posté le 02-10-2008 à 05:32:01
L'INDEPENDANCE DES MEDIAS....!
L’indépendance des Médias est-elle indispensable au maintien de la démocratie, y a-t-il des limites à la liberté d’expression ?
Pour répondre simplement à cette demande fondamentale qui contient déjà en elle sa justification je dirai que la démocratie se mesure par sa liberté d’expression et que la liberté d’expression dépend de la liberté des hommes à s’exprimer, mais aussi de la liberté de ses instruments : les Médiats.
Si dans les sociétés démocratiques, les libertés fondamentales, telles que la liberté de la presse et la liberté d’expression peut nous paraître assurées et bien protégées par des lois et des chartres de droit, ces acquis semblent être remis en question aujourd’hui, ce qui soulève de vives inquiétudes.
En principe la démocratie assure le droit à une information de qualité, à des conditions de travail des journalistes conformes aux impératifs de leur métier et à un traitement équilibré et honnête de l’actualité et des débats publics.
Mais sans cesse, le contrôle de quelques firmes sur le journalisme et la communication parvient à s’étendre, sans susciter la réaction appropriée de quelque autorité ou pouvoir. Sans cesse, la stratégie de mainmise du pouvoir politique sur les moyens d’information renforce les moyens de diffusion des doctrines les plus favorables aux intérêts financiers.
En principe la liberté d’expression est une composante essentielle des libertés publiques. Alors Indépendance des médias : vous plaisantez ?
Dressons plutôt l’état des lieux pour comprendre dans quelle situation se trouve ces Médias aujourd’hui ?
- La firme du fabricant d’armes Dassault a le contrôle de 70 publications dont Le Figaro, L’Express et un tiers de la presse quotidienne régionale, auparavant détenues par le groupe Hersant.
- Un autre fabricant d’armes, Lagardère, déjà à la tête d’un empire dans la presse l’édition, la distribution et l’audiovisuel s’est emparé du pôle édition de Vivendi Universal, créant ainsi une situation de quasi monopole.
- Le holding financier Wendel, dont le président est Ernest Antoine Seillière, s’est emparé d’Editis, deuxième groupe français et éditeur d’une très grande part des dictionnaires et des manuels scolaires.
- le groupe de B.T.P. Bouygues est propriétaire de TF1, comme CII la chaîne d’information internationale qui elle est financée par des fonds publics.
- Edouard de Rothschild est actionnaire majoritaire du journal Libération.
- En Italie, Berlusconi possède trois chaînes de télévision et au total 95% des Médias, c’est-à-dire 5% de différence avec le soviétisme.
- En Grande Bretagne Rupert Murdoch concentre 36% de la presse britannique.
Et ainsi la liste peut se poursuivre indéfiniment en faisant le tour de toutes les démocratie du Globe. C’est un triste constat pour la liberté d’expression, la diffusion de la connaissance, le maintient de l’indépendance des Médias et donc de la Démocratie…
Les médias libres ont une importance majeure pour les sociétés démocratiques dans la mesure où ils assurent un public informé et facilitent la circulation de l’information. La liberté de la presse est un principe des droits de l’homme doté d’une longue histoire, mais qui est encore loin d’être garanti.
L’enjeu de l’indépendance c’est bien la démocratie car les journalistes sont le bras armé de cette démocratie et la presse l’arme des citoyens.
Cependant, la sacro-sainte question de l’indépendance est mise à male par trop de recettes qui proviennent de la publicité. Le propriétaire de journaux n’est plus capitaliste de presse, mais devient un capitaliste industriel et financier. Les titres se réduisent, il y a moins de pluralisme. Cela mène à une unité de pensée chez les journalistes : « sensibilité majoritaire » qui n’est pas dictée par la censure. C’est la propre sensibilité uniforme des journalistes qui nuit donc à l’indépendance.
La liberté d'expression est un droit fondamental, mais s'agit-il d'un droit absolu?
Il s'agit de l'idée que la liberté de chacun doit s'arrêter là où commence celle des autres. La liberté de tout dire et dans n'importe quelle situation pourrait restreindre la liberté d'autrui, en lui infligeant des dommages directs ou indirects.
Mais, où s'arrête cette liberté ?
On peut partir d’une constatation simple: non seulement la constitution française n’interdit pas au législateur de limiter la liberté d’expression, mais ses textes fondateurs n’en énoncent le principe qu’en précisant qu’elle ne peut s’exercer que dans certaines limites. Ainsi l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme énonce : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».
Cette disposition établit donc une distinction entre les opinions et leur manifestation. Les opinions sont libres, ce qui interdit toute discrimination à raison des croyances. Par contre, leur manifestation ne doit pas troubler l’ordre public.
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
On peut d’abord voir la liberté d’expression comme un instrument au service de la vérité. Afin d’établir la vérité, il faut examiner et comparer toutes les thèses, aussi bien les mieux établies que celles qui paraissent les plus étranges. Même si toutes les idées ne sont pas justes, le public saura à terme faire la différence, car il a plus de chances de parvenir à la vérité si tous les arguments ont été échangés et infiniment moins si le pouvoir politique a entrepris d’exposer une vérité officielle.
Le devoir d’information est essentiel. Or, Il faut bien reconnaître que la presse demeure un marché. Là où elle ne l’est pas, elle est entre les mains de l’Etat, qui limite la liberté d’expression au profit d’une vérité d’état imposée à tout le monde.
Le journaliste est l’objet de pressions de plus en plus nombreuses, de plus en plus fortes, et doit être en état de pouvoir y résister ; il serait scandaleux non pas qu’elles s’exercent sur lui, mais qu’il n’y résiste pas, qu’il ne soit pas mis en situation pour pouvoir y résister et, par conséquent, qu’il ne soit pas défendu par son journal, par la collectivité professionnelle à laquelle il appartient.
La seule situation où les citoyens sont libres est celle où ils disposent de plusieurs sources d’information entre lesquelles ils sont libres de choisir, comme ils ont la possibilité de choisir entre différents représentants, hommes et formations politiques. Evidemment, on peut considérer, avec un regard extérieur, qu’étant dans une situation de marché, obligés qu’ils sont de ne transmettre jamais que ce qui marche, les médias sont condamnés à proposer aux lecteurs des choses qui ne correspondent pas à leurs véritables intérêts. Mais au nom de quoi pourrions-nous dire à leur place ce qui est et fait leur intérêt et leurs curiosités ? S’il existe un vrai décalage entre ce que l’on estime devoir être utile à tous et ce qui est proposé, ce n’est pas à la presse de combler ce fossé, mais à l’école, à l’éducation au sens large (toutes les institutions qui contribuent à nous éveiller à des curiosités saines, qui nous fassent nous épanouir, et vivre ensemble dans une société, et non pas aux choses du privé, sans intérêt, qui ne concernent pas les affaires de la cité).
Les médias contribuent malheureusement aussi à assécher cette vitalité, en ne respectant pas un pluralisme d’orateurs ou de contributeurs. La parole est trop souvent monopolisée par des acteurs plus ou moins compétents. Les médias ne jouent pas pleinement leur rôle de médiateur.
sources de leur pouvoir de manipulation de l’opinion publique : préserver la conviction que « la liberté d’expression » est une réalité qui existe pour l’ensemble de la société, sans aucune discrimination ; une réalité qui, dès lors, mérite le déploiement de tous les efforts pour la maintenir intacte. Un moyen qui consolide le pouvoir des médias, puisque, grâce à cela, ils ont réussi à ce que les citoyens d’un pays considèrent que le droit à « la libre expression » existe de façon générale, alors qu’il s’agit d’un droit limité aux propriétaires des médias et, tout au plus, à ceux qui y travaillent et qui, évidemment, ne jouissent que d’une autonomie relative, dépendant de l’agenda, de la ligne politique établie par leurs patrons, sans compter les décisions du pouvoir occulte qu’il y a derrière les médias.
Aujourd’hui les citoyens ont une grande conscience des enjeux de ce monde et ont par conséquent un esprit critique. Ils savent faire la part des choses et sont vigilants, exigeants, et essaient de choisir entre les organes d’information, mais aussi de réagir à l’organe d’information qui a leur faveur, par divers moyens (lettres, abonnements, etc.). Mais cela dépend évidemment de leur esprit civique. S’ils n’ont aucun civisme, s’ils n’ont aucun goût pour les affaires publiques, s’ils sont passifs, par conséquent, ils auront la presse qu’ils méritent. La presse aura tendance à se détourner des affaires publiques si les lecteurs manquent d’esprit critique et se rapprochera du conformisme ou de la rumeur. Elle n’aura pas fait cet effort de se départir des préjugés ambiants, de l’idéologie dominante, du « politiquement correct », qui désigne le fait que, sur toute chose, on a spontanément un réflexe, pas forcément le bon, même si la première idée qu’on a n’est pas invariablement la mauvaise, qu’il faut soumettre à vérification, et mettre à l’épreuve de l’étude et de l’examen pour triompher des préjugés.
Les questions aujourd’hui d’une information monocolore, conformiste, ou honnête, soumise à l’effort d’une investigation intéressante, renvoient à une double interrogation : quel est l’état de l’esprit critique et civique des citoyens auxquels les médias s’adressent ? Selon ce niveau d’esprit critique et civique, on aura une télévision, une radio, une presse bien différentes, sachant que ces médias sont diversement professionnels et militants.
Mais tout cela n’est qu’un idéal et non une pratique. Un idéal, par définition, n’existe que dans le désir que l’on a de l’atteindre, mais dans la certitude aussi que l’on a d’en être incapable. Si l’on veut évaluer la presse, il est nécessaire de l’évaluer par rapport à l’idéal qu’elle se donne et qu’elle proclame suivre. Quel est l’idéal que la presse se donne en Afrique de nos jours afin de contribuer à l’épanouissement de nos peuples ?
L’un des droits les plus précieux de l’être humain est celui de communiquer librement sa pensée et ses opinions. Nulle loi ne doit restreindre arbitrairement la liberté de parole ou de presse. Mais celle-ci ne peut être exercée par des entreprises médiatiques qu’à condition de ne pas enfreindre d’autres droits tout aussi sacrés comme celui, pour chaque citoyen, de pouvoir accéder à une information non contaminée. A l’abri de la liberté d’expression, les entreprises médiatiques ne doivent pas pouvoir diffuser des informations fausses, ni conduire des campagnes de propagande criminelle, ou autres manipulations.
Par conséquent, la protestation en faveur de la prétendue « liberté d’expression » ne représente pas autre chose que la défense de la discrimination qui rend possible que nous, la majorité, nous n’ayons pas de voix, pour que le privilège de ceux qui sont propriétaires de médias soit préservé, de sorte qu’ils continuent d’exercer le droit absolu de décider qui il faut attaquer et devant qui il faut se taire. En somme, il s’agit de défendre le droit à l’expression des moins nombreux face au droit des plus nombreux. Une aspiration que les médias tentent de revêtir d’une fausse neutralité, neutralité qui se trahit par leurs propres agissements…
« Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je défendrai jusqu'à la mort votre droit à le dire ».
Voltaire, philosophe français (1694-1778)
Jakin
Commentaires
bonjour mon ami bonne journee
Si tout le monde pouvait penser comme Voltaire ! la liberté d'expression est si souvent bafouée, quand il ne s'agit pas de l'interdiction de dire ... Merci pour ce si bel article. Je suis ravie de m'être posée sur un blog de si belle qualité. J'ai découvert hier celui de oozmama où j'ai passé un moment très agréable.
Je vous remercie d'être passé chez moi.
Amicalement
Danie