Titre du blog : Les Black's Foot
Auteur : Jakin
Date de création : 03-09-2008
posté le 24-12-2009 à 08:24:12
CE QUI DOIT ETRE VECU POUR ETRE COMPRIS
Les conversations avec les apprentis sont toujours profitables. Nombreuses, elle permettent de découvrir certains aspects oubliés de la quête initiatique. Parmi ceux-ci, l’essence du questionnement au sujet de la Vérité, le sens même d’une quête perpétuelle.
Un proverbe oriental dit que lorsque le doigt montre la Lune, l’ignorant regarde le doigt. En fait celui qui regarde la Lune est dans la même situation car l’important n’est ni le doigt ni la Lune, mais l’ensemble, l’acte, l’Unité d’action. le doigt qui montre et la Lune forment un tout signifiant.
Si le doigt ne montrait pas la Lune, l’acte n’aurait, à cet instant, aucune raison d’être et si la Lune n’était pas visible à ce moment, pourquoi la montrer ?
Le doigt et la Lune peuvent indifféremment exister chacun de leur côté, de même, il est possible de pratiquer des rituels machinalement ou de lire tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur les grades sans jamais les avoir pratiqués.
L’un et l’autre, pris séparément n’offrent pas le message contenu dans la rencontre des deux. Apprendre ou faire apprendre par cœur les catéchismes maçonniques n’a jamais produit de bons maçons. Dans ce geste, le doigt et la Lune sont inséparables. Je l’ai déjà dit plus en début de tracé, si l’univers n’était pas tel qu’il est, nous ne serions probablement pas là pour le décrire, l’enchaînement analogique avec le néophyte reste à l’identique.
Initier signifie remettre à l’état initial, se purger des aspérités de l’être. l’initiation a pour objet de retrouver l’Homme primordial libéré de ses contraintes. Seul cet état permet de découvrir la réalité transcendante de l’individu. La cérémonie ne fait pas l’initié, elle montre la Lune, offre des outils qui permettront de se construire. Seul l’étude permettra de retrouver l’état primordial, l’expression du silence, tout autant, celle du futur puisque l’un mène à l’autre et qu’il permet d’aller vers, de se préparer à…
La cérémonie d’initiation permet de trouver sa place au cœur des symboles par le vécu. Il est nécessaire de vivre les choses et d’entendre les murmures du souffle avant de les analyser. Aucun progrès dans les domaines du symbolisme ne peut avoir lieu si les formes rituelles ne sont pas vécues en conscience ou sont condamnées par avance.
Le nouvel Apprenti a d’abord été un profane, un être humain chargé de son passé, de son éducation. Le fait qu’il soit présent à cette initiation relève d’une quête, d’une recherche, d’un objectif, n’est-il pas plus avantageux de lui présenter le silence de l’Apprenti plutôt que de lui interdire de parler ? En effet, la maçonnerie n’est pas le monde profane, comment un argumentaire « administratif » pourrait-il avoir quelque valeur dans une démarche initiatique ?
Le but est l’initiation, le retour à ce qui précédait et qui permettra de « re-construire ». C’est pourquoi, à l’issue de la cérémonie, le premier et le plus fort des sentiments est généralement la frustration parce que la reconstruction ne s’effectue pas en un claquement de doigts.
« Ce n’est que cela ? »
Oui, ce n’est que cela parce que tout est contenu dans ce que vous avez vécu !
Si l’on considère que le symbolisme est une alphabétique de l’initiation, il est bon de vivre l’expérience afin d’en comprendre le sens ; tout le reste n’est qu’anecdote.
Il est possible de lire, d’acheter toutes sortes de rituels, de chercher à dévoiler les secrets, trahir la symbolique, parler du Mythe fondateur de la Maîtrise, rien n’aura de sens ni réalité tant que l’expérience vécue n’a pas eu lieu parce que la compréhension restera théorique ; de même, parler de l’Apprentissage tant que le cursus complet n’est pas effectué n’offre aucune perspective.
Pire, il n’offre que des certitudes et les moyens de toujours parler d’un état d’être au lieu d’une volonté d’être. L’Apprenti ne pourra en parler que lorsqu’il aura quitté ce grade.
Le chemin initiatique est, à chaque étape, comparable à une toile pointilliste, il ne peut être vu qu’en s’en éloignant, de même, la vision d’une Cathédrale ne prend tout son sens que dans sa globalité, vue d’assez loin pour que l’œil se porte et sur le portail et sur les tours. Si vous êtes sur la montagne en face du château, vous voyez le bâtiment dans son ensemble, si vous restez à la fenêtre de la grande salle, vous ne voyez que la grande salle et le paysage autour, jamais le château.
Il faut pour que l’initiation se fasse réellement, pour que l’Apprenti découvre ce qui se cache derrière la première vision des choses, qu’il puisse laisser à l’instinct le loisir de s’exprimer au cœur du symbole. Le silence et l’observation (vide – tracer – regarder et se taire) porteront la compréhension à celui qui a vu et touché l’objet de sa recherche.
La conscience de l’initié implique le discernement de l’autre.
L’ego « je suis », implique l’altérité, l’alter ego « l’autre je suis », celui sans lequel nous ne sommes rien.
Dans les rituels maçonniques, à l’ouverture des travaux au grade d’Apprenti, il est dit, à la question de savoir si nous sommes francs-maçons, que « mes Frères et mes Sœurs me reconnaissent pour tel ». En fait, sans reconnaissance, il n’y a pas d’identité, même s’il y a existence. Nous savons que nous existons, mais nous ne voyons notre visage qu’à travers les miroirs.
Sans cette reconnaissance, il n’y a pas de Franc-Maçon. En allant plus loin, l’existence même ne se reconnaît que dans un seul élément : la capacité qu’a l’initié d’avoir la foi en l’avenir et en l’utopie. sans cela la philosophie maçonnique cesse de faire rêver l’Homme.
Malheureusement nous assistons parfois à une mutation due à un transfert toujours plus prégnant du profane tout puissant, si ce n’est impérial, au moins dans certaines obédiences qui accueillent volontiers en leurs loges des militants recalés ou des déçus de la politique politicienne ?
Cette Polynésie au sein des Loges doit nous préserver par définition de la monotonie d’un discours univoque. Mais encore faut-il que les plus engagés dans leur militantisme, même minoritaires, ne finissent point par imposer un discours unique, ni même une orthodoxie d’appareil.
Ce risque est réel lorsqu’il se trouvent par ailleurs représenter celui-ci et concevoir leur parcours, comme un déroulement de carrière avec tout ce que cela peut comporter et qui est bien éloigné de la démarche maçonnique.
Je pense notamment ici à la critique fondée de notre Frère Bruno Etienne, comme un certain nombre de Francs-maçons de toutes sensibilités, soucieux de protéger l’Ordre contre ses mauvais démons et contre les risques de dérives dogmatiques.
Ne sommes-nous pas par ailleurs, et c’est un autre registre qui est source d’incertitudes, en présence d’une culture nourrie d’attentes de résultats immédiats et tangibles relevant du sociétal, sous l’effet d’une course effrénée aux effectifs obédientiels passant par l’initiation de masse d’individualités plus « militantes » que philosophantes ?
Avec la nécessaire humilité que me dicte mon éducation maçonnique et peut-être une certaine pratique de la règle je me reconnais dans la pensé de notre regretté Frère Bruno. Continuons donc à briser les tabous en participant à la réflexion avec ouverture d’esprit confondante en nous appuyant sur une valeur vielle de deux siècles : « Ordo ab chao »…
Jakin,
Commentaires
bonsoir
j'ai apprécié cet article
bonne soirée
la loca
très bon réveillon et un joyeux noel de gros bizzzous
salut,merci d'etre passer sur mon blog.je te souhaite un bon reveillon,a bientot.
fee_scarabee
salut Jakin,
j'ai commencé à lire ton article, je reviendrai pour le lire, il est long et parait très intéressant;
Passe une très joyeux Noel !
Gros bisou de Cricri
bonjour jakin ! je viens te souhaiter un joyeux noël ! bises
Je viens te souhaiter de Joyeuses Fêtes de Noël à toi et à toute ta famille, Jakin
Carine