Les bouleaux argentés, les maisons basses aux toits de chaume ou, comme dans le nord du pays, hautes et flanquées de puissantes colonnes de bois, les lacs couleur émeraude, le vent des plaines, la neige pendant cinq mois de l’année, le flamboiement automnal des forêts qui, comme à Varsovie, cernent les villes, font du paysage polonais un des plus romantiques qui soient…
De temps à autre, ponctuant la plaine, un manoir ou un groupe de maisonnettes aux allures d’isbas, riches de leurs doubles fenêtres, entre les vitres desquelles circule le chat et s’épanouit la plante d’aneth, élément indispensable de la gastronomie polonaise…
Malgré nos anciens liens d’amitié et de parenté, Chopin, Balzac, Marie Curie, des reines et des rois, la Pologne reste pour nous Globe-trotters, encore aujourd’hui, bien mystérieuse. Un beau voyage, riche de surprises…
Nous arrivons en début d’après-midi sur le tarmac de l’aéroport de Varsovie sans bagages. Au comptoir des réclamations, un employé nous explique que notre valise est à New York ? Notre bonne vieille compagne « Samsonite », après 14 années de bons et loyaux services, a décidé de faire la malle et de voyager toute seule !…
L’inconvénient c’est qu’elle détient nos vestes chaudes. Nous avons quittés Aix en Provence à la sortie du travail et nous sommes en costume, chemise blanche, cravate :Tenue vestimentaire adaptée au mois d’avril en Provence, mais pas à Varsovie car il neige à gros flocons. La dame qui conduit notre taxi vers le centre ville, pour nous déposer au « Mercure Chopin*** », est plus navrée que nous. Elle nous prête son parapluie. On le lui rendra au retour dans trois jours. C’est çà aussi l’aventure !…
Que nous soyons en car, au restaurant, dans le hall de notre hôtel, il est bien rare qu’il se passe un jour de notre voyage sans entendre valse ou mazurka. Bien entendu, presque toujours composée par Frédéric Chopin. On danse d’ailleurs beaucoup en Pologne où dans la plupart des bons restaurants et les hôtels possèdent leurs musiciens et leurs chanteurs…
On danse et on s’habille. Les polonaises, qui ont longtemps vécu dans la pénurie, sont de véritables expertes dans l’art d’orner le bas d’une jupe d’un ourlet de fourrure et de transformer, à l’aide de paillettes et de broderies maison, un châle tout simple en une parure vraiment chic. La rue est donc élégante et souvent souriante, surtout si l’on vous sait français, une chance pour nous…
Malgré le froid et la pluie glaciale nous nous présentons devant le château royal, puis nous déambulons sur la place du Marché de la vieille ville, qui par ce temps est déserte. On s’aventure dans le Ghetto, mais la neige nous rattrapent et nous retournons à l’hôtel en calèche…
Ce matin, le soleil fait son apparition pour nous permettre de profiter pleinement de notre journée, mais il fait toujours aussi froid (5°). Varsovie, totalement rasée et très fidèlement reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, présente l’ambiance du « rynek » (la grande place) et des vieux quartiers au pied de la Vistule. Elle est aussi, soignée, joyeuse et raffinée. La lumière qui danse sur les belles façades colorées des demeures, des boutiques de charme et des cafés terrasses nous émerveille. Les fleurs, la promenade sur les remparts apportent autant de belles surprises…
Nous commençons notre visite par la rue Krakowskie où se trouve la statue du prima de Pologne, Stefan Wyszynski. Notre promenade nous mène dans la rue Swietojanska vers l’église Saint Jean. La place du marché nous enchante à nouveau avec ses façades multicolores et les vieilles églises sont à nouveau très fréquentées. L’église Saint Martin avec son beau clocher (dans la rue Piwna), l’église du Saint Esprit (à l’angle des rues Nowomeijska et Dluga) qui sont la frontière naturelle entre la veille ville et son prolongement plus récent constituant la Ville Neuve…
On trouve ici le long cheminement de murailles en brique rouge bordée par la rue Podwale (sous le Rempart), ancienne enceinte fortifiée avec les coupures de la Tour de la Poudre et de la grande Barbacane gothique. Ce mur de défense, bâti en 1548, est long de 1200 mètres. Aujourd’hui, ces remparts relient la Vieille Ville à la partie moderne de Varsovie…
L’enceinte continue vers l’est brusquement interrompue par une statue de Hegel représentant la Sirène des armoiries de Varsovie, statue érigée après la 2ième Guerre mondiale et d’où l’on a une belle vue de la Vielle Ville. Pour défendre la ville, la Sirène tient dans ses mains une épée et un bouclier…
La place du château, esplanade d’accès à l’ensemble royale, est une place unique qui pourrait faire office de « salon » de Varsovie où aboutissent sept rues différentes. La colonne de Sigismond (1644) se dresse presque au centre. Elle supporte la statue en bronze du roi Sigismond III Vasa qui fit de Varsovie la nouvelle capitale de la Pologne…
Sur le chemin du retour nous passons par la Ville Neuve. Nous visitons le Palais de la Culture, puis le Tombeau du Soldat Inconnu sur la place Pilsudski. Elle se situe sur les ruines de l’ancienne colonnade du Palais de Saxe, détruit lors de la dernière guerre. Le Tombeau du Soldat Inconnu est un lieu de pèlerinage permanent pour tous les polonais…
La chemise blanche, après deux jours, vire au gris. Il n’est plus possible de se présenter en salle à manger sans attirer l’œil suspicieux du maître d’hôtel qui veille au respect des traditions. C’est dans la chambre que nous festoyons devant un bon repas digne d’un restaurant cinq étoiles, avec vin de bordeaux, excusez-nous du peu !…
En fin d’après-midi, assis dans les confortables fauteuils du hall de l’hôtel, nous attendons patiemment notre taxi. Notre regard vagabonde, à travers la baie vitrée, sur la voie royale. Notre mémoire nous rappelle ces grands Polonais qui ont fait l’histoire de ce pays. Le prince Joseph Poniatowski, l’écrivain Boleslav Prus, le Prima de Pologne Wyszynski, Copernic, Paderewski et Chopin sont encore là pour nous faire comprendre le caractère exceptionnel de cette Voie Royale…
C’est le moment que choisie notre bonne veille « Samsonite» pour réapparaître, notre hôtesse « taxi » aussi. Elle nous conduit rapidement à l’aéroport. Scandalisée par le fait que notre valise arrive le jour de notre départ, elle nous conduit au bureau de réclamation de la KLM et nous fait obtenir une indemnité de 5500 Zloty. Soudain on nous appel à l’embarquement. Nous n’avons plus le temps de changer nos Zloty, alors nous les lui offrons (cela correspond à deux mois de salaire d’un fonctionnaire). Nous courrons vers la salle d’embarquement sous le sourire plein d’amour de cette femme reconnaissante. C’est aussi çà l’aventure !…
Commentaires
wahoo mais dite donc que de superbe voyage.....
vous avez du en voir du pays comme on dit.....
mille merci de nous en faire profiter a travers vos recit .....on s'echappe de notre routine ....
je vous fait de gros bisous et vous souhaite un tres bon week end
bises a vous 2 isa
dépaysement total le temps de lire votre article, les photos sont merveilleuses de justesse, donc merci beaucoup. P.S. vous êtes sûr que c'est Chopin la musique tout en haut ??? Mais c'est joli quand même ♥ ♥