Pythéas : Un ancêtre du CNRS à lui tout seul : au 4ième siècle avant J.C. il trouva la latitude de Marseille, le rôle de la lune dans les marées. Il était mathématicien, astronome, voyageur et géographe. Il ne fut pas cru lorsqu’au retour de l’un de ses voyages, il décrivit les terres arctiques. Il semblerait que c’était le Groenland ! Un exploit à l’époque. Il a découvert les marées, Thulé (Islande), la banquise et le soleil de minuit. Son récit « De l’Océan » aurait disparu dans l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie en 47 avant J.C. Sur la façade du Palais de la Bourse de Marseille, au bas de la Canebière, se dressent symétriquement les statues des deux illustres navigateurs massaliotes : Euthymènes et Pythéas. Le premier a, dit-on longé la côte de l’Afrique jusqu’à l’embouchure du Sénégal ou du Niger, peut-être à la fin du 6ième siècle avant notre ère à l’époque du rois Darius. Le second, au 4ième siècle avant notre ère au temps d’Alexandre, est remonté vers le Nord de l’Atlantique et aurait atteint l’île désormais fabuleuse de Thulé, contrée du Soleil de minuit et de la banquise, là où la mer se fige, où l’air s’épaissit et prend la consistance visqueuse d’une méduse, d’un « poumon marin », comme disent les Grecs. Le voyage de Pythéas à la découverte des îles Britanniques, de l’île de Thulé et de la mer Baltique est bien connu des peuples du Nord de l’Europe. A l’image de Winston Churchill qui n’hésitait pas à comparer les grandes découvertes de notre navigateur à celles de Christophe Colomb, tous les peuples nordiques rendent hommage à ce Marseillais célèbre qui, le premier, a parlé de leur pays. Les scientifiques admirent la précision des observations astronomiques de Pythéas que l’illustre Fabri de Peiresc qualifiait de « plus ancien des doctes de tout l’Occident. » Bougainville, frère aîné du célèbre navigateur qui rapporta de son lointain voyage les magnifiques arbustes à fleurs auxquels il a donné son nom, nous résume admirablement toutes les qualités scientifiques de Pythéas ; « habile astronome, ingénieux physicien, géographe exact, hardi navigateur, il rendit ses talents utiles à sa patrie : ses voyages, en frayant de nouvelles routes au commerce, ont enrichi l’histoire naturelle et contribué à perfectionner la connaissance du globe terrestre ». Notre Frère Jean-Philippe dans ces 5 minutes de Symbolisme nous a exposé pourquoi la Loge avait choisi ce nom de naissance profane, plutôt que celui, plus traditionnel, d’un célèbre Maçon ou d’un symbole maçonnique… « Pythéas » ayant été avéré par nos anciens, nous avons aujourd’hui la difficile tache de consolider et d’étayer ce choix. J’ai donc cherché dans les travaux proposés par les historiens, ce qui pouvait rapprocher le mieux, le destin de Pythéas à notre philosophie de Franc-Maçon. Que les Sœurs ou les Frères érudits, spécialiste de l’histoire de Pythéas, pouvant se trouver sur les colonnes, ne m’en tiennent pas rigueur, car mon choix est forcément délibéré. Mon propos n’est pas de vous livrer l’histoire de ce grand navigateur, mais de vous emmener sur le chemin, sur mon chemin, à travers un questionnement susceptible de construire un lien et d’Initier un Profane, pourquoi pas à titre posthume… Voilà ce que nous livre l’enquête que j’ai effectuée en Bibliothèque, mais surtout auprès des historiens du département d’anthropologie de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme à Aix en Provence. Qui était Pythéas ? Un Marseillais. Pythéas Massiliensis, Pythéas de Marseille, disent tous les textes à l’unisson. Il vivait au 4ième siècle avant notre ère, au temps d’Alexandre le Grand et d’Aristote. On le sait par les railleries que lui décocha Dicéarque, géographe grec et disciple d’Aristote, et par les témoignages de Timée, historien sicilien, qui aurait été exilé quelque temps à Marseille d’après Gassendi. Entre 330 et 320 av. J.-C., Pythéas partit du Lacydon, le petit lac ou la petite aiguade, pour découvrir, par la mer, des terres très peu connues ou encore inconnues. Qui était ce Massaliote ? Un excellent mathématicien et astronome. Nul ne le conteste, au contraire : ni Eratosthène, qui mesura avec précision la dimension de la Terre, ni Hipparque, le grand astronome de l’Antiquité. Même ses adversaires le reconnaissent. Strabon lui reproche de camoufler ses fabulations géographiques sous la réputation de savant : « mensonges qu’il a su couvrir de sa science de l’astronomie et des mathématiques ». La place du pôle céleste, la latitude de Marseille, la mesure de l’inclinaison de l’écliptique (l’orbite annuelle du Soleil sur les constellations du zodiaque), le cycle des marées dues à la Lune et l’observation du Soleil de minuit en Islande justifient bien sa réputation de savant astronome. Ce fut un navigateur hors pair certainement ; sinon, il ne serait jamais revenu d’un si long périple même avec l’aide d’excellents marins massaliotes et de pilotes indigènes expérimentés. Mais Polybe, deux siècles plus tard il est vrai, enquêtant sur Pythéas, à Marseille, en compagnie de son ami Scipion l’Africain en route vers l’Espagne pour réduire Numance, n’arriva pas à obtenir sur lui d’autres renseignements dignes d’être retenus, sinon qu’il n’était qu’un « simple particulier et pauvre ». Il s’étonne. C’est incroyable ! « Comment est-il possible que de pareilles distances aient pu être parcourues par un simple citoyen, et, en plus, pauvre ? ». Pauvre, c’est possible. C’était peut-être un homme du peuple. Cela implique-t-il qu’il fut sans appui officiel ? C’est plus difficile à admettre. Le mutisme des Marseillais n’était-il pas calculé ? Un siècle avant Pythéas, les navigateurs carthaginois avaient été chargés d’explorer l’Océan : Himilcon remonta la côte atlantique jusqu’en Grande-Bretagne, Hannon longea le littoral occidental de l’Afrique, sans doute atteignit-il le golfe de Guinée avant de rebrousser chemin. Ce que Carthage a réalisé, Massalia ne peut-elle l’entreprendre en envoyant Pythéas vers le Nord et Euthymènes vers le Sud ? Dans son étude sur Pythéas, le mathématicien Barthélemy Aoust résume de manière éloquente la renommée alors privilégiée de la cité massaliote : « Marseille était alors la rivale d’Athènes par le culte des lettres, des sciences et des arts ; de Carthage par sa richesse et l’étendue de son commerce ; de Rome par la sagesse de ses lois ». Cette fin du 4ième siècle, appelée Le siècle de Pythéas par l’historien Raoul Busquet, voit en effet l’apogée commerciale de Marseille : la ville, d’une grande richesse, approche les 15 000 habitants, nous précise l’helléniste François Salviat. Les grands emporoï (armateurs) prospèrent et une nouvelle classe sociale de petits emporoï, possédant chacun un ou deux navires, s’est établie ; ces bateaux naviguent à la voile et non plus à la rame. Les kapeloï, (détaillants effectuant les transactions) sont nombreux et s’enrichissent encore plus vite. Une assemblée de 600 timouques (notables) décide de l’organisation et du destin de la cité. Les 15 dirigeants exécutifs ont tout pouvoir pour financer cette exploration prospective et audacieuse. Il n’est pas non plus impossible qu’un armateur clairvoyant ait misé sur le savoir et l’intelligence de Pythéas, fait construire un ou deux bateaux par d’habiles charpentiers et recruté les meilleurs marins pour emmener Pythéas, quelque pauvre qu’il fût. Pour quelles raisons Pythéas est-il parti ? Les textes anciens ne nous précisent pas les motifs de ce départ, mais le caractère d’exploration maritime et d’expédition astronomique apparaît au long du récit ; les informations scientifiques alternent avec les descriptions pittoresques et élogieuses des modes de vie et de travail des populations indigènes. C’est une expédition pacifique, sans arrogance militaire ni espionnage politique ou économique, répondant à plusieurs types de raisons. Peut-être Pour des raisons commerciales ? Probablement. Les routes terrestres du commerce de l’ambre et de l’étain sont exploitées depuis très longtemps, mais existerait-il une route maritime au rendement plus efficace ? Depuis des siècles déjà, Marseille est au cœur des échanges commerciaux entre l’Europe du Nord et la Grande-Grèce. L’étain provenant des îles Cassitérides (Cornouailles anglaise), remonte par caravane la vallée de la Seine et descend en longeant la Saône et le Rhône. L’étain d’Armorique arrive par l’estuaire de la Loire, le Poitou, la vallée de la Garonne vers Agde puis Marseille. Quant à la route de l’ambre, elle descend de la mer Baltique par le Rhin et le Rhône. Pythéas part-il rechercher une voie maritime plus rentable ? Peut-être Pour des raisons de stratégie politique ? C’est également possible. « Depuis que la sphéricité de la Terre est définitivement reconnue par le monde savant – de fait il n’y avait plus que les Epicuriens et la foule ignorante pour refuser d’y croire – c’est-à-dire depuis le milieu du 4ième siècle, une voie nouvelle s’était ouverte » nous précise René Taton, dans La Science antique et médiévale, Alexandre le Grand, qui a eu Aristote pour maître, n’ignore rien de tout cela. Ce temps est aux grandes expéditions et aux conquêtes : « Découvrir, accomplir des tours de force devient l’état d’esprit de l’époque ». Alexandre éprouve ce besoin d’élargir les horizons. Ses succès aiguillonnent ses contemporains : sur mer, son amiral Néarque parcourt les côtes de l’océan Indien. Alexandre projette même de contourner l’Afrique et de revenir en Méditerranée par les Colonnes d’Hercule. Dans Aspects politiques de la géographie antique, l’helléniste Roger Dion émet l’hypothèse que Pythéas aurait même été prœmissus explorator (envoyé en éclaireur) par Alexandre pour explorer une voie maritime permettant de contourner l’Europe par le Nord. Peut-être Pour satisfaire sa curiosité de scientifique ? C’est probablement la raison fondamentale de cette expédition. Ce siècle sait que la Terre est ronde. Les astronomes grecs ont observé avec les prêtres d’Héliopolis, en Egypte, la belle étoile Canopus non visible d’Athènes. Archytas de Tarente et Eudoxe de Cnide ont même envoyé des arpenteurs entre deux latitudes pour connaître la dimension de la Terre. Aristote dans son De Cœlo en déduit sa circonférence, soit 400 000 stades. Plus tard, Archimède dans son Arénaire l’estimera à 300 000 stades. Pythéas veut tenter sa chance vers les mers nordiques. Il a mesuré la latitude de Marseille et il sait qu’au Nord, à la latitude 66°5, le Soleil ne se couche pas l’été. La durée de sa navigation lui permettra d’estimer la distance qu’il a parcourue, alors, il en déduira la dimension de la Terre. Plus tard, Ptolémée, le célèbre auteur du premier atlas du monde, résumera l’objectif de cette nouvelle géographie astronomique : « Faire la lumière sur la forme et la grandeur de la Terre et sur sa situation par rapport à la sphère céleste, pour qu’on puisse déterminer l’étendue et la constitution de la partie que nous connaissons, sous quels parallèles célestes sont situés ces divers lieux. D’où l’on déduit les longueurs des jours et des nuits, les étoiles visibles au zénith, celles qui se trouvent toujours soit au-dessus soit au-dessous de l’horizon, enfin, tout ce qui est contenu dans la notion de lieu habité ». Peut-être Par vocation de marin et pour l’appel du grand large ? C’est certain. Avant tout, considérons Pythéas et ses marins comme les dignes descendants de Phocée dont les citoyens, dit Hérodote « sont les premiers Grecs qui aient accompli des navigations lointaines ; ce sont eux qui découvrirent le golfe Adriatique, la Tyrrhénie, l’Ibérie, Tartessos ; ils ne naviguaient pas sur des vaisseaux ronds, mais sur des pentécontores (navires à 50 rames) ». Les Massaliotes ont hérité de leurs ancêtres phocéens cette belle tradition maritime et on admire l’audace de ces navigateurs, Euthymènes et Pythéas. La tradition se perpétue. Au 18ième siècle, des marins et explorateurs marseillais, le Père Feuillée et le capitaine Marchand, passeront le cap Horn ou feront le tour du monde. Au 20ième siècle, le poète marseillais Louis Brauquier, parti vivre dans les mers australes, décrira « ce besoin de partir » et « ce mal de là-bas ». Aujourd’hui, les nouvelles générations succédant à Tabarly, sportives et audacieuses, perpétuent les exploits de Pythéas, premier explorateur polaire, comme le souligne Paul Emile Victor avec juste raison. On qualifie de génies des savants comme Galilée, Newton ou Einstein qui ont établi de nouveaux concepts de la physique ; Pythéas, qui a élevé aux plus hauts sommets son art de la navigation et de l’astronomie, mérite aussi ce qualificatif. C’est sans doute « au génie » de notre compatriote que s’adresse la belle épigramme funéraire de l’Anthologie grecque. Cet éloge, œuvre anonyme, serait-il du poète Callimaque qui dressa le catalogue de la bibliothèque d’Alexandrie ? « Même après la mort, tu n’as pas perdu ta belle renommée dans le monde entier, mais les qualités de ton esprit demeurent encore en plein éclat, tout ton génie et ton talent, la nature t’avait doué d’intelligence supérieure, voilà donc pourquoi, toi aussi, tu es allé dans l’île des Bienheureux, Pythéas ». Pythéas se révèle un chercheur moderne. Cet astronome, modeste et prudent, travaille avec soin, ne laisse rien au hasard. Avec sagesse, il sait aussi profiter des connaissances et de l’expérience des autres. Dès cette époque, comme bon nombre de Massaliotes sans doute, Pythéas parle la langue des tribus gauloises voisines, langue alors répandue jusqu’aux rives de l’Océan et à travers toute l’Europe. Plus tard, Varron, ancien questeur de Pompée, généralisera : « Les Marseillais parlent couramment le grec, le latin et le gaulois ». Dans ses commentaires, Hipparque fait un parallèle entre l’approche théorique d’Eudoxe et l’approche plus pratique de Pythéas ; Dominique Azuni n’hésite pas à traduire ainsi cet éloge : « Pythéas avait plus de connaissances astronomiques qu’Eudoxe, l’un des savants les plus distingués de la Grèce. Il enseignait à Marseille le vrai système du monde, tel qu’il est vérifié par une philosophie plus éclairée et des observations plus exactes ». Cette opposition entre les astronomes théoriciens et les astronomes observateurs existe encore aujourd’hui ; ces deux approches sont complémentaires, toutes deux permettant de faire des découvertes nécessaires au progrès de la recherche. « Pythéas de Marseille mesure la réalité de la sphère, Terre et Ciel, qu’Autolycos de Pitane a décrite par la géométrie ». C’est sur cette dernière citation de Dominique Azuni que s’achève mon enquête. Mais avant de passer au vote, remontons un instant le temps et posons le décors. Nous sommes en 320 avant J.-C., la ville de Marseille est alors petite, un kilomètre dans sa plus grande dimension. Elle est restreinte au côté nord du Vieux Port, c’est à dire le côté des Accoules. Les remparts de la cité encerclent alors la butte Saint-Laurent, la butte des Moulins et une partie au moins de la butte des Carmes. Dans le De Bello civili, Jules César décrit la cité : « Marseille est baignée par la mer à peu près sur trois côtés : le quatrième côté de la ville est celui par lequel elle est reliée à la terre … c’est le côté par lequel on arrive en venant de Gaule et d’Espagne le long de la mer qui s’étend dans la direction de l’embouchure du Rhône… ». Au 4ième siècle de notre ère dans son Ora maritima, le poète Avienus confirme cette description : « La mer baigne les côtés de la ville, un étang la contourne ; l’eau lèche le pied de la citadelle et environne les maisons, la cité est presque une île ». Quand les brumes matinales se dissipent et laissent apparaître le Lacydon, on découvre enfin Pythéas droit sur l’extrémité du quai Nord les yeux pointant la courbe oblique du soleil sur l’horizon. Et, bien plus tard la course de la lune sous la voûte étoilée. En silence, il observe et s’interroge sur ces phénomènes astronomiques pour découvrir une base de calcul lui permettant de se repérer dans l’espace. Pendant son apprentissage, l’observatoire devait se trouver probablement sur une bande de terre située entre le massif de l’Etoile et l’îlot de Planier. Selon l’astronome Clèomède qui vivait au temps d’Auguste, Pythéas disposait d’un gnomon de 10 mètres de haut. Comment est-il équipé ? les textes ne nous en disent rien. Mais Pythéas est l’astronome de la cité. Il donne l’heure, annonce les changements de saisons et le début de chaque signe du zodiaque, il prévoit les cycles lunaires et l’apparition des planètes. Il incite respect et curiosité. Avec conscience et application, il renouvelle ses mesures chaque jour de l’année et perfectionne sans cesse sa méthode pour en tracer les nombres. Puis le temps venu, comme le Compagnon, il décide de partir vers les terres lointaines afin d’expérimenter ses calculs. Le voyage sera long, trois années au moins. Mais sur l’Artémis, il s’oriente le jour avec le soleil et la nuit avec les constellations. A chaque escale par comparaison de la hauteur du soleil à midi, il peut connaître sa progression en latitude depuis Marseille. Ainsi il parti à la découverte de l’autre en toute simplicité, au delà des colonnes d’Hercules jusqu’à la légendaire Thulé. Il ramènera de cette aventure : des récits sur la vie quotidiennes des peuples qu’il rencontre : exemple les Celtes des îles britanniques ; le soleil qui ne se couche pas et la mer gelée qu’il nommera poumon. Pythéas profita de son voyage de retour pour méditer sur tout ce qu’il avait pu voir. De retour au Lacydon, Pythéas le massaliote entrepris d’écrire son ouvrage Description de l’Océan. Devenu Maître de la discipline, il perpétua la tradition en transmettant ses connaissances à de nombreux disciples. Ces récits furent lus, commentés et critiqués par tous les savants, pendant six siècle au moins. Aujourd’hui les astronomes reconnaissent que Pythéas avait raison, l’inclinaison de la terre était bien de 23°46’. J’en terminerai avec l’écrivain François Herbaux qui voit en Pythéas un reporter scientifique, à la fois astronome et ethnologue, embarquant, selon les occasions offertes aux escales, sur des navires de commerce et de pêche sillonnant ces mers jusqu’au Grand Nord. Les nuits blanches de Pythéas, sont, pour François Herbaux, la banquise et les nuits claires, la mer blanche et le ciel blanc, mais surtout le grand souci qui agite ses nuits : comment va-t-il expliquer tout cela au retour ? C’est pour toute ces raisons que nous pouvons aujourd’hui, mes Sœurs et mes Frères accueillir, sans ambages, notre valeureux marin, dans la grande chaîne fraternelle de la Maçonnerie, au même titre que tout nos illustres Frères ayant participé au mythe fondateur de notre Ordre. Car Pythéas le Massaliote, Frère sans tablier, peut être un exemple pour nous. Pythéas symbolise la réflexion et l’action, deux facettes de l’activité humaine. A ce titre il correspond bien aux valeurs de notre Ordre, capable de concevoir mais aussi de vérifier et de concrétiser ceux en quoi il croit. A la fois méthodique et courageux, chercheur et découvreur, capable d’aller vers l’inconnu pour rencontrer l’autre, pour échanger, et finir par ce découvrir lui même. Persévérant dans ces découvertes grâces aux nombres et à la géométrie, intégrant les enseignements de ses paires. Croyant dans sa gnose au point de résister au plus grand de ses détracteurs : Strabon. Habile astronome, ingénieux physicien, géographe exact et hardi navigateur, Pythéas est venu trop tôt dans un monde qui n’était pas prêt à l’entendre. Marseille a longtemps ignoré cet homme, qui fut le plus brillant de ses fils. Il mérite plus que quelques rares statues et le nom d’une ruelle à deux pas du Vieux Port. N’en déplaise à Strabon !... Vénérable Maître, avec votre permission, si nous avions à voter aujourd’hui, je mettrai une boule blanche.