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    Entre Marseille et Prague il n’y a que deux heures de vol, mais il faut passer par Lyon (les mystères de l’aéronautique). Il nous faut donc attendre une heure de plus ! Nous sommes accueillis à l’aéroport par notre guide Marketa : un coup de cœur ! Blonde platine, environ 25 ans, dos nu et mini-mini jupe « Oua-Ou ! ».

 

    La circulation est difficile dans la capitale, il nous faut deux heures pour rejoindre notre hôtel (Top hôtel), une usine à touristes, copie du gigantisme soviétique. Les couloirs ressemblent aux couloirs du Métro parisien aux heures de pointe, quant à la salle à manger, c’est un hall de gare où plus de 1000 couverts sont servis…
   

 
    La République Tchèque a fêté ses douze ans en janvier 2005, mais Prague n’a pas d’âge. C’est une capitale très ancienne au cœur d’un pays tout neuf. Redevenue si proche, elle reste toute entière à redécouvrir. Son histoire s’est accélérée depuis 1989, l’illusion communiste laissant la place à une société avide de changements, et où l’option économique prédomine, insistante, parfois pesante. Autres temps, autres mœurs, nouvelles illusions ?…

    Comme toute ville occidentale, Prague la slave a désormais ses clochards. Etouffés par quarante années de dictature, les Tchèques cherchent à retrouver une identité perdue. Peut-être pour compenser l’omniprésence du voisin allemand, l’attrait pour le modèle américain n’a jamais été aussi fort…

 

    Nous débutons notre visite par la place de la vieille ville. Le décor de palais, de tours, de clochers fait de ce cœur de la cité un lieu à la fois recueilli et ouvert. Ouvert sur la couleur des façades comme celle, d’un rose presque vif, du palais Kinsky. Ouvert sur l’exubérance des formes architecturales, sur l’accueil souvent musical des nombreuses terrasses des cafés qui cernent la place…
  

    Nous nous asseyons pour prendre notre premier chocolat chaud (notre première bière). Puis après avoir considéré, avec tout le respect qu’elle mérite, la très ancienne horloge astronomique de l’Hôtel de ville (15ième siècle), nous montons à sa plus haute tour pour saisir l’enchevêtrement des toits, la richesse de la ville « aux cent clocher » et de comprendre pourquoi tant de poètes ont été ensorcelés par Prague, ce « rêve de pierre »…
     

    Peu à peu, nous empruntons le très fameux Karluv Most (le pont Charles) qui relie la vieille ville au quartier de Malá Strana. Ici, comme dans l’ensemble de la ville, tous les styles, toutes les époques se juxtaposent, s’enrichissent, pour aboutir à un baroquisme dont le pont Charles est l’exemple le plus frappant. Des tours gothiques, des statues d’un délire époustouflant et, dès l’approche de Malá Strana, des dômes, des palais et les hautes silhouettes élégantes du château royal et de la cathédrale Saint-Gui, du monastère de Strahov et de Notre Dame de Lorette…
   

 
    Il y a aussi sur ce pont extraordinaire, une ambiance joyeuse assurée par de multiples artistes, baladins, musiciens, amuseurs publics et petits vendeurs qui retiennent les promeneurs sur cette scène large de 10 mètres et longue de 50 mètres, suspendue au-dessus de la rivière Vltava. Nous poursuivons vers l’église de Saint-Nicolas, l’exemple le plus fou de l’art baroque. Une débauche à nulle autre pareil d’or, de couleurs, de formes, de coupoles, d’angelots, de personnages cavalcadant au travers des nuées…
     

    Au numéro 22, c’est celle de Kafka, le plus célèbre enfant de la ville. De là, quelques pas suffisent pour rejoindre la rue Nerudova et la fameuse maison de thé U Zelenébo Caje (au n° 19). La rue Celetna, l’une des plus ancienne de Prague, et la rue Zelezna où se trouve le Carolinum puis, promenade jusqu’à la place de la république où se dressent la Maison Municipale et la Tour Poudrière qui marque l’entrée de la veille ville…
     

    Nos soirées seront consacrés aux plaisirs de la musique Dans cette ville qui sut accueillir et chérir Mozart, elles sont partout : au coin des rues, au café, à la taverne, au restaurant, à l’église, au musée…puis nous clôturons notre séjour à Prague par une promenade en bateau mouche sous la voûte étoilée, romantisme oblige…
     

    Au petit matin nous quittons Prague par le sud pour rejoindre la station thermale de Karlovy Vary. Sur la route nous faisons étape dans une manufacture, pour voir la production du cristal de Bohème dont la tradition remonte au Moyen Age. Ces pièces de toutes formes et couleurs, souvent gravées ou taillées, ont une réputation mondiale…
     

    Toute auréolée du charme typiquement Europe centrale, Karlovy Vary voit défiler des touristes et des curistes plus friands de nostalgie austro-hongroise que de l’eau de ses 12 sources, chaudes et thérapeutiques. Située dans une étroite vallée, la ville est divisée par la rivière Teplá (chaude). C’est la terre d’élection des touristes allemands, qui viennent ici faire leurs achats, se restaurer et profiter des eaux à moindres frais. La station s’enorgueillit d’avoir accueilli les personnalités les plus illustres, du tsar de Russie Pierre le Grand à l’impératrice Marie-Thérèse, mais également des artistes, écrivains, musiciens ou poètes comme Gœthe, Schiller, Dvořak, Chopin, Liszt ou Chateaubriand qui cherchaient ici l’inspiration tout en soignant leur foie et leurs artères. Nous nous sommes laissé imprégner par le mélange harmonieux d’hôtels somptueux, de bâtiments thermaux majestueux et d’idylle piétonnière dans une vallée verdoyante au grès des gobelets d’eau chaude thérapeutique…
     

    La journée commence par la chapelle sur la colline Svatá Hora à Pribram, le plus connu des lieux de pèlerinage de la République Tchèque. Nous poursuivons par la visite du château de Hluboka, le plus apprécié du pays : ce château fort a subi des transformations successives aboutissant à son étonnante architecture finale de style gothique romantique Tudor rappelant le château de Windsor. La visite de l’intérieur nous permettra d’apprécier la richesse des meubles précieux, des lustres en cristal et des boiseries sculptées…
     

    Dans la soirée, sur la route de Pisek, nous faisons un arrêt pour visiter la brasserie de Budvar. Au milieu des odeurs d’orge de la région de Hama et de houblon de Žatec nous découvrons le secret de la fabrication de la bière, l’une des plus célèbres marques de Tchéquie : la Budĕjovickỷ. Tour à tour dans les caves fraîches (3°) de l’usine nous dégustons des bières à 12° fabriquées pour la Russie et des bières plus classiques à 4,5° et 7,5° à la mousse onctueuse « Bonjour les dégâts ». Un goût amer et fort que nous garderons en bouche jusqu’à notre hôtel…
   

 
    Ce matin nous partons sous une pluie battante pour visiter jindrichuv Hradec et Trebon. Nous faisons tout d’abord un petit arrêt à Halasovice, village protégé par l’Unesco. Ensuite nous poursuivons vers la pittoresque petite ville bohémienne de Jindrichuv Hradec, où furent préservés de nombreux édifices religieux et des maisons de style gothique, renaissance et baroque. Le soleil fait son apparition au moment du déjeuner que nous prenons dans une auberge au décor bavarois : rôti de veau qui baigne dans une sauce rouge, accompagné de pommes de terre grossières (heureusement que la bière coule à flot)…Après la visite du château nous nous dirigeons vers Trebon, une pittoresque ville située dans un paysage de plaines irriguées par de nombreux étangs…
     

    C’est encore une matinée pluvieuse qui nous attend pour notre dernière journée en Bohème du sud. La route qui longe la charmante vallée de la Vltava (Moldau), nous permet d’apercevoir, derrière un rideau de pluie, la majestueuse silhouette du château de Rozmberk perché sur une colline. La chance nous sourit car le soleil refait son apparition au moment où nous franchissons les portes de la superbe ville de Cesky Krumlov. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, elle a su préserver son charme et son caractère, ses nombreuses maisons typiques presque toutes restaurées, ses ruelles typiques, ses ponts féeriques, ses recoins pittoresques et son château avec le beffroi couvert de fresques en trompe l’œil…
     

    Nous flânons toute l’après-midi dans ce lieu idyllique considéré comme la perle de la bohème. Puis vient le moment du repos et, c’est tout naturellement que nous nous retrouvons sur une terrasse au bord de la Vltava, avec comme décor les arches du château qui surplombe la ville, à déguster les dernières pintes de bière slave…
     

    Très tôt le matin (2h30) nous quittons notre hôtel pour une longue route qui nous ramène à Prague où notre vol est prévu à 6 heures…

    Quand le premier rayon de soleil, tel un javelot, perce la nuit et que nos yeux se réveillent, des tableaux défilent. Le charme de Prague est à la fois immense et indéfinissable. Il est plus que jamais léger et vaporeux. Alors nous imaginons que sur la place Wenceslas le turbulent Kafka et le talentueux Dvořak lèvent leurs verres en s’écriant : « Que Dieu nous donne le bonheur et de la bonne bière ! ». Nous garderons encore longtemps après notre retour leur souvenir car il s’agit ici d’un rêve de bohème…

 

Andrée et Armand,