VEF Blog

Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
 
posté le 13-08-2009 à 07:15:59

SUR LES TRACES DE MARIE MADELEINE...

 

 

 

 

PREMIERE ETAPE :

13 – Bouches du Rhône, Marseille le 21 décembre 2008           




     Voilà deux mille ans que Marie Madeleine nous fascine, nous passionne, nous dérange. Depuis les débuts du christianisme, on tente d'écrire l'histoire de sa vie. Aujourd'hui encore, elle fait l'objet de multiples éditions. Au moyen âge, de nombreuses églises et chapelles lui furent consacrées ; nombreux aussi furent les pèlerins qui vinrent prier sur ses reliques.


    Mais qui était Marie Madeleine ? Les évangiles en font une pécheresse repentie, une prostituée, la sœur de Marthe et de Lazare, celle qui oint le Christ d'un précieux parfum. Possédée par sept démons, Jésus l'en délivre. Elle brûle d'amour pour Lui. Elle est sa compagne, sa disciple bien-aimée, l'apôtre des apôtres. Elle pleure au pied de la Croix. Au tombeau, elle est la première à qui Il apparaît, ressuscité.

    Les hagiographes lui donnent une vie après l'Ascension, soit à Ephèse, soit en Gaule, près de Marseille où elle demeurera, plus de trente ans, dans une grotte. Elle est venue avec le Graal, la Coupe sacrée qui recueillit le sang du Christ.

    En premier lieu la légende nous indique qu’après l'ascension du christ, Marie Madeleine, Marthe sa sœur, Lazare son frère, Marie Jacobé, sœur de la Vierge, Marie Salomé, mère des apôtres Jacques et Jean, Maximin, l'un des 72 disciples, Marcelle, Sidoine, et d'autres encore, quittèrent Jérusalem à cause des persécutions que les chrétiens subissaient. Mais à Joppé, ils furent capturés par les infidèles et jetés dans un bateau sans voile, ni rame. Avec l'aide de Dieu, le navire traversa sans dommage la Méditerranée et s'échoua en Camargue. Sur la plage, ils élevèrent un autel en terre pétrie pour y célébrer leurs mystères, puis après quelques temps, ils se dispersèrent. Maximin se dirigea vers Aix ; Marie-Madeleine se retira à la Sainte Baume ; Lazare se rendit à Marseille, Marthe à Tarascon. Marie Salomé et Marie Jacobé restèrent sur cette plage avec leur servante Sara. Elles gardaient avec elles, le chef de Jacques le Majeur, fils de Marie Salomé et les têtes des Trois Innocents. Après une vie austère de dur labeur et de prières, elles moururent et furent enterrées sur place. Plus tard, à cet emplacement, on bâtit une église.
 


    La mémoire du mythe est parfois défaillante, à moins qu’elle ne s’arrange avec les dates car Maximin et Sidoine furent des saints d’Auvergne, Lazare évêque d’Aix au 5ième siècle, les deux Maries et Sara des martyres perses du 4ième siècle dont les reliques furent apportées plus tard dans le sud de la Gaule…

    Rassurez-vous, je ne vous inviterai pas à remonter les siècles, tout juste l’escalier de la crypte pour découvrir le pittoresque village des Saintes-Maries-de-la-Mer traverser cette Camargue qui fait la fierté de notre sud - où l’on peut tout simplement s’imaginer ce que devait être la vie sur les rives de ses roubines et sur ses étendues de sansouire aujourd’hui encore difficiles à domestiquer. Entre Camargue marécageuse et Crau aride, quel fut le chemin suivi par Madeleine et Lazare pour se rendre à Marseille ? La légende ne le dit pas mais il semble que les apôtres soient montés jusqu’à Arelatum où ils se sont séparés de Marthe.
 


    Marthe, donc, remonta le Rhône jusqu'à Avignon. Elle ressuscita un jeune homme qui s'était noyé dans le fleuve et par ce miracle, elle convertit la ville à la foi chrétienne.  Elle fit bâtir sur le rocher des Doms un premier oratoire, dédié à la Vierge Marie, qui fut à l'origine de la cathédrale Notre Dame des Doms. Après avoir évangélisé Avignon, elle choisit de se retirer à Tarascon qu'elle débarrassa de la tarasque, un animal redoutable qui semait la terreur. Elle édifia un petit oratoire sous lequel elle fut enterrée C'est au-dessus de son tombeau que fut élevée la collégiale Sainte-Marthe.  Son corps fut retrouvé dans un superbe sarcophage de marbre lors de fouilles entreprises en 1187.
 


    Maximin était l'un des soixante-douze disciples. Il avait beaucoup d'affection pour Marie-Madeleine et c'est avec elle qu'il évangélisa Aix-en-Provence et sa région. A Aix, ils construisirent un tout petit oratoire, l'oratoire Saint-Sauveur, qui devint le centre d'un bourg et fut englobé dans la construction de la cathédrale consacrée en 1003. Cet oratoire fut détruit en 1808 car il obstruait la vue de l'un des bas-côtés !

    Quant à Marie-Madeleine, elle se rendit d'abord à Marseille. Les Phocéens avaient mis leur ville sous la protection de l'Artémis d'Ephèse, la Diane des romains, et c'est sur le parvis du temple de Diane qu'elle commença à évangéliser la ville. Un jour, elle décida de se retirer dans une montagne proche de Marseille, d'Aix et de Saint Maximin  que l'on appelle aujourd'hui la Sainte Baume. Elle vécut dans une grotte. Sept fois par jour des anges la portaient jusqu'au sommet de la montagne où elle jouissait avec eux de la joie céleste. Lorsqu'elle sentit que l'heure d'aller rejoindre son « Rabouni » était proche, elle descendit dans la plaine, communia des mains de Maximin et expira dans ses bras. Il l'enterra dans un petit oratoire,  aujourd'hui crypte de la basilique de Saint Maximin. Il demanda à être enterré à ses côtés, le jour venu. Ce qui fut fait.
 


    Ces premières tombes furent modestes, mais au 4ième siècle ces précieux corps et celui de Sidoine furent transférés dans de superbes sarcophages. En 710, pour tromper les sarrasins, Marie Madeleine fut cachée dans le sarcophage de Sidoine. C'est là qu'elle fut retrouvée lors des fouilles effectuées par Charles II d'Anjou en 1279. Dès le 5ième siècle un centre cultuel  sur lequel veillait les cassianites s’était développé près de l'oratoire où l'on voit toujours les sarcophages et le chef de Marie Madeleine dans un beau reliquaire. Des fouilles récentes ont mis à jour un baptistère, une basilique et de nombreuses sépultures.

    Lazare, lui, aida Marie-Madeleine dans son apostolat à Marseille. Peut-être ne vint-il la rejoindre que plus tard, après un séjour à Chypre. Il sera le premier évêque de la ville. Et mourra lors de la persécution de Domitien, martyrisé puis décapité sur la Place de Lenche après avoir été emprisonné dans les geôles  romaines qui existent toujours sous la place. Son souvenir est attaché à une nécropole rupestre où l'on voit encore la « confession » de saint Lazare et d'antiques sépultures chrétiennes. Au-dessus fut construit un oratoire paléochrétien puis la basilique Saint-Victor, berceau du cassianisme.  Au 9ième siècle, on transporta le corps de Lazare à Autun pour le soustraire aux sarrasins. Mais les Marseillais gardèrent son chef qui resta  à Marseille et que l'on peut voir aujourd'hui dans un beau reliquaire à la cathédrale de la Major.
 


    Voilà ce que nous dit la tradition. Elle a amené dans nos sanctuaires de Provence d'illustres pèlerins, papes et rois, religieux et grands seigneurs et une multitude d'anonymes. L'archéologie et les textes très anciens que nous pouvons consulter la confortent. Elle s'est maintenue malgré les persécutions, les hérésies, les invasions barbares, les sarrasins, la révolution et leurs déprédations. Aujourd'hui elle nous interpelle, nous Franc-Maçon, FF... et SS... de la R...L... Pythéas à l’Orient d’Aix en Provence qui travaillons un Rituel issu des profondeurs d’Isis. La même source initiatique que pratiquaient les Esséniens, communauté dont est native Marie Madeleine…

    Légendes ? Certes, mais nous savons tous que les légendes se forgent souvent à partir de faits bien réels. Pourtant, une question se pose : Marie Madeleine a-t-elle une réalité historique ou n'est-elle que pur fantasme ? Nous tâcherons d'y répondre en partant sur ses traces…

    Comme au 1er siècle, en l’an 45, le soleil diffuse lentement sa lumière sur les abords du vieux port (le lacydon). Un groupe de vingt cherchants conduit par le Conférencier Georges SEI... enfilent les habits de païens et attendent sur le quai l’arrivée de Marie Madeleine. Les yeux plongés dans l’horizon voilé qu’une légère brise fait scintiller, les FF... et les SS... écoutent avec ostentation les premiers pas de la Sainte sur la rive escarpée…

      

    A Marseille, on dit que Marie-Madeleine prêcha mais les avis diffèrent sur l’endroit exact de cette prédication. D’aucuns inclinent à penser que ce fut sur la rive méridionale du Lacydon. Là où Lazare s’était installé, dans la carrière à ciel ouvert prolongée par des galeries creusées dans le roc, sur le site de la nécropole païenne dont les riverains – rares à cette époque- venaient allégrement piller les sarcophages en marbre.

    Puis le groupe s’élance sur les rives de ce port templier dont il ne reste quasiment rien mais où leur fantôme rôde encore. Car ce sont d’abord les Croisades qui firent la prospérité de Marseille, premier port d’embarquement pour la Terre Sainte. En effet de nombreux pèlerins firent des dons à la commanderie de Marseille avant de quitter la terre ferme. Les chevaliers se firent donc marins.   
      


    Les nefs du Temple y transportaient environ six mille pèlerins par an sans compter leurs montures sur des bateaux dont les noms sont évocateurs. Ainsi de « La Rose du Temple » ou du « Faucon du Temple ». Ce « commerce » dura jusqu’en 1216. Il faut dire que les templiers avaient inventé le "charter" : ils avaient obtenu des édiles le droit de faire partir de la rade, en franchise de toute taxe et deux fois l’an un navire à destination du Levant. « Le Faucon » était le plus grand bâtiment de charge de la Méditerranée.

     Dans ce lieu chargé d’histoire ou les Esséniens établirent leur première communauté à Marseille (des archéologues ont retrouvé les jardins de plantes médicinales qui servait à soigner au pied de la forteresse de Saint Jean), le silence règne en maître. « Nous sommes comme dans une bulle » ; Les bruits assourdissants de la ville s’effacent et laissent place à la méditation…
 


    On se dirige maintenant vers la Basilique. Je vous propose de monter d’abord sur la colline. Vous y verrez le panorama unique sur la ville et sur la mer, aux couleurs variées selon l’heure de la journée, parfois insupportable de blancheur ; « l’air blanc est de pierre ; de pierre blanche est la ville » On monte à la Bonne Mère comme on monte à un sommet, en suant. Le mérite n’en est que plus grand. Car « Notre Dame de la Garde est un mât ; elle oscille sur sa quille. Elle va prendre son envol. La basilique a la Vierge qui lui sert de huppe ».
 

     

    A l’intérieur de la basilique, une ambiance baroque marquée surtout par les très nombreux ex-voto qui couvrent entièrement les bas côtés de la cathédrale ; peintures, mosaïques, plaques de marbres, simples inscriptions anonymes ou récit imagé d’un événement douloureux, tout est là de la ferveur des Marseillais pour la Bonne Mère qui les a sauvés ou protégé. Tout est là jusqu’aux maquettes de bateaux qui descendent du plafond de la nef par demi-douzaines sur un même fil. La visite de la basilique est un voyage dans la foi quotidienne du Provençal.

    Mais ce qui nous intéresse se trouve à l’extérieur, tout en haut. Regardez la chevelure longue et flamboyante de la vierge. Ce n’est pas nous dit-on celle de la Vierge Marie qui est traditionnellement représentée avec les cheveux court, mais probablement Marie Madeleine avec ses cheveux longs…
      


    Les Agapes se prennent sur le vieux Port à « La Côte de Bœuf » un établissement tenu par un F... qui nous accueil dans la simplicité et la discrétion au premier étage du restaurant. Le repas se déroule dans la joie et la lumière qui nous accompagne tout au long de ce pèlerinage…
 


    Après quelques minutes de marche sur le quai de Rive Neuve, nous descendons dans la crypte de l’église Saint-Victor, construite autour de celui-ci et du tombeau. On voit le siège de Lazare taillé à même le rocher où il administrait sans doute les sacrements, surmonté d’une figure maladroite mais impressionnante sculptée vers le 5ième siècle dans la pierre et le représentant avec la palme du martyr et le bâton pastoral.
 


    C’est à cet endroit chargé d’émotion que nous nous réunissons en une longue chaîne d’union fraternelle pour nous recueillir un moment. Mais nous avions oublié que dans le monde profane les yeux électroniques voient tout. Une sacristine de garde, croyant tomber sur la secte des adorateurs de pierres vint s’enquérir de ces nouvelles pratiques qu’elle ne connaissait pas ?
    


    Notre dame de confession, veille sur les sarcophages des deux premiers martyrs chrétiens d’occident. Lazare fut enterré là, dans cette grotte primordiale. La tradition rapporte que Marie Madeleine l’accompagna dans sa retraite. Mais selon les dires d’un pèlerin allemand du 15ième siècle, le lieu de prédication de la sainte se situerait plutôt du côté de la place de Lenche tout près de la Major sur un site où Cassien installa au 4ième siècle un monastère de femmes aujourd’hui totalement disparu. Plus précis encore, Jehan Réal affirme ; « quand la dévote Madeleine vit la gent assemblée en ce temple pour sacrifier aux idoles, elle se leva paisiblement, à face joyeuse, à langue diserte et bien parlant, et commença à prêcher Jésus-Christ »

    Du reste, là où se trouve le carrefour actuel des Treize coins, sur les flancs du quartier du Panier, se trouvait le temple d’Artémis d’Ephèse, longtemps perpétué par une petite chapelle. Or le culte de Madeleine est toujours lié à celui des déesses mères et des vierges noires. L'ancienne Sainte-Marie-Majeure est le prolongement naturel de cette visite. Malheureusement nous n’avons plus le temps et il nous faut rentrer.

    C’est donc à une balade virtuelle dans le Panier que je vous invite, dans ce lieu de fondation de Phocée où naquit la chrétienté occidentale. Sous les bâtiments de Notre dame de la major (dont le nom seul rappelle le culte de la Magna mater) et de Radio Dialogue, au moment de leur construction, on a inventé les vestiges du plus vieux baptistère du monde chrétien européen, datant du 4ième siècle. Il faut découvrir l’ancienne cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille, l’un des plus beaux édifices romans de Provence, aujourd’hui en cours de réfection par les Compagnons et à demi enterré au pied nord de la nouvelle Major. Elle est remarquable par son abside à sept pans décorée d’une arcature aveugle et d’une coupole octogonale ajoutée au 12ième siècle. Mais ce sont d’autres points qui attirent l’attention du pèlerin de Marie-Madeleine, Dans la chapelle Saint-Lazare, elle présente le saint surmontant la barque qui l’amena en Provence. Quant à la chapelle Saint-Serenus, elle abrite un sarcophage présentant entre un « enseignant » et un « voyageur » une Vierge à l’enfant dont l’hiératisme rappelle les « trônes de sagesse » de l’âge roman et particulièrement des vierges noires qui tiennent l’enfant Jésus bien droit dans leur giron. Elle contient également un relief de faïence monumental représentant une descente de croix attribuée à l’atelier des Della Robbia entre 1447 et 1530. On y voit autour du corps du Christ allongé au pied de la Croix, la Vierge Marie, Marie Jacobé, Marie Salomé et, essuyant les pieds du Seigneur, Marie-Madeleine reconnaissable à sa longue chevelure frisée tombant jusqu’à la ceinture et très probablement Sara debout derrière elle. En arrière plan, quatre anges volent au-dessus du groupe éploré dont les yeux sont sertis de manganèse.
 


    L’église des Accoules, l’Evêché et l’église des Réformés sont d’autres lieux ou l’on peut retrouver des traces, sinon des ressentis du passage de Marie Madeleine. On ne peut pas non plus faire l’impasse sur la Cité du Roi René.

    Après sept ans, Marie-Madeleine aurait gagné Aix si l’on en croit les dires de Gui de Fos au 13ième siècle et Joinville rapportés par Jean-Paul Clébert. Seule la légende assure que Madeleine prêcha au pied d’un petit oratoire sur l’emplacement duquel fut bâtie la cathédrale Saint Sauveur. C’est là qu’on l’honore ; elle y est représentée par ailleurs sur le vantail gauche du retable du « Buisson ardent » derrière le roi René priant à genoux en habit de chanoine. Il est certain qu’à Aix, Marie-Madeleine pouvait trouver un auditoire important car nombreux étaient les salyens qui venaient se baigner dans les sources chaudes du lieu bientôt organisées en thermes par Sextius, eaux chaudes réputées pour rendre les femmes fécondes grâce à la divinité qu’elles imploraient en se baignant. Malheureusement peu de vestiges subsistent de cette éventuelle prédication et Marie-Madeleine, quittant Maximin devenu évêque d’Aix, continue son chemin vers la Sainte Baume, soit en venant d’Aix, soit en revenant à Marseille mais dans les deux cas en rejoignant et en suivant le cours de l’Huveaune, celle-là même qu’on a dit née des larmes de la sainte car les débordements de la légende ne tarissent pas non plus.
  

    

 
 
DEUXIEME ETAPE :
 
83 – Var, Saint Maximin, la Sainte Baume, le 14 juin 2009
 
 
    Si l’on part d’Aix, on suivra la fameuse nationale 7, elle-même superposée plus ou moins à la voie aurélienne romaine, ancienne route suivie par Heraklès lorsqu’il revient du Jardin des Hespérides, après avoir involontairement créé la plaine de la Crau en luttant contre les Titans : on prendra alors le chemin de Chateauneuf-le-Rouge, Rousset, Pourcieux. Si l’on part de Marseille, on suivra le cours de la rivière qui débouche en Méditerranée loin de la ville sur le rivage derrière la colline de la Garde. Là où au 13ième siècle sera fondée l’église de Notre-Dame-de-l’Huveaune, première vierge noire de Marseille autour d’un monastère de femmes là encore. On sortira donc de la ville par Saint Loup, La Valbarelle, la Pomme, La Treille, La Penne sur Huveaune, Aubagne, Gémenos, Roquevaire, Auriol, suivant en ceci une bonne partie de la route que prit Marcel Pagnol vers son cher Garlaban.

    Au milieu du 1er siècle, qu’existait-il de ces villes ? Aubagne n’est cité qu’au 10ième siècle et Roquevaire au 12ième siècle. Mais l’argile existait déjà dans le sol de la première qui permit aux maîtres potiers et aux faïenciers de prospérer au 18ième siècle et la forêt était certainement encore plus dense à Gémenos au creux de laquelle se fonda l’abbaye cistercienne de Saint-Pons, majestueux bâtiment d’un monastère féminin entièrement rénové aujourd’hui. Faut-il y voir là un signe ? Les deux lieux font une promenade magnifique avant de terminer cette deuxième journée par une visite à la Sainte Baume. En suivant le chemin de Marie-Madeleine en Provence, nous aurons traversé d’ouest en est tout le département des Bouches-du-Rhône, exactement à l’inverse des romains colonisant la Provincia.
 


    Nous voilà enfin arrivé au point de rencontre de notre seconde étape sur la trace de Marie Madeleine. Les FF... et les SS... sont éparpillés sur plusieurs espaces aménagés en hère de stationnement au pied du Massif. Le temps de rassembler « tout ce qui est épart » autour de notre conférencier et, armés de convictions inébranlables, nous nous élançons courageusement sur le chemin.
 


    Il faut savoir que nous ne sommes pas les premiers. Fra Salimbene de Adam, un franciscain fut le premier qui en fit une description. Puis suivirent dans l’ordre chronologique : Saint Louis en 1254, Philippe de Valois roi de France, Alphonse IV roi d’Aragon, Hugues IV roi de Chypre, Jean de Luxembourg roi de Bohême et Robert roi de Sicile en 1332, Pétrarque en 1368, François 1er en 1516, Charles IX en 1564, Paul Hurault archevêque d’Aix en 1623, Louis XIV en 1660, Charles de Foucault en 1900 et la RL Pythéas en 2009…
 


    Il y a peu de chances que nous bénéficions des mêmes services que Marie-Madeleine en arrivant au pied du massif. Car au seuil de ce bois sacré, chanté par Lucain contemporain des faits légendaires que je vous rapporte ici, peuplé de statues de dieux sculptés à traits grossiers de serpe dans le bois, riche de sources noires, lugubre du souvenir des sacrifices humains sous le haut patronage de Notre dame des contours l’une des druidesses archaïques, Marie-Madeleine fut portée par les anges jusqu’à la grotte qui l’abrita et où elle vécut près de trente ans, vêtue de ses seuls cheveux et de quelques feuilles, se nourrissant de racines, s’abreuvant à la source de l’Huveaune et de ses propres pleurs, dans une solitude absolue mais portée en lévitation par les anges jusqu’au Saint Pilon sept fois par jour aux heures canoniales… et par nuit ajouta un observateur scrupuleux de la légende, le père Elie, soit pas moins de 75 000 extases en trente années d’érémitisme. Entrecoupées de pleurs, ce qui aura engendré l’expression du 19ième siècle « pleurer comme une Madeleine ». « Chapelet d’affliction » remplaçant les colliers de perle de la femme de mauvaise vie devenue coupe recevant la parole de Dieu.
 


    Mais la légende ne manque pas d’humour qui dit qu’au bout de sept ans, Dieu interpella Madeleine et lui demanda de formuler un vœu : elle souhaita un peu d’eau propre pour se laver les mains. Une source jaillit mais en regardant ses mains toutes roses et adoucies, elle s’extasia trop vite : « Oh ! les jolies mains ». Dieu renouvela la pénitence pour 23 ans et des sanglots de Madeleine naquirent le Latay et l’Issole, le Caramy, le Cauron et le Péruy et surtout l’Huveaune qui refit en signe d’hommage le chemin inverse parcouru par la sainte.

    Au pied de la falaise à l’ouest du refuge de Marie-Madeleine, on découvre la Grotte aux Œufs qui doit son nom à des concrétions calcaires de forme ovoïdale. L’entré ogivale comme celle du vagin féminin (environ 60 cm de large sur 6 m de haut) donne accès à une salle haute et humide divisée en trois parties où l’on peu se hasarder avec une lampe pour admirer les cristallisations des saillies du rocher. On dit que ce sont les iou de la Santo Baumo, les œufs de la sainte Baume, les œufs de vipère que Marie Madeleine aurait écrasés en arrivant dans la grotte, en souvenir desquels on fabriquait autrefois les « coucounets », petits reliquaires taillés dans des coquilles d’œufs, pèlerinage obligé des jeunes mariés en pays provençal qui y laissent des castellets, petits monticules de pierres, en guise de rite de fécondité.
 


    Autre symbolisme fort que la sainte nous laisse par delà la mort. Une langue intacte engendrant une branche de fenouil, dans la tradition du rameau de verdure né du corps d’un héros. La prédicatrice nous fait un signe. Et-ce pour nous dire de toujours veiller à ce que nos paroles soient fécondes ?

    Dans l'iconographie qui la ressemble, en particulier sur le bas-relief de Puget qui se trouve dans la crypte de l'abbaye Saint VIctor de Marseille, Marie-Madeleine contemple toujours un crane, rappel perpétuel de la vanité de la vie.

    Personne n’a du prier suffisamment, car les anges « ascenseurs » ne sont pas présents pour nous faciliter la descente. Mais nous Maçons de la Vieille Egypte qui arpentons les sables de Memphis nous n’avons pas peur du gravier de nos chemins contemporains. Quelques dizaines de minutes suffiront à nous porter sains et saufs au pied du massif.
 


    Un pic nique s’improvise dans une petite clairière. Chacun tire du sac à dos, provisions et victuailles confectionnées avec goût et partage dans la plus simple fraternité cette Agape de plein air.
 


    On ne peut omettre la visite au tombeau de Marie-Madeleine, extrêmement impressionnant, à la superbe basilique de Saint Maximin pour clore ce parcours initiatique haut en couleurs, traversant les paysages les plus variés et les sites les plus connus du département.

    Une guide conférencière nous attend sur les parvis de la Cathédrale pour nous faire partager ce nouvel épisode de la vie de Marie Madeleine. Nous commençons par le couvent royal. D'emblée la construction du couvent déroge au droit constitutionnel de l'ordre des prêcheurs. La fondation en a été décidée et même commencée, à l'insu de l'ordre, par Charles II d'Anjou et le pape Boniface VIII. En 1295, une communauté de religieux s'installe à Saint Maximin et à la Sainte Baume. Dès lors, les batiments monastiques furent commencés parallèlement à la construction de la Basilique. C'est dans un cadre prestigieux, empreint de sérénité, que se trouve le cloître dont les travées sont entourées de bâtiments conventuels. La structure du cloître présente le gothique dans sa plus rigoureuse simplicité. Ses proportions s'harmonisent avec les édifices qui les entourent. Au centre, un jardin bordé de haies et de cèdres dans lequel se trouve un puits construit au 14ième siècle, dont la margelle date du 17ième siècle.
 


    Suite à l'abside de l'église, l'aile Est est construite à la fin du 13ième siècle et se compose de 3 salles : sacristie, salle du chapitre et chauffoir. Au 17ième siècle furent creusées les caves auxquelles on accède à partir du chauffoir. L'aile Nord, construite au 14ième siècle renfermait les réfectoires. En 1316, les 2 ailes principales étant achevées, les Dominicains s'installèrent dans leur nouvelle demeure qui prit le nom de couvent Sainte Marie-Madeleine. C'est au 17ième siècle qu'elle fut transformée en 3 parties. A l'Ouest la chapelle particulière, à l'est le réfectoire et entre les deux l'atrium. A la révolution, cette partie fut transformée en salle de réunion et de spectacles qui a vu Lucien Bonaparte faire ses débuts oratoires. L'aile Ouest, édifiée au 15ième siècle, fut démolie en 1796 et reconstruite par le Père Lacordaire vers 1860. De ce fait, son architecture est différente de celle de l'ensemble du monument. C'est également au 15ième siècle que sera rajouté à tous les bâtiments un étage supplémentaire et que la communauté de religieux s'agrandira. Au 17ième siècle, les cellules des étages seront agrandies et transformées. En 1957, les Dominicains quittèrent le couvent.
 


    Puis nous pénétrons dans la Cathédrale qui est le plus grand édifice gothique du Sud-Est de la France. Cette basilique acclimate le gothique en Provence. Sa construction a été décidée par Charles II d'Anjou, Comte de Provence, Roi de Naples et de Sicile, suite à l'Invention des reliques de Sainte Marie-Madeleine. Elle s'étendit sur environ 3 siècles. Charles II d'Anjou choisit un architecte français spécialisé dans l'art gothique : Maître Pierre, qui fera les plans et commencera la construction en 1295. Au début du 16ième siècle, les travaux seront arrêtés. La Basilique reste inachevée, le portail de l'entrée principale est manquant et le clocher n'a jamais été édifié. Différents architectes travaillèrent sur cet édifice sans toutefois en perturber l'unité.
      


    La Basilique se compose d'une abside plus 2 absidioles, d'une grande nef et 16 chapelles. D'une Longueur de 73 mètres pour une largeur de 37 et une hauteur de 26, ses dimensions sont bien supérieures aux habituelles églises dominicaines de la région. L'Orgue "Isnard", Chef d’œuvre du frère dominicain Jean Esprit Isnard, l’orgue de la Basilique Royale de Saint Maximin la Sainte-Baume, construit de 1772 à 1774, est l’un des très rares grands instruments d’Europe à avoir conservé l’intégralité de ses 2960 tuyaux d’origine. Unique tant par sa conception que dans sa réalisation, cet instrument, connu des organistes du monde entier, est considéré par tous comme une géniale réussite de la facture d’orgue.
      


    Il est dix sept heures au soleil quand nous descendons par un petit escalier de pierre dans la crypte ou repose les reliques de Marie Madeleine. Des sarcophages datés et le crâne de la Sainte y sont déposés derrière une grille de fer qu’une lumière contemporaine éclaire en trompe l’œil. Après ce moment de recueillement pour certains et de vive curiosité pour d’autres, le groupe se divise en deux parties. Les premiers restent sur place pour assister au concert d’orgues livré sur place et les seconds rejoignent leurs pénates pour se reposer avant le rendez-vous final chez notre F... José.
 


    Quelques vas et vient sont nécessaires pour regrouper « tout ce qui est épart » : Ceux qui ne savent ni lire, ni écrire, ceux qui sont en pane de GPS et la grande majorité des citadins qui se perdent à la vue d’une campagne…

    Autour du breuvage des Dieux : Champagne, citron, alcools dont on taira les noms et quelques bulles majestueuses, les SS... et les FF... et leurs familles se retrouvent devant la piscine. Mises en bouches et toasts circulent sous la férule du Maître de Cérémonie aidé par quelques Apprentis volontaires.
     


    Puis vint le moment de constituer l’Agape en deux grandes tablées. Notre F... José qui maîtrise le Feu (de bois) et l’art culinaire italien nous régale de pizza diverses et variées pour le bonheur de tous. Le breuvage de Dionysos coule à flot et comme dans toutes les bonnes histoires gauloises, romaines ou hispaniques les chants se succèdent en duo fraternel à chaque table.

    Quand les douze coups de Minuit sonnent, l’heure est venue de nous séparer. Pour clôturer nos travaux notre V... M... demande une chaleureuse batterie pour féliciter notre F... José et sa compagne « Vivas ! Vivas ! Semper Vivas ! », puis quand tout fut fini, nous rejoignîmes nos foyers dans l’amour fraternel.
      


CONTRE ENQUETE :

    Pour le compte rendu de cette sortie familiale, je me suis appuyé sur les travaux de Jean Paul Clébert parus dans son ouvrage « Marie Madeleine en Provence », les travaux dirigés par Laurence Fritsch historienne intitulés « Sur les pas de Marie Madeleine en Provence » ainsi que les informations livrées par nos conférenciers.

    Mais il faut savoir que la légende de Marie Madeleine est aussi présente dans la ville de Vézelay. Elle constitue dans cette région de Bourgogne un contre-feu allumé par le clergé pour capter les reliques de la Sainte…

    Une autre tradition fait venir Marie de Magdala à Ephèse accompagnée de Jean l'Evangéliste et de la Vierge Marie. Elle y aurait finit ses jours. Grégoire de Tours, en 590, mentionne son tombeau : «Dans cette ville [Ephèse] repose Marie-Madeleine, n'ayant au-dessus d'elle aucune toiture » (in gloria martyrium, ch. 29, P.L., t. 71, c. 731). La dépouille présumée de Marie-Madeleine reposait probablement dans l'atrium précédant un sanctuaire, tradition typiquement éphésienne. Grégoire de Tours ne précise pas où se trouve ce sanctuaire. Peut-être ne le sait-il pas lui-même.

    Le Sinaxaire de Constantinople (9ième siècle), à la date du 22 juillet, donne l'indication suivante : « Après la divine et sainte Ascension du Christ Sauveur, elle [Marie-Madeleine] s'en fut à Ephèse auprès de Jean le Théologien, apôtre et évangéliste, elle y mourut et fut déposée près de l'entrée de la grotte dans laquelle ont reposé, saints et bienheureux, les sept Dormants »…

    Quant à la grotte, elle devait tout d’abord servir d’abri à “Maître Jacques”, l’architecte du Temple de Salomon, le père spirituel au Moyen age des compagnons bâtisseurs, “enfants de Maître Jacques”, dont l’emblème était une patte d’oie ou “pédauque”. ( C’est la version que je préfère) Puis elle fit l’objet d’une ardente vénération religieuse, qui subsiste encore aujourd’hui. Mais le plus curieux c’est que la grotte fut aussi un centre très fréquenté lié à un culte de la fécondité... identique à celui qui entourait Artémis d’Ephèse ! Le rite provençal se manifestait par des reliquaires en coquilles d’œufs, les “coucounets”, et Artémis est représentée arborant sur la poitrine un collier d’œufs d’autruches... La légende de la Sainte-Baume ne serait-elle qu’un récit hagiographique où se mêlent Artémis et Marie l’Egyptienne ?
 

 
EPILOGUE :

    La patronne de la Provence sous les auspices de laquelle les compagnons viennent recevoir leurs couleurs au terme de leur tour de France restera une veilleuse invitant chacun de ceux qui viennent lui rendre hommage à maintenir leur vigilance au sein d’un monde qui dort pour s’y remettre toujours en question.

    Que l’on soit croyant ou non, que l’on croie ou nom à la présence réelle de Marie Madeleine, cet itinéraire du sacré que nous avons parcouru – du vieux port de Marseille à la Cathédrale de Saint Maximin en passant par le fort Saint Jean, Notre Dame de la Garde, l’Abbaye Saint Victor et la Grotte de la Sainte Baume est un parcours initiatique fantastique. Des cryptes au sommet de la Sainte baume, la montée n’atteindra jamais le ravissement magdalénien, mais ce fut une singulière approche de la terre vers le ciel pour un franc-maçon.

 
Armand, 
 
 

Commentaires

allissa le 14-08-2009 à 16:27:45
Bonjour déja te remercier de ton gentil com ,ensuite te dire merci pour ces recits qui vraiment m'ont beaucoup plu, que de magies dans ces histoires et ton blog vaut vraiment d'y venir , je suis surprise et trés contente d'avoir creer un blog , je pense que je vais apprendre beaucoup et aimer lire des gens comme toi qui apportent de la gentillesse, passe une bonne soirée a+++allissa
toutcequejaime le 14-08-2009 à 06:48:04
Coucou, je viens pour te souhaiter une bonne journée de vendredi. Je te souhaite aussi à l'avance un bon week end. Gros Bisous.

Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuit
damegigi le 13-08-2009 à 20:13:06
Upload images


Coucou


Desolee,la voisine,encore la voisine lol,non je rigole,on s'entend super bien donc nous avons passer la journee ensemble et cela ma fait du bien d'ou je passe tard voir comment tu va et te souhaiter une bonne soiree et une bonne nuit


gros bisous


fabienne

toutcequejaime le 13-08-2009 à 17:36:33
je viens te souhaiter une bonne soirée. Chez moi en Moselle journée toute grise, pas même un rayon de soleil juste dans mon coeur. Bisous.

Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuit
lolo78000 le 13-08-2009 à 14:39:27
kikou viens te souhaiter un bon après-midi gros bizzzous
lafianceedusoleil le 13-08-2009 à 11:54:37
Salut Jakin,

je viens de lire ton très article sur Marie Madeleine. Je l'ai lu qu'à 90%, c'est pas mal. Cette légende est très intéressante, comme tu dis il y a toujours un peu de vérité. Vrai ou pas vrai, "Dieu seul le sait !". Les religions, je m'en méfie un peu. En tous cas, merci pour ce bel article.

Belle journée à toi.

Gros bisou

Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuit
tmn-design le 13-08-2009 à 10:23:27
Bonjour,je viens te souhaiter un tres bon jeudi malgré le temps mitigé et éspere que tout aille bien pour toi et tes proches.Pour moi tout vas super bien ainsi que mes proches.Passe un tres bon jeudi,amitié nancy


Hebergeur d'images