
Le travail que je vous présente aujourd'hui n'a rien de personnel. Il n'est que le fruit de mes lectures et plus particulièrement celles que j'ai extraites des réflexions de Roger Caro dans un recueil de textes anciens, nommé Pléiades Alchimiques.
Voilà ce qu'écrit Jethro probablement un Adepte : Jamais une âme chrétienne ne fut plus ému que la mienne, lorsqu'il me fut donné de pouvoir mettre en parallèle les divers arcanes de la Science et le déroulement de la Messe. Le prêtre est-il un alchimiste qui s'ignore ? Ou est-ce le contraire ? Le Rituel Romain a-t-il été établi par un Adepte des temps anciens ?
Non, le parallélisme existe uniquement parce que la vérité est une et qu'il ne peut y avoir qu'un seul chemin pour y parvenir..., un chemin étroit, aride et plein d'embûches, mais Tout Droit.
L'Adepte et le Religieux ne peuvent qu'emprunter cette voie pour parvenir à leur fin : la Pierre Philosophale pour l'un, la Sainteté pour l'autre. Le résultat final permet cependant d'opérer des miracles aux deux serviteurs de Dieu.
Pourquoi le déroulement de la Messe se marie-t-il bien chronologiquement avec les opérations alchimiques ? Tout simplement parce qu'il retrace la vie de Jésus, qui, Elle s'adapte on ne peut mieux à cette Vérité Une, d'où tout est sorti. L'alchimie n'est en vérité qu'un moyen "matériel", "chimique", servant de contrôle à toute idée, toute conception. Dès qu'un fait, qu'une idée, ne rentrent plus dans l'ordre chronologique des opérations du Grand Oeuvre, nous pouvons dire que ce fait ou cette conception idéologique est erroné.
La Messe reflétant la vie du Seigneur, ne pouvait donc ne pas cadrer avec le Magistère. Nous allons d'ailleurs en étudier le déroulement.
Tout est merveilleux et troublant à la fois. Avant toute opération, l'alchimiste se doit de confectionner son Agent Principal en Eau Permanente ou encore en Eau qui ne mouille pas les mains, comme dit Basile Valentin. Pour cela il se servira de produits caustiques, d'eau, d'un filtre, du feu et obtiendra "son sel", son Spiritus Mundi, ce sel qui représentera en définitive à lui seul les 4 éléments, son feu et son vase.
Le Prêtre, lui agira de même ; avant toute célébration, il confectionnera l'Eau Bénite, pour cela, lui aussi se servira d'eau, de sel, d'un filtre et animera le tout par l'invocation de l'Esprit Saint contenu dans ses prières.
L'analogie dès le départ est frappante, la suite ne l'est pas moins. Opération alchimique et début du Saint Office offrent le même rituel.
Puis, l'Alchimiste met dans son vaisseau sa Materia Prima broyée, inerte et sans vie (soufre, mercure et sel des philosophes empreints de terrestréités) ; elle ne prendra vie, mouvement et exaltation qu'à l'instant même où l'Adepte l'aspergera de son eau de feu.
En religion, il en sera de même, les fidèles rassemblés dans l'église représentent le corps pécheur, souillé par ses fautes et par ses passions. Chacun de ces fidèles est comparable à un fragment de Matière Première ; comme elle, il est un composé trine (corps, âme et esprit).
Cette assemblée ne commencera vraiment à vivre, à s'animer et à s'élever qu'au moment où le prêtre la bénira, c'est-à-dire l'aspergera de quelques gouttes d'eau bénite. C'est alors que le magnifique chant résonne : "Tu m'arroseras, Seigneur d'hysope et je serai purifié, tu me laveras et plus que la neige, je serai blanc. Aie pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde".
Mais qu'y a-t-il de plus blanc que la neige ? Cette neige qui scintille et brille de mille feux sous le soleil pendant le jour, alors qu'elle permet de se diriger aussi par les nuits les plus obscures.
Le sel philosophique n'est-il point comparable à ces cristaux de neige sans tache ? Cancelier dans son Alchimie écrit : "Sur le plan magique et religieux, c'est l'eau qui est bénite le samedi saint à la vigile de la Pentecôte ainsi que chaque dimanche d'ailleurs à la sacristie, animée d'un peu de sel également béni qui sert à l'aspersion collective et purificatrice de l'assistance".
Dans la Tourbe des Philosophes, Bonnelus déclare : "Sachez que notre eau n'est pas eau vulgaire, mais eau permanente, laquelle jamais n'a de repos de chercher son compagnon et quand elle le trouve, elle le prend subitement et lui et elle sont une chose tant seulement, elle le parfait sans autre chose quelconque".
Le prêtre de son côté accomplit un rituel similaire lorsque, revêtu de l'amict, de l'aube, de la ceinture, de l'étole et de la chape violette, il plonge le cierge dans l'eau en disant : "que descende dans ce contenu la fontaine de la vertu du Saint-Esprit".
Il nous faut donc bien admettre que jusqu'ici, le symbolisme est frappant, l'eau, le sel et le feu en sont les principaux excipients. Dans les deux cas, la confection de cette eau est un acte indispensable.
Dès le début de la Messe, le prêtre au bas de l'autel invoque l'Éternel en récitant le Confiteor, reconnaissant ainsi sa faiblesse et son imperfection. Il prie pour les assistants et pour lui-même. L'assemblée exaltée est comparable alors au début de Solve dans le Grand Œuvre, la matière trine "aspergée" (d'eau qui ne mouille pas les mains), c'est-à-dire provenant de ce sel blanc et cristallin, se voit exaltée, elle aussi ; la prière ardente des fidèles monte alors vers le ciel comme les vapeurs minérales montent dans l'athanor.
La Grâce descend sur les premiers en les régénérant par le feu de l'Esprit Saint, tandis que tombent les granulations régénérées par le feu primordial. Le bon Flamel ne dit-il pas : "Fais que la conception se fasse en bas du vaisseau (éthiop minéral) et que la génération de la chose engendrée se fasse dans l'air (naissance des granulations dans les vapeurs)".
Voilà donc notre parallélisme présent : la granulation nouvelle gît dans les terrestréités et les fidèles "spiritualisés" sont, eux aussi, symboliquement épurés, mais baignant toujours dans la matérialité terrestre. Tous implorent la miséricorde du Père. A ce stade, l'alchimiste arrive lui aussi à un point crucial. Il se doit d'implorer l'Éternel de ne point faire de faux pas, de trop se hâter, en un mot d'éviter mille tentations ; or, comme par "hasard", c'est juste ce que dit l'Officiant en montant à l'autel : "Éloignez Seigneur toute tentation et tout ce qui pourrait nous éloigner de votre sanctuaire".
Puis c'est le Gloria, suivi peu après par le Credo, qui retentissent. Dieu a entendu les prières de l'assemblée. L'alchimiste lui aussi entonne un Gloria et un Credo. Il a réalisé les 7 travaux d'Hercule et vaincu les taureaux enchantés, comme dit Flamel. Il est sorti de ce labyrinthe qui fait périr les souffleurs.
Le prêtre à cet instant entonne : "Que nos péchés soient effacés" et l'alchimiste pourrait lui répondre "C'est ce que je fais, j'enlève la lèpre de ma pierre".
L'encensement de l'Autel (Pierre Parfaite) et des fidèles remontes aux tout premiers jours de l'Église et Origène lui-même en a fait mention. L'emploi de l'encens est très significatif. Il monte devant Dieu comme un symbole de dévotion, en emplissant l'Église et les assistants d'un doux parfum balsamique. L'Hostie est alors élevée.
De son côté, la Pierre au blanc n'est-elle pas réputée répandre une "douce odeur" ? N'est-elle point la première médecine ?
Le Pater, qui élève les âmes et traduit la ligne de conduite des fidèles, fait suite. C'est ce Pater que l'Alchimiste suivra pas à pas.
Puis l'Agnus Dei lui succédera, annonçant la certitude que par l'Agneau, tous les péchés sont enlevés ; or n'est-ce point par le sel "symbolisé par un agnel" que l'Alchimiste met un vêtement blanc à sa Pierre ? N'est-ce point ce que dit Basile Valentin lorsqu'il écrit : "Mais cela ne peut être fait à moins que toute l'eau ne soit desséchée et que le ciel et la terre avec tous les hommes ne soient jugés par le feu", ce que confirme Calid lorsqu'il dit : "Si vous ne le desséchez, si vous ne le rendez bien blanc, si vous ne l'animez en y faisant entrer l'âme et si vous ne lui ôtez pas sa mauvaise odeur, vous n'aurez rien fait".
La chronologie, on ne peut le nier, est on ne peut plus parfaite.
Arrive alors la Communion. Le prêtre renouvelle le geste de la Cène, il prend l'Hostie et boit le Vin devenu Sang du Christ. L'Alchimiste, lui, en une opération symbolique similaire, imbibe du "Sang" sa Pierre au blanc.
Ici tout change, le cœur, le langage, les œuvres. "O, souvenir de la mort du Seigneur, dit le Prêtre, pain vivant qui donnez la vie à l'homme, donnez à mon âme de ne vivre que pour vous".
Jakin,
Commentaires
1. Florentin le 09-02-2025 à 10:41:35 (site)
Même chose. Qu'ont fait les Algériens des monuments aux morts ?