posté le 11-02-2010 à 03:57:33
LA DROME PROVENCALE...
26 – Drôme, Montélimar du 24 au 27 janvier 2010
Le département de la Drôme a été créé à la Révolution française, le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir d'une partie de la province du Dauphiné à laquelle il appartenait avec les Hautes Alpes et l'Isère. Les limites du département furent plusieurs fois modifiées suite à l'annexion du Comtat Venaissin en 1792 puis de la création du département de Vaucluse en 1793. Les villes de Carpentras et Valréas, notamment, firent partie de la Drôme de façon éphémère. Ces modifications créèrent une esclave de Vaucluse (canton de Valréas) dans la Drôme, la plus grande enclave de ce genre en France.
Si la Drôme provençale n’a qu’une géographie imaginaire, si son périmètre précis n’existe pas officiellement - elle est en tout cas une région frontière entre le Dauphiné et la Provence, mais avec un net penchant pour le Sud. C'est la porte de la Provence, la césure entre le sud et le nord. C'est ici que le temps change, que le soleil remplace la pluie, que les nuages laissent place à un ciel bleu dégagé. C'est ici que commencent les lavandes et les cigales, en été bien entendu.
Tout en elle chante la Provence, à commencer par les produits du terroir : olives noires de Nyons et nougats de Montélimar, tilleul des Baronnies, truffes, picodons et foujou de chèvre. Le nectar des Dieux récolté sur cette terre n’a rien de nordique : les vins de la Drôme sont réputés : AOC "Côtes du Rhône" (crus Hermitage ou Crozes-Hermitage), "Côtes du Rhône village" de Rochegude, Rousset les vignes, Saint Pantaléon les vignes et Vinsobres.
Si la nature est généreuse en Drôme provençale, le patrimoine culturel y est également très riche. Nombreux sont les sites médiévaux qui témoignent d'un passé agité par les guerres entre seigneurs locaux, puis par les guerres de religion. Construits sur les crêtes dominant les villages, ces châteaux sont aujourd’hui souvent en ruine mais quelques-uns uns sont encore en parfait état et valent le voyage, comme ceux de Grignan (rendu célèbre par Madame de Sévigné), Suze la Rousse (et son université du vin) ou Aulan (perché sur son piton rocheux).
La Drôme provençale peut également s’enorgueillir de compter trois des 100 plus beaux villages de France : La Garde Adhémar, Le Poët Laval et Montbrun les Bains. L’amateur de vieilles pierres pourra admirer les très beaux villages restaurés de Valaurie et de La Laupie, les vieux villages perchés de Rochebrune ou de Vercoiran. Il pourra également découvrir les superbes églises romanes de Solérieux, Saint Restitut, Sainte Jalle et La Garde Adhémar, ou le prieuré du 12ième siècle à Vinsobres.
Le pont roman de Nyons mérite le détour, ainsi que le donjon féodal de Chamaret, la fontaine classée de Mollans sur Ouvèze ou encore la place aux arcades du 15ième siècle de Buis les Baronnies. Vous pourrez également visiter le musée des Miniatures à Montélimar ou celui du protestantisme au Poët Laval. Les gourmets et fines papilles seront comblées en allant faire un tour au musée de la truffe à Saint-Paul-Trois-Châteaux…
Une heure trente et 150 kilomètres d’autoroute sont nécessaires pour approcher Montélimar. On quitte Aix en Provence ; autoroute A7 direction Lyon, sortie Montélimar sud, prendre la N7 direction Alan, traverser Malataverne, puis Montélimar centre. Au rond point 2ième sortie, avenue J.F. Kennedy, à 500 sur la droite se trouve l’Hôtel Balladins notre demeure pour cette aventure. C’est une chaîne d’hôtels restaurants labellisés bien connu qui offre l’avantage d’une certaine souplesse pendant le séjour. Il est campé près de l’entrée de l’autoroute, un peu vieillot, mais pas chère ce qui est appréciable pour quelques jours.
Mondialement connue pour son nougat, Montélimar marque l'entrée en Drôme Provençale. Ses produits authentiques du terroir (lavande, fruits, vins, picodon...) en font une ville de goût, et ses vestiges une ville d'histoire.
Le visiteur qui découvre Montélimar pour la première fois sera charmé par son patrimoine et sa douceur de vivre. Le centre ancien, bordé par les allées Provençales, abrite un cœur de ville préservé et entièrement piétonnier, dans lequel se marient commerces et artisanat, sans oublier des marchés typiques de la Provence.
De nombreux édifices - parmi lesquels le célèbre château des Adhémar et la Maison Diane de Poitiers - hôtels particuliers, places, temple, église, chapelles jalonnent la ville et rendent compte de son important passé historique.
L’histoire de Montélimar a débuté il y a environ 5 000 ans dans le quartier du Gournier, où la civilisation chasséenne laissa les découvertes archéologiques les plus spectaculaires. Passant successivement aux mains des Ibères puis des Celtes, la commune montilienne fut rattachée à Rome à partir du 1er siècle avant Jésus-Christ.
En 40 après J.-C., les Romains y construisirent la « via Agrippa », ancêtre de la Nationale 7, qui reliait à l’époque Lyon à Arles en passant par Montélimar. La ville n’était alors qu’une petite bourgade appelée Acunum (actuel quartier d’Aygu). On doit ce nom initial à la colonie romaine des Acusiens qui, après avoir occupée le Tricastin, s’installa à proximité de la voie romaine qui longeait le Rhône. A partir du 5ième siècle, des invasions barbares répétées éloignèrent l’influence de Rome et diluèrent le pouvoir central. Commença alors une longue période où de grandes familles terriennes imposèrent leur propre loi pendant plusieurs siècles.
Il fallut attendre le 11ième siècle et l’arrivée de la famille des Monteil pour réunifier la ville. Un siècle plus tard, le seigneur Adhémar de Monteil se fit construire un château fortifié au Bois de Laud. On nomma sa résidence Montelium Adhemari (le petit mont d’Adhémar), en référence à la colline où elle fut édifiée. En 1328, le nom de « Montelilmart » fut officiellement adopté, qui se transformera au fil du temps en « Montélimar ». Mais, de nouveaux conflits allaient rapidement faire perdre leur autonomie aux seigneurs des Adhémar. De 1340 à 1383, les droits sur la ville devinrent propriété de la papauté.
Au 15ième siècle, la ville fut rattachée à la Couronne de France. Favorite du roi Henri II, Diane de Poitiers s’installa à Montélimar en 1549. La richissime duchesse se fit bâtir une belle demeure familiale aujourd’hui appelée Maison Diane de Poitiers et qui reste l’un des anciens vestiges phares de l'histoire montilienne. La Réforme instituée au Moyen âge en réaction aux abus de l’Eglise catholique allait marquer le renouveau de la foi et des pratiques chrétiennes, donnant naissance au protestantisme. Prêché dans le Dauphiné par Guillaume Farel, son culte rencontra en Drôme Ardèche un écho particulièrement favorable. Dès 1560, fut instaurée l’Église Réformée de Montélimar. Ce fut le commencement de tragiques guerres de religion durant lesquelles Catholiques et Protestants se disputèrent la possession de la ville.
Il fallut attendre la promulgation de l’Édit de Nantes en 1598 par le roi Henri IV pour que les Protestants recouvrent le droit de célébrer leur culte et de construire leurs propres édifices. Entre 1599 et 1604, Montélimar se dota ainsi d'un temple protestant. Cette période restera comme la plus riche de l’histoire de la ville : Montélimar devint alors un centre religieux qui rayonnait dans tout le Dauphiné.
Mais, les guerres incessantes menées par Louis XIV au 17ième siècle marquèrent la reprise des troubles dans la région. En révoquant l’Édit de Nantes en 1685, le souverain de France plongea le protestantisme dans un siècle de répression. La ville se vida alors de près de la moitié de ses habitants et ses artisans les plus habiles furent contraints de fuir les persécutions. L’image de Montélimar devint celle d’une cité emmurée dont les accès étaient strictement surveillés, dotée d’une imposante prison transformée plus tard en garnison militaire (la caserne Saint-Martin). La Porte Saint-Martin, bâtie en 1762-1763 sous Louis XV, est aujourd’hui le dernier témoin de cette période d’austérité. Ce n'est qu'au 18ième siècle avec l’apaisement des tensions religieuses que la ville sortit de l’isolationnisme et redevint un centre d’attractions régional.
Cette période coïncida avec l’essor du nougat. Les débuts de sa fabrication remontent au 18ième siècle. Gagnant en notoriété, Montélimar se spécialisa dans la production de la célèbre friandise, qui allait devenir indissociable de son lieu d’origine.
Sur la carte gourmande de France, nul n’est censé ignorer que Montélimar est le berceau du nougat. Issu du latin « nux gatum », qui signifie tourteau de noix, le mot est apparu pour la première fois en 1694, date à laquelle Olivier de Serre implanta des amandiers dans la région montilienne. La recette définitive fut connue au 17ième siècle : un mélange de sucre, de miel, d’amandes, de vanille et de blancs d’œuf qui donne à la friandise cette texture compacte et généreuse. Remis en cadeau à chaque visite princière, la renommée du nougat traversa le pays et la ville se spécialisa dans sa fabrication. Avec la création de la Nationale 7 et l'arrivée des congés payés en 1936, Montélimar devint une halte gourmande de choix. Plusieurs fabriques traditionnelles datant du 19ième siècle ont été conservées et que le public peut visiter. En centre-ville, des nougateries d'époque bordent toujours les Allés Provençales.
Au 18ième siècle, Montélimar se transforma en ville de négoce et développa une activité économique singulière : l’élevage du ver à soie, la filature et le commerce de la soie. La Révolution de 1789 se déroula dans le calme, les Montiliens accueillant avec faveur les idées nouvelles. La position géographique avantageuse de la ville le long du Rhône stimula le commerce grâce aux voies de transport routier et fluvial. Montélimar redevint ainsi une ville d'importance dans la région. Lors de la constitution des départements par l’Assemblée Constituante en 1790, elle se porta même candidate avec Valence et Crest pour devenir le chef-lieu du nouveau département de la Drôme.
Après la chute de la royauté en 1792, le pays de Montélimar fut, à l’instar du midi de la France, le théâtre de violences, de règlements de compte et de vengeances. Les brigands, souvent d’anciens déserteurs, allaient semer la terreur jusqu’en 1824. Au 19ième siècle, la Révolution Industrielle eut relativement peu d’impact sur l’économie montilienne, encore largement agricole après 1850. La construction du chemin de fer Lyon Valence Avignon ne modifia pas en profondeur le paysage industriel local, dont les activités les plus importantes restaient la chapellerie et la soie…
Le jour se lève lentement pendant que nous prenons notre petit déjeuner. Dehors la température est en dessous de zéro et le Mistral qui souffle très fort vous donne l’impression de circuler dans un réfrigérateur. Nous attendons que les premiers rayons de soleil sortent franchement pour prendre la route. Mais il faut bien partir pour la découverte des châteaux de la Drôme.
Première étape Grignan, un village perché et fortifié qui s’est développé autour de son château et qui cristallise, dès le 12ième siècle, un premier regroupement de populations. Le bourg castral, mentionné dès 1105, se développe aux 13ième et 14ième siècles, avec le rôle grandissant de la puissante famille des Adhémar de Monteil, dont la branche cadette (les Adhémar de Grignan), possèdera définitivement la seigneurie dès 1239. Le village, blotti au pied de son château, restera abrité à l’intérieur de ses murailles jusqu’à l’extrême fin du 15ième siècle.
Le château de Grignan doit sa renommée à la marquise de Sévigné qui y séjourna au 17ième siècle. Cependant le château a traversé les tourmentes de l’histoire et a connu maintes phases de construction et de destruction depuis le Moyen âge jusqu’à l’époque contemporaine.
Au fil de ces dix siècles, la famille des Adhémar puis les propriétaires privés qui s’y sont succédés ont transformé ce château par souci de modernisation, d’embellissement et de représentation : forteresse au Moyen âge, demeure prestigieuse à la Renaissance, fastueux palais classique au 17ième siècle. En ruine après la Révolution, le château est reconstitué au 20ième siècle.
Deuxième étape Suze La Rousse, le village tire son nom du celtique «UZ», désignant un lieu élevé et «La Rousse», fait allusion pour certains à la coloration roussâtre de la pierre du château et pour d'autres, à la couleur de la chevelure de Marguerite des Baux. Les premières mentions du village remontent au 11ième siècle. Le bourg est défendu par un rempart appelé « barri » avec des meurtrières et un chemin de ronde à l'ouest.
Edifié sur un promontoire rocheux, à l’extrémité d’une colline dominant la vallée du Lez, le château de Suze la Rousse, à 133 mètres d’altitude, le village construit à ses pieds. Au 12ième siècle, un donjon est édifié par l’importante famille des Baux, princes d’Orange. Situé sur les terres du Dauphiné, il occupe une position stratégique entre la Provence et le Contat Venaissin. Il devient en 300 ans une forteresse dotée d’un puissant système défensif et passe au 15ième siècle aux mains des La Baume-Suze.
Au 16ième siècle, Guillaume et François de La Baume réalisent d’importants travaux. Le château conserve son aspect fortifié mais s’embellit : la cour intérieure est aménagée, décorée de galeries à arcades, d’éléments architecturaux de style Renaissance.
Au 17ième siècle, l’escalier d’honneur et le salon octogonal sont réalisés par Louis de La Baume-Suze. Au 18ième siècle, la salle à manger (le salon bleu) est aménagée et décorée de gypseries ainsi que la salle d’armes. Pendant la Révolution, le château est endommagé : le crénelage des tours est arasé, les armoiries sont martelées, l’escalier d’honneur est dégradé.
Troisième étape, Chamaret, une bourgade de plaine pittoresque, très provençale avec sa place ombragée de platanes et ses maisons en vieille pierre égayées de volets bleus et verts. Mais le village est surtout dominé par les superbes ruines d’un donjon féodal, haut de 33 mètres et encore en bel état, qui faisait partie d’un château fortifié construit au début du 12ième siècle par les Seigneurs locaux. C’est la principale attraction du village, qui mérite une longue visite : d’abord car il faut prendre le temps d’y grimper à pied, ensuite car la vue de la terrasse en belvédère est magnifique, sur la campagne environnante, les vignobles et les champs de lavande, ainsi que sur la mer de tuiles romaines.
Enfin car ces ruines majestueuses vous impressionneront : non seulement le vertigineux donjon carré, mais encore les pans de murs où grimpent les herbes folles, fenêtres qui ouvrent sur le vide, morceaux de voûtes encore intacts, entre lesquels se dressent quelques fiers cyprès. Un ensemble d’un romantisme échevelé, qui parle à l’imagination et invite à un voyage dans le temps.
Du haut du donjon, vous êtes à 250 mètres d’altitude : vue panoramique sur le Mont Ventoux, le château de Grignan, le plateau du Rouvergue et les monts de l’Ardèche ! En redescendant vers le village, admirez encore, sur le flanc de la colline, des restes de murs d’enceinte médiévale, dont en particulier la porte "de la grande Fontaine" (13ième siècle).
De même qu’un énorme lavoir communal couvert à colonne (dit également “la belle fontaine”), qui date du 18ième siècle, quelques très belles maisons de pierre restaurées, ou l’église, avec son clocher carré à campanile ajouré. Les curieux emprunteront le sentier des Bories, qui leur fera découvrir ces fameuses bories (maisons de pierres sèches), mais aussi des fours à chaux, un menhir et un oppidum romain.
Quatrième étape Aiguebelle, le Monastère a été fondé en 1137 par les moines de Morimond, quatrième fille de Cîteaux fondée en 1115 en Champagne. Le monastère est bâti dans un vallon isolé, comme le voulait la tradition cistercienne, au confluent de trois ruisseaux, d'où le nom de "belles eaux", Aiguebelle. Au 12ième siècle, le monastère bénéficie des donations des seigneurs voisins et accroît considérablement son domaine : il possède des terres jusqu'au pied du Mont Gerbier-de-Jonc.
À partir du 14ième siècle, les épreuves vont se multiplier : guerre de Cent Ans, peste noire, chute des vocations, surtout des frères convers qui entretenaient les granges et les terres. Les possessions sont pour la plupart données en bail. Après 1515, les abbés ne sont plus élus par les moines mais nommés par le roi. Lors de la dispersion des moines en 1791, ils ne sont plus que trois. Le monastère est alors pillé puis vendu comme bien national. Son éloignement par rapport aux voies de communication va le sauver de la démolition.
La communauté d'Aiguebelle va se développer rapidement : en 1850, elle compte 233 moines, et fonder de nombreux autres monastères dont la plupart sont toujours vivants : Staouéli qui deviendra N.D. de l'Atlas en Algérie (d'où sont nées deux nouvelles communautés : N.D. de Tibhirine en Algérie et N.D. de l'Atlas au Maroc), Les Neiges en Ardèche, le Désert près de Toulouse, les Dombes au nord-est de Lyon, Acey dans le Jura puis Koutaba au Cameroun. Elle assure aussi la paternité d'une communauté de moniales : N.D. de Bon Secours (Blauvac) dans le Vaucluse.
Il fait de plus en plus sombre et le froid nous a presque transformé en glaçon, il est donc temps de rejoindre notre chambre au chaud. Auparavant nous faisons un crochet par les ruines de l’ancienne Abbaye de Barbara ou il ne reste plus que les murs constituant le cœur de l’ouvrage…
Le ciel est blanc, annonciateur de neige, quand nous prenons notre petit déjeuner. Dehors la température est toujours en dessous de zéro et le Mistral n’a pas faibli. Avec courage nous prenons la route pour une journée à travers les villages pittoresques de la Drôme provençale.
Première rencontre, Mirmande, un village perché situé dans un paysage de collines, Appelé Mirmanda au 12ième siècle, Castrum Mirimandae au 13ième siècle, Mirimanda et Miremande au 16ième siècle et enfin Mirmande au 17ième siècle. Mentionné dès 1238, le village est une ancienne propriété des Adhémar qui le cédèrent à l'évêque de Valence. Au milieu du 14ième siècle, le bourg se développe et un deuxième rempart, encore visible aujourd'hui, le délimite.
Le 17ième siècle voit le village s'agrandir hors les murs, mais c'est au 19ième siècle que Mirmande se développe avec la sériciculture (culture du vers à soie) qui fait vivre près de 3 000 personnes. Avec le déclin de cette économie, le village connaît des heures difficiles. Le 20ième siècle voit l'abandon et l'écroulement partiel de l'église Sainte Foy.
Le village va renaître grâce aux nombreux artistes qui s'y installent plus ou moins durablement. André Lhote (1885 - 1962), peintre cubiste et écrivain, contribue au renouveau de Mirmande.
Deuxième rencontre Le Poët Laval, village perché à flanc de coteaux, du 12ième siècle, classé Plus Beaux Villages de France, il était le siège de l'ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Ce fut à la fin du 12ième siècle, sous le signe de l’hospitalité qu’est né le site du Poët Laval autour d’une Commanderie de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Cet ordre de moines soldats construisit le château et une chapelle sur le « monticule dans la vallée » ; Pogetum Vallis : Le Poët Laval. Le nom apparaît pour la première fois dans un texte de 1269 qui mentionne l’existence de l’hôpital et son obligation de fournir en cas de guerre au comte de Valentinois – son suzerain temporel – un contingent de 60 hommes armés pendant 60 jours.
Le château n’était alors qu’un donjon, sorte de tour défensive composée de deux salles superposées. L’ensemble de la construction est massif ; le pigeonnier qui surplombe la tour est un ajout du 16ième siècle et l’on peut dire qu’il défigure la silhouette sévère de la construction médiévale.
Au 13ième siècle la Commanderie possédait de nombreux titres, terres et privilèges. Le Commandeur était en fait le seigneur du lieu. Autour du château et de son enceinte les maisons en échoppes s’édifièrent ; ce fût une période de prospérité. Vers 1450 un incendie ravagea le village mais tout fût reconstruit.
Durant 4 siècles, le Poët Laval va se développer autour de ce couvent forteresse qu’est la Commanderie, à la fois refuge pour les pèlerins et garnison de troupes toujours prêtes à se porter sur les champs de bataille d’Orient. Dépendant du prieuré de Saint-Gilles dans le Gard, rattachée dans l’organisation de l’Ordre à la « Langue » de Provence, la Commanderie du Poët Laval est, au 15ième siècle, l’une des plus importantes du Sud Est de la France. La communauté prend une nouvelle appellation : l’Ordre de Malte.
Au même moment une autre aventure de la foi a commencé pour le village : celle de la Réforme. Les 16ième et 17ième siècles furent troublés par les conflits entre Catholiques et Protestants et le village fut l’objet de nombreux combats. A la fin du 16ième les Commandeurs quittèrent le lieu ; la Commanderie et le château furent dévastés. A la fin du 19ième siècle les habitants désertèrent le vieux village pour s’installer dans la vallée à Gougne et, au début du 20ième siècle, la voûte et la façade de la chapelle s’effondrèrent, la laissant dans l’état où elle se trouve actuellement.
Troisième rencontre Taulignan, fief des Montauban au 12ième siècle, fortifiée au 13ième siècle, le village a encore fière allure, avec ses 700 mètres de muraille d’enceinte ponctuée de onze tours rondes encore en bon état, sa magnifique porte d’entrée flanquée de deux tours, un dispositif de corps de guet et quelques mâchicoulis reliés au chemin de ronde.
Une fois garée sur la vaste place de l’hôtel de ville, nous flânons malgré le froid dans cette petite cité médiévale qui a gardé ses noms anciens : rue de l’église ou grande rue, rue des fontaines, porte d’Anguille. En empruntant ces ruelles qui montent et descendent, aux façades grises égayées de volets bleus ou encore jaunes à volets verts, en passant sous une voûte de pierre ou devant de vieilles maisons à l’abandon, à demi effondrées nous nous émerveillons.
Nous finissons par arriver devant l’église, imposante et superbe, qui dresse vers le ciel son clocher roman et ses murs de pierre presque blanche, patinés par le temps. Les amateurs d’histoire seront curieux d’apprendre que Taulignan, qui fut au 12ième siècle une seigneurie appartenant à Bertrand de Taulignan, eut comme dernière châtelaine, Nicole de Lamoignon de Senozan, sœur de Malesherbes : incarcérée à la conciergerie avec son amie Élisabeth de France, elle monta, elle aussi à l'échafaud en mai 1794.
C'est cette même année que la Convention donne l’ordre de la destruction du château, dont il ne reste aujourd’hui qu’une salle de garde transformée en lavoir et un pan de mur de sa propre enceinte. Les ruelles qui suivent encore aujourd’hui la forme circulaire des remparts, entouraient à l’époque le château. Vous ne quitterez pas Taulignan sans avoir goûté au nectar des Dieux, un fameux "Côtes du Rhône", Appellation d’Origine Contrôlée, s’il vous plaît !
Quatrième rencontre, La Garde Adhémar, le village actuel, enserré dans des remparts en bordure du plateau calcaire dominant la plaine de Pierrelatte, a conservé sa structure médiévale. Ce n’est sans doute qu’au 11ième siècle que fut implanté sur l’éperon rocheux le castrum de « La Garde » dont le nom souligne la fonction défensive sur un site propice à la surveillance de la vallée du Rhône et du vallon du Rieu. Un premier rempart (fin 11ième - 12ième siècles) enserra les édifices vitaux - l’ensemble castral et l’église Saint-Michel - et quelques habitations. Au 13ième siècle, les populations paysannes du Val des Nymphes attirées par le renforcement du pouvoir seigneurial de la famille des Adhémar, s’installèrent à l’intérieur du castrum de La Garde ce qui nécessita son extension et la construction d’une seconde enceinte. L’habitat et trois églises du Val des Nymphes (Saint Martin, Saint Pierre, Saint Roman) disparurent tant du paysage que de la mémoire collective.
Dans le castrum, les réaménagements médiévaux du bâti soulignent la fonction résidentielle plutôt que défensive : les observations archéologiques actuelles mettent en évidence des maisons tours romanes, une aula (pièce résidentielle) seigneuriale au-dessus d’un vaste cellier, une maison aristocratique à fenêtres géminées. L’église Saint-Michel, originale par sa double abside, est un bel exemple de l’art roman provençal du 12ième siècle.
Au 16ième siècle, Antoine Escalin, homme de guerre, ambassadeur, général en chef des galères royales, seigneur du lieu depuis 1543 fit édifier un magnifique château Renaissance démantelé après 1810. A l’image des villages provençaux et dauphinois, une confrérie de pénitents créée en 1629 accueillait tous les habitants qui souhaitaient répondre à de nombreuses exigences dévotionnelles et morales, dans une solide confraternité symbolisée par l’habit qui effaçaient les différences sociales.
Les premiers flocons font leur apparition, par prudence nous rentrons à notre hôtel nous mettre au chaud. Surtout que demain nous rentrons probablement si le temps le permet par la route intérieure, c’est-à-dire Nyons, Vaison la Romaine, Pertuis, Puyricard et Aix en Provence.
Ce matin la neige a épargné Montélimar, mais ce n’est pas le cas dans les petits villages des alentours. Le froid est toujours aussi rude et les routes de l’intérieur sont gelées, ce qui nécessite une conduite prudente pour le retour. Nous faisons une première halte dans le petit village de Saint Pantaléon les Vignes. On ne peut pas le rater car des bouchons encombre l’entrée du village.
Son nom apparaît pour la première fois en 989 dans l'histoire ; une charte de Cluny mentionne la "Cella Sancti Pantaléonis in Provencia". Au 12ième siècle, un prieur voulant se donner un protecteur, place la commune sous la suzeraineté des Comtes de Toulouse, souverains du Marquizat de Provence qui devint plus tard le Comtat Venaissin jusqu'en 1790. Durant cette période, la commune changea plusieurs fois de nom : Castrium sen villa sancti Pantaleon, Ville de Saint Pantaléon (14ième siècle), Sent Panthau, Saint Pantau, Saint Pantaly.
Elle prendra même le nom de "Pont Libre" en 1794 et est définitivement rattachée à la Drôme. Enfin, le 23 juin 1918, afin qu'aucune confusion ne puisse exister entre les différentes communes qui portent ce nom en France, on ajoute "les Vignes". On y trouve de superbes mas provençaux bien restaurés, aux jardinets protégés de petits murs de pierre et souvent ombragés de grands et beaux arbres, sapins, pins ou tilleuls. Sans oublier bien sûr la superbe église en pierres écrues à clocher roman…
Mais si on vient à St Pantaléon les Vignes, ne nous cachons pas que c’est avant tout pour son vin, ses caves et ses dégustations de vins, une “industrie” annoncée dès l’entrée du village par d’énormes barriques posées dans les champs, en décor, au bord de la route.
Nous poursuivons notre route jusqu'à Nyons, la "capitale" du Nyonsais-Baronnies. Ville médiévale au pied d'un piton rocheux, tout près du Mont Ventoux. Environnée de moyennes montagnes (Essaillon, Garde Grosse, Saint Jaume et Vaux), à l’abri des vents dans sa cuvette naturelle, bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel toute l’année.
Surnommée «le Petit Nice» pour son climat si particulier. Découvrez la vieille ville médiévale, le quartier des Forts avec ses ruelles tortueuses, la Tour Randonne, le bourg avec le pont roman classé monument historique et son arche unique de 43 mètres de portée.
Nous avons aussi visité : le pont roman sur l'Eygues, le quartier des forts (13ième et 14ième), le palais delphinal (14ième), l’église Saint Vincent et Saint Cézaire reconstruite en 1614 : le clocher tour carré fortifié gothique 1352, restauré (18ième), le campanile en fer forgé 1785, la chapelle Notre Dame de Bon Secours néogothique, aménagée en 1863 dans la tour Randonne, les vieux moulins à huile (18ième et 19ième), la scourtinerie (dernière fabrique en France), sans oublier la route de la Lavande et la route de l'Olivier qui nous mène jusqu’à Vaison la Romaine.
Là, nous retrouvons une excellente table, que nous avion connu lors de notre escapade dans le Contat Venaissin « Les Terrasses de Ninou » : Soupe de poisson, filet de rougets à la provençale, fromage local et un côte de baume rouge bien entendu…
Encore quelques kilomètres en direction de l’Isle sur la Sorgue, puis Pertuis et enfin le petit village de Puyricard à 12 kilomètres d’Aix en Provence. Pas de doute, ici en Drôme Provençale, vous êtes bien dans le Midi. Le climat est méditerranéen, le ciel bleu et la lumière sont exceptionnelles, les champs de lavandes et les vignes sont bien là, posés à perte de vue.
Sont là aussi chaque semaine les marchés où chantent les accents, les couleurs et les parfums. Les vieux villages pleins de charme avec leurs maisons en pierre, leurs volets de couleurs, Aulan la place du village où tout le monde se croise et se dit bonjour en allant chercher son pain.
Les terrasses de café sous les platanes, le pastis et les olives, le vin rouge et le rosé frais, la pétanque (l’été), ... des clichés cartes postales, oui certes, mais c'est la vie des villages au quotidien et autant de signes qui prouvent que la douceur de vivre est bien au rendez-vous. C'est sans conteste une des marques de fabrique du Sud et de la Provence et de la Drôme provençale
Armand et Andrée,
Commentaires
un article splendide ... j'aime flâner dans ces vieux villages ... leur âme émane des pierres et à chaque "carrefour" des vestiges nous racontent l'histoire ....
bisous
vraiment super bien fait et très instructif, merci Jackin.
Au fait, il a neigé chez toi également, espère que tu n'as pas eu peur !!!Cette année, nous sommes servis.
Bonne soirée et douce nuit
Gros bisou de Cricri
coucour Armand,
excellent ton article, vais devoir y revenir car il est un peu long et j'aimerais tout lire.
à tout à l'heure
bisous
kikou très bon après-midi gros bizzzous