe sur le nez, le bonheur nous accompagnera pour toujours. Laissons nous tenter et naviguons sur les eaux de sa rivière souterraine pour découvrir les formes irrégulières et capricieuses acquises avec le temps par les stalactites et les stalagmites : la silhouette d'un indien fumant sa pipe, la tête d'un crocodile impressionnant, une bouteille de champagne et un coq de campagne, entre autres. Le passage par l'intérieur de cette grotte qui traverse le centre de quelques mogotes est impressionnant…
    

  
    A l’ouest de Viňales, dans un vallon portant le nom de Dos Hermanas (Deux Sœurs), car il est coincé entre des buttes jumelles, une fresque de 120 mètres de haut sur 180 mètres de large, le Mural de la Prehistoria, a été peint sur le flanc même d’un mogote par le scientifique cubain, Leovigildo Gonzáles, émule du peintre naturaliste mexicain Diego Rivera. Si l’on peut discuter la qualité esthétique de cette œuvre, l’endroit est agréable et nous déjeunons sur la terrasse d’un cabanon à proximité…
      


    Que l’on soit amateur de tabac ou pas, aller dans la région et ne pas visiter les Vegas (plantations de tabac), c’est un peu comme se rendre en Egypte sans voir les pyramides ! Nous poussons plus loin notre route vers le triangle d’or du tabac constitué par les modestes agglomérations de Pinar del Rio, de Juan y Martinez et de San Luis. C’est la Vuelta Abajo, terre privilégiée qui serait dotée de tous les ingrédients naturels aptes à faire pousser cette plante extraordinaire. Nous visitons avec beaucoup d’intérêt un petit atelier de confection de cigares…
      


    Deux boites de 25 cigares « Romeo y Julieta n°2 », sous le bras, nous traversons la rue pour visiter cette fois une distillerie de rhum. C’est le coude à coude au comptoir pour déguster les différents cocktails à base de rhum. Puis comme tout finit par arriver avec les effluves de tabac et de rhum, les guitares sortent des placards et la fête commence : « Guantanamera, guajira, Guantanamera, Guantanameraaa… »…
      


    En reprenant la route de Sancti Spiritus, petite ville de 60 000 habitants, qui fut fondée en 1514 (la cinquième des sept villes du début de la conquête) sur les rives du fleuve Tuinicú et qui, dix ans plus tard,  fut transférée à son emplacement actuel. Nous visitons une ferme agricole. Nous sommes surpris, car c’est aussi vert que la Bretagne, mais beaucoup plus vallonnée, voir montagneux. On s’arrête un moment pour observer cet harmonieux camaïeu de vert : celui du tabac, plus sombre, le long des flancs de la Sierra del Rosario que longe la route principale. Celui des prairies avec leurs vaches, celui des palmiers, ou encore celui des cèdres…
      


    Notre itinéraire se termine à Pinar del Rio (la Pinède du Fleuve). Cette bourgade agricole nous paraît un peu endormie au pied de la Sierra de los Organos. La vie est rythmée par les travaux des champs et de petits ateliers, où les ouvriers désœuvrés en soirée, montent et descendent la Grand’Rue avant le dîner. Nous en faisons autant, mais nous entrons vite dans une taverne pour déguster un dernier « Cuba libre » (Rhum Coca) avant le repas…
      


    Le soleil est déjà haut quant nous partons vers le sud, direction Guama et la célèbre Baie des Cochons. Dans cette péninsule marécageuse appelée Marais de Zapata (Ciénaga de Zapata), la vie est misérable. Un climat chaud et humide, des voies de communications quasi inexistantes, notamment des crocodiles, tortues et autres sauriens des tropiques plus ou moins gros et méchants contraste avec le nord de la province. Là, s’ouvre le parc national de la Ciénaga de Zapata, région de marécages où s’est constitué un des plus grands centres d’élevage de crocodiles au monde. Il y en aurait près de 10 000. Ils sont nourris deux fois par semaine avec des restes de viande d’abattoir. Dans l’enceinte de la ferme des crocodiles de Guama, les quatre restaurants, qui accueillent un grand nombre de touristes, servent tous du crocodile au menu ! On ne mange que la queue et le goût est un savoureux mélange de poulet et de langouste. Les plus téméraires se sont exercés à la chasse aux crocodiles dans la ferme d’élevage…
       


    L’aventure continue par une agréable promenade en bateau à travers le réseau de canaux herbeux où, quand le silence s’établi, nous observons encore quelques sauriens. La comparaisons est plausible avec le type d’excursion organisées dans le Parc des Everglades en Floride…
       


    Après une heure de navigation, on accoste sur la Lagune au Trésor (Laguna del Tesoro). L’origine viendrait du trésor qu’un indien aurait enfoui par là. Personne à ce jour ne l’a retrouvé. Un musée en plein air nous accueille. Il est l’œuvre du sculpteur cubain Rita Longa qui a voulu réaliser un véritable mémorial à la culture précolombienne Taïna, complètement anéantie par les Conquistadors. C’est une halte fort agréable…
       


    Pour notre étape de nuit, nous rejoignons maintenant un magnifique parc agrémenté de palmiers, musée, fleurs, perroquets, etc. On y sert de la cuisine créole dans de la vaisselle en terre cuite vernie, confectionnée localement. Nous goûtons l’apéritif à base de lait de coco. Des bungalows sur pilotis au confort modeste sont mis à notre disposition dans le parc, ainsi qu’une piscine et des hamacs, « Viva la Vida ! »…
     

 
    Sur la route de Trinidad, dans la vallée de San Luis, nous visitons une ancienne propriété coloniale. La Torre Iznaga, achevée en 1835, se dresse dans la plantation sucrière. Construite par Alejo Maria del Carmen Iznaga, en briques rouges, ses sept étages coiffés d’un poste d’observation et d’un clocher s’élèvent à 45 mètres de hauteur…
      


    La légende raconte qu’Alejo aurait fait construire cet édifice pour y enfermer son épouse infidèle. Mais les dix ans de construction durent calmer son courroux ! Certains affirment que la tour servait de mirador pour surveiller les esclaves, mais cette tâche incombait aux contremaîtres. On peut penser que la Torre Iznaga fut érigée à des fins plus ostentatoires qu’utilitaires…

    « La Villa del Santissima Trinidad » (la ville de la Très Sainte Trinité) a été fondée en 1514 par le conquistador Diego Velázquez. Isolée derrière les montagnes de l’Escambray et blottie au fond d’une vallée fertile, Trinidad devint vite un endroit idéal pour la contrebande, laquelle prospéra dans la région pendant trois siècles. Mais, cette ère d’opulence prendra fin avec la crise de 1857 et les guerres d’indépendance. Toujours située dans une région à dominante agricole, elle ressemble aujourd’hui à un gros bourg rural où se déversent, à la fin de la journée, les camions d’ouvriers agricoles…
      


    C’est quand même une des villes coloniales les mieux conservées des Amériques, qui possède la plus jolie Plaza Mayor de Cuba : cathédrale, maisons jaunes pâle à arcades et balcons, grilles ouvragées aux fenêtres. Style d’inspiration mauresque (l’Espagne a été sous domination arabe pendant plus de 700 ans)…
      


    L’immense avenue centrale, aux pavés arrondis par cinq siècles d’aventures, de vents de sable et de fêtes de tous les saints, est déserte à midi. L’entrelacs des ruelles qui filent vers la mer recèle des trésors : balcons de fer forgé, fenêtres aux cannelures peintes, cours intérieures croulant sous les frondaisons de jacarandas d’où s’échappent les accents sensuels d’une rumba…
      


    On dîne tard à Cuba, alors nous laissons les eaux turquoise de Playa Ancón nous ouvrir l’appétit. Ces rivages sont les préférés des Havanais, qui laissent les plages de Varadero aux amateurs de séjour « tout compris ». Devant une langouste grillée, cuisinée à la sauce créole très relevée, nous écoutons les guitares jouer l’histoire de la révolution castriste sur un rythme afro-cubain. Notre hôtesse, la belle Rosa, tout de noir vêtu, nous gratifie d’une accolade et d’un large sourire. L’ambiance est surnaturelle. On s’attend à voir surgir de nos esprits, embués par le rhum, le mythique Che Guevara et le Fidel Castro…
      


    Nous laissons l’histoire récente et la vie plaisante des bords de plage pour rejoindre toujours vers l’est la province de Cienfuegos et sa capitale du même nom. Elle est née en 1819 au bord d’une majestueuse baie. Elle doit son nom au Général Gouverneur espagnol du 19ième siècle, José Cienfuegos qui y invita des familles françaises de la Floride voisine et de Bordeaux, dans le but d’améliorer la proportion de blancs dans cette terre dominée a l’époque par la population noire (les fameux blanchisseurs ?). Les anciens racontent en effet de nombreuses anecdotes proches de l’apartheid, exemple : sur l’avenue du Prado, un trottoir était réservé au Blancs et un autre aux Noirs…
      


    Le cœur colonial de la cité conserve un charme délicieusement suranné et une tranquillité villageoise. Nous déambulons dans le centre, au milieu duquel se trouve le parc José Marti. Une rosace y indique, sur le sol, l’endroit où Louis de Clouet marqua les limites de la colonie…
     

 


 

     Aux abords du parc se dresse le Théâtre Tomas Terry qui date de 1890. Richement décoré à l’intérieur, il pouvait accueillir 1 200 spectateurs. Sarah Bernhard et Caruso s’y seraient produits. En face du parc, le Musée historique expose les armes et objets personnels de différents patriotes de la ville…
       

 


 

    A côté nous visitons aussi la cathédrale datant de 1904. Elle est décorée de douze beaux vitraux. Un peu plus loin, nous allons voir la Casa Clouet, puis El Palatino, qui est une des maisons les plus anciennes et la première construite avec porche et colonnes…
      
    Nous suivons le Prado, l’artère principale, jusqu’à Punta Gorda. Une étroite langue de terre qui s’avance dans la baie jusqu’à deux kilomètres du centre ville. Un somptueux palais, le Palacio del Valle se présente devant nous. Un mélange fou des styles mauresques, gothique et vénitien y a été construit au 19ième siècle par un milliardaire américain. Puis nous reprenons la route, il reste 40 kilomètres à parcourir pour arriver à Varadero la capitale du tourisme cubain…
      


    Déjà favorisée par la nature, une mer aux eaux limpides, 20 kilomètres de sable blanc et fin, un rivage en pente douce ourlé d’une végétation luxuriante, Varadero s’est de surcroît dotée d’une infrastructure complète réunissant hôtels, restaurants, bars, discothèques, ainsi que toute la panoplie des sports et activités nautiques. Elle possède tous les atouts d’un paradis, dommage que l’on s’y sente un peu en vase clos. Son emplacement le long d'une mince péninsule assure une brise tropicale constante. Bref un endroit rêvé pour les vacances de farniente ou sportives sachant que séjourné à Varadero, ce n’est toutefois pas découvrir le vrai Cuba…
    


    L’hôtel Sol Palmeras***** qui nous accueille pendant une semaine se situe sur la longue et étroite bande de terre qui constitue la péninsule de Hicacos. Son environnement et particulièrement bien soigné : arbres d’essences variées, cocotiers, flamboyants, hibiscus, etc. Deux piscines et une plage privée complètent cet ensemble favorable au plaisir du farniente…
      


    7 heures – 9 heures : pendant que tout le monde se précipite à la réception pour réserver cours de tennis, parcours de golf, planche à voile, ski nautique, bateau pour la pêche et bien sûr pour la plongée, nous en profitons pour faire un peu de sport sur la belle plage de sable fin avant le petit déjeuner…
       


    10 heures – 12 heures : pendant que la plus part des touristes essayent de taper dans la balle jaune, de pousser la balle blanche dans un trou, de tenir sur une planche ou sur des skis, de remonter un poisson ou de faire des bulles dans l’eau, nous en profitons pour faire travailler les « cuissepts » sous les palmiers au bord de la piscine…
      


    13 heures : nous traversons la piscine pour atteindre le comptoir du bar qui se trouve au milieu, afin de déguster quelques mojito ou ron collins selon l’humeur avant de déjeuner. Mojito : sucre, jus de citron, deux gouttes amères, des glaçons, du rhum blanc et complété avec de l’eau gazeuse, ornez le bord du verre avec des branches de menthe. Ron collins : sucre, jus de citron, des glaçons, du rhum blanc, complété avec de l’eau gazeuse, déposez sur le bord du verre un tranche de citron. A votre santé…
      


    14 heures : nous évitons soigneusement les buffets servit en salle et ces interminables queues de touristes devant la nourriture. Nous privilégions une promenade en calèche à la recherche de petit estaminets cubains. Généralement notre cochet nous indique toujours une bonne table dans un petit coin tranquille que seuls les autochtones connaissent…
       


    Aujourd’hui les pas cadencés du cheval nous dépose dans une petite lagune entourée de palétuviers, que seul un bras de mer vient perturber. Une petite cabane de pêcheur avec une terrasse flottante sert de restaurant, pour 4 personnes seulement. Pendant que notre hôte nous prépare sur une plaque chauffante des langoustes grillées et cuisinées avec amour, nous recevons la visite d’un dauphin qui vient nous saluer et nous faire la bise en échange de quelques morceaux de poisson. Un instant magique entre ciel et eau, le paradis sur terre…
       


    18 heures : après la sieste, nous faisons de longues promenades dans le parc de l’hôtel et sur la côte rocheuses avant l’arrivée des Mosquitos qui nous font rentrer au pas de course dans l’immense salle à manger. C’est l’heure de se fondre dans la foule rougit et chauffée par le soleil des caraïbes et de former une nouvelle « file indienne » pour aborder les rivages lointain du buffet réparateur…
       


    Ainsi se déroule notre semaine à Varadero. Un exotisme exubérant et un charme incomparable dans un attrait unique que seul les Caraïbes savent donner. Longue île gorgée de soleil et de musique, de sourires et de sable blanc, de campagnes vibrantes et de villages colorés, de fêtes et de sensualité aux couleurs de rêves…

    Une île ? Non, plus que cela. Un monde. Une des terres les plus denses qui soient. Un peuple fier et chaleureux, sang-mêlé de conquistadores, dans une harmonie de cultures. « L’esprit de Cuba est métis. C’est l’esprit qui donnera à notre peau sa couleur définitive. Un jour, l’on dira couleur cubaine », prédit le poète Nicolas Guillèn…

    Et, ne l’oublions pas. Cuba c’est aussi la fête. Jamais les cubains n’en perdront ni le goût, ni le sens. Deux ingrédients, pour finir, essentiels à ce cocktail d’émotion : un trait de rhum et une rasade de rumba, et le breuvage se transforme en philtre d’amour !..

    Amicaux, empressés, les cubains aiment faire plaisir. Enjoués, pleins d’humour, ils aiment rire et, malgré une vie encore dure, ils adorent chanter, danser, avec rhum, guitares et salsa. Comment ne pas avoir un coup de cœur immédiat pour un pays où l’on se sent si bien et où l’on nous réserve un si chaleureux accueil ? Un pays auquel on ne peut que rester… fidèle !…
 
 
Andrée et Armand    
 
 
 
 

Commentaires

firmament le 02-10-2008 à 09:41:10
Bonjour merci pour la bienvenue sur vefblog on voyage içi je m'y sent déjà chez moi à bientot
Danidouce le 02-10-2008 à 07:26:43
Merci de m'avoir fait voyager de façon si agréable... Me donneriez-vous l'envie du partir ? en voyant vos récits écrits et en images je crois que oui ....smiley_id239903
zoe le 01-10-2008 à 18:02:13
c'est booooooooooooo
lolita83 le 01-10-2008 à 16:37:29
tres beau voyage bonne journee bises
asheraz le 01-10-2008 à 14:01:35
bonjour et merci pour ton passe sur mon blog...tres beau voyage, a bientot
billounette le 01-10-2008 à 11:33:56
wahoo que de beau voyage sur votre blog.....

je viens vous remerciez de votre passage et c'est moi qui repart avec de plus beaux reves....

je vous souhaite une tres bonne journée

bises isa