Une des premières choses qu'entend, puis va crier à son tour, le nouvel Apprenti entré en Maçonnerie au REAA, c'est l'acclamation. Tous les FF:. ou les SS:., le bras levé horizontalement, crient d'une seule voix : "Houzzé ! Houzzé ! Houzzé !", une acclamation qui, d'ailleurs, on ne sait pourquoi, s'écrit "Houzza, Huzze ou encore Huzzai". Si le nouveau maçon demande la signification de cette expression, en général on lui répond que c'est un genre de salut ou de Vivat qui nous viendrait des Anglais, ou des Ecossais, une sorte de Hourra ! Pourquoi pas ? Pour d'autres, Houzzé serait une divinité arabe d'avant l'Islam et ferait référence à Al Uzza (la Puissance, la Très élevé). Elle serait en rapport avec l'acacia ou avec Vénus, une des filles d'Allah (Coran sourate 6, 100)... Pourquoi pas ? Pour Michel Saint Gall "Houzzé, c'est Hou zé suivant Exode 15,2 et signifie : c'est lui". Toutefois, le texte cité n'est pas Hou (lui) zé (voici) mais Zé Eli (voici mon Dieu ou ceci est mon Dieu) ? Jules Bouchet de son côté pensant peut-être à Boaz (en Force) de Bé (beith) "en" ou "dans" et Az (ayin-zayin) "Force", écrit que Ouzza ou Ouzzé signifie "force", et par extension "vie", et qu'ainsi il rejoint l'extension Vivat (qu'il soit fort, qu'il vive). Toutefois le mot "force" en hébreu se dit Az ou Ouz mais pas Ouzzé. Menons l'enquête et revenons à la source... à l'Hébreu, à la Bible hébraïque. Dans la Bible il existe deux personnages du nom de Ouzza s'écrivant ayin-zayin-aléf (mais peut aussi s'écrire avec un hé au lieu d'un aléf), mot venant de la racine az (force) de valeur 78. Le premier est un personnage du temps de David et l'autre est bien postérieur puisque appartenant à l'époque d'Esdras . C'est celui de l'époque de David qui nous intéresse. Il s'inscrit dans une séquence particulièrement importante, celle du transport du "coffre" (Arôn en hébreux) de YHVH" (qui se nommera plus tard "Arche d'alliance") par David en route vers Jérusalem. Elle est relaté dans II Samuel 6 et dans I Chroniques 13. Par manque de temps, il n'est pas raisonnable de résumer cet épisode, je vous renvoie donc à la lecture de ces textes. Je relèverai simplement que seuls les lévites sont habilités à la porter (Grade de Maître Secret).... En ramenant l'arche à la maison d'Abinabad qui se trouvait sur une colline, Ouzza, fils de Guérah et Ahyo fils d'Abinabad conduisent le char portant l'Arche d'Elohim. Arrivés à l'aire de Nacon, le sol étant en pente, les bœufs glissent et menacent de renverser le chariot. Ouzza étend la main pour retenir l'Arche :"La colère de l'Eternel s'alluma contre Ouzza et il le frappa pour avoir porté la main sur l'Arche, et il mourut là, devant l'Arche"... David, consterné du coup dont l'Eternel a frappé Ouzza, crie (il nomme) ce lieu : "Pèrès Ouzza", la Brèche d'Ouzza... L'Arche arrive sans encombre à Jérusalem. En attendant la construction du Temple elle est déposée dans la Tente du Rendez-vous, lieu dit Gabaon (Grade de Grand Elu de la Voûte sacrée). Parvenu au grade de Rose-Croix, le maçon est passé de l'Ancien au Nouveau Testament. Il découvre une nouvelle acclamation se rapprochant phonétiquement de celle des premiers degrés : "Hosché ! Hosché ! Hosché !" (hé-vav-shin-ayin, valeur 12) qui se traduit par "Sauveur". Or Hosché ou plutôt Hoshéa est le nom que Josué portait avant que Moïse le transforme (nombres 13,16) : "Moïse avait nommé Hoshéa fils de Noun Josué". En fait l'hébreux prononce Josué, Iehoshoua, ce qui est plus explicite. On comprend d'emblée que Moïse ajoute un yod à Hoshéa. Si je me réfère à la version des "Septante", la version grecque découverte à la Renaissance. On y lit que "Moïse donna à Auzé, fils de Navê, le nom de Jésus". Nous remarquons que Hoschéa (proche de Hosché) devient dans le texte grec, Auzê, qui est transformé par Moïse en Iésous, Jésus. La Septante utilise le nom de Iésous pour désigner Josué le lieutenant de Moïse Iéhoshua est donc ici à la foi le nom de Josué et celui de Jésus, alors que le Jésus des Evangiles est Iéshoua (yod-shin-vav-ayin) et donc égal à 17 d'où les 153 poissons). En fait ces noms sont interchangeables, c'est pourquoi selon les Pères de l'Eglise, dont Clément d'Alexandrie qui chercha à harmoniser la pensée grecque et le christianisme : Josué désigne symboliquement le Christ. Hosché, devenu Houzzé dans le Pentateuque, est donc le premier nom de Josué qui, lui-même, annonce Jésus. La main tendu des maçons pendant l'acclamation ferait-elle référence à l'épisode biblique de la catastrophe d'Ouzza, à la main tendue dans le but de retenir l'Arche ? Ouzza qui se sacrifie pour sauver l'Arche, préfigure le Christ qui se sacrifie pour sauver la Création. Et Hosché, tout en rappelant ces trois personnages, Ouzza, Josué, Jésus, évoque le Christ sauveur, tout comme Houzzé évoque le sauveur de l'Arche et, en même temps, rappelle au maçon son devoir d'humilité. Je formule donc l'hypothèse suivante : L'acclamation symbolise le fait que, tant que le Maçon n'est pas prêt, tant qu'il ne s'est pas débarrassé de son soufre (sa part d'ombre), tant qu'il n'est pas purifié, il ne peut s'approcher de l'Arche (sa Lumière Intérieur). Au grade de Maître Secret, devenu Lévite il entreprend la destruction de l'Obstacle (Shatan-les Vices). Parvenu au grade de Sublime Chevalier Elu, il est admis dans le Saint des saints et peut accéder à la Loi écrite sur son coeur (le coeur de ma mère). Mais l'acclamation est là pour mettre en garde le Chevalier Rose-Croix du sacrifice à accomplir sur la voie initiatique. s'il n'est pas protégé, il peut succomber. N'est-ce pas ce que suggère l'acclamation du 18ième degré "Hosché ! Hosché ! Hosché ! qui fait écho à celle des loges bleues Houzzé ! Houzzé ! Houzzé ! On peut aussi conclure que ceux qui établirent les rituels maçonniques lisaient la Septante...