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Les Black's Foot

le 04-12-2024 13:39

LA JAUGE DANS LA BOITE A OUTIL DU FRANC-MAÇON

 
 


          La boite à outil du Maçon est très fournie, à tel point qu’il est au moins un outil que l’on ignore souvent, que l’on confond parfois et que l’on méconnaît en général. Il s’agit de la Jauge. La Jauge est une règle crantée qui permet de reporter cinq dimensions donnée : la paume, le palme, l’empan, le pied et la coudée.

Dans l’Egypte ancienne, dans la Rome antique comme pendant le Moyen Age, les mesures variaient d’un pays à l’autre mais surtout d’un Maître d’œuvre à un autre et étaient basées sur le corps humain (paume, palme, empan, pied, coudée…). L’homme étant ce qu’il est, il lui fallait donc une main pour prendre son pied ! J’ai choisi volontairement pour illustrer mon propos, la main et le pied, car ils ont pour fonction le "faire".

Anaxagore disait : « L’Homme est intelligent parce qu’il a une main ». La main c’est l’hu-Main. Elle mesure, elle tient, elle reçoit, elle donne et quand elle donne cela peut-être des coups comme des caresses. En hébreu la main se dit YAD et s’écrit en 2 lettres : le Iod et le Daleth, sa valeur est de 14 (notons qu’il y a 14 phalanges dans une main). La main premier outil, va donc se subdiviser en de multiples outils, disons plus spécifiques ou plus spécialisés. Du marteau (le poing fermé) à la pince (deux doigts qui s’opposent) en passant par la pelle (la main ouverte, doigts tendus), la main va être comme le dit Aristote, « l’instrument des instruments ».

Et pour en finir avec la main, regardons la en détail dans ses trois parties (doigts, paume et lignes) : Les doigts sont au nombre de cinq comme la Jauge a cinq mesures ; le pouce qui s’oppose aux autres doigts et permet de faire la pince ; l’index qui désigne ; le médius ; l’annulaire, lié au cœur (tendre et sensible) va recevoir l’anneau du mariage ; enfin l’auriculaire qu’on appelait avant le  "grat-oreille". les doigts ont une motricité complexe ainsi l’enroulement d’un doigt a lieu dans l’harmonie car le rapport des longueurs des phalanges se fait dans le cadre d’une suite que nous connaissons : la suite de Fibonacci.

Je secoue la Paume, le Palme, l’Empan ou Pan et la Coudée pour prendre enfin mon Pied ! Ce n’est pas moi qui le dit. Je vous renvoie à la Bible :  qui précise que le pied est le corrélatif de la main ? Tous les œuvriers doivent travailler sur un Pied d’égalité et nous comprenons combien cette expression est juste. Le pied étant la mesure la plus répandue chez les Compagnons bâtisseurs. En allant prendre leur Jauge ils prenaient ainsi leur pied !

Le pied correspond à un grand pied d’homme (pointure 45), soit 32,36 cm. Cette mesure se retrouve dans le cheminement du Franc-Maçon. Pourquoi Jacob naît-il en tenant le talon de son frère ? Pourquoi ce même Jacob se retrouve-t-il boiteux ? Pourquoi Vulcain est-il boiteux ? Pour quelles raisons Oedipe est-il boiteux avant d’être aveugle ? Pourquoi le point faible d’Achille est-il le talon ? Pourquoi Eve doit-elle écraser la tête du serpent et pourquoi celui-ci doit-il la viser au talon ?

La réponse se trouve dans la pratique du Rituel en Chambre du Milieu ! Mes Sœurs et Frères Apprentis et Compagnons, il va falloir attendre pour trouver la réponse.

La Jauge est importante car c’est le seul symbole qui offre à l’Apprenti la possibilité d’intégration. Et sans intégration il n’y aura jamais de fraternité. La Jauge est la clef du chantier, car elle est véritablement une clef et comme telle elle est le symbole de l’inconnu, de la Connaissance, de la Découverte et du Secret. Elle est aussi en quelque sorte la mémoire collective du chantier. Elle porte sur elle la fiabilité de la construction. Le temple se construit grâce à elle. L’Homme se construit grâce à elle. La Fraternité se construit grâce à elle.

C’est parce qu’il aura connu la Jauge que l’Apprenti pourra utiliser la Règle. Bien sûr elle n’est pas aussi précise, mais elle permet déjà de tracer des droites, de reporter des mesures… n’oublions pas que cet outil est celui qui permettra à l’ouvrier de connaître et reconnaître les Compagnons. Il pourra travailler sur le chantier. Apprendre à les jauger, à ne jamais les juger ; reconnaître à chacun sa juste valeur et apprendre à les aimer, tel doit être le travail de l’Apprenti.

A la différence du ciseau qui a besoin du maillet, ou du maillet dont la précision dépendra du ciseau, la Jauge est autonome, elle se suffit à elle-même, c’est un outil actif comme le compas ou l’équerre. Plus que la Règle qui ne peut que mesurer, la Jauge permet de vérifier que l’œuvre accomplie est conforme à la commande du Maître d’œuvre. elle est déjà le symbole du respect de la loi, elle indique les limites à ne pas dépasser, elle est en quelque sorte la conscience collective de la Loge comme le lien qui unit les Sœurs et les Frères. Elle préfigure la Truelle.

La Jauge permet de restreindre l’action individuelle pour la rendre conforme à l’action collective. En rappelant à l’ordre, la Jauge permet de rester droit, toutes actions pour lesquelles la règle prendra le relais. Veillons donc à rendre à la Jauge sa place dans la boite à outils de l’Apprenti avec sa spécificité et son importance ; cela ne pourra qu’aider un peu plus à l’édification de cette société de Frères et de Sœurs que nous souhaitons tous…

En entrant pour la première fois dans un Atelier je vous engage à chercher à découvrir qu’elle est la Jauge qui l’anime ? Pour ce qui me concerne, ce symbole que j'ai découvert très tôt dans mon cheminement, m'a toujours interpellé. Je ne doit pas juger les autres, mais ai-je le droit de les jauger ? La Jauge est un instrument de mesure, mais est-ce que je suis mesuré ? Je porte sur mon corps 5 mesures référencées, mais me servent-elles à mesurer mon ego ou à me mesurer aux autres ? J'avoue que bien souvent la tentation m'est venu de foutre ma main ou mon pied dans le miroir de l'autre ! Mais la démesure est-elle raisonnable ?

Jakin,


 


 
 
le 01-12-2024 08:36

ŒUVRONS DONC POUR QUE LA MATIÈRE PASSE DANS CHACUNE DES MAISONS DU SOLEIL - ŒUVRE AU NOIR

 
 
 


          Cette phrase du Rituel nous plonge directement et sans ambiguïté dans le Grand Oeuvre. Mais là, il s'agit de la réalisation de la pierre philosophale par la voie dite du Pauvre. Celle qui consiste à s'engager dans un travail long et souvent coûteux, dans tous les sens du Terme.

Le Chevalier de l'Aigle Rouge doit donc travailler la matière en suivant les principes de l'Arcane qui consistent à réaliser l'œuvre au noir, puis l'œuvre au blanc et enfin l'œuvre au Rouge en parcourant les maison du Soleil qui elles, lui servent de guide et de mode d'emploi. Mais comme toujours en hermétisme les étapes sont indiquées dans le mauvais ordre pour obliger le Chevalier avant toute chose, d'y croire, de chercher et enfin de se mettre au travail.

Cependant le Rituel est bienveillant, il nous donne à chaque Maison céleste les clefs de la réussite : Une injonction du Prieur, un mot hébreu, un mot de passe, une lettre hébraïque, une partie du corps humain et deux noms sacrés pour accomplir à chaque porte, le travail qui nous est demandé sur la matière.
C'est dans le protocole élaboré par Georges Ripley dans Les douze portes d'Alchimie que nous retrouvons ce mode opératoire qui se décline ainsi : Coagulation, Fermentation, Solution, Sublimation, Fixation, Distillation, Incinération, Multiplication, Calcination, Digestion, Dissolution et Séparation.

Les douze opérations sont la manifestation sensible de douze matrices, de douze forces structurantes. En ce sens, elles peuvent être mises en rapport avec les douze signes du zodiaque, qui sont une autre expression des mêmes matrices. En vertu de cette analogie, les signes zodiacaux des alchimistes sont parfois utilisés pour désigner les opérations de l’œuvre.

Elles correspondent à des manipulations concrètes dans l’œuvre externe (parergon) accomplie en laboratoire. Elles décrivent en parallèle les opérations qui se produisent dans l’organisme de l’alchimiste (ergon). Nous avons respecté l'ordre dans le déroulé du Rituel pour ne pas dévoiler le mode opératoire aux non pratiquants.

La Coagulation - Œuvre au Noir 1 - élément terre : C'est la première opération de l'alchimiste dans l'œuvre au noir, il doit dissoudre le mercure par la coagulation du soufre. Notre alchimiste commence par préparer, dans un mortier d'agate, un mélange intime de trois constituants. Le premier, qui entre pour 95 %, est un pyrite arsénieux (stibine antimoine). Le second est un métal : fer, plomb, argent ou mercure. Le troisième est un acide d'origine organique : acide tartrique, ou citrique.

Ce mélange (soufre, charbon, nitrate : explosif) est placé dans un récipient fermé de manière spéciale (fermeture d'Hermès ou hermétique). Le travail consiste désormais à chauffer le récipient. Le mélange se change alors en un fluide bleu noir que l'on nomme "aile de corbeau".

C’est un endurcissement d’une chose molle, par le dessèchement de l’humidité et la fixation du volatil. C’est dans ce sens qu’Hermès a dit que la force de la matière sera parfaite, si l’eau est réduite en terre ; parce que tout le magistère consiste à réduire la matière en eau par la solution, et à la faire retourner en terre par la coagulation. Congeler, teindre et fixer sont une même opération continuée dans le même vaisseau.

Congeler, c’est l’acte par lequel on change un fluide en un solide, par refroidissement, coagulation ou quelque procédé analogue. C’est un processus qui se produit vers le bas. C’est pour cela que les adeptes  affirment que la matière n’est que de la lumière congelée.

Cette étape du processus alchimique emploie l’élément Terre. Vénus, qui régit ce stade de l’œuvre (en tant que maître du Taureau) est complémentaire de Mars, qui régit le premier stade (en tant que maître du Bélier). La Lune exaltée à ce stade est complémentaire du Soleil en exaltation dans le premier. La congélation ne représente pas seulement la combinaison de Vénus et de la Lune, mais aussi une combinaison de Vénus et du Soleil. Á ce stade de l’œuvre, Vénus et le Soleil sont fondus l’un dans l’autre.

Dans cet espace qui évoque l'histoire du Minotaure de la mythologie grecque : un monstre redoutable au corps d'homme et à tête de taureau (Chour), enfermé dans un labyrinthe, se nourrissant tous les neuf ans, de sept garçons et sept filles qui lui étaient donnés en sacrifice. Il sera finalement tué par le héros Thésée guidé par le fil rouge d'Ariane (l'amour). Nous avons là une représentation de l'homme dominé par ses pulsions instinctives.

Cette Porte nous indique que nous devons retrouver notre axe vertical, et nous tenir "debout" , les pieds sur la Terre, le Soleil dans le cœur et la tête dans le ciel de la conscience universelle. Cela pourrait être la définition de l’Homme Nouveau vers lequel nous marchons (la main gauche). Nous avons tous endossé des manteaux psychiques qui voilent la splendeur de notre âme. Il ne faut pas les rejeter mais les comprendre avec amour, et ils seront transmutés par la Lumière (Ishar). Elle nous invite à devenir le Fils du retour, par notre choix irrévocable de retourner en notre Demeure, et de la trouver sur la Terre (Vav).

La Fermentation - Œuvre au noir 2 - Élément Terre : La fermentation est une réduction des parties actives et spirituelles des mixtes, de puissance en acte et qui, dans certains cas, doit se faire sans le concours d’aucun feu actuel, mais par l’effet du feu potentiel et naturel contenu dans la matière qui se corrompt et se divise par elle-même. La fermentation est la clef qui ouvre la porte de sortie aux poisons végétaux. Par cette opération, la matière involue et sa nature rétrograde vers sa première forme qui est principe fermentatif et sémentiel.

La fermentation est l’action de l’air sur les mixtes, qui en s’y raréfiant, en altère la forme, en désunit les parties sans y produire une dissolution entière comme la putréfaction. La fermentation tient le milieu entre la liquéfaction et la putréfaction. Toutes trois sont des effets de la raréfaction ; mais la putréfaction introduit des parties aqueuses dans les pores des mixtes, la fermentation des parties aériennes, et la liquéfaction des parties ignées. Il y a trois espèces de fermentations ; celle qui se fait par enflure, gonflement, tuméfaction, ébullition, et inflammation ou échauffement interne du mixte ; la seconde est proprement la fermentation ; et la troisième est l’acétification ou aigreur survenant au mixte.

Mais dans la conscience de la Lumière, il est important d'être avant tout relié à son âme, et d'agir non pour sa personnalité, mais pour la grande Unité.

Dans cet espace qui évoque le Mythe de la tour de Babel nous retrouvons l'œil de Dieu ou la Source. Et celui-ci nous demande de descendre de la Tour des possessions matérielles avant que les circonstances ne nous y obligent de façon dramatique (Guedi). Car la tour était perçue comme le moyen de relier le ciel, le monde divin, symbolisé par le temple sommital, avec la terre et le monde souterrain dans lequel est ancrée la base de la ziggurat. La ville de Babylone était plurilingue au moment de la construction de la tour, on y parlait l’akkadien, écrit en cunéiforme, mais aussi l’araméen écrit en alphabet sur parchemin ou plutôt sur papyrus. La ville elle-même abritait des populations très diverses, avec notamment des groupes de déportés provenant des villes conquises par les rois.

Cette Porte nous enseigne que notre regard humain a tendance à séparer, comparer, mesurer selon ses propres critères. Or la pensée est créatrice. Nous voyons ce que nous créons, et donc nous créons ce que nous voyons, enfermant le cri de l'âme dans un cercle sans fin (Ayin). Si l'on veut répondre à l'appel de son âme, les pouvoirs de la pensée créatrice ne doivent pas être utilisés pour les besoins de l'ego, qui en serait ainsi nourri et grandi, mais toujours dans le don de notre volonté personnelle.

Il est une porte qui peut s'ouvrir sur d'autres mondes. La puissance de la pensée créatrice n'existe que par lui, il apporte la clairvoyance et recèle de nombreux pouvoirs (Tévet). Il doit donc être ouvert par la Lumière dans la conscience de l'Amour, afin que jamais ce pouvoir ne soit dévié pour l'ego. Nous devons savoir tourner notre regard vers la spiritualité, vers la pensée élevée et généreuse.

La Solution - Œuvre au Noir 3 - élément Eau : Littéralement, mélange homogène de plusieurs liquides ou de plusieurs solides. En alchimie, opération qui s'effectue à plusieurs stades de la réalisation de l'œuvre. La solution, chimiquement parlant, est une atténuation ou liquéfaction de la matière sous forme d'eau, d'huile, d'esprit ou d'humeur.

Origine de la vie, l'eau est symbole d'inconscience. Faire de l'OR c'est faire de l'O et de l'R. L'évaporation des contradictions mène au centre, il y a équi-Libre. Car l'eau est Jeune-Vie-Eve ! C'est pourquoi les Alchimistes placent la Solution dans le signe du Lion, parce qu'ils ont besoin du feu pour leur opération. C'est le 2ième signe de l'été, la saison la plus chaude.

Effet de la dissolution du corps par son dissolvant. Cette séparation arrive dans le temps que la matière devient noire ; alors commence la séparation des éléments. Ce noir se change en vapeur ; c’est la terre qui devient eau. Cette eau se condense, retombe sur la terre et la blanchit ; cette blancheur est l’air. Á cette blancheur succède la rougeur, et c’est l’air qui devient feu.

Dans cet espace qui évoque Le combat d'Héraclès contre l'Hydre de Lerne, nous découvrons que rien n'est impossible, tout est question de motivation à condition, bien entendu, que celle-ci jaillisse de l'âme de lumière, de notre cœur profond (le pied gauche). En effet, L'Hydre se retrouva confrontée à Héraclès et Iolaos. Héraclès coupa d'abord une tête, mais aussitôt deux autres repoussèrent à la place. Avec l'aide d'Iolaos, son fidèle compagnon, Héraclès brûla les têtes de l'Hydre, trancha celle qui était immortelle et l'enterra sous un lourd rocher puis il trempa ses flèches dans le sang du monstre afin de rendre leur blessure mortelle.

Cette Porte nous propose de changer de regard sur ce qui nous apparaît comme une difficulté. S'il est vrai que la Vie nous teste, c'est avant tout un défi d'amour. Elle nous invite à danser avec elle, à soulever son voile et à découvrir son essence. Les résistances à l'évolution sont normales, mais aucun problème ne reste sans solution pour le Chevalier de bonne volonté qui marche main dans la main avec les Intelligences divines (Tamuz).

Elle nous encourage (et nous aide) à rassembler toute la puissance de notre réelle motivation, en orientant celle-ci de façon juste. Ce n'est pas le moment de nous endormir, mais d'agir dans cette conscience. Alors la Barrière s'incline et s'efface devant nous (Heith). Cette barrière est semblable à tous les Gardiens du Seuil des différents mythes. Il nous faut donner le mot de passe qui ne signifie pas seulement une reconnaissance entre frères et sœurs, comme il en est le cas dans les sociétés initiatiques, mais il représente la vibration qui correspond à un champ énergétique nouveau et si nous ne sommes pas capables de le prononcer, de le vivre, donc de l’être, nous ne pouvons pas passer. Ce ne sera pas le fait d’une punition, mais une mesure de prudence. La barrière est là pour le vérifier.

La Sublimation dans l'Œuvre au noir 4 - Elément Air : Sous le signe de Vénus. L’alchimiste "va maintenant essayer de recombiner les éléments simples qu’il a obtenus" Michaël Maier parle de sublimation, c’est-à-dire l’action d’épurer, de transformer en vapeur par la chaleur. La sublimation et l'élévation d'une matière sèche s'attache au vaisseau est, philosophiquement parlant, c'est une purgation, une subtilisation et une rectification de la matière.

Séparer le subtil de l’épais, dans la première opération, qui est toute intérieure, c’est affranchir son âme de tout préjugé et de tout vice : ce qui se fait par l’usage du Sel philosophique, c’est-à-dire de la sagesse ; du Mercure, c’est-à-dire de l’habilité personnelle et du travail ; puis enfin du Soufre, qui représente l’énergie vitale et la chaleur de la volonté.
 
C’est en ce sens qu’il faut entendre les paraboles de la Tourbe des philosophes, de Bernard le Trévisan, de Basile Valentin, de Marie l’Égyptienne et des autres prophètes de l’alchimie : mais dans leurs œuvres, comme dans le Gand Œuvre, il faut séparer habilement le subtil de l’épais, le mystique du positif, l’allégorie de la théorie.
 
Si on veut lire avec plaisir et intelligence, il faut d’abord les entendre allégoriquement dans leur entier, puis descendre des allégories aux réalités par la voie des correspondances ou analogies indiquées dans le dogme unique : Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et réciproquement.

Purification absolue. Purification de la matière par le moyen de la dissolution et de la réduction en ses principes. Elle ne consiste pas à faire monter la matière au haut du vase et l’y faire attacher, séparée de la Tête Morte et du Phlegme ; mais à purifier, subtiliser et épurer la matière de toutes parties terrestres et hétérogènes, lui donner un degré de perfection dont elle était privée, ou plutôt la délivrer des liens qui la tenaient comme en prison et l’empêchaient d’agir. La sublimation ne comporte que la simple élévation sèche et adhérente, et la séparation.

Dans cet espace qui évoque le Mythe de la déesse grecque Thémis (la mère du Titan Prométhée), nous sommes l'allié du chercheur qui aborde le monde avec un esprit ouvert (Moaznim). Car sur l'Olympe elle siégeait près de Zeus et présidait à l'ordre universel, aux serments et à la justice. Elle avait des pouvoirs oraculaires et passait pour avoir fondé le site de l'oracle de Delphes. On disait qu'elle avait des dons de voyance si puissants qu'elle pouvait voir des choses que même Zeus ignorait.

Cette Porte nous lie au principe de l'étude, car à ce moment-là nous avons accès à des plans de connaissance qui ne sont pas destinés à l'intellect que nous ne pouvons pas comprendre (Tichry). Elle nous dévoile les sciences de l'univers, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, et révèle les splendeurs cachées dans les textes sacrés. C'est au cœur de ce silence, de cette sérénité, que l'amour jaillit aussi du plus intime de notre être (Lamed). On retrouve une fois encore un instrument destiné à briser le statisme de la pensée et de l’être et nous pouvons nous lancer, encore et toujours, à la recherche de la réalisation de soi.

En conclusion : L'Alchimie est un Arcane, il est donc incontournable de travailler sur soi-même, sur ses pensées. Et comment prétendre, pouvoir travailler sur les métaux avec de vieilles conceptions erronées ? Comment pouvoir prétendre transmuter les métaux sans être capable de transmuter ses pensées ? Si on y regarde bien, le principal obstacle dans cette science n'est pas l'obscurité des écrits, mais bien nos partis pris, nos préjugés, nos pensées déterminées ou plutôt prédéterminées.

Dès l'ouverture des premiers livres, avant même l'entrée au laboratoire, il nous faut travailler, œuvrer à libérer nos pensées de ses partis pris, préjugés, notre cœur de ses intérêts personnels, ses désirs égoïstes, égocentriques et notre volonté de sa torpeur.

L'Alchimiste, essayant de comprendre les principes universels qui régissent toute la matière, ne peut s'exclure de la matière et de ses principes. L'ego, agent d'isolement, de séparation et de coagulation, fait obstacle à notre recherche alchimique et nous maintient, grâce aux intérêts personnels, dans l'illusion de la séparativité.

C'est pourquoi si le Chevalier veut découvrir la racine, la quintessence de toute matière, à commencer par celle qui le constitue, il doit se libérer de ses entraves personnelles. Il ne s'agit évidemment pas de détruire systématiquement l'ego et encore moins de le diaboliser comme l'ont fait certains religieux, mystiques ou spiritualistes, mais plutôt de le dissoudre.

Alors nous vous engageons à entrer dans le Laboratoire - le temps de l'Oratoire est suspendu - pour mettre les mains dans le Mystère de l'Arcane et accomplir l'âme à tiers...

Jakin,

 


Commentaires

 

1. lafianceedusoleil  le 01-12-2024 à 11:28:48  (site)

Coucou Armand,
je viens de prendre connaissance te ton article.
J'ai pris mon temps, il est long.
Je te dirai je l'ai compris à 70%.
C'est intéressant.
Moi, je dis que la matière n’est que de la lumière condensée. Dans ce contexte, je pense que cela peut dire la même.
Je souhaite te trouve en bonne forme ainsi que ta compagne.
Je ne me souviens plus de son prénom néanmoins, il me semble que c'est un prénom du midi.
Bon dimanche
Bisou
Cricri

2. Florentin  le 01-12-2024 à 18:33:11  (site)

Tout de même bien compliqué tout cela, surtout quand on manque des données de base de ce système de pensée.

3. Baladine  le 04-12-2024 à 17:14:52  (site)

Bonjour
J ai lu attentivement ton long texte, je le médite
Je te dis bonne et agréable soirée en ce mercredi

 
 
 
le 27-11-2024 12:30

SYMBOLISME ET HERMETISME - PETER PAN

 




          Pourquoi James Barrie l'auteur de Peter Pan décida-t-il de baptiser son héros du nom d'un dieu issu de la mythologie grecque ?

Selon certains auteur, c'est Hermès qui fut le père de Pan par Dryopé , dont le nom signifie "pic vert" ou oiseau pivert, fille de Dryops  (au visage de chêne). Pour d'autres, la mère de Pan fut Pénélope la femme d'Odysseus  (Ulysse). Notons qu'Ulysse a pour sens "blessé à la cuisse", et que tous les personnages affligés d'une blessure aux jambes sont des initiés. Cela est vrai pour Héphaïstos vulcain comme pour saint Roch chez les chrétiens.

D'autre part si cet enfant plus vieux que ses parents est un mystère, on comprendra en revanche pourquoi certains prétendent que Pan fut issu de la semence de tous les prétendants de Pénélope. En effet pan signifie tout. On dit aussi que Pan était le fils de Cronos (Saturne) et de Rhéa, ou de Zeus et d'Hybris. Toutes ces versions recouvrent la même réalité sur un plan alchimique. Elles visent à masquer le nom de la matière à élire afin de réaliser la Pierre Philosophale.

Pan incarne en fait une tendance propre à tout l'univers. Il est le dieu du Tout, l'expression de l'énergie universelle à la base de tout ce qui existe et, par conséquent, le Tout de Dieu, le Tout de la vie. Il résume la formule célèbre "Tout est Un" qui peut également s'entendre comme "tout étain" ou " tout éteint".

Á ce sujet Louis Claude de Saint Martin, dans son livre Des Nombres, faisait observer que le chiffre 1 est stérile et ne peut rien engendrer par lui-même. Il ajoutait que le passage à 2 s'était effectué par force. En effet 1 multiplié par lui-même ne donne que l'unité. Et nous savons que 1 sur 2 élevé au carré, au lieu de nous rapprocher de l'unité, nous en éloigne. Ce problème mathématique pose l'épreuve de la création. Cependant Peter Pan ne refuse pas de grandir ; le texte anglais est clair et exprime son incapacité à le faire...

Nous retrouvons aussi une analogie avec Robin des bois quand à la vêture. Selon la légende, c'est un ennemi des moines. Autant dire qu'il est l'anti-moines. Il est vêtu de vert et se bat comme un lion... un lion vert ! Tout ceci est parfaitement logique... du moins pour ceux qui connaissent un peu le langage des alchimistes.

Enfin, si on considère en général que Pan provient du grec paein (faire paître), il est aussi admis que ce dieu représentait le diable. Si nous nous souvenons que le diable devint Satan chez les chrétiens, il y a là un élément curieux. En effet, Satan est l'anagramme de stana : l'étain. De même la première lettre et la dernière de Satan (Sn) forment le symbole chimique de ce métal. Je n'en tire aucune conclusion et me contente de signaler le fait. Voilà une curiosité qui nous ramène au coq, aux cloches et à la fée clochette.

Ce n'est pas non plus un hasard si les livres hermétiques sont rédigés en Langue des Oiseaux. Car cet esprit est aussi un volatil, insaisissable, invisible, sauf lorsqu'il se densifie et se matérialise. Il adopte toutes les formes, c'est ce que les Alchimistes ont appelé "notre Mercure", soulignant par l'emploi du pronom "notre" qu'il ne saurait s'agir du mercure des chimistes. Par conséquent, Peter Pan qui, souvenons-nous, a la possibilité de voler - il est donc volatil ou semblable à un volatil (un oiseau) - est une figuration à la fois d'Hermès Mercure, mais également de ce Mercure-Esprit des alchimistes.

Á propos de l'île de Nulle Part, cette île mystérieuse qui ne peut se situer géographiquement et où vont aborder les petits héros du roman. Pour comprendre, il faut aller chercher dans les traditions populaires et la mythologie et plus particulièrement dans la rencontre de Jésus et de Pierre, tout deux au milieu de l'océan, portés par un simple manteau étendu sur les flots : "Lève le manteau et repose-toi sur le roc".

Sous le manteau soulevé par Pierre saisi de panique (Homme de peu de foi), l'eau s'était transformée en un rocher. Nous avons là le Soufre, quant au manteau, il n'est pas sans rapport avec l'aigle sur lequel est assis Jupiter au milieu des eaux du ciel. Dans les textes alchimiques, les sublimations sont appelées les aigles, se sont elles qui préparent l'union mystique d'Apollon et de Diane, le mariage du Roi et de la Reine, du Soleil et de la Lune.

Cette île mouvante, c'est ce que les hermétistes nomment le bain mercuriel, c'est elle qui va donner naissance au grain fixe ou soufre, représenté par la tradition populaire, sous la forme de la fève au sein de la Galette des Rois.

Apollons et Diane, jumeaux, sont les futurs parents de la Pierre. En résumé, l'île est le corps (sel) né de l'union du soufre (l'âme) et du mercure "esprit". Ce que raconte le mythe n'est qu'une illustration d'une phase physique de l'œuvre, phase au cours de laquelle il y a coagulation du mercure sous l'action sulfureuse. Le résultat de cette opération consiste en l'obtention d'un nouveau mercure, désigné par l'expression mercure philosophique.

Mais quel rapport avec le personnage de Peter Pan me direz-vous ? Lorsque commence le roman, Peter symbolise le Mercure. Il est volatil, non seulement parce qu'il possède la faculté de voler, mais également en raison de son caractère instable. Il ne tient pas en place. Nous sommes dans le premier Œuvre, la première phase. Puis au fil des pages, Peter évolue ; l'auteur nous le décrit même longuement assis, autant dire "devenu fixe". Nous sommes dans le second Œuvre, la seconde phase, celle où le Mercure est fixé et devient le Mercure Philosophique ou Soufre. D'ailleurs, Peter devient beaucoup plus responsable, plus équilibré et souffre de n'avoir pas de mère. L'auteur pouvait-il se montrer plus explicite concernant un enseignement secret ?

En avançant dans le texte nous croisons le capitaine Crochet amputé d'une main, aux moustaches en crocs et portant tricorne, dont le destin est indissociable d'un crocodile annonçant sa présence par un tic-tac d'horloge, et dont on se demande bien ce qu'il vient faire dans cette histoire.

Je vous renvoie à l'Égypte pour découvrir la symbolique du crocodile, il a ici aussi son importance car c'est un animal lunaire. Et dans l'histoire, le crocodile avale une horloge et dans la langue des oiseaux on entend "or y loge" . Par conséquent, nous devons admettre que la Lune ne serait pas étrangère à la production de l'or alchimique !

Nous pouvons maintenant nous intéresser de très près au pirate, don le nom Jack Crochet sonne comme "j'accrochais". Celui-ci ayant eu peur du crocodile, l'auteur nous dit qu'il a le feu au cul (dans le texte original). Soulignons que cul est l'anagramme de Luc (la lumière).

Nous avons là un feu lunaire, dont on dit qu'il ne brûle pas, de même qu'il est une eau qui ne mouille pas les mains ? La perspective de servir de repas à un saurien faisant tic-tac ne sourit guère à ce cher Jack le Diable (de diabolos, qui désunit, divise). Cette perspective a le don d'affecter son teint, qui de blême passe au vert - ou passe O vert.

Dans les textes alchimiques, la matière basique usité doit être ouverte pour être purifié. On comprend mieux que notre pirate soit appareillé d'un crochet de fer pour réaliser Vitriol, l'agent de l'Œuvre que les vieux maîtres nommait Loup Vert (l'ouvert). Et si nous décomposons le nom de notre pirate nous obtenons :
 C - offre l'aspect d'un quartier de lune,
 R - le rhô grec signifie la chaleur lumineuse,
 O - a toujours symbolisé le soleil,
 CH - équivaut au khi grec symbolisant la clarté lumineuse,
 E - représente l'aspiration vitale,
 T - symbolise l'âme universelle.

Que ceux qui ont des oreilles entendent, que leurs yeux voient et que leur âme comprenne...

Nous formulons aussi l'hypothèse que James Barrie aurait été initié à la Franc-maçonnerie et qu'il fréquenta le Rite Ecossais Ancien et Accepté car nous retrouvons aussi des clins d'œil symbolique tel que : "Je crois bien que c'est ton louveteau". Louveteau désigne les enfants de francs-maçons.

Le texte fait aussi référence au rituel de l'Ordre de la Fenderie (société forestière), dit du Grand Alexandre de la Confiance qui existait dans la deuxième moitié du 18ème siècle. Le Pays de Nulle Part est le domaine des "Enfants perdus" et dans ce rituel le demandeur posait la question suivante : "Où vous ai-je envoyé" et le récipiendaire répondait : "A la recherche de l'enfant égaré".

Enfin on pourra se demander pourquoi Peter, confronté aux pirates, n'utilise qu'un insignifiant poignard. Cela semble être une référence aux Cercles Ultras du 19ème siècle qui fondèrent leur propagande, à l'encontre des Carbonari, sur l'utilisation, par ces derniers, de l'arme en question au cours des cérémonies d'initiation.

Dans le texte un autre personnage George Darling a la curieuse manie de loger dans la niche du chien ? C'est probablement une référence à l'ordre des Mopse dont le signe de reconnaissance consistait à faire une grimace imitant le petit chien nommé carlin.

Revenons pour conclure à l'hermétisme présent dans la voie initiatique et qui s'exprime par la Voie Royale, le Grand Œuvre. Dans le livre de James Barrie, qui montre une indiscutable érudition, nous somme bien en présence des bandes de pillards (noirs) de Crochet, des Peaux Rouges et des visage pâles (blanc). Les indiens appartiennent à la tribu des Négritos (noirs) et qu'à ce stade, purement alchimique, il aurait été inconcevable que le rouge dominât le noir. Ce sont les "blancs" qui vaincront les "noirs" pirates... enfin pas tout à fait puisque l'artisan de la victoire c'est le "vert Peter Pan".

L'alchimie étant un art s'inspirant de la Nature, peut-il en être autrement ? Au noir de la décomposition, de la mort, succède le vert de la moisissure, auquel répond le vert de la renaissance du printemps, après que la Nature, comme morte, se soit éveillée.

Le secret de la vie ce n'est pas la vie, c'est la mort...

Jakin,

 


Commentaires

 

1. Florentin  le 28-11-2024 à 19:53:32  (site)

Une phrase de conclusion pas très joyeuse...

 
 
 
 

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