Au premier niveau de lecture (Dodal), cette lame nous montre un diable dans sa représentation classique telle qu'on la voyait au Moyen Age : un corps noir monstrueux couvert d'yeux, des ailes de chauve-souris, symbole du monde souterrain, des cornes de cerfs, symbole de vieillesse, des oreilles d'animal. Toutefois, on le voit ici juché de façon inhabituelle sur une espèce de machine et encadré de deux diablotins encordés et reliés à la base de la machine. Il semble soutenir de sa main droite la courbure de ses ailes, tandis qu'il tient de la gauche un bâton se terminant par des oreilles de lapin. Par ailleurs, on compte six yeux sur son corps, plus un septième sur le pouce de sa main gauche. Dans le tarot ancien de Marseille : Personnage androgyne (sexe masculin, mais poitrine marquée), avec des attributs animal (griffes, cornes, ailes de chauve-souris), deux diablotins de sexes différents, nus donc dépouillés, à l’état le plus pur possible, sont liés (ou reliés) au même brûlot rouge, représentant le feu qui d’une certaine façon les unit et les réunit, ils sont cependant coiffés de rouge. Leurs pieds sont à demi noyés dans la terre noire à laquelle ils appartiennent, et (ou) de laquelle ils sont issus, pour y retourner un jour. Le brasier repose sur la terre noire de l’arcane sans nom, les personnages en font partie, le feu doit donc exister pour poursuivre l’œuvre. Les éléments constitutifs de la matière (nos 2 diablotins) sont coiffés de rouge, la pierre philosophale (du moins potentiellement), le diable, le maître de cette lame est coiffé d’or, résultat de la transmutation sous son aspect physique. Le fait que cet or soit porté par le diable, indique que l’or ne doit pas être utilisé à des fins bassement matérielles, d’ailleurs l’épée en main gauche (symbole de pouvoir) est démunie de garde, la mise en garde, si l’on peut dire, est me semble t-il, une fois encore très claire. Dans le Tarot des Alchimistes : En alchimie, parler du diable , c'est parler du dragon Ladon ou du serpent Python, c'est-à-dire du Mercure en son premier état, celui dont Lulle, dans sa Clavicule, dit qu'il est commun, pour dire qu'il est vulgaire sans que pour autant il s'agisse du vif-argent. Il suffira de dire qu'il brûle dans un monde souterrain et que les initiales V.I.T.R.I.O.L. le définissent absolument. Mais, à la différence du feu de l'Enfer, les alchimistes veulent parler du feu de Ploutos (humide radical métallique), destiné à la germination et non à la corruption.