Mes BAS et mes BAF il y a quelque temps j'ai repris mon Rituel de réception pour partir à la découverte de l'armée des Anges qui nous accompagne tout au long de notre parcours dans le grade de Chevalier de l'Aigle Rouge. Sept aux noms de Gabriel, Mikael, Haniel, Raphael, Kamael, Tsadkiel, Tsafkiel pour activer les planètes et 22 aux noms de Chariel, Malridel, Haraziel, Asmodel, Saraiel, Amoriel, Pekiel, Mouriel, Charatiel, Verièl, Chelatiel, Amaliel, Tsedequiel, Tzouriel, Chatziel, Bariel, Saritiel, Adoriel, Mekriel, Hannael, Tsaqmekiel, Kambriel, Vanabiel, Amzibiel pour activer les portes du zodiaque. Avatar de l'ésotérisme ou curiosité hébraïque, me suis-je dit, à la première lecture, puisque tous ces anges ne sont pas repris dans les instructions du Chevalier. On y fait référence aux planètes, aux éléments, aux métaux, aux maisons, aux mois de l'année, aux séphiroths et aux 22 lettres hébraïques mais pas aux Anges ? Alors, si l'on comprend aisément dans le déroulement de la cérémonie leur apparition et leur incantation, curieusement cela ne nous dit pas pourquoi il sont là. Du moins pas sur le plan symbolique en rapport avec le parcours du FM. N'étant pas un spécialiste de la Kabbale ni de l'Angéologie je me suis donc plongé dans l'Encyclopédie des Anges et des Archanges pour y puiser de la connaissance. On y apprend que tout commence à Sumer bien avant qu'un embryon de société ne se développe dans le monde sémite. On nous précise que les anges sumériens diffèrent un peu de leurs homologues actuels, bien que leurs fonctions soient identiques, en ce sens qu'ils sont considérés comme les messagers des dieux d'une religion polythéiste et qu'ils sont décrits comme des créatures ailés, mi-hommes mi-poissons. Pierre Manoury nous affirme qu'on peut cependant les considérer comme les "prototypes achevés" de la faune angélique contemporaine. Quelques pages plus loin Pierre Manoury attire notre attention sur la réalité de la transformation du concept et de l'histoire. Pour faire court : le passage de l'angéologie primitive (la tradition des apkallus sumériens) à la tradition judaïque obéit à une suite logique transparente nous dit-il. La transmission se fait des Sumériens aux Amorites et Hittites au nord et aux Chaldéens araméens au Sud. Les Hébreux d'origine araméenne adoptèrent donc ce concept que l'on retrouve dans le livre d'Enoch. Oui, mais cela ne nous dit toujours pas pourquoi nous les avons incorporé dans notre Rituel. Surtout, si l'on se réfère à la classification hiérarchisée proposée par les Hébreux, c'est-à-dire : Seraphim, chérubin, Aralim, Haschamalim, Tharschisim, Malalkim, Elohim, Ben-Elohim et Aîschim, rien n'est cohérent, du moins dans l'état de mes connaissances. En effet les actants prononcent, invoquent et transmettent dans le déroulé de la cérémonie des noms d'Anges qui appartiennent à ces différentes classes sans une logique apparente pour un FM. J'ai bien remarqué dans cet ouvrage que tous ces Anges servaient à la construction des sceaux et signatures magiques dans la tradition juive. Mais le Rituel ne nous dirige pas vers le Rabbinat. Alors, je laisse de côté la signification dévote et kabbalistique de cette classification, que vous trouverez dans les écritures saintes, et je referme l'encyclopédie convaincu que je m'égare. Il doit y avoir certainement une signification Hermétique à découvrir derrière ces tautologies. C'est la Voie Royale de l'Alchimie qui m'ouvrira des pistes de réflexions, car en utilisant la langue des Oiseaux, Ange, s'entend "en-Je". Alors tous ces "en-je" sont la pour me rappeler que c'est en moi que cela se passe. Je dois donc continuer à parfaire la connaissance de l'Etre qui se cache au plus profond de ma conscience. Et là, le "connaît toi toi-même" de Socrate retrouve son cheminement. Les Anges nous ramènent vers des principes, des puissances, des dominations, des vertus et des procédures qu'il nous faut expérimenter dans le Jeûne pour certains, dans le calme mental et la concentration pour d'autres, afin d'acquérir le silence, l'immobilité et l'alignement propice à recevoir la Lumière. Maintenant que je me suis réconcilié avec mon Ange ou Archange (arc-en-je) et accepté mon "en-je", il me faut découvrir son aile. Les Sumériens désignent les Anges avec deux ailes. Moi j'en ai besoin que d'une pour faire le lien avec l'esprit du Rituel. Aile deviendra donc "EL", un des noms de l'innommable. Selon la terminologie Chrétienne et hébraïque les Anges sont une émanation du principe créateur. Ils n'ont pas de personnalité propre en tant que tels, ce sont donc des illustrations de certains aspects de Dieu, nous dirons ici du GADLU. Sept des noms de l'innommable sont prononcés dans le Rituel pour nous relier à la notion de principes émanés. Nous souchant ainsi à la réalité angélique qui fait partie des plus anciens concepts spiritualistes de l'humanité et donne du sens à notre action de Chevalier. Et dans cet esprit, fidèle à mon engagement et à l'aide du Rituel, Mon En-Je m'a fait découvrir son El et me sollicite pour que je l'insère dans le GOEM, bien sûr au Centre comme le suggère la voie Initiatique. Et voilà comment une quête mal dirigée ou digérée peut nous conduire aux portes du Golem, cette créature étrange à laquelle donna le jour le célèbre Rabbi Judah-Leïb Loëwe, le Maharal de Prague, qui vécut il y a plus de 350 ans. Un être humain artificiel que les alchimistes essayaient de créer au Moyen-Age. La tradition populaire affirme ainsi par exemple qu'au 13ième siècle, le savant Albert le Grand a construit un automate en bois auquel il a donné la vie par magie. De même le livre semi-légendaire de Paracelse De natura rerum (« De la nature des choses ») a acquis auprès des alchimistes une réputation semblable à celle qu'avait le Sefer Yezirah auprès des rabbins juifs, puisqu'il était supposé expliquer lui aussi la méthode permettant de créer la Vie que notre Rituel a repris. Il n'est pas anodin de constater que dans la plupart des légendes liées au golem, la créature est modelée à partir d'argile (comme l'a été l'Homme dans la Bible) et amenée à la vie en lui apposant sur le corps l'un des multiples noms sacrés de Dieu (dans la mesure où Dieu est la source de toute vie en ce monde). Les contes mettant en scène le golem servent le plus souvent à illustrer l'hybris, l'orgueil et la démesure des êtres humains qui essayent de s'élever au niveau des dieux. Dans certaines versions, comme celle du rabbi de Chełm était inscrit le mot emeth, c'est-à-dire "vérité", qui lui aurait donné la vie. Lorsque le rabbi effaça la lettre E afin qu'il ne reste plus que le mot meth, c'est-à-dire "mort", le golem se transforma alors en un monticule de terre. De la même façon, la kabbale extatique ? voit dans le mythe du golem un avertissement qui met en garde contre la connaissance, lorsqu'elle sert des ambitions personnelles et qu'elle est dégagée complètement de la sphère divine. Cette utilisation "contre-nature" de la connaissance est instable, incomplète et dangereuse pour la voie initiatique et hermétique. A partir de Pic de la Mirandole, il y a une continuité, une sorte de filiation qui s'établit jusqu'à nos jours dans la tradition hermétique. Parmi les FM de la deuxième moitié du 18ième siècle, s'illustrent Martines de Pasqually et son disciple Louis-Claude de Saint-Martin et parmi les cabalistes contemporains citons Eliphas Lévi, Stanislas de Guaïta et Joséphin Péladan. Il serait possible d'évoquer les Clavicules de Salomon avec les 72 noms angéliques, qui selon Eliphas Lévi, doivent permettre d'accéder aux secrets de la nature et aux hiérarchies célestes. Clavicules qui ont servi de base à tous les vieux grimoires présents dans les campagnes. Même si nous pouvons que constater que la parole est un thème récurent dans de nombreux systèmes ésotériques, que certains rites maçonniques sont à la recherche de la "parole perdue", que l'Inde des védas sacrés utilisait des techniques de guérison basées sur la vibration des sons, etc..., il convient d'éviter, en FM en tous cas, de refonder le rêve de l'Homme qui consiste à pouvoir créer la vie par sa parole, par le tracé de lettres, pour être l'égal de la divinité.