L'éclosion de l'œuf philosophique, la rose alchimique qui fleurit symboliquement à Pâques, c'est-à-dire à l'issue de la "semaine des semaines", fait de l'alchimiste un Adepte. Pour le chrétien, le tombeau ouvert livra passage, à Jérusalem, au Christ ressuscité qui fut envoyé à l'humanité pour que s'accomplisse la rédemption.
Ainsi pour les alchimistes chrétiens l'ouverture du tombeau de Joseph d'Arimathie correspond symboliquement à l'éclosion de l'œuf philosopha.
Le baptême de la "lune des philosophes" est donc analogue à celui de l'astre nocturne, puisque chaque lunaison peut être considérée par l'alchimiste comme un nouveau baptême.
Les traités d'alchimie affirment que sa puissance d'action sur terre atteint son maximum lorsqu'elle se trouve en harmonie avec le soleil, dans phases annuelles. Pour les hermétistes chrétiens il était dès lors aisé de comprendre les raisons profondes du choix que fit l'Eglise primitive pour laquelle le jour de Pâques était aussi celui du baptême des catéchumènes.
C'est pourquoi la plupart des alchimistes s'accordent à dire que le travail au laboratoire, dans son apparente simplicité, offre un ensemble de difficultés nombreuses et celles qui paraissent les plus banales se révèlent être, en dernière analyse, les fondations sur lesquelles est bâti l'édifice tout entier.
Ce mode opératoire demande à maîtriser parfaitement trois éléments matériels et symboliques dans cette phase ultime du Grand Oeuvre : le Feu, le Sel et l'Eau. Symboles en parfaite harmonie avec la liturgie chrétienne.
Ainsi "le feu sacré des sages" est un feu que l'Artiste prépare selon l'art, ou du moins, qu'il peut faire préparer par ceux qui ont une parfaite connaissance. L'agent salin n'est, au demeurant, que le support d'un feu interne qui fut qualifié de "secret", c'est-à-dire un feu en puissance qui ne brûle pas les mains ; mais qui est efficace pour peut qu'il soit excité par le feu extérieur.
En revenant au début du ministère du Christ en Galilée on peut, sans changer de domaine accéder à un autre plan symbolique du Grand Oeuvre. Car le symbolisme du Sel fut évoqué par Jésus lors du fameux sermon sur la montagne. Alors, l'alchimiste doit veiller soigneusement à la "saveur" de son sel, en soumettant à un traitement gardé secret, grâce auquel il acquiert des vertus nouvelles.
Ainsi, les alchimistes précisent donc que le Chaos des Sages a miraculeusement échappé à la damnation de la matière, et qu'il est, sur cette terre, le seul arbre de vie.
C'est pour cette raison qu'ils affirment que leur Chaos, qui est incorruptible de par sa nature édénique, demeure dans son état premier, et qu'il nécessite l'aide de l'Artiste, démiurge de l'Oeuvre, afin d'être "organisé". Il ne faut pas oublier, disent-ils, le rôle prépondérant de la Nature, que Dieu met au service de l'homme.
La purification par l'eau était déjà, au temps du Christ, une coutume très ancienne. En effet, la Bible regorge d'évocation qui font de ce rite l'un des piliers de la croyance Juive.
Pour l'alchimiste, la source d'eau mercurielle occupe une place très importante dans le symbolisme général du Grand Oeuvre, et les auteurs ont fait preuve d'une grande imagination pour la présenter dans leurs traités.
C'est l'eau permanente, l'eau de vie et de mort, le lait de Vierge, l'herbe d'ablution, la fontaine animée qui fait que celui qui en boit ne meurt pas. Dès après ce rite, la purification par le feu pourra avoir lieu, par la triple immersion du cierge dans l'eau. Ce point particulier de la liturgie fut consigné par Jacques Cœur, Grand argentier de Charles VII, en son hôtel berruyer.
Ocultatus Abis lit-on sur la dernière planche du Mutus Liber, "tu t'en vas clairvoyant". Le combat est terminé et l'alchimiste, qui a l'instar d'Hercule dont il a symboliquement réédité les travaux, goûte à un juste repos. C'est à ce stade précis du Grand Oeuvre que la couronne de l'Adepte devrait venir orner son chef, en parfaite harmonie avec cette paix des rides que l'Alchimiste imprime au grand front studieux chère à Rimbaud...
Bibliographie : La voie de l'alchimie chrétienne, Séverin Batfroi, Le Mercure Dauphinois, 2005,2014.
Jakin,
Commentaires
1. MarioB le 02-09-2016 à 05:27:19 (site)
Bonjour, le matinal.
Celles-ci sont davantage divertissantes que les précédentes. J'ai apprécié ces deux femmes avec leurs tambours et leurs larges bibis.
2. jakin le 02-09-2016 à 13:05:39 (site)
Bonjour Mario, ce que tu nommes "BIbis" doit-être ces larges chapeaux noirs ?
3. MarioMusique le 02-09-2016 à 16:42:54 (site)
Oui.
4. Florentin le 02-09-2016 à 20:13:02 (site)
Quant aux âneries, nous sommes des spécialistes dans la Manche. C'est le département officiel des ânes. Et, pour être franc, on en trouve ici de toutes sortes et de toutes les couleurs. Des qui hennissent et des qui parlent. Les seconds étant certainement les plus nombreux. Bon week-end. Hi han ! Florentin.