Ce deuxième arcane plus souvent appelé La Papesse apporte un enrichissement de la pensée, pour qui fait effort, ainsi que révélation des choses cachées. Elle signifie aussi la discrétion ou encore les intentions secrètes. Dans le Tarot ancien de Marseille, c'est la lame n° 2. La Papesse cache sous un manteau bleu (le spirituel), à col et fermoir jaunes, sa longue robe rouge (la matière primordiale) sur laquelle se croisent deux cordons jaunes, symbole de la force de l'Esprit qui ne veut pas encore se manifester au-dehors. La tête porte une tiare à 3 niveaux et repose sur une étoffe blanche (signe de nécessaire pureté à l’accomplissement de l’œuvre). Comme telle, elle symbolise absolument le signe zodiacal de la Vierge, dans lequel l'hermétiste reconnaît le signe de la gestation. l'Esprit est le Mercure et sa Force en est le Soufre rouge qui y est sublimé, en attente de sa prochaine réincrudation. Le livre qu'elle tient ouvert de couleur chair est à l'image de celui que tient la Philosophie. C'est l'indice sur l'ouverture du métal, réalisée ici, en puissance qui se trouve dans le bas-relief de Notre-Dame. On retrouve le même axe oblique qui relie le chakra du cœur au livre. La connaissance n’est pas manifestement, uniquement intellectuelle. Le message apparaît ici comme évident. Derrière l’impératrice, en noir sur fond blanc, des lignes verticales (à gauche de la carte) puis des lignes horizontales (à droite de la lame), elles symbolisent respectivement, les forces spirituelles et matérielles. On devine que ces tracés se rejoignent au niveau du livre pour former l’équerre, symbole de rectitude, soit d’exigence de la part du disciple, voire d’abnégation que demande l’entreprise d’un tel travail. Le linge blanc qui couvre la tête se décompose en 5 triangles (L’Apprentissage et le Compagnonnage, passent par les 5 sens du néophyte), le nombre 5 est répété 2 fois dans le col de la papesse, ce qui ne peut plus être un hasard. Quant aux lignes du livre 2 fois 8 soit 16 c’est à dire 7. La Papesse matérialise le savoir par ces nombres 3, 5 et 7. Ce qui n’est pas sans rappeler les enseignements de la Loge Bleue. Dans le Tarot des Alchimistes, le personnage d'Isis gardienne du sanctuaire marque le passage entre deux mondes, le réel et l'imaginaire représentés par Lumière et ombre. L'image évoque deux portes sans que l'on sache où est l'intérieur ni où est l'extérieur, nous situant dans une zone d'échange possible en forme d'entre-deux. Deux clés sont proposées pour ouvrir la révélation contenue dans le livre et deux serpents gardent le seuil avec vigilance (notre Caducée). Les lions sur un autre plan annoncent ici la préparation du soufre, première opération de l'œuvre. Le feu, représenté en bas dans un rectangle sombre comme une caverne, est un concentré d'énergie enfouies. Il se situe dans le même plan que le minéral et évoque le "feu secret" de l'alchimiste qui participe de l'énergie du dedans comme du dehors. La ligne rouge verticale à la jonction de deux rectangles symbolise la montée, ténue mais réelle, de ce potentiel énergétique. Le livre rouge se situe sur ce même parcours. Au Laboratoire : Le travail alchimique débute à proprement parler à l'image de cette Isis qui rassemble, joint et combine, pour reconstituer le corps démembré de son époux. La mythologie égyptienne donne à l'alchimiste des images en adéquation avec le travail qu'il va opérer pour obtenir "son soufre". Il doit d'abord réduire (désoxyder) le sulfure métallique qu'il a choisi. C'est aussi ce que D'Espagnet appelle "ré-incérer l'âme tout en la nourrissant. Le soufre secret et visible doit chasser le soufre arsenical, première matière, en devenant invisible." Dans ce cas le potassium additionné de cuivre va agir ré-activement sur le produit sulfureux qui a été choisi. Tarot, Alchimie et Franc-Maçonnerie interprètent ces images pour nous dire que la Papesse ou Isis représente la mère et l'initiatrice qui guide le Chevalier de l'Aigle Rouge à la recherche de son individualité (la composition du blason). Elle ouvre la voie. Elle invite à un retour sur soi dans un espace concentré où l'être se retrouve face à lui-même. Il prend alors conscience de la dualité dans le monde, dans la matière qui le constitue et aussi dans son être propre. Premier pas ver la connaissance de soi à travers nos rapports à l'environnement et à l'univers. Premier pas entre le moi et l'au-delà du moi. Le Chevalier se trouve confronté au voile qu'il doit traverser, voile qui n'est autre que son reflet ou sa projection dans le miroir. Le Chevalier, le "JE", va pénétrer dans sa propre dualité à partir de laquelle il faudra créer. Pour cela il doit aller au delà du "MOI", ou tout au moins placer celui-ci à la limite de la conscience sur la voie de l'inconscience. Il s'agit de déplacer le MOI vers la marge, en limite de cette zone d'incertitude et d'inconnu, là où il perd les références du quotidien. Le but est de découvrir, ou du moins de pressentir, la vraie nature de la matière dont on est pétri et de comprendre le sens de la dualité de cette matière...