Séparant le ciel de la terre, Isis fait surgir le tertre primordiale à partir duquel la création va se déployer. Associée à la splendeur créatrice de la lumière, elle est maîtresse des astres. Elle ordonne leur mouvement, réglant ainsi le chemin de la lumière, de jour comme de nuit. En tant que puissance cosmique, Isis est l'étoile Sothis (Je suis celle qui réside dans l'astre du Chien) dont l'apparition dans le ciel indique l'émergence de la crue du Nil, assurant ainsi la permanence et le renouvellement de l'énergie vitale. Fille de Ré, le Soleil, la déesse est également sa parèdre diffusant sa lumière sur terre (Je suis dans la splendeur du soleil, je fais route avec le soleil). Symbolisant la première expression lumineuse du démiurge, l'entité permet à l'astre-dieu de se renouveler. Dépositaire de la science sacrée qu'elle tient de Thot-Hermès, Isis est l'initiatrice (J'ai révélé aux hommes les initiations), celle qui donne accès à la Connaissance et aux mystères, permettant à la pensée de s'ouvrir aux symboles et de hisser vers l'abstrait. Ayant instauré la géographie céleste, elle met en place le paysage spirituel terrestre en implantant les temples, les sanctuaires des dieux, les cultes. Bien qu'ayant pris le pouvoir en Egypte, les dirigeants grecs puis romains ont autorisé, voir encouragé les cultes égyptiens, qui se sont ainsi répandus dans tout le bassin méditerranéen, puis en Europe. Le culte isiaque a même survécu à l'effondrement de ces civilisations et à l'apparition du christianisme. Son expansion parait culminer sous l'empereur Hadrien. On retrouve des vestiges de ses temples et sanctuaires aussi bien en Gaule, en Espagne et en Afrique que sur les bords du Rhin et du Danube. Si la vénération de la déesse s'exprime sous la forme d'une religion à mystères comportant initiations et pratiques purificatrices, elle existe aussi sous forme de cultes domestiques. Lorsque l'empire romain adopte le christianisme comme religion officielle, les anciens cultes sont peu à peu éradiqués. Le 16 juin 391 l'empereur chrétien Théodose condamne à mort la civilisation égyptienne dans un édit qui ordonne la suppression de la religion traditionnelle dans l'ensemble de l'Egypte alors que tous les temples y sont en activité. La campagne de destruction s'échelonne de 391 à 551 ap. J-C. En 543 le prestigieux temple de Philae, sous la pression du fanatisme et de l'intolérance, est christianisé, mais Isis ne disparaît pas pour autant. Aussi, il n'est guère aisé aujourd'hui de séparer le noyau central du mythe d'Isis, Osiris et Horus des variantes et ajouts presque innombrables qui sont apparus au cours d'époques ultérieures de l'Egypte décadente.