Le monde nous parle de succès et d'aboutissement... Il favorise les grands voyages... Cette lame représente la perfection et elle influence favorablement toutes les autres.
La quête du héros s'achève en cette fin du 3ième septénaire. L'arcane conduit à l'éveil de la conscience au regard du monde universel dans la totalité et dans le détail de son organisation.
La pierre des philosophes concrétise cette démarche. Le mot "pierre" montre que le résultat de la recherche n'est pas évanescent. La pierre philosophale est l'Esprit parvenu à la densité, à la réalité concrète d'un corps solide. Dans la réalisation du soi, les rênes sont remises à l'inconscient devenu conscient et dont le Moi n'est plus que le véhicule...
Dans le Tarot ancien de Marseille : C’est la seule lame (avec la Papesse) ou le graphisme dans sa partie supérieure sort du cadre, les limites du normal ont été repoussées. L’ensemble est une synthèse de l’œuvre spagyrique, par les couleurs, les personnages, les nombres évoqués. Les 4 évangélistes sont présents en résonance avec les 4 éléments, à travers les évangélistes ont retrouve différentes allusions aux lames que nous venons d’étudier (3 avec auréoles, 1 sans, le parallèle peut être fait avec nos 3 piliers présents et le 4ème manquant).
D'où viennent ces équivalences ? Dans la vision du prophète Ezéchiel, on lit la description d'un feu avec un étincellement vermeil qui n'est pas sans rappeler notre amande mystique, avec quatre visages d'hommes : tous les quatre avaient à droite une face de lion à gauche une face de taureau, et tous les quatre avaient une face d'aigle. On trouve encore de ces correspondances dans l'Apocalypse de saint Jean : quatre êtres vivants entourent le trône de Dieu ; le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait un aigle en plein vol...
Et c'est saint Jérôme qui donne l'explication de ces correspondances : l'homme a été attribué à Matthieu parce qu'il commence son évangile par une généalogie humaine de Jésus, le lion à Marc parce que dès les premières lignes de son récit il évoque "la voix qui crie dans le désert" qui ne peut être que le rugissement du lion, le taureau, animal sacrificiel par excellence, à Luc à cause du récit du sacrifice offert au temple de Jérusalem par Zacharie placé au début de cet évangile, l'aigle à Jean parce que cet évangéliste atteint les sommets de la doctrine comme l'aigle atteint les sommets des montagnes.
Ce qu'il y a aussi d'intéressant à considérer est que ces correspondances ont une origine antérieure au monde chrétien : le chiffre quatre joue un rôle central (les quatre saisons, les quatre points cardinaux...). Ils ont pu être influencé aussi par les quatre gardiens du monde ou les quatre porteurs du ciel disposés aux quatre coins du firmament de l'ancien Orient, images qui reposent sur les symboles stellaires du zodiaque de la "croix fixe" qui sont le taureau, le lion, le scorpion et le verseau (le scorpion étant remplacé par l'aigle, le verseau par l'homme).
Je vous en laisse faire les rapprochements par vous-même. La partie centrale, ovalisée, une couronne de laurier signifiant réussite victoire. Elle rappelle les trois principales couleurs qui nous ont accompagnées tout au long de cette étude, bleu, rouge, jaune, ces teintes sont répétées 2 fois, ce qui nous ramène aux phases de l’œuvre. Une femme nue, mais discrètement voilée de couleur chair, se tient au centre de la lame, un pied repose sur une surface d’or, qu’elle a donc dépassée et maîtrisée pour se transmuter elle-même, véritable objet, en vérité, de cette difficile quête qui passait par la maîtrise de la matière.
La nudité évoque la naissance, voire la renaissance, véritable transmutation. Ce qui d’ailleurs n’est pas sans rappeler l’initiation. La boucle est bouclée par l’objet qu’elle tient, verticalement, dans la mais gauche. La verticale indique que le contact est, à présent, établi entre le monde matériel et celui du spirituel. La teinte employée pour ce personnage central est identique pour les objets qui s’y rapportent, c’est l’unité avec le tout, en fait, elle ne fait plus qu’un avec l’univers.
Dans le Tarot des Alchimistes : Cette carte s'inspire indirectement de la 5ième planche de Philosophia reformata de Mylius (1682). Elle représente le "Rebis" qui symbolise l'union complète des principes masculin et féminin, mais indique surtout le point de l'œuvre où l'alchimiste voit enfin réalisée la fusion définitive de la matière avec l'esprit. Mylius oriente même l'indication en associant l'équerre et le compas aux deux polarités du personnage. Cette individu bicéphale est, par ailleurs, placé sous l'égide de la quintessence exprimée par les cinq planètes associées aux stades successivement traversés lors du processus suivi par l'adepte (Venus et Mars sont à gauche, Jupiter et Saturne à droite, et le Mercure unifié se trouve en haut).
La matière vivante, régénérée et libérée de sa gangue, exerce sa puissance sur les trois plans : Esprit, Ame et Corps, qui sont évoqués par le cercle, le triangle et le carré. Leur centre commun est la semence de l'Or.
Le cercle est un globe muni d'une paire d'aile et surmonté d'un dragon. Celui-ci, griffu et ailé, n'est autre que le mercure double dont le Rebis est issu.
Au laboratoire : L'alchimiste peut maintenant ouvrir le vaisseau de ce long voyage. La matière possède alors une consistance granuleuse et peut se réduire en poudre très fine. Les deux corps sont non seulement unis mais confondus en Un, en accord parfait avec l'harmonie universelle.
"C'est cette Ame, Esprit et feu rassemblés, concentrés ou coagulés dans la plus pure, la plus résistante des matières terrestres que nous appelons notre Pierre. Et nous pouvons certifier que cette entreprise qui n'aura pas cet esprit pour guide et cette matière pour base ne conduira jamais au but proposé" (Fulcanelli, Les Demeures Philosophales).
De son magma l'être a fait de l'or. Mais la première transmutation réalisée au sein du creuset aboutit à l'obtention d'un état unique. Ce n'est cependant pas encore la pierre philosophale ; celle-ci sera une pierre de projection qui permettra de transmuter à son tour, autour de soi...
Dans le Dodal primitif : Le jeune homme n'est pas seulement un jeune homme, il est aussi un vieillard. De son visage sort une barbe qui se répand sur le haut de sa poitrine. On pense au passage de l'Apocalypse dans lequel Jean voit quelqu'un qui ressemble à un fils d'homme et dont la tête, les cheveux et la barbe sont blancs comme de la laine blanche. Il est le commencement et la fin, le Aleph et le Tav.
Le bord externe de son bras droit ondule comme un tissus sous le vent. De la même manière, le bord interne de sa cuisse gauche semble se plisser sous le souffle de l'air. Ce qui donne à son corps une sorte d'immatérialité.
Son épaule gauche, un arc de cercle qui soulève légèrement sa chevelure et son bras gauche ressemble plutôt à une main tenant on ne sait comment une espèce de tube qui peut être aussi un jonc, ce tube creux destiné à ranger le compas.
Le personnage semble en effet tenir l'axe du pôle avec sa main gauche et de la main droite un arc de cercle particulièrement voyant... Mais peut-être s'agit-il du ciel qui s'est enroulé comme un livre, marquant la fin du monde matériel, suivant la vision de Jean : "et le ciel disparut comme un livre qu'on roule" (Apocalypse 6). A partir de là, cherchons les tracés suggérés...
Architecture et recherche Géométrique : Si nous plaçons la pointe d'un compas sur le point d'où sort le tube tenu dans la main gauche du personnage central, nous pouvons tracer un cercle passant par la section de cercle tenue dans sa main droite. Ce cercle longe le contour externe de son bras droit et passe par sa bouche. nous pouvons observer que le bras droit, sur la circonférence du cercle semblable à une roue qui tourne, semble frémir sous le vent induit par le mouvement de la roue.
En continuant l'examen attentif de l'image, nous découvrons d'autres arcs de cercle. Nous trouvons de haut en bas : un arc sur l'épaule droite de l'homme ailé en haut de la lame, un autre sur l'épaule gauche du jeune homme, trois sur le bord de son vêtement, un le long du bord supérieur de l'aile du lion et un sur la tête du lion.
Complétons un certain nombre parmi ces différents arcs de cercle suggéré sur l'image : nous voyons se dessiner une certain nombre de cercles.
Que représentent-ils ? Des mondes ? Des cycles cosmiques ? Les roues d'une machine ? Et pourquoi pas un horloge astronomique puisque avec cette lame nous arrivons à la fin des temps avec l'Apocalypse et la Jérusalem céleste...
La clef, l'épaule gauche du personnage central, est formée d'un disque suffisamment dur pour soulever sa chevelure. Si l'on se souvient de la phrase du Corpus Hermeticum : "Le monde est le réceptacle du temps et c'est le cours et le mouvement du temps qui entretiennent la vie du monde", nous n'avons plus de doute : sur cette lame se cache le tracé des différentes roues d'une horloge. Nous avons bien une horloge astronomique dans la Cathédrale de Strasbourg...
Nous pouvons donc confronter les cercles suggéré par cette lame avec les différents rouages d'une horloge astronomique telle qu'on les construisait au Moyen Age, comme celle de Vincent Dandy (14ième siècle) ou celle de Saint-Omer, placée là en 1555, dont un visiteur avait écrit : "qu'en entendant battre le balancier dans le silence de la basilique ont croit compter les pas du Temps s'avançant vers l'éternité"...
Tarot, Alchimie et Franc-Maçonnerie : Par sa référence à l'Apocalypse, cette lame nous met en rapport avec le grade de Chevalier d'Orient et d'Occident et le grade de Grand Pontife (17ième et 18ième du REAA). Le FM, passé de l'Ancien au Nouveau Testament, découvre la Jérusalem céleste et prend conscience de la vanité du Temple de pierre qui n'était en définitive qu'un symbole de la construction de son temple intérieur.
Mais surtout, il accède à une autre dimension, car le but de l'homme, indiqué par les lames successives du Tarot, trouve ici son apogée et lui permet de sortir de sa soumission au temps où la conduit la chute. Son but est de s'incorporer peu à peu aux mystères du Verbe jusqu'à ce qu'il se soit formé en lui.
De cette manière, il s'élève au-dessus du temps, en prenant conscience, plus ou moins nettement, de l'identité, de l'origine et de la fin, puisqu'à la fin de notre monde doit succéder immédiatement la restauration de l'état primordial.
Effectivement le FM chemine et parcours le temps en passant progressivement du temps à l'échelle humaine dans les trois premiers degrés au temps à l'échelle cosmique. C'est ainsi que les travaux commencent à l'heure où la Grande Lumière commence à apparaître, c'est-à-dire celle qui précède la création.
Et c'est ainsi qu'arrivé au 17ième degré, à la fermeture des travaux il est dit : "Quelle heure est-il ? Et la réponse est : "Il n'y a plus de temps", et la fermeture des travaux au 19ième degré, à la question : Quelle heure est-il ?", la réponse est : "L'heure est accomplie".
Le processus d'intériorisation est arrivé à son terme. Le centre est exactement perçu. La conscience du Soi est totale. L'être est réalisé. Les différents niveaux qui constituent son individualité sont en accord entre eux et en harmonie avec l'extérieur. La source de la nouvelle conscience n'est pas situé dans l'intellect mais en soi, au cœur de l'être.
Cette lame indique au SI? le but à atteindre, c'est-à-dire la sortie hors du temps et l'Union à la conscience cosmique...
Jakin,
Commentaires
1. anaflore le 05-05-2019 à 08:27:18 (site)
Bon dimanche
2. rene de Chine le 06-05-2019 à 02:13:59 (site)
Bonjour Armand
Passe un très bon début de semaine
Avec amitiés
René de Chine