Lumière primordiale, rayonnement, gloire, santé, joie. Et encore : La Vérité et le discernement. Toutes choses bonnes et favorables sont les attributs de cette carte. Pas de lune sans soleil. Depuis l'antiquité la lune est considérée comme l'intermédiaire entre l'homme et le soleil dont elle reflète la lumière. Artémis est la sœur jumelle d'Apollon et la mythologie précise que, sortie la première du ventre de sa mère, elle aida aussitôt celle-ci à mettre au monde le Dieu solaire. Les deux luminaires sont complémentaires et, bien qu'opposés, ils ne peuvent être appréciés que l'un par rapport à l'autre. La barque solaire égyptienne est représentée par une lune d'argent porteuse d'un disque d'or. On y voit le symbole de l'union des deux principes féminin-masculin, exprimé éternellement par l'image du vase et de son contenu. Dans les Veda, le soleil est supposé demeurer dans une parfaite immobilité au zénith. Dans les gâthâ, Ahura Mazda reproduit chaque jour le miracle de la lumière diurne renouvelée après avoir éclairé la part nocturne du royaume d'inconscience où trône le soleil noir qui émane du Logos divin au même titre que le soleil brillant. Dans le Dodal primitif : Un énorme soleil surplombe deux jeunes gens aux cheveux blonds, sans doute des jumeaux. Ces jeunes gens sont debout. L'un a posé sa main droite sur l'épaule gauche de son frère, tandis que l'autre avance sa main gauche vers lui, au niveau de son ventre. De grosses gouttes de lumière descendent sur eux et sur le sol. Dans le Tarot ancien de Marseille : Un soleil rayonnant inonde de ses énergies, matérialisées par des gouttes, deux jeunes enfants très semblables, pratiquement des siamois, reliés par le plexus solaire, curieusement ils sont tous les deux marqués par une double ligne autour du cou, comme s’il ne s’agissait pas réellement d’enfants, mais plutôt, le produit unique d’une naissance (réalisation de l’œuvre, thème souvent rencontré dans la littérature alchimique avec le couple royal). Le soleil paraît ici dispenser 4 types d’énergies (en connexion avec les 4 éléments), différenciées à travers la teinte des gouttes nourricières ou fécondantes. A travers son rayonnement, toutes les couleurs (5) émettent sous formes de flammes ou de glaives, à noter que seuls, ceux de couleur or ont une émission rectiligne, elles sont au nombre de 3 en infériorité numérique par rapport au bleu (origine de la réalisation alchimique). Mais supérieures dans les gouttes 3 contre 2. Est-ce une allusion à la poudre de projection qui transmute le vil métal en or ? Il est à noter ici que dans les lames originelles, les radiations solaires étaient uniquement basées sur l’or et le rouge. Le rayonnement or rappelant d’ailleurs étrangement l’épée flamboyante du VM:. Dans le Tarot des Alchimistes : Cette carte est librement inspirée de la 5ième des "12 clés" de Basile Valentin (1599). L'Eros aux yeux bandés représente le feux secret qui agit comme une brûlure d'amour pour faire fleurir le cœur de l'œuvre. Le lion couronné, soleil roi, représente le triomphe annoncé, la réussite éclatante, l'intégration prochaine du soleil rayonnant. "Captez le rayon du soleil, condensez-le, nourrissez-le de feu élémentaire, ce feu corporifié, et vous posséderez le plus grand trésor du monde". (Fulcanelli, les Demeures Philosophales). En bas de la carte, Osiris, reconstitué sous la voûte du foyer, représente le soleil lors de son parcours caché, au-delà du plan terrestre. Dans son voyage il est supporté par la barque lunaire de l'inconscient. C'est l'image d'une autre réalité : celle du soleil au centre de l'être qui répond au soleil extérieur rayonnant en haut de la carte. Cette lame est considérée comme l'une des plus énigmatiques du Tarot. Pourtant, sous un point de vue alchimique, rien n'est plus clair : le Soleil est le symbole du Soufre rouge et aussi, selon ce qu'en disent les astrologues, le maître du Lion où nous avons vu que la matière poursuivait sa dissolution, entamée dans le Capricorne. Cette dissolution s'achève dans le signe des Gémeaux et nous les voyons, d'ailleurs, en bas de l'arcane. La couleur dominante est le jaune d'or et montre que l'on se situe assez loin dans le 3ème œuvre. Treize gouttes tombent du Soleil (il en tombait 19 de la Lune). S'agit-il du nombre de mois philosophiques nécessaires au mûrissement de la matière ? On ne peut pas ne pas faire le parallèle avec l'arcane 13 - la Mort - qui représente l'antithèse exacte de l'arcane 19. Voyez aussi ce muret où la couleur jaune - le signe de l'Air - est entourée de deux bandes rouges - le signe du Feu - ; pour certains commentateurs, ce muret ne serait autre que la Pierre philosophale ; si tel était le cas, les couleurs devraient être différentes : deux couleurs chair devraient encadrer la couleur rouge, puisque la Pierre est faite d'un Corps où a été capté et emprisonné un rayon solaire igné. Le bas de la lame est occupé par un sol sans végétation, où nous verrions plutôt une étendue d'eau ; en effet, on remarque que les jumeaux reposent sur une plaque blanche qui ressemble à une pierre cubique...Ce serait l'équivalent de Délos. Au laboratoire : Le magma semble maintenant s'alléger tout en continuant à s'éclaircir jusqu'à devenir d'une blancheur éclatante nourrie par le "feu corporifié". La rédemption de la matière va s'accomplir. Totalement régénéré et purifié le substrat devient, pour l'alchimiste, son premier élixir, ou médecine du second ordre. Les alchimistes l'appellent aussi "Elixir parfait au blanc" exprimant ainsi "l'état de notre matière cuite, digérée et calcinée à blancheur". Les parties mâle et femelle sont unifiées dans le Rebis. C'est "l'œuvre au blanc". Exaltée à la blancheur de neige, la matière obtenue est en sympathie avec le rayonnement astral. Elle attire et concentre en elle-même une si grande quantité de particules solaires reçues du soleil et de la lune, qu'elle se trouve dans la disposition prochaine de devenir "l'or des philosophes". Architecture et recherche Géométrique : Le mot soleil vient du latin Sol. Il se disait d'ailleurs "Sol" dans l'ancien français. Si sol désigne le soleil, il existe un mot qui se rapproche phonétiquement de "sol", le soleil, c'est le mot "sole" (la sole) du latin solda, "semelle", qui désigne tout bonnement le "plancher" d'un foyer sur lequel on allume le feu, mais qui désigne aussi la plate-forme inférieure d'un four de verrier. Or cette lame nous montre le Soleil au plus haut de sa lumière, au plus fort de sa chaleur, à tel point que les deux personnages se sont dévêtus sous sa chaleur cuisante. Chaleur, lumière et cuisson vont donc nous guider pour décrypter les autres niveaux de lecture.