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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 06-02-2009 à 09:13:54

AVOIR LA GORGE TRANCHEE, DU RITUEL A L'ECHAFAUD ?



    Dans l’instruction au premier grade, le VM demande à l’Apprenti : « Que signifie ce signe ? » et l’Apprenti répond :  « Que je préférerais avoir la gorge tranchée plutôt que de révéler les secrets qui m’ont été confiés ».

    Ce signe, empreint d’un symbolisme puissant, que nous pratiquons tous par habitude dans nos Loges m’a sérieusement agité quand j’ai découvert au hasard de mes lectures que Joseph Guillotin était un Frère. Me voilà donc devant un Frère qui a participé politiquement à l’avènement de la Révolution Française, alors que mes connaissances ne le situait qu’au rang d’inventeur de la célèbre Guillotine.

    Il est vital, pour faire un bon travail de recherche, de reconnaître ses ignorances et d’admettre qu’on s’est laissé mystifier temporairement. Alors, si les Francs-Maçons reconnaissent avoir participé activement au mouvement le plus libérateur de la condition humaine, que penser d’un Frère tel que Joseph Guillotin traversant sans difficultés apparentes les strates de cette histoire.

    Comme tous signes qui se donnent à voir, je n’ai pu m’empêcher de parcourir cette histoire et de faire vagabonder ma pensée sur l’acte qu’accompli l’impétrant Guillotin lors de son initiation dans la RL La Parfaite Union à l’Orient d’Angoulême. Deux questions me brûle les lèvres : Le Frère Guillotin s’est-il inspiré de la symbolique maçonnique pour inventer sa Guillotine ? Et, est-ce que la Guillotine qui l’a rendu célèbre ne l’a pas éloigné du GADLU ?

    En effet quelques années plus tard, sur les parvis du Temple de la RL La Concorde Fraternelle à l’Orient de Paris, on peut imaginer que le souffle d’hermès pousse involontairement vers nos oreilles la suppliques des Apprentis, Compagnons et Maîtres qui récitent avec ostentation : « Je dépose avec courage mes métaux à la porte du Temple ; je me rappel sans défaillance mes mots, gestes et attouchement ; je travaille avec sacerdoce le Rituel ; je pratique le symbole avec humilité ;  je manie le verbe avec justesse et j’observe le silence avec respect pour ne pas être parjure car Joseph Guillotin est le Maître de la Loge »…

    Entrons donc dans l’histoire avec mes premières investigations dans sa généalogie :

    Les traces des premiers Guillotin apparaissent au 16ième siècle en Saintonge, particulièrement dans l’île d’Oléron en Charente Maritime, où l’un des premier pasteur protestants est Alexandre Guillotin, envoyé de Genève en 1559 pour fonder le temple de Saint-Pierre d’Oléron.

    Jacques Guillotin son descendant est mieux connu. Il est négociant à Saint-Denis d’Oléron vers 1630. François Guillotin fils de Jacques devient maître chirurgien à bord du vaisseau le Saint-Louis. Colbert le nomme général des galères de France, puis Maître chirurgien de la Maison royale. Il meurt à l’âge de 40 ans, en 1690, laissant deux fils, François, marchand à Dolus et René-Louis, conseiller du roi, procureur au Présidial. Ce dernier vit à Saintes avec sa femme et ses 5 enfants, dont l’aîné, Joseph-Alexandre, né en 1704 sera le père du futur médecin et député.
    Joseph-Alexandre a hérité de l’office de son père. On le dit à la fois intègre et bourru. En 1723, il quitte Saintes pour s’installer à Barzan. En août de l’année suivante, il épouse Catherine-Agathe Martin, fille de Pierre Martin, juge sénéchal de Saint-Denis d’Oléron. il est élu procureur du roi par ces collègues et devient l’un des plus hauts fonctionnaires de cette bonne ville de Saintes. Joseph-Ignace Guillotin, fils de Joseph-Alexandre et de Catherine-Agathe voit le jour le 28 mai 1738 dans la demeure familiale rue Saint-Pierre à l’angle de la Grande Place.
 
    On le décrit comme un enfant au teint blême, aux sourcils drus, peu gracieux. Taciturne, fermé, silencieux, il ne fréquente guère les compagnons de son âge, se mêle à peine à leur jeux. Il s’inscrit au collège jésuite de la ville pour y apprendre les rudiments du latin, de la poésie, de la grammaire, de la philosophie, de l’arithmétique et de la rhétorique. Studieux et attentif, doué d’une mémoire heureuse et d’un goût prononcé pour l’étude, ses maîtres le regardent comme un  bon élève, seulement un peu concentré en lui-même, ce qui, avec son acharnement au travail, sera la caractéristique de toute sa vie.

    Il entreprend des études théologiques préliminaires à Bordeaux, dans la Société de Jésus fondée par Ignace de Layola. Il professe au collège des Irlandais, qui appartient aux Jésuites et entreprend le 11 décembre 1761 une thèse sur l’accouchement pour laquelle il est reçu maître ès arts à l’Université de Bordeaux, le 20 décembre de l’année suivante.

    Au début de 1763, il ne se sent subitement plus aucune vocation religieuse. Imprégné de sentiments d’humanisme, il part sur Reims pour se livrer à l’étude de la médecine pendant quatre années à l’ombre de la cathédrale. Le 7 janvier 1768, il est reçu docteur et monte à Paris pour intégrer la faculté de Médecine. Sur les bancs de la faculté, il entame cinq ans de vie studieuse, travaillant avec ardeur, et profitant le l’enseignement de ses maîtres, parmi lesquels on compte le célèbre Antoine Petit, le plus habile professeur de son temps.

    Le 27 août 1770, Joseph est reçu docteur régent, suprême dignité médicale à cette époque, et, le 20 octobre suivant, obtient des mains du docteur Poissonnier, le bonnet de docteur, grâce à son remarquable mémoire « Observation de Monsieur Guillotin sur la rage ». Ce mémoire fait voir dès lors tout ce que sera par la suite Joseph : d’un scepticisme modéré, d’une logique sûre, d’un laconisme clair. Il présente ni plus ni moins l’une des principales idées que l’on retrouvera un siècle plus tard chez Louis Pasteur.

    Je résume donc : c’est le 9ième enfant d’une fratrie bourgeoise qui entreprend des études théologiques par obligation familiale. Après sept ans chez les Jésuites, Joseph-Ignace, élève brillant abandonne la soutane, et en 1763, se tourne vers la médecine, d’abord à Reims par manque de moyens financier, puis à Paris grâce à ces relations. Car il fréquente les loges maçonniques dont l'esprit de progrès et de liberté séduit les savants à la recherche de la vérité. Une situation banale pour les dirigeants de l’époque !

    Continuons nos investigations.

    Joseph Guillotin a reçu la lumière dans une loge de La Parfaite Union d’Angoulême, près de sa ville natale de Saintes, lorsqu’il n’était pas encore parti étudier à Bordeaux. Sa ferveur maçonnique lui a rapidement valu l’estime de ses Frères. En quelques années, il s’est successivement affilié aux Cœurs Réunis à l’Orient de Nantes, à la Sincérité à l’Orient de Saintes, aux Vrais Frères à l’Orient de l’île d’Oléron, à la Parfaite Amitié à l’Orient de Rennes, puis en mars 1772, deux ans après avoir obtenu son bonnet de docteur régent, à la loge parisienne de Saint-Lazare du Contrat Social, présidé par le VM Lazare Philibert Bruneteau, homme lunatique et extravagant.

    Deux ans plus tard, il quitte la Loge de Saint-Lazare du Contrat Social pour entrer au Grand Orient de France, rue du Pot de fer, où il restera jusqu’à sa dissolution provisoire par la Convention, en 1793.

    Le duc Charles-Sigismond de Montmorency-Luxembourg en est alors l’Administrateur Général. Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, duc de Chartres en est le Grand Maître. Ils accueillent Guillotin avec une politesse et une exaltation touchantes. En 1777, Montmorency-Luxembourg fait même l’honneur au médecin de le nommer Orateur de la Chambre des Provinces. Guillotin a accepté sa nomination avec une sincère émotion. Malgré sa timidité qui deviendra légendaire, il ne craint pas les responsabilités et se montrera digne de remplir cette fonction maçonnique.

    Il gagne l’amitié du physicien américain Benjamin Franklin aussi rapidement qu’il a conquis la confiance de Montmorency-Luxembourg. Ils s’accordent pour que les réunions du Grand Orient se déroulent la plupart du temps chez Franklin, à Passy, dans son hôtel de Valentinois.

    Le charisme du physicien lui attire toutes sortes d’hommages. Le cardinal de Rohan, célèbre pour son implication dans l’Affaire du Collier de la reine, organise des fêtes en son honneur ; le médecin Jean-paul Marat lui soumet des expériences de physique ; Brissot de Warville, depuis sa ville de Chartres, l’interroge sur le Nouveau Monde ; un jeune avocat d’Arras du nom de Maximilien Robespierre lui dédiera son premier plaidoyer. Parmi d’autres Frères du Grand Orient, on trouve Condorcet, Sieyès ou Bailly.

    Tout en restant Orateur de la Chambre des Provinces, Guillotin, accumulant les fonctions maçonniques comme il a accumulé les titres de médecine, devient Vénérable Maître de la RL La Concorde Fraternelle à l’Orient de Paris.

    C’est en simple compagnon qu’il entre également aux Amis Réunis, Loge créée par Jean-Louis de Salignac, marquis de La Mothe-Fénelon, neveu de l’écrivain et évêque de Cambrai. Cependant, Guillotin, plus défiant et sceptique qu’exalté, ne s’enflamme pas pour la « cause alchimique ». Il vient aux séances des Philatèthes mais choisit de revêtir le rôle prudent d’observateur, laissant à ses compagnons le soin de chercher la Pierre philosophale.

    La aussi une situation tout à fait banal : au siècles des Lumières un grand nombre de Frères papillonnent, pardons voyagent de Loge en Loge au grès des amitiés construites dans le paraître.

     Poursuivons donc nos investigations.

    "Le couteau tombe, la tête est tranchée à la vitesse du regard, l’homme n’est plus. A peine sent-il un rapide souffle d’air frais sur la nuque." C’est par ces mots prononcés le 1er décembre 1789, à la tribune de l’Assemblée Constituante dont il était député que le Dr. Guillotin est entré - malheureusement pour lui - dans l’histoire. Cette évocation lyrique fit bien rire l’assemblée, qui n’imaginait bien sûr pas qu’un bon nombre de ses membres devraient par la suite apprécier à leur tour la fraîcheur de ce petit courant d’air.

    Rien ne prédisposait Joseph-Ignace Guillotin, médecin, professeur d’anatomie, et député de Paris à laisser cette aura sanglante associée à son nom.

    Imprégné de l’esprit du Siècle des Lumières, il était monté à la tribune de l’Assemblée pour évoquer pour la première fois l’uniformisation de la peine capitale, quel que soit le rang social ou le genre de crime commis. Sans ce souci égalitaire, il serait simplement passé à la postérité comme celui qui le premier avait demandé le déplacement de l’Assemblée dans la Salle du Jeu de Paume, avec les suites que l’on connaît...

    Plus tard, le 20 janvier 1790, il déposa un projet qui prévoyait un mode d’exécution égalitaire, par décapitation, de tous les condamnés à mort : plus de pendaisons, de bûchers, de supplices de la roue, d’écartèlements, de supplices raffinés etc. « Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l’état du coupable », écrit-il dans son projet de loi.

    Le 3 juin 1791, l’Assemblée Constituante d’accord avec ce principe décrète que « tout condamné à mort aura la tête tranchée ».

    La contribution du Dr. Guillotin s’arrête là, et le reste de son travail au service de la nation sera de tenter, en vain, de réformer les hôpitaux et de mettre en œuvre le premier programme de Santé Publique.

    Répondant à une "offre de marché" de l’Assemblée Nationale, c’est le Dr. Antoine Louis qui perfectionne une machine préexistante en Italie, aidé d’un mécanicien allemand, Tobias Schmidt. L’utilisation d’un couperet vertical de forme trapézoïdale mû par la simple force de la pesanteur lui permettra de remporter le marché.

    Cette belle mécanique de précision eut un certain succès à l’exportation car la Suisse, la Suède, la Belgique et l’Allemagne l’utilisèrent définitivement à leur tour...

    Comme l’on sait, le « Rasoir national » ou la « Veuve » eut rapidement beaucoup de pain sur la planche... à découper, et fonctionna jusqu’à l’abolition de la peine de mort à la complète satisfaction de ses utilisateurs, ceux qui étaient du bon côté du couperet s’entend !

    Si la machine fut d’abord appelée « Louisette », ou "Louison" en l’honneur de son véritable inventeur, il semble que de sombres démêlées du Dr. Guillotin avec des journalistes parlementaires assistant aux débats de l’Assemblée et qui ne se tenaient pas suffisamment "bien" à son goût, les aient poussés à associer son nom à la nouvelle "machine à raccourcir".

    Il tentera tout au long de sa vie de faire "rendre à César ce qui était à César", mais en vain...

    Sa fin ne fut pas celle qu’on lui prête souvent, à savoir mettre à son tour la tête à la petite lucarne, mais plus banalement dans son lit : il mourut d’une septicémie consécutive à un anthrax à Paris le 26 mars 1814. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise.

    Comble de malheur pour cet homme plein de compassion, l'imaginaire collectif donna, à un instrument de mort, le nom de guillotine, qu'il ne cessera d'appeler " la tache involontaire de ma vie ".

    C'est ce qui fera dire à Victor Hugo : " Il y a des hommes malheureux. Christophe Colomb ne peut attacher son nom à sa découverte ; Guillotin ne peut détacher le sien de son invention ".

    A la fin de mes investigations mes deux questions restent sans réponses. Mais est-ce que je me suis posé les bonnes questions ? La, est toute la question ? Alors mes Sœurs et mes Frères je m’en remet à vous. Mais attention lorsque vous allez vous lever, la main sur la gorge ne faites pas de gestes brusques. On ne sait jamais !
 
Jakin,
 
 

Commentaires

TAOMUGAIA le 07-02-2009 à 18:39:37
Remarquable article !

Bravo !

Républicain convaincu, le frère Guillotin avait eu aussi le souci d'aller vite dans les exécutions (cf l'épisode de la Terreur).

L'égalité devant la mort pour les ennemis de la République !

Tu as tout dit.
CHANA le 07-02-2009 à 08:20:29
KIKOU ,


TE VOILA " REVENU , C'EST SUPER !!!! ALORS, JE PASSES TE FAIRE UN BISOU TOUT GELE DES YVELINES.. BRRRRR!!!!!!!

A TRES BIENTOT


CHANA

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stephy46 le 07-02-2009 à 01:51:08
Kikou Jakin, je viens te souhaiter une douce nuit. Depuis ce soir, les enfants sont en vacances, cool et vive les grasses mat.

Je te fais de gros bisous.


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vivrenotreamour le 06-02-2009 à 23:05:25
je passe te souhaiter une bonne fin de soirée

demain va être calme la journée les enfants son chez leur pére

je vais en profiter pour faire mon ménage a fond c'est plus facile quand ils sont pas là

bon début de week-end a toi

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a demain bis patricia
rosetina le 06-02-2009 à 15:00:06
Bonjour Jakin merci pour ces précisions, j'en ai froid dans le dos en te lisant..

Bisous Rosetina ♥.
fleur8 le 06-02-2009 à 09:57:54
Bonjour, je passe te souahiter un bon week-end! bisous
blog bonheur le 06-02-2009 à 09:47:48
Je passe pour te souhaité une très bonne journée j'espere que tu vas bien ?

Ici en Alsace il fait gris smiley_id119177

Bisous


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galerieangie le 06-02-2009 à 09:17:03
ok pour le conseil!!!!lol

passe une agréable journée et bisous