Apollonius de Tyane fut, au 1er siècle de notre ère, le plus célèbre philosophe du monde gréco-romain. Sa longue vie fut consacrée à la purification des divers cultes de l'Empire romain et à l'instruction des prêtres de ses diverses religions. Hormis le Christ, aucune figure plus intéressante pour le monde Occidental n'apparut à cette époque de l'histoire. Epoque ou les diverses formes inférieures du culte mystique, mais encore les cultes plus nobles : Mystères phrygiens et bachiques, Mystères d'Isis et de Mithra, était répandus dans tout l'Empire. Quant aux Mystères d'Eleusis, ils se trouvaient encore sous l'égide de l'Etat. Ainsi, leur qualité de culte officiel les réduisait-ils, malgré leur célébrité, à des pratiques purement extérieures. Apollonius de Tyane consacra une grande partie de son temps et de ses efforts au réveil et à la purification de ces cultes. C'est donc au milieu de ces communautés que vécut Apollonius, et cependant son biographe ne semble guère s'en être douté. Philostrate , en vrai rhéteur qu'il est, apprécie la vie philosophique du dehors, mais aucunement la vie spirituelle. La biographie d'Apollonius, telle qu'elle nous est connue, ne jette donc qu'indirectement quelque lumière sur ces très intéressantes communautés. Mais chaque rayon de clarté, même fortuit, est précieux là où tout est ténèbre. Si seulement il était possible d'entrer dans la mémoire vivante d'Apollonius, de voir par ses yeux les choses au milieu desquelles il vécut il y a deux mille ans, combien intéressante serait la page de l'histoire du monde qu'on pourrait retrouver. Non seulement Apollonius traversa tous les pays où la foi nouvelle prenait racine, mais encore il vécut des années dans la plupart de ces pays, et il connut intimement les nombreuses communautés mystiques d'Egypte, d'Arabie et de Syrie. Il n'est pas douteux qu'il visitait aussi quelques-unes des premières communautés chrétiennes, peut-être même aura-t-il conversé avec un des disciples du Seigneur ! Cependant, pas un mot de tout cela ne nous est dit dans ce qu'on nous apprend sur Apollonius, et nous ne trouvons pas le moindre renseignement sur ces question si essentielles. Il est certain aussi qu'Apollonius connut Paul, sinon ailleurs, du moins à Rome, en 66, au moment où l'édit de Néron proscrivant les philosophes força le Tyanéen à quitter cette ville, l'année même où, suivant l'opinion de plusieurs, Paul fut décapité. Il y a encore une autre raison pour laquelle Apollonius nous intéresse : c'est qu'il fut un enthousiaste admirateur de la sagesse hindoue. Ici encore se révèle à nous un sujet plein d'intérêt. Quelle influence le Brahmanisme et le Bouddhisme eurent-ils sur les opinions de l'Occident pendant les premières années de notre ère. Si nous trouvons, à la fin du 1er ou au commencement du 2ième siècle, parmi des associations mystiques, telles que les écoles Hermétiques et Gnostiques, des idées rappelant vivement la théosophie des Upanishads ou l'éthique raisonnée des Suttas , c'est qu'il est possible qu'Apollonius ait visité ces écoles et qu'il y ait longuement discouru sur la sagesse hindou. L'influence d' Apollonius se fit sans doute sentir pendant de longues années dans ces cercles. C'est peut-être à elle que Plotin, le coryphée du soi-disant néo-platonisme, dut d'être si épris de la sagesse de l'Inde, d'après ce qu'il en avait entendu dire à Alexandrie, qu'il partit en 242 avec la malheureuse expédition de Gordien, dans l'espoir de parvenir à cette terre de la philosophie. Plotin fut d'ailleurs obligé de revenir, à jamais désabusé de son espoir, après l'insuccès de l'expédition et l'assassinat de l'Empereur. Non seulement Apollonius pratiquait la philosophie pythagoricienne, mais il en personnifiait tout à la fois le côté le plus divin et le côté le plus pratique. Cependant il faut noter que la controverse exista. Des opinions antérieures au 19ième siècle furent entachées de préventions sectaires contre Apollonius. Entre tous les ouvrages, consacrés spécialement à ces controverses, nous citerons ceux des abbés Dupin et de Tillemont . Ce sont de violentes attaques à l'adresse du Tyanéen, écrites dans le but de réserver le monopole des miracles au Christianisme. C'était par la connaissance directe, et non par les discours d'autrui qu'Apollonius savait les secrets de la nature. Pour lui, le sentier de la philosophie était la vie même du philosophe, vie qui amène l'homme à devenir un instrument de connaissance. La religion était non seulement une foi, mais une science ; et il ne voyait dans les choses extérieures que des apparences éternellement changeantes. Cultes, rites, fois, religions, étaient égaux à ses yeux, lorsqu'ils possédaient le véritable esprit. Il ne faisait aucune différence entre les races ou les croyances, car il avait dépassé le stade de nos étroites limitations. C'est pour cette conception de l'Arcane que j'ai choisi de vous faire travailler sous l'égide de se précurseur de la pensée symbolique, Hermétique et théosophique. Pour que nous prenions le chemin harmonieux de la connaissance avec les yeux de la curiosité, les oreilles du discernement et la voix du Silence sous les hospices de notre Ange Gardien Mahasiah.