A priori, cette lame représente un personnage pendu par un pied (le lien se trouvant au niveau de la cheville) à une sorte de poutre horizontale. Cette poutre est posée au sommet de deux arbres, dont les troncs ont été sciés à une hauteur équivalente à celle d'un homme, puisque la tête du pendu effleure le sol avec ses cheveux. Les branches au nombre de douze, six de chaque coté, ont également été sciées. De la sorte, les deux troncs supportant la poutre font penser à deux colonnes ou deux poteaux. Quant au lien qui attache le pied du personnage, nous voyons qu'il se prolonge derrière et au-dessus de la poutre par quelque chose. Il nous faudra trouver la réponse.
Dans le tarot ancien de Marseille : Nous remarquons que le personnage louche et qu'il tire la langue, comme les pendus par le cou. Dans le Dodal, Pendu s'écrit avec un A. Le Tarot n’en finissant pas de nous surprendre, voici un pendu par les pieds, si vous retournez cette lame, vous avez plutôt l’impression d’avoir à faire à un danseur figé. Chose encore plus curieuse, les arbres paraissent eux aussi inversés. Cette lame donne l’impression d’un enfermement, par le cadre ainsi défini. La corde qui est sensée tenir le corps n’est en fait reliée à rien. Encore une jambe à l’équerre, et des mains non visibles comme attachées dans le dos, en fait ce pendu est en position d’attente et paraît, assez décontracté, malgré une position plutôt inconfortable. Se pourrait-il que, durant cette phase du magistère, seule l’attente et la patience prévalent ?
Au niveau des nombres, 6 branches coupées à droites comme 6 autres à Gauche. 6 boutons sur le buste, 3 sur la partie basse du vêtement, total 9, nous sommes à la fin d’une étape importante. Deux poches en forme de croissant de lune. Attente d’un cycle lunaire ? Soit 28 jours. Cette lame illustre également cette vieille assertion "Tout ce qui est en bas est comme tout ce qui est en haut". Dans la tête des arbres, discrètement le nombre 4 est signifié de part et d’autre.
Le Pendu reflet du Bateleur comme la Lune reflet du Soleil : Les cheveux du Pendu sont disposés autour de sa tête en un cercle de rayon dorés évoquant ceux du Soleil, faisant ainsi écho a priori à ceux du Bateleur dont le chapeau par ses bords évoquait la route du Soleil au cours de l'année.
Par ailleurs, le Pendu se trouve entre deux troncs portant chacun six branches. Les 6 mois durant lesquels le soleil est au-dessus de l'équateur (du Bélier à la Balance), les 6 durant lesquels le Soleil est en dessous (de la balance au Bélier), mais aussi les 12 mois lunaires à l'origine des 12 signes du zodiaque.
Les 2 troncs évoquent alors fortement les deux colonnes Jakin et Boaz placées devant le temple et en rapport avec les deux solstices. Etant ainsi le reflet du Bateleur, le Pendu nous rappelle la phrase du Zohar et le visage qui regarde le visage une fois que l'Univers est créé.
Il s'inscrit dans le sceau de Salomon et illustre ainsi les eaux d'en haut qui se reflètent dans les eaux d'en bas. Le Pendu le reflète comme la Lune réfléchit la lumière du Soleil.
Dans le Tarot des Alchimistes : L'arcane 12 présente des traits communs avec le Bateleur. La correspondance alchimique passe par saint Pierre qui, nous rappelle Fulcanelli dans le Mystère des Cathédrales, fut crucifié la tête en bas ; et plus que la pendaison elle-même, image macabre, c'est bien cette inversion qui constitue la singularité de cette lame.
Fulcanelli, en évoquant saint Pierre, donnait une indication sur le Déluge : il signalait ainsi l'intérêt de renverser le contenu du creuset à une époque donnée de l'œuvre. C'est une des énigmes désespérantes que nous a laissées le maître parisien. Parmi toutes les interprétations qui ont été proposées, la moins irrationnelle semble être celle-ci : le désir de se libérer d'un joug. Il faudrait donc, par analogie, s'imaginer que le seul désir du Mercure est de fuir et que l'Artiste, s'il veut progresser dans l'œuvre, doit contenir ce désir incessant qui tient à la nature volatile de la matière, portée au 4ème degré de feu.
Au Laboratoire : Lorsque, enfin, des cristaux de fleurs blanches étoilées se manifestent à la surface (en raison de la présence de l'antimoine fondu !), l'alchimiste retourne le vase par trois fois au moins à intervalles de sept jours, afin de laisser retomber ces fragiles pétales pour les récolter après 21 jours de décantation dans cette position renversée.
Architecture cosmique et recherche Géométrique : Cheminons pour comprendre. Dans le Dodal les jambes sont bleues d'un côté, bleu-vert de l'autre. Le cops de la casaque est rouge et jaune, les couleurs du cuivre. Les bras de la casque sont bleus comme les jambes parce qu'ils représentent les branches supérieures d'un compas d'épaisseur. Ainsi, le Pendu est un constructeur initié qui s'identifie à son outil, le compas.
Tout s'éclaire si l'on se rappelle que le fil à plomb se nomme également "perpendicule" ou "perpendiculaire" et que ce mot vient du latin perpendiculum dont la racine est pendere, mot latin qui signifie "pendre", "être pendu". Suspendue à une corde par son pied, sa jambe tendu évoque le fil tendu par le poids, du plomb.
Si le pendu a le genou plié en équerre, c'est sans doute pour attirer notre attention sur le mot "genou". Genou en grecque Gonu, le Gamma grec majuscule en forme d'équerre qui a donné Gônia, "angle" ou "équerre". Le G de Géométrie placé au centre de l'étoile flamboyante, outil du Compagnon.
Il existe depuis le haut Moyen âge un élément d'architecture important oublié aujourd'hui, la poutre de gloire. Il en existe encore aujourd'hui dans les anciennes églises. Elle est placée transversalement dans le vaisseau central longitudinal, à l'entrée du chœur liturgique et prenant appui sur les sommiers de l'arc triomphal ou arc de gloire, celui qui sépare la nef du chœur. Y est souvent suspendu à une corde un très grand crucifix. Nous avons vu que le Pendu était suspendu par une corde attachée à une grosse poutre horizontale posée sur deux troncs verticaux. Il s'agit bien de la poutre de gloire que l'on retrouve dans la maçonnerie anglaise (rite Emulation 1965).
Comment trouver l'arc triomphal et la clef d'arc ? Nous sommes dans un tarot de constructeurs. Le mot "pendu" nous invite à nous diriger vers un vocabulaire architectural en rapport avec les éléments pendants. Or nous en avons un qui se rapporte à la clef d'arc ou de voûte c'est justement "la clef pendante". On peut alors faire le rapport entre les branches des arbres qui ont été coupées et les branches désignant les nervures des pierres de l'ogive.
Nous comprenons alors que le Pendu nous parle d'arc ou de cintres suggérés d'ailleurs par les branches sortant de deux troncs qui l'encadrent et font de lui la clef pendante. Sa jambe droite verticale sous la voûte prend alors un sens nouveau : "La Jambe sous poutre" qui désigne un pilier de pierres formé de longues courbes et courtes assises engagées dans le corps du mur en maçonnerie et qu'on élève jusqu'à la portée des poutres.
Cette lame nous donne le secret d'architecture permettant de construire une clef pendante comme celui que l'on retrouve dans les carnets de Villard de Honnecourt. C'est la un élément provisoire destiné à être enlevé et qui permet de tracer les joints rayonnants à partir d'un centre situé sur ce poteau et non à partir des centres de chacun des arcs jumelés.
On peut aussi interpréter d'une autre façon le Pendu. Il pourrait fort bien faire référence à la façon dont on plaçait la clef au sommet de l'arc. Cette pierre qui verrouillait l'arc triomphal, une fois taillée, devait être soulevée et montée jusqu'à sa place définitive à l'aide d'une corde. Cette corde était suspendue à une potence. Le Pendu suspendu pourrait être alors la pierre suspendue à la corde que l'on va monter pour la placer en haut de l'arc.
Il y aurait d'autres choses à dire, notamment sur la corde dont les extrémités évoquent des ailes, ce qui en ferait alors l'équivalent strict de la tige casquée et ailée du caducée d'Hermès...
Tarot, Alchimie et Franc-Maçonnerie nous indique qu'à ce degré, le maçon est descendu à l'intérieur de lui-même. Il a enfin découvert les trois mauvais compagnons qu'il portait en lui : ambition, orgueil, ignorance. Il s'en est débarrassé et a trouvé la lumière masquée par les trois mauvais compagnons. Il s'est uni à la divinité qui est en lui.
Le S? lui aussi doit à une certain moment ne pas craindre de plonger dans l'inconnu pour observer les phénomènes d'un point de vue inverse. Cela implique la remise en cause d'habitudes acquises, c'est-à-dire l'acceptation de perdre un part de son ego. Ce risque de perte des repères peut avoir de graves conséquences si l'être n'est pas armé et protégé : névroses ou dépressions, voire schizophrénie par rupture avec la réalité. Il faut être bien préparé et solidement conscient de cette situation car le retour n'est plus possible...
Jakin,
Commentaires
1. anaflore le 18-12-2017 à 08:45:55 (site)
Une île que je connais pas
Ça paraît sympa
Bon lundi
2. gegedu28 le 18-12-2017 à 12:43:29 (site)
Salut Jakin,
20 ans que je n'y suis pas allé !
Mais, est-ce que çà a vraiment changé ?
Il me reste de bons souvenirs.
A+
Gégédu28
3. lafianceedusoleil le 18-12-2017 à 21:00:24 (site)
bonsoir Armand,
je connais l'ile aux Moines. J'y suis allée avec ma sœur et ses enfants. Nous avions déjeuné sur le bateau qui nous conduisait à l'ile.
C'était sympa.
Pour mon petit feuilleton de Sciences fiction, pour ma part, j'y crois. Nous verrons bien. En tous les cas, c'est sur la bonne voie. Cela va se répercuter sur le monde entier. Comme, je dis attendons. C'est captivant tout cela.
Je te souhaite une magnifique semaine.
Bise
Cricri
4. banga le 22-12-2017 à 13:00:56 (site)
j'adore toute cette région de Bretagne des très bon souvenirs pour moi.