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Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 08-05-2009 à 09:41:46

SUR LES TRACES DES TEMPLIERS DU LARZAC...

 

 

 

 12 – Aveyron, St Martin des Faux du 20 au 23 avril 2009           


     

    Sur 200 kilomètres du nord au sud, l’Aveyron déroule ses contrastes, enjambe les torrents, survole les prairies. L’air s’y engouffre de toutes parts, au carrefour des influences océanes et méditerranéenne. Au sud du Massif Central, le département a le cœur partagé entre Aquitaine, Languedoc et Auvergne. C’est un lieu de rencontre où la bise et l’autan délimitent sans retenue leurs territoires. Mais l’alchimie de l’Histoire a modelé une identité forte comme pour mieux marier les différences qui expriment la richesse.
 


    Laguiole forge ses couteaux et stimule les papilles par sa gastronomie étoilée. Millau signe les gants de la haute couture. Des crêtes du Lévézou aux causses de Saint Afrique, les brebis de Roquefort font le lait d’un fromage magique. Les veaux du Ségala et les vaches de l’Aubrac occupent pentes et plateaux, parcours ancestraux, empruntés aujourd’hui par les marcheurs ou les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.
 


    On arrive et on comprend. Comme si la nature avait décidé de combler ce territoire, de lui accorder un petit plus. Et comme si les hommes avaient décidé de l’accepter et  de le cultiver. Avec cette fierté de faire découvrir ce paysage changeant qui inspire et étonne. Il ne faut pas traverser, il faut s’arrêter… respirer, goûter l’Aubrac et le Larzac avec leurs plateaux impressionnants de sérénité, de végétation riche et complexe à perte de vue, les vallées verdoyantes et colorées… les terres rouges, ocres et chargées d’histoire. Se plonger dans les lacs et les rivières chantantes. Ecouter les pierres qui ont vu naître et courir les bâtisseurs d’antan, et qui vous content l’amour des habitants pour la beauté de leurs châteaux et de leurs villages…
       


    Trois heures quinze et 310 kilomètres d’autoroute et de routes pittoresques sont nécessaires pour approcher St Martin des Faux. On quitte Aix en Provence ; autoroute A7 direction Lyon, sortie Arles puis voie rapide et autoroute direction Montpellier ; sortie St Jean de Védas ; voie rapide et autoroute direction Millau, sortie St Beauzély, traversée de St Beauzély, Bouloc, Salles Curan. On longe le lac de Pareloup puis sur la droite une longue route montante nous dépose au centre du village de St Martin des Faux (50 habitants). En face d’une église fortifiée l’hôtel « Aux Berges de Pareloup » nous accueil dans un brouillard à couper au couteau…
      


    C’est une bâtisse moderne du 20ième siècle sur deux niveaux, aménagée avec goût par les propriétaires. Cet établissement est dirigé par la Famille Terral-Coste. Martine qui est derrière les fourneaux nous propose une cuisine soignée avec des spécialités du pays. Le vin a la couleur de l’encre, mais nous sommes dans le Lévézou. La chambre, ouvrant sur une petite ruelle nous offre le confort dans la simplicité. Le calme et la tranquillité du paysage : Mélèzes et Lac, seront la toile de fond de notre étape aveyronnaise…
     


    Le premier contact avec l’Aveyron se fait par un géant de l’architecture : le Viaduc de Millau. Le temps est couvert et une légère pluie bruine dans l’air mais la vue est impressionnante. Record mondial de hauteur, avec des pylônes culminant à 340 mètres (plus haut que la Tour Eiffel) et long de 2 460 mètres, le Viaduc effleure la vallée du Tarn en neuf points seulement. Il a été dessiné par l’architecte anglais Lord Norman Foster…
     


    Le deuxième contact sera l’immensité du Lac de Pareloup : une mer intérieure. Il se situe à proximité de la commune de Salles-Curan à une altitude d’environ 800 mètres. C’est le plus grand lac de la région Midi-Pyrénées ! Cette retenue d’eau artificielle fait partie d’un aménagement hydraulique qui alimente une puissante centrale électrique sur le Tarn. Elle s’étend sur une superficie de 1.240 hectares. Le lac offre 100 kilomètres de rivages en pente douce propices à la pêche et à tous les sports nautiques, mais aussi à la baignade. Il possède même des grands fonds et des plages…
     


    Et le troisième contact de la journée sera Saint Martin des Faux : Un village miniature avec une grande rue, deux hôtels, une église fortifiée avec un carillon qui sonne toujours et quelques maisons traditionnelles recouvertes d’ardoises. C’est en réalité un quartier de la commune d’Arvieu qui s’émancipe. Le brouillard tenace et la pluie fine auront raison de notre envie de découverte. Nous passerons l’après-midi dans notre chambre à regarder la télévision et les nuages menaçants…
     


    Ce matin, le temps est toujours menaçant cependant le brouillard qui monte du lac de Pareloup est moins dense. Pendant le petit déjeuner nous préparons notre circuit, en dix étapes, qui nous fera découvrir au fil de l’eau le pays des lacs et le Lévézou. Tout comme l’a fait dans sa plus tendre enfance Jean-Henri Fabre, nous partons, sur ses traces, à la découverte d’une nature riche et préservée. Son sens de l’observation et son goût pour la nature l’on conduit à être l’un des plus célèbres entomologistes mondiaux…
     


    Première étape : Salles-Curan. C’est une commune rurale essentiellement agricole, d’élevage ovin et bovin. La forêt est également présente sur le territoire avec, en particulier, les massifs de La Grave et du Bastit, composés essentiellement de feuillus et de résineux. Lieu chargé d’histoire lié aux évêques de Rodez, Salles-Curan possède un riche patrimoine, dont trois monuments remarquables : Le château des évêques, l’église collégiale et le « Grenier de Monsieur ». C’est également la patrie du peintre et poète Eugène Viala (1859 - 1913), graveur aquafortiste et poète, amoureux du Lévézou.
     


    La seigneurie de Salles-Curan comprenait dix paroisses. Les évêques de Rodez en ont été les seigneurs de 1235 à la Révolution française. A la Renaissance un programme est lancé pour embellir le bourg : en 1441 le nouveau château seigneurial (actuellement hostellerie du Lévézou) est construit hors les murs. En 1451 l’ancienne forteresse carolingienne est rasée et à sa place est édifiée la chapelle de l’évêque, qui deviendra par la suite église collégiale. Les armoiries de Guillaume de La Tour d’Oliergues, ancien évêque de Rodez, figurent au-dessus de l’ancienne porte en arc brisé munie d’une herse. Demeurent un escalier à vis, de puissantes salles voûtées et la salle des gardes.
     


    Vers 1480 sont construits le « Grenier de Monsieur » et le four banal. Le bourg formait alors une enceinte continue faite de maisons fortes et entourée de fossés. Trois portes en  contrôlaient l’accès :  la porte Saint Géraud, la porte de Fongousse et la porte Notre-Dame. Le « Grenier de Monsieur » : c’est l’ancien grenier général des évêques de Rodez où les grains provenant des impôts étaient stockés. De remarquables fenêtres à meneaux le caractérisent.
      


    L'église : les armoiries de François d’Estaing, ancien évêque de Rodez, figurent au-dessus du portail d’entrée. Des stalles ornées de miséricordes fantaisistes clôturent le chœur en forme de jubé. On peut y admirer de remarquables vitraux…
     


    Deuxième étape : la croix templière des Canabières. Adémar, évêque de Rodez, donna à l'hôpital de Jérusalem et à Gérard, serviteur de Dieu et procureur des pauvres de Jésus-Christ, l'Eglise de Sainte-Marie-de-Canabières, qui dépendait de la mense épiscopale. Cette dernière fut complétée par la cession que fit Aldebert de Malvass de ses droits sur ce territoire ; l'évêque Adémar et Raymond de Luzençon y ajoutèrent la seigneurie du Pered (Bouloc).
     


    Église des Canabières, ancienne commanderie de l'ordre Hospitalier de Saint Jean de Jérusalem. Cette commanderie comprenait la seigneurie spirituelle et temporelle du lieu de Canabières et de ses dépendances, Saint-Jean-de-Bouloc, Canet, Bellegarde, le domaine de Bolhac, le fief d'Aboul, la seigneurie spirituelle et temporelle de la paroisse de Tauriac, de son annexe, Saint martial, et enfin de la Clau, ancienne Maison du Temple réunie à celle des Canabières au 15ième siècle. En 1120 le premier Commandeur se nomme Pons et le dernier en 1789 sera Dominique Gaspard balthazar de Gaillard d’Agoult…
     


    Troisième étape : Castelnau Pegayrolles. Accroché sur le versant sud du plateau du Lévézou, le village domine de ses 800 mètres le magnifique paysage de la vallée de la Muse et un immense panorama sur les Causses qui s'étend à perte de vue, des Cévennes à la Montagne Noire.
      


    Ce village de grès rose, bâti en forteresse autour de son château, est resté quasiment intact derrière ses remparts et a traversé les siècles depuis l’époque des chevaliers.
    

 

    Le château, l'un des plus anciens châteaux forts du Rouergue, les 2 églises à la grandiose simplicité et le magnifique Prieuré sont des témoins de la splendeur de l'art Roman. Ils évoquent les grands moments de l’histoire de France, tandis que les rues et l’enchevêtrement des vieilles maisons de pierre évoquent la vie quotidienne des temps anciens.
     


    Un étonnant ensemble hydraulique du Moyen âge alimentait Castelnau en eau, contrôlait l'irrigation des champs et surtout faisait fonctionner trois moulins…
     


    Quatrième étape : Saint Beauzély. Toujours dans la vallée de la Muse, ce village fut longtemps le pays des tailleurs de pierres et de bâtisseurs à qui sont dus de nombreux bâtiments du Sud Aveyron. C’est aussi un lieu où dolmens, vestiges de temples gallo-romains et voie romaine témoignent d'un habitat très ancien. Groupé autour de l'église et cité dès 1082, il tire son nom de Saint-Baudile, patron de la paroisse.
      


    Le château existait au 12ième siècle et a été réaménagé au 16ième siècle. Ses deux corps de bâtiments avec mâchicoulis et fenêtres à meneaux ouvrent chacun sur une belle porte à fronton triangulaire. S'appuyant sur le château, la porte de la Madeleine enjambe la rue. Elle témoigne des anciens remparts…
      


    Cinquième étape : Vezins de Lévézou. Sur le plateau du Lévézou, à 28 km de Millau et à 45 km de Rodez, le village est assis au pied de son château féodal, dont les origines remontent vers 1150 et qui appartient à la famille "De Lévézou de Vezins" depuis 800 ans…
      


    Les douze coups de Midi sonnent au carillon de notre estomac quand sur la route nous découvrons enfin un petit restaurant de village « le Beau Vallon ». L’accueil est sympathique et le repas du jour alléchant. Aussitôt assis, une trentaine de gamins de l’école voisine débouchent dans la salle et s’installent avec grand bruit dans une salle attenante. D’un coup de baguette magique le restaurant se transforme en cantine. C’est cela aussi l’aventure…
     


    Sixième étape : Saint-Léons. Le village se trouve lui aussi dans la vallée de la Muse qui coupe le flanc sud du Lévézou. Le climat y est doux et la végétation luxuriante. C'est à un ermite venu d'Aquitaine que Saint-Léons doit son nom. Il y fonda un monastère bénédictin. Il reste du monastère quelques éléments architecturaux et le tombeau présumé de l'illustre fondateur, Léoncius.
     


    Le château, ancienne demeure du Prieur domine le village et la maison natale du célèbre entomologiste, Jean Henri Fabre.
      


    De nombreuses fontaines alimentaient le village en eau potable, la principale servait d'ailleurs de lavoir. Au 19ième siècle, la rivière, La Muse, alimentait en énergie une dizaine de moulins et toutes les scieries de la commune…
      


    Septième étape : Pont de Salars. Jusqu'en 1746, ce n'était qu'un petit village d'une dizaine de maisons et 50 habitants, au plus, groupés autour d'une passerelle en bois qui enjambe le Viaur. La ville tire d'ailleurs son nom de ce modeste pont. En 1746, les Intendants royaux de Montauban construisirent une route royale, la passerelle de bois fut remplacée par un pont en pierres à trois arches…
      


    Huitième étape : Rodez. A votre arrivée sur la ville, la Cathédrale Notre Dame nous accueille comme un hôte de prestige. Son clocher gothique flamboyant nous indique le chemin du centre historique pour une visite de la ville et de ses musées. Oui, mais comme dans toutes les grandes villes, il faut d’abord trouver une place de parking qui ne vous coûte pas la peau des fesses. Ceci fait nous voilà parti pour une aventure piétonnière.
     


    La visite de la Cathédrale est le prélude à une balade dans le centre historique de Rodez à travers un itinéraire numéroté et libre. Ce circuit piétonnier fléché et intitulé « Vieux Rodez » nous fera découvrir l’histoire de l’ancien « Segodunum » en nous faisant passer par la Cathédrale Notre Dame (13ième-16ième siècles), devant le Palais Episcopal, la Chapelle de l’ancien collège des jésuites, la Maison Canoniale et les nombreux hôtels particuliers, les musées Fenaille et Denys Puech.
     

 


    Ce monument majestueux raconte, à sa façon, l’histoire de la Capitale du Rouergue. Son Clocher gothique flamboyant tout en dentelle de grès rose nous indique le chemin, du haut de ses 87 mètres (un des plus beaux de France). Le soir venu, l’édifice s’illumine de 500 projecteurs pour vous dévoiler ses trésors architecturaux cachés.
     


    Pendant que nous découvrons les trésors cachés et les secrets d’architectures de la cathédrale, dehors les cieux ne nous sont pas favorable. On n’a pas du rester assez longtemps devant le retable de la passion. Un déluge de grêle s’abat sur nous et nous fait fuir Notre Dame…
     


    Neuvième étape : Agen d’Aveyron. La commune possède la plus grande superficie boisée avec la forêt des Palanges (444 ha). Pendant de nombreux siècles, la vie économique du village fut influencée par la forêt grâce à l'exploitation de ses taillis. Les bûcherons confectionnaient des fagots de branchages, appelés « faisses » en langue d'oc, et les revendaient comme combustible aux boulangers de Rodez. Aujourd'hui la forêt a bien changé, les taillis de chênes ont laissé place aux pins et aux sapins offrant d'agréables promenades et des découvertes insolites comme la superbe cascade sur le ruisseau des Palanges, la Chapelle Saint Lazare ou encore une ancienne cabane de faisseliers nichée au cœur de la forêt…
     


    Dixième étape : Le Vibal. Il faut voir l’église qui en 1147 faisait partie de la donation de l'évêque de Rodez à Saint léger d'Ebreuil, en Auvergne. Elle se présente comme un édifice d'époque gothique, de la fin du 15ième ou du début du 16ième siècle, avec une nef unique à trois travées plus larges que le chœur. La dernière travée de la nef porte une partie du clocher. La chapelle Notre-Dame de la Salette s'orne d'une voûte à liernes avec, en clefs de voûte, les symboles des Evangélistes…
     


    Sur le chemin du retour, nous traversons la campagne silencieuse à la recherche de la vache Aubrac, une race très rustique et très résistante. Elle a longtemps été utilisée pour des travaux de force, au temps où la traction animale était employée quotidiennement par les paysans. Comme beaucoup d'autres vaches rustiques, après avoir failli disparaître dans les années soixante, l'Aubrac fait aujourd'hui partie des races qui font l'objet de plans de conservation qui visent à préserver sa vocation laitière. C'est depuis 1975 qu'elle bénéficie d'une telle aide, qui permet aux agriculteurs de continuer à la traire et aux randonneurs de continuer de la croiser sur les alpages. Mais nous, nous n’avons rencontré que des Normandes…
     


    Plus loin c’est un troupeau de brebis qui avance sur un pâturage vert clairsemé de marguerites jaunes. Petit à petit, il envahit tout l’écran de l’appareil, de bas en haut et ce n’est plus tout à fait un troupeau qu’on observe dans cette succession de têtes qui dodelinent mais un roquefort qui se prépare dans une fabrication surréaliste. Le plateau du Larzac s’est battu dans les années 70 contre l’extension d’un camp militaire et pour le maintien de son agriculture et de son élevage. On s’attend à chaque instant de voir surgir José Bové…
     


    Ce matin pendant le petit déjeuner le soleil brille de tous ces éclats. Nous décidons donc de partir sur les traces des Templiers et des Hospitaliers du Larzac. La nécessité de secourir et d’héberger les pèlerins se rendant au tombeau du Christ à Jérusalem a conduit à la création de l’ordre des Hospitaliers en 1113 puis de celui du Temple vers 1120. Lorsque les Templiers s’installent sur le Larzac au milieu du 12ième siècle, celui-ci appartient à une multitude de seigneurs dont les comtes de Rodez, ainsi qu’à plusieurs abbayes parfois lointaines. Comme les pèlerins en sept haltes nous partons pour l’aventure !
     


    Première halte : La Cavalerie. Située à coté de l’antique voie de passage traversant du nord au sud le plateau et unissant ainsi l’Orient à l’Occident à partir des ports de la Méditerranée, La Cavalerie s’est développée grâce aux terres cultivables de « la plaine du Temple » et aux parcours immenses qui l’entourent.
     


    Sa fonction hôtelière et commerciale qui est celle de toutes les agglomérations positionnées près des grands axes a perduré au cours des siècles. Le village des Hospitaliers en cours de réhabilitation retrouve son activité. Nous pouvons découvrir toutes ses richesses : l’enceinte fortifiée avec sa porte imposante, les maisons du 15ième siècle et les hôtels du 17ième siècle. Dans l’étonnante église du 18ième siècle dont l’intérieur ressemble à celui des bergeries du Causse, les vestiges de l’église des Templiers sont toujours visibles…
     


    Deuxième halte : Sainte Eulalie de Cernon. De l’époque des Templiers subsiste toute l’aile nord avec son église romane et une tour grenier. Si le réfectoire date du 14ième siècle, c’est au 16ième siècle que le commandeur Jean de Bernuy-Villeneuve va mettre au goût du jour l’austère et rude commanderie des Templiers.
     


    La grande cage d’escalier décorée de fresques, l’échauguette renfermant des graffiti d’églises et d’un navire, les cheminées, les espaces cloisonnés éclairés par de grandes fenêtres, tout évoque la douceur et l’agrément du sud, en particulier de la Provence, de l’Italie et bien sûr de Malte. L’église sera réorientée et percée d’une porte monumentale surmontée d’une vierge venant de Gènes. Le village garde tout son charme derrière les murailles élevées au 15ième siècle par les Hospitaliers…
     


    Troisième halte : Viala du Pas de Jaux. Ici à 15 kilomètres de la commanderie de Ste Eulalie, point de village fortifié mais une exceptionnelle tour rectangulaire haute de 5 étages qui domine de sa terrasse sommitale toute l’immensité du Causse qui l’entoure. cette tour a été bâtie pendant la guerre de Cent Ans pour protéger les habitants, leurs biens et leurs animaux, à côté du logis des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui existait depuis le début du 14ième siècle…
     


    Quatrième halte : Roquefort. Adossé aux flancs du Combalou, le village s'étire sur 2 kilomètres. Il y a ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas. Les caves naturelles, creusées dans la roche et aménagées par les hommes forment de véritables cathédrales souterraines. Le fromage de roquefort, AOC depuis 1925, ne peut être fabriqué que sur le site de Roquefort. C'est au cœur de ses falaises calcaires que se sont développées les fleurines : ces fissures qui permettent à l'air frais et humide de circuler. C'est en 1660 que Charles VI octroya aux habitants du village de Roquefort-sur-Soulzon le droit (l'exclusivité) de produire, d'affiner et de vendre leur fromage en échange de l'entretien de son château. Depuis, les 2 kilomètres de galeries souterraines qui sillonnent le petit village aveyronnais ne désemplissent pas de roqueforts... et de visiteurs.
     


    Cité par Pline l'Ancien, sacré roi des fromages par Diderot et d'Alembert au 18ième siècle, le roquefort était déjà particulièrement apprécié par Rabelais, Casanova ou Voltaire. Par nous aussi, d’autant plus que les 12 coups de midi ont sonné au carillon fromager depuis longtemps.
     


    Après le repas nous sacrifions à la visite de la cave Papillon pour un voyage au cœur d’un secret. Un secret de gourmets qui se découvre par étapes gourmandes. Un film qui conte et raconte l’histoire de ce fromage de légendes nous accueille dans la fraîcheur de la cave. Voilà plus d’un million d’années, la nature transforma la montagne du Combalou en un réseau unique de galeries souterraines parfaitement ventilées, que l’on nomme des fleurines. Au fil des siècles les hommes y ont aménagé des caves et voilà près de cent ans que naquit ici le Roquefort Papillon.
     


    C’est dans la pénombre et la fraîcheur que le lait caillé ensemencé de Pénicillium Roqueforti se transforme lentement. Il faudra 90 jours minimum d’affinage pour qu’il mérite enfin de s’appeler roquefort Papillon. En fin de visite nos papilles papillonnent à l’heure de la dégustation…
      


    Cinquième halte : Saint Jean d’Alcas. Ici, point d'origine templière ou hospitalière, mais les peurs bien réelles de la guerre de Cent ans devant les bandes de routiers bien installées sur le Larzac. Et dont aucune puissance publique ne vient à bout.
      


    Dès lors, l'abbesse de l'abbaye cistercienne de Nonenque, toute proche autorise les habitants de plusieurs lieux voisins à élever une enceinte fortifiée à Saint Jean d'Alcas. En cas de danger, les paysans des alentours et ceux du village pouvaient s'y réfugier et sauver leurs troupeaux. Le danger était bien réel car on notera qu'à la même époque, le grand prieur de Saint-Gilles autorisait également la fortification des lieux dépendant de la commanderie toute voisine de Sainte Eulalie.
     


    L'enceinte de Saint-Jean d'Alcas longue de 62,5 mètres pour 37 de large, est encadré par quatre tours d'angle. A l'intérieur de l'enceinte, deux uniques rues parallèles bordées de petites maisons identiques aux fenêtres à meneaux. Cet ordonnancement du 15ième siècle s’oppose au désordre habituel des ruelles des villages du Moyen Age…
     


    Sixième halte : Montjaux. Un nom latin qui signifie le "Mont Jupiter". Il y aurait eu sur le sommet de la montagne un temple ou oppidum consacré au culte de Jupiter. Deux châteaux sont sur la commune. Le plus ancien se situe sur la hauteur qui surplombe le village. A l'origine, il s'agissait d'une place forte gauloise, puis romaine, avant qu'un château y fût construit. Il n'en reste rien si ce n'est quelques ruines et des souterrains cachés. Il fut propriété des comtes de Rodez puis d'une famille de Montjaux qui le céda aux Prévinquières au 16ième siècle. Le second château se situe sur la route qui va à St Rome de Tarn. Sa construction remonte au 16ième siècle par la famille de Prévinquières et fut complétée par des ouvrages défensifs lors des guerres de religion…
     


    Nous sommes loin de notre base arrière et l’après-midi tire à sa fin. Il ne nous est pas possible de nous rendre à la dernière halte templière qui se trouve à l’opposé. Au environ de 17 heures, nous décidons de remonter sur St Martin des Faux en passant par la vallée de Saint Afrique et la vallée des Lacs, que de magnifiques prairies délimitent.
     


    Encore une journée ensoleillée qui se profile pour notre dernier jour aveyronnais. Le petit déjeuner est vite pris car il y a de la route à faire. Pour gagner du temps nous prenons l’autoroute jusqu’à Millau. Ce qui nous fait perdre de l’argent ! Comme au temps des Hospitaliers, la gabelle coûte 6 euros, pour voir une dernière fois l’architecture aérienne du pont…
     


    Une heure plus tard, nous voilà devant le parking de notre dernière halte : La Couvertoirade. Le nom de Cubertoirata apparaît au 11ième siècle comme simple mention dans le chartrier de l’abbaye de Gellone (Saint-Guilhem le Désert actuellement). Les templiers sont présents à La Couvertoirade dès la deuxième moitié du 12ième siècle. Leur implantation en ce lieu est due à la présence de terres cultivables, d’eau pour les hommes comme pour les bêtes, d’un rocher convenant à la construction d’un château et d’une draille venant du Languedoc pour la transhumance. Après l’abolition de l’ordre du temple au concile de Vienne de 1312, la commanderie de Sainte Eulalie dont fait partie la Couvertoirade passe la même année aux mains des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. En 1328 le village compte 135 feux, soit entre 540 et 600 habitants.
     


    A l'extérieur du village se trouvent les vestiges d'une ancienne église paroissiale datant du 11ième siècle. L'église actuelle a remplacé cet édifice originel et marque, à la fin du 13ième siècle ou au début du 14ième siècle, la constitution définitive d'un village. Cette église est en partie creusée dans le rocher. Lors de l'édification des remparts, au 15ième siècle, le clocher est reconstruit, ainsi que la croisée d'ogives du chœur, au-dessus de laquelle est élevée une tour de défense intégrée aux remparts.
     


    La particularité de ce cimetière très ancien est qu'il a été coupé en deux lors de l'édification de remparts en 1445, tout autre tracé étant jugé à l'époque "grandement préjudiciable et même inefficace". Le muret actuel du cimetière, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur des remparts, en porte témoignage. Outre quelques tombes du 19ième siècle, le cimetière présente aujourd'hui des copies de stèles discoïdales intéressantes.
      


    Le château templier a été édifié vers la fin du 12ième siècle. Il est constitué d'un donjon roman et d'une enceinte primitive nommée une barbacane, sans tours de flanquement. La porte d'accès comporte les vestiges d'une bretèche. Il est actuellement privé.
      


    La tour Sud était presque identique à la tour Nord. Elle s'est malheureusement effondrée, par manque d'entretien, en janvier 1912. Des photographies de la Tour Sud sont visibles au deuxième étage de la Maison de La Scipione (objet d'une visite payante) où se situe le Point d'Accueil.
      


    A cet endroit se trouvait au siècle dernier une grande mare. Celle-ci a été comblée et transférée à l'extérieur pour des raisons sanitaires. L'été, elle accueille des scènes musicales ou théâtrales.
      


    Haute de plus de vingt mètres, couronnée de mâchicoulis, la Tour Nord marque une des portes du village. Au rez-de-chaussée, entre les deux portes en arc brisé, deux archères canonnières permettaient de surveiller les approches des remparts. Dans une alcôve, au-dessus de la sortie, se trouve la reproduction d'une statue de Saint-Christol. Selon la légende, ce géant qui aidait les pèlerins en leur faisant franchir une rivière porta le Christ enfant sur ses épaules, d'où son nom (du grec christo-phoros : celui qui porte le Christ).
     


    Cette bâtisse remonte à la fin du 15ième siècle ou au début du 16ième siècle, malgré un oculus réemployé indiquant la date de 1609. Elle est caractéristique des hôtels nobles de la fin du Moyen Age. Le nom de cet hôtel provient de la veuve d'un certain Scipion Sabde, surnommée "la Scipione". Sa position - contre le rempart et face à la porte principale du village - souligne l'importance qu'il dut avoir dès sa construction.
      


    Le système défensif s'appuie sur des murailles d'une épaisseur moyenne d'un mètre trente, percées d'archères, atteignant dans leurs parties les mieux conservées plus de dix mètres de hauteur. Ces murs sont surmontés d'un chemin de ronde, protégé par un parapet sous lequel, à l'extérieur, court un bandeau de pierres servant à préserver l'enceinte de l'échelade. Le périmètre des remparts représente une longueur de 420 mètres environ.
     


    C'est la seule rue du village où l'on décèle un urbanisme volontaire en relation avec l'enceinte hospitalière. Elle est aujourd'hui bordée de maisons à l'architecture caussenarde. Les échoppes, les restaurants et le point d'accueil occupent les anciennes bergeries voûtées au rez-de-chaussée. Les escaliers appelés lou balet conduisent au premier étage le lieu d'habitation. Le dernier étage constituait le grenier. La plupart des maisons étaient dotées d'une citerne afin de récupérer les eaux de pluies grâce à des chenaux en pierre. La rue droite était en terre battue…
     


    Après avoir joué les « monte-en-l’air » sur les remparts de la Couvertoirade, monté et descendu les milliers d’escaliers qui mènent aux donjons et aux oubliettes, notre estomac finit par crier « famine ». Et c’est tout naturellement que le séjour se termine autour d’une bonne table templière avec un magret de canard arrosé d’un PicPoule du cru… Un vrai Tango…
      


    Un séjour plaisir des yeux dans un département qui compte dix des plus beaux villages de France. Une architecture raffinée et authentique qui varie du nord au sud… En regardant les toits on y lit les saisons, les climats qui ont imposé une créativité aux « bâtisseurs » d’autrefois. ils sont si jolis les toits de lauzes du nord, de tuiles du sud… toujours cette diversité qui fait la richesse, la particularité et la beauté de ses paysages qui ont évolué au cours des siècles, les tours médiévales côtoient élégamment les édifices modernes et autre viaduc si gracieux…

    Alors la prochaine fois qu’on vous demande si l’Aveyron est dans le midi… pensez à mon pépé qui répondait avec un sourire malicieux : « midi moins le quart !… l’heure de l’apéritif, car dès qu’on arrive ici tout ouvre l’appétit… les appétits ! on y mange bien et bon, on y vit bien et beau ? »…

    Il est vrai qu’on y trouve de quoi satisfaire nos envies ! N’est-ce pas cela l’art de vivre…
 
Andrée et Armand,
 
 

Commentaires

haha.b le 09-05-2009 à 16:09:09
salut l'ami un superbe reportage là que je découvre une tres belle région de tres belles photos ah ! j'aime bien le roquefort une belle promenade je ne connais pas cette belle région snifff !!! merci de ton coucou jakin oui miou photo du jour non d'un chat hihi !!! bonne soirée et bonne fin de week end amitié.

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stephy46 le 09-05-2009 à 00:25:51
Bonsoir Jakin

J'arrive enfin après une journée bien remplie, te souhaiter une bonne et douce nuit. J'espère que ta journée s'est bien passée ? Une très belle région que je connais... Je te fais de gros bisous, à demain.

Stéphy.

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lafianceedusoleil le 08-05-2009 à 22:13:59
coucou Jakin,

j'ai adoré cette promenade. Je ne connais pas du tout la régions. Merci à toi.

souhaite que tu as passé une bonne journée. Suis contente, ai retrouvé mon carnet de chèques que j'avais perdu depuis près d'une semaine. Je ne me faisais pas de souci.

Il a fait à peu près beau.

Bisou

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lolo78000 le 08-05-2009 à 19:21:29
viens te souhaiter une agréable soirée gros bizzzzous
jeffoux4 le 08-05-2009 à 17:51:35
kikou toi

je passe te souhaiter un tres bon debut de soirée

j espere que tu va bien

et que tu as passer une tres bonne journée

moi j ai bosser un peu sur de nouvo tubes

que j ai poster sur jfs

et des kado de la nuit sur jeffoux

donc fait ton ptit tour et dis moi si t aime

kisss jeffff et a demains

et merci bcp pour la ballade je connaissais pas
grandeloupo le 08-05-2009 à 10:37:05
Bonjour Monsieur le Voyageur et Historien, Sieur Jakin

Que de travail ! ... que de temps passé pour notre plaisir !

Quand à l'histoire des Templiers elle est beaucoup plus sanguinaire et cruelle. Mais j'aime bien car involontairement, vous nous prouvez, Sieur Jakin, que la religion chrétienne était et est sanginaire et despotique. La façade et belle, c'est tout, car le reste ce n'est que ruine.

Salutations cordiales

"GRANDELOUPO"Quoi
galerieangie le 08-05-2009 à 10:26:18
c'est vraiment un magnifique village!!!!

c'est la première fois que je vois ton visage!!!

ah le fameux canard à cuisiner!!!!hein!!!

j'adore les photos avec les vaches!!!

passe une agréable journée et bisous
lolo78000 le 08-05-2009 à 10:19:30
kikou viens te souhaiter un bon vendredi et un bon week-end gros bizzzzous
lejardindhelene le 08-05-2009 à 09:54:01
Une belle ballade dans une belle région que je connais bien...

Bon WE

Hélène