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Les Black's Foot

le 16-09-2008 08:12

DE LA PIERRE A L'ALCHIMIE...

 

Une journée initiatique aux pieds des Alpilles, le 22 juin 2008





        Une belle journée qui commence sous les hospices de Râ. Monsieur Météo annonce 33 degrés, Celsius bien entendu ! Car pour le 33ième degré maçonnique il faudra encore beaucoup travailler ! Bref, le GADLU nous le devait bien, car nous avions envie de quitter les bordages de notre Galion pour profiter de la nature et pas n’importe laquelle : celle de notre belle Provence aux pieds des Alpilles entre oliviers et romarins, vieilles bâtisses et beaux jardins…

        C’est en suivant les rayons du soleil que les premiers équipages arrivent sur le parvis de l’Abbaye de Montmajour : Christiane, Andrée et Armand suivi de très près par Jackie et José avec toute l’intendance : Outils, matériels, ripailles, deux fûts à canons avec poudre pour les santés, bref tout le nécessaire pour organiser de fraternelles Agapes…
     


        Dès huit heures trente, le « petit noir », pas le fils de la Veuve, mais le breuvage énergique des matins difficiles (importé en Autriche par l’armée turque) accueille les Sœurs et les Frères ainsi que les conjoints invités, en les faisant patienter, car un équipage : Joëlle et Michel, eux, suivaient les rayons de la Lune…
     
    A trois kilomètres de la ville d’Arles, où croissent en abondance les plantes aromatiques, exaltant un agréable parfum, où les fleures naissent sous vos pas, où des arbustes de forme variée, l’olivier, le lilas, le pin, le laurier, le frêne et le jasmin font le contraste le plus charmant en mêlant leur feuillage et leur ombre. Le génie chrétien a jeté ici un monument digne de fixer l’attention, des cryptes silencieuses et sombres, où les premiers disciples du Christ (dit-on) venaient prier, une église dont le style n’est pas sans intérêt pour l’artiste, un monastère aux formes imposantes dont les ruines ont une certaine grandeur. A l’instant ou le ciel se positionne au Zénith et que l’heure est venue de commencer les travaux, notre Sœur Annie nous invite à gravir les premières marches du « Mont Majour » (la grande montagne) ou l’abbaye de Saint Pierre fut fondée…
     


        Bâtie en plein cœur du pays d’Arles, l’abbaye de Montmajour rassemble huit siècles d’histoire architecturale : un monastère primitif carolingien en partie troglodytique flanqué d’une nécropole rupestre, une abbatiale romane à deux niveaux, une chapelle de pèlerinage médiévale, une tour fortifiée pendant la guerre de Cent Ans, enfin les ruines grandioses d’un monastère classique au dessin épuré, presque citadin ? Juchée à flanc de rocher sur une ancienne île désertique, elle domine tout le marais d’Arles dans un site dont la grandeur sauvage et propice à la méditation fascina notamment Van Gogh…
     
        La légende affirme que Saint Trophime venait s’y reposer des travaux de son apostolat, au début du 5ième siècle. Trophime était un grec d’Ephèse converti par Saint Paul, qui parle de lui avec tant d’affection dans les épîtres ; bravant le martyre, il accourut à travers mille dangers, porter l’Evangile, la bonne nouvelle, à la Rome des Gaules (Arles), idolâtre, orgueilleuse de sa puissance et de sa splendeur, « rendez-vous de tous les peuples qui habitaient sur les bords du Rhône et de la Méditerranée », suivant les termes même d’un édit impérial…
     


        En 502, Saint Césaire quitta le monastère de Lérins pour accepter l’évêché d’Arles. Il résista aux menaces des rois Alaric et Théodoric, maintint dans sa province l’intégrité de la foi. Ses travaux, ses luttes, les pénibles fonctions de son ministère ne lui faisaient pas oublier sa chère retraite de Montmajour, où son éloquence et sa réputation de sainteté attirèrent autour de lui de nombreux disciples. C’est lui qui posa la première pierre du monastère. Bientôt, le lieu devint une colonie de pieux cénobites vivant là en commun, s’appelant du nom de frères, et obéissant à une règle, expression sévère de la loi nouvelle qui avait fait de la vie de chrétien une continuelle préparation à la mort. La piété et la science fleurirent longtemps dans ce sanctuaire jusqu’à l’époque de l’invasion sarrasine…
     
        Les Sarrasins avaient envahi la Provence et la tenaient sous le joug. Dans la tourmente du combat que Charlemagne leur livra, le monastère de Montmajour disparut, mais grâce à la munificence du souverain, ses murailles furent bientôt debout. Charlemagne avait vaincu par la croix ; il ordonna de bâtir une chapelle dédiée à la Sainte-Croix, ce signe de la victoire et du salut. On prétend que quelques-uns de ses preux, dignes compagnons de ce Roland que la légende a rendu si célèbre, reçurent la sépulture dans ce lieu consacré…
     


        Rien de remarquable dans la petite église souterraine de Montmajour, qui fut l’asile de Saint Trophime et de Saint Césaire. Mais ces quarante cinq marches que l’on descend, des héros, des saints, des princes les ont descendues ; Charlemagne les descendit aussi avec ses douze pairs, quand il vint s’agenouiller dans ce sanctuaire dont les murs sont tant d’éloquence. cette caverne naturelle, avec sa nef de trois ou quatre arceaux uniformes, son long corridor étroit et sombre, qui se termine par une grotte allongée, est une des plus belles pages de l’histoire du christianisme…
     
        Construite sur un rocher entouré de marais par des moines bénédictins, la petite abbaye Saint Pierre étend rapidement son influence à Arles et en Provence grâce à un vaste réseau de prieurés (jusqu’à 56 au 13ième siècle) et au pèlerinage de la Sainte-Croix, fondé en 1019. Le 3 mai 1019, le pèlerinage de Montmajour appelé Pardon de Montmajour est créé ; ce pardon est institué sous l’abbé Lambert, lors de la consécration de la première église Notre Dame, en cours de construction, par l’archevêque d’Arles Pons de Marignane qui accorde à cette occasion la première indulgence historiquement attestée. Pendant tout le Moyen Age, l’abbaye draine tous les 3 mai de nombreux fidèles de la région, jusqu’à 150 000 pèlerins d’après Bertrand Boysset, un chroniqueur arlésien de la fin du 14ième siècle. En 1426, on compte 12 à 15 000 pèlerins venant par le Rhône jusqu’à Arles pour le pèlerinage de Montmajour. Le 22 juin 2008, ils n’étaient que 15, les temps ont bien changé…
 


        C’est en 1016 que fut fondée la basilique de Montmajour. A cette date l’œuvre n’était que commencée ; elle avança avec lenteur et il est facile de voir aux différents genres de style qui se mêlent dans cette construction que, pendant plus de deux cens ans, du 11ième au 13ième siècle, des ouvriers, des artistes, la plupart inconnus les uns aux autres, y ont successivement déposé le fruit de leur talent. Quant à l’église qui sert de support à la basilique, elle a été faite d’un seul jet. L’abbaye devient au 11ième siècle nécropole des contes de Provence. En effet, en 1018 a lieu l’inhumation du comte Guillaume II, en 1026, celle de la comtesse Adélaïde et en 1063, celle du comte Geoffroy. Tous les trois sont inhumés initialement dans la crypte du 11ième siècle avant d’être transférés au 12ième siècle au cloître…
     
        Malgré les guerres qui éprouvèrent si cruellement la Provence au Moyen Age, les invasions des peuples qui se disputaient cette belle contrée comme une proie, Montmajour fut, surtout au 14ième siècle, une demeure somptueuse, enrichie qu’elle fut de bonne heure par les dons des fidèles. Cette magnificence devait lui être fatale. Du Guesclin gagnant l’Espagne avec ses routiers, voulut rançonner Arles qui résista. Alors l’orage alla crever sur Montmajour que le grand capitaine ne put défendre contre les vexations d’une soldatesque effrénée ; le trésor fut mis au pillage ; l’incendie projeta au loin de sinistres lueurs. Cette rude épreuve servit de leçon. L’abbé Pons de Ulmon fit construire la belle tour de défense, ornée de bossages et couronnée de mâchicoulis. Cette tour supporta plus d’un assaut ; fièrement campée en avant du monastère pour le protéger, elle ne put, au 16ième siècle, détourner ce torrent dévastateur qu’on appela les guerres de religion. Montmajour finit par succomber et ne fut plus qu’un monceau de ruines…
     


        Sur l’emplacement de la vielle abbaye, on bâtit cent ans plus tard une habitation spacieuse et romantique. C’était un château plutôt qu’un couvent et l’abbé très richement doté, menait là une vie de grand seigneur. A contempler les ruines qui jonchent aujourd’hui le sol, ces larges corridors, ces élégantes salles, ces vastes appartements déserts, ces beaux escaliers de pierres, cette charmante terrasse qui plonge sur le paysage, on sent le luxe, le confortable, les habitudes de bien-être. Tout cela disparut sous les coups de la Révolution. Demeuré seul sur son rocher, l’antique donjon semble regretter son isolement et son impuissance…
     
        Dans ce dédale de pierres, de clefs de voûtes, d’arcs et de nefs, les Apprentis et les Maîtres empruntent le chemin qu’ils se sont choisi. En main, Maillet et Ciseau, Levier et Règle, Equerre et Compas, chacun selon son grade parcourent les mystères du lieu qui s’offrent à eux pour en découvrir de nouvelles profondeurs. De l’Orient à l’Occident, du Nord au Septentrion, la voie est jalonnée de marches : Trois pour les premiers, plus pour les suivants. Dans la Sérénité du site, toujours par trois pas, et en déambulant, les Sœurs et les Frères s’engagent vers l’ancienne Abbaye Saint Pierre (Xe), le Cloître (XIIe), la Tour de Pons de l’Orme (XIVe) et pour finir le Monastère Saint Maur (XVIIIe) : Un parcours initiatique entre « Pierre et Maur » !…
 


        Au tout début, il ou elle était Un : Annie en recueillement devant les trois piliers, Jean Philippe en émotion devant tant de merveilles et Michel dans le silence. Puis ils ou elles découvrent le Deux : Paul et Jean Philippe soutenant « Jakin », Marie Pierre et Christian le parfait et juste couple maçonnique, pour finir dans la Ternarité contemplative : Christiane, Andrée et Annie dans les jardins du cloître. Mais l’initié sait que le moment venu, il doit rassembler tout ce qui est épart. Le travail est accomplit sur les marches de l’ancienne abbaye et au sommet de la Tour : le point le plus élevé du site avant la voûte étoilée pour ne pas fâcher le GADLU. Quoi que ? D’après les bruits de parvis, certains envisagent, l’année prochaine, de lui prendre sa place !…
     
        Pendant ce temps, de l’autre coté de la colline, près d’Egalières, une autre scène se joue. En effet notre Vénérable Maître a envoyé le Frère José, Maître des Banquets nommé d’office, mais néanmoins Expert, avec le plus doué des travailleurs manuels : le Frère Armand, en l’occurrence un Surveillant, pour préparer le repas. Quelle aventure !…
 


        Il n’y a pas de réunion fraternelle sans Agapes chez les Francs-maçons. Comme il s’agit d’un travail maçonnique, ils ont commencé par tourner trois fois autours du village avant de s’engager dans le petit chemin qui mène au Mas de la Brune. Puis arrivés près d’un grand chêne, trois fois centenaires, aidé du Compas et de la Coudée ils ont tracé sur le sol un Carré Long pour installer l’agapè…
     
        A juste distance de l’eau, de la terre et du vent qui souffle à travers l’allée de fusain, le Frère Armand dresse la table avec méditation car il vient de se souvenir qu’il ne le fait pas à la maison. Toutefois avec courage et abnégation il installe sans interruption   chaises, assiettes, verres, couverts, serviettes, décoration et apéro pour le bien-être de l’Atelier qui va venir dans quelques heures…
 


        Quelques mètres plus loin, le Frère José, munie d’un grand couteau coupe avec amour : tomates, œufs, poivrons, céleris, carottes, concombres, choux-fleurs et poulet qu’il dispose dans des plateaux en forme de cœur, puis il prépare une bonne anchoyade. A la fin du chantier, bonne nouvelle, il a encore ces dix doigts, c’est bien un Expert. On ne peut pas en dire, de même, du Frère Surveillant, car le coin apéro est déjà taché d’huile d’olive…
     
        Soudain, le moment tant redouté arrive ! Comme les sept plaies de l’Egypte, une nuée de sauterelles et de criquets, venu du Mont Majour lointain, se précipite autour de la table du banquet. Pendant que José verse le champagne dans une vasque contenant des portions de citrons et un élixir secret, les Sœurs et les Frères sirotent avec de longues pailles la boisson de Mnémosyne, car ils ont beaucoup marchés…
     


        L’instant est venu : notre Vénérable Maître dispense gracieusement les fraternels remerciements, pour les organisateurs de la sortie, une pensée chaleureuse pour les Frères et les Sœurs absents et une batterie d’allégresse pour nos conjoints visiteurs. Puis Annie en profite pour nous montrer la nouvelle acquisition de la Loge : un tronc de la Veuve monastique et templier qui n’accepte que les billets de banque…

        L’Atelier satisfait et content de la décoration et de la prestation culinaire se place autour de la table. Puis, dans la joie et la bonne humeur, tous se mettent aux travaux de mastication arrosés d’un vin fin, rosé et rouge, millésimé, béni, divin que notre Frère Jean Philippe a déniché dans une vieille cave près de Saqqarah…
     
        Après les travaux de bouche, mais avant les fruits défendus et le café turque, il est de tradition dans une agape de faire travailler aussi l’esprit. Pas de problème, même à l’extérieur tout est prévu ! Notre plus ancien Passé Maître, Jean Philippe, planche sur l’alchimie et nous fait découvrir les premiers enseignements qui nous servirons pour la suite de notre programme…
     
        Quand le cadran solaire porte son ombre sur les quinze heures, Maîtres et Apprentis se dirigent vers le jardin. Celui-ci invite les visiteurs à une évocation florale du thème de l’alchimiste. Notre hôte (la maîtresse des lieux) nous livres avec modestie sa conception de l’œuvre entreprise, mêlant plantes et évocations alchimiques. Il s’agit donc d’un territoire de libre expression où l’alchimie est évoquée de manière ludique et culturelle. Il n’est qu’invitation à philosopher, à penser. La rhétorique alchimique est déroulée en filigrane, nous conduisant d’un labyrinthe, qui est peut-être celui du monde, à une galerie d’herbes « simples », de celles qui accompagnent tous nos maux quotidiens. Un jardin magique créé en 1997 avec Arnaud Maurières et Eric Ossart, ce jardin contemporain est un véritable jardin initiatique…
     


        A nous maintenant de Transmuter et d’emprunter le labyrinthe d’éléagnus qui initie notre parcours, qui nous replace au commencement du monde puisque le labyrinthe reprend le premier mot de la bible, Berechit. Promenons-nous ensuite dans le jardin des plantes magiques dont les carrés présentent la flore provençale. Ici, nous sommes encore dans l’univers de la magie populaire qui associait vertus ou maléfices aux plantes. Nous sommes alors prêts à accéder aux trois jardins monochromes qui symbolisent la véritable quête alchimique…
     
        Nous arrivons ensuite, dans ce qui pourrait être le point d’orgue du lieu : dans trois cercles végétaux successifs, qui sont l’expression de l’œuvre noire, de l’œuvre blanche puis celle de l’œuvre rouge. Chacun de ces « cercles » ou territoires philosophiques vient nous surprendre par sa décoration de plantes colorées. Ici les compositions se relient par de petits passages et se veulent l’allégorie de nos possibles chemins initiatiques…
 


        La mise en scène des végétaux est aussi subtile que le parcours qu’elle symbolise : dans le jardin noir, l’Aeonium pourpre aux feuilles épaisses et aux formes savamment travaillées par les jardiniers symbolise le plomb à transformer. Le jardin blanc apaise le promeneur avec ses rosiers blancs et ses gauras tandis que l’alignement de pots de géraniums et les rosiers du jardin rouge indiquent l’aboutissement d’un parcours…
     
        De prime abord, on pourrait avoir peur d’un jardin arguant ses propres préceptes philosophiques, on a matière à être un peu méfiant… on recherche d’avantage à s’égarer, voulant échapper, plutôt, à toute « ligne de conduite »… or, à juste titre, on est obligé de ne pas en tenir rigueur ! La beauté certaine de l’endroit, la créativité et l’imagination, à la fois esthétique et culturelle qu’ont suscité ce projet, auquel a participé l’ethnobotanique Pierre Lieutaghi, achèvent de nous inspirer le doute. Les auteurs de cet étrange jardin se sont emparés d’un sujet ancien : l’alchimie et de toute la poésie de son imaginaire, pour le détourner et nous offrir un havre ou plutôt une île végétale, de curiosité et de  pensées tressées, où il est agréable de venir expérimenter de nouvelles façons de créer un jardin et de méditer sur soi. N’oublions pas que le jardin, et ce dans de nombreuses traditions, est une plaisante allégorie du monde, de notre monde…
 


        En le visitant ce dimanche, notre regret est de ne pas avoir pu voir – et ressentir – les parterres et les buissons de roses, blanches pour l’œuvre blanche et rouge pour l’œuvre rouge que nous avions vu Armand, José et Jean Philippe en mai. Pour cela, il vous suffira de revenir vous égarer l’année prochaine au moi de mai…
    
        Si l’on a bien écouté la Planche de notre Frère Jean Philippe : il y aurait trois étapes principales pour créer une pierre philosophale :
- Tout d’abord extraire un ferment particulier appelé « mercure des philosophes ».
- Faire réagir ce ferment sur de l’or et sur de l’argent pour obtenir deux ferments supplémentaires.
- Mélanger le ferment créé à partir de l’or à celui créé avec l’argent et le mercure des philosophes dans un matras en verre, le fermer de manière hermétique et mettre le tout à cuire dans un athanor.
 


        C’est pendant cette cuisson que tout se passe. Tout d’abord, le mélange devient noir et semble en état de putréfaction. Cet état est appelé par les alchimistes « phase du corbeau » ou « œuvre noire ». Puis, subitement, la couleur vire au blanc étincelant « œuvre blanche ». A ce moment, la pierre est capable de transformer le plomb en argent. Mais si on laisse la cuisson du mélange se poursuivre, le blanc cède la place au rouge (on reconnaît là la couleur de la pierre philosophale parfaite) « œuvre rouge ». Mais notre cuisson (qui a déjà duré un an) n’est pas encore finie, car la pierre ne transmute en or que deux fois son poids. Il faut donc continuer à faire chauffer le mélange (en y rajoutant un peu de mercure des philosophes) pendant trois mois. A ce stade la pierre transmute dix fois son poids. On recommence une troisième puis une quatrième fois cette cuisson (on appelle cela la « multiplication de la pierre »), et enfin la pierre philosophale parfaite est créée et permet de créer dix mille fois son poids en or !…

        Dans son parcours initiatique chacun s’y est essayé : à l’ombre d’une tonnelle, avec la Papesse en main, les pieds dans une source fraîche ou tout simplement assis sur un banc de pierre, tous on œuvrés. Mais après Liquéfaction, Fusion, Distillation, Dissolution, Evaporation et Purification voilà le résultat ! Il y a encore beaucoup de travail…
     


    Mais avant de nous quitter, nous promettons tous de garder le silence sur le lieu de notre prochaine rencontre…

 
Jakin    
 
 
 
 


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le 15-09-2008 09:33

ENTRE SOLEIL ET RHUM...



Guadeloupe du 10 au 18 février 1990






        En février 1988, lors de notre premier séjour, nous étions tombés amoureux des Antilles. On s’était promis d’y revenir prochainement. Deux années seulement ont passée, et malgré un typhon qui vient de frapper la Guadeloupe, nous décidons de tenter une nouvelle aventure, avec Jacky et Simone, des amis rencontrés pendant notre séjour au Sénégal…

        Afin de conserver notre autonomie et de jouer aux électrons libres, nous louons un duplex aux « Marines » de Saint-François, et réservons un véhicule à l’aéroport de Pointe-à-Pitre. Ceci étant fait, nous jetons quelques affaires d’été dans une valise et nous embarquons, dans la matinée, à Marseille Provence pour un vol de huit heures…

        L’avion se pose à Pointe-à-Pitre aux environs de 19 heures (heure locale). Après les formalités de police, nous réceptionnons notre voiture (une Peugeot) sur le parking de l’aéroport. Une fois au volant l’aventure commence, mais cette fois-ci c’est nous qui jouons au guide. « En voiture Simone ! » Pas de chance, au moment du départ un orage tropical éclate et forme un rideau épais de pluie. La température ambiante et l’humidité ont vite fait de recouvrir le pare brise d’une couche de buée que les essuie-glaces usés ne parviennent pas à supprimer…

        La route est inondée. Les phares éclairent sans efficacité. La visibilité est presque nulle. Le copilote, la carte routière sur les genoux, cherche l’itinéraire. Nous roulons à 60 km/h, à l’aveuglette, dans les méandres des carrefours pour trouver la route du littoral. A droite ! A droite ! Crie Simone. Un coup sec du volant, la voiture monte sur un terre plein et nous empruntons enfin la bonne route. Ouf !…

        Nous parcourons les quatre-vingts kilomètres qui nous séparent de notre lieu de destination, les yeux rivés sur la route. Heureusement, lorsque nous entrons enfin dans Saint-François, la pluie s’arrête. Mais le petit village est dans le noir complet. Sans repaire apparent nous tournons en rond plusieurs fois. Quand, lassés, nous stoppons le véhicule pour demander notre chemin, nous réalisons que nous sommes sur le port, à trois mètres du bord de l’eau ! L’aventure aurait pu s’arrêter au fond de l’océan ?…

        Soudain la nuit est percée par le bruit des tambours et des trompettes qui font quelques « couacs ». Une troupe de carnaval arrive dans notre dos et nous entoure. Des antillaises habillées de plumes remuent leurs fesses sur un rythme endiablé et zouké. Un « carnavaleu » à qui nous demandons notre chemin, nous fait signe de les suivre, car ils passent devant les Marines. Tout ce petit monde, dans la joie et la bonne humeur, se dirige vers le centre du village. On avait pas prévu une arrivée en fanfare. Quelle surprise !…

        Première étape du tour de charme, le petit port de Saint-François, bien sûr ! Nous le retrouvons avec plaisir. Notre promenade nous conduit le long de la marina pour admirer les grands voiliers qui accostent en provenance des îles de la Caraïbe. Puis nous nous retrouvons au petit port pour la rentrée de la pêche de la matinée. Langoustes et poissons de toutes les couleurs gesticulent dans les casiers des marins…
         


        Le soleil, la mer et les cocotiers sont au rendez-vous sur la côte sud, malgré le passage du typhon. Quelques ouvriers et pêcheurs locaux s’empressent de remettre en état plages et embarcations pour la satisfaction des touristes et des autochtones…
              
        …et d’abord sur la longue plage de sable fin de Sainte Anne, que les vendeuses de maillots de bain arpentent pour vendre leurs modèles minuscules…
              

        Puis c’est la plage que nous recherchons, rose corail à Grande Anse, plus sombre à Bouillante ou Vieux-Habitants, elle est le voluptueux théâtre où, quotidiennement, soleil tropical et mer chaude se donnent la réplique. Des bras brûlants de l’un à la caresse salée de l’autre, nous nous laissons gagner par l’impression de figurer au centre d’une carte postale…
          


        A son zénith, le soleil nous oblige à rejoindre l’ombre des palmiers pour faire les singes. Des terrasses des lolos, ces petites échoppes de bois qui proposent jus de goyave, maracudja et pamplemousse délicieusement frais nous nous reposons. De quoi tenir jusqu’au crépuscule, l’heure du planteur ou du ti-punch qui donnent le tempo à la fête antillaise…
              
        Parfois nous avons envie de calme ! Alors il y a encore bien d’autres petites anses, comme Petit Havre, les Raisins clairs, l’Anse Tarare, pour se faire bronzer en toute quiétude ou pour jouer au « Tarzan »…
            

 
        Un autre jour, on s’enfonce dans les terres et pénétrons dans le pays de la canne. La saison de la coupe vient de débuter, et la verte Guadeloupe exhale une tiède odeur sucrée. Dans les champs, les hommes sont au travail dès l’aube, courbés sur leurs coupe-coupe…
     
        Toute la semaine, les cheminées des distilleries crachent leur fumée pour produire le rhum blanc agricole. Tandis que sur la petite route, les Globe-Trotters, enivrés par les vapeurs de rhum chantent à tue-tête : "Du who-om, du who-om et du si- op de ba-aterie"…
     

         
        Nous nous laissons porter jusqu’à la Pointe des Châteaux, où les surfeurs jouent sur les vagues, dans un décor rocheux digne de la Bretagne. Par un chemin escarpé nous grimpons jusqu’au belvédère planté d’une croix. Un proverbe dit à ce sujet : « qui voit Groix, voit sa croix », mais dans le lointain on ne voit que la Désirade…
              
        En contre bas, au bout des rochers, un paysage hautain, une solitude aride, le parfum du varech, le fracas des vagues brisant contre la pierre évoque ce Finistère lointain. Un lieu de méditation et de repos naturel…
       

 
        Quand le soleil se couche à l’horizon, la lumière intensifie la magie de ce lieu. La mer endosse une couleur argentée que l’écume vient déposer sur le sable fin de la crique. Sous les derniers rayons obliques du soleil, la roche découpée laisse apparaître des sentinelles menaçantes qui semblent arrêter les nuages. La croix fixée au sommet arbitre cette dimension comme un espace de fin du monde…
             
        Puis nous décidons de passer une journée de farniente sur le sable chaud de l’îlet Caret au large de Pointe-à-Pitre. Ce must de l’aventure que nous avions découvert il y a deux ans est une belle façon de faire vivre une journée antillaise à nos amis…
       

      
        Langoureusement ensommeillés, nous rejoignons le catamaran pour les accents chantants du zouk qui s’élèvent à mesure que descend la nuit. Ils savent nous mettre sur le droit chemin. Celui suivi au rythme sensuel d’un collé-serré inoubliable ou d’une biguine du diable ! Des rives de l’îlet Caret aux cabanes de Pointe-à-Pitre, en passant par la mangrove, la danse et le rhum battent la mesure de la nuit guadeloupéenne. Au matin, soleil, forêt et mer limpide reprennent leurs droits…
         

        
        La vie dans les Caraïbe est un long fleuve tranquille. La journée commence vers dix heures du matin. Attablés sous ces magnifiques petites terrasses aux odeurs de vanille et de cannelle, nous dégustons notre premier ti-punch pour nous donner du courage. Une bonne entrée en matière avant de savourer la suite d’une journée créole…
     

         
        Tandis que les femmes font quelques achats sur le marché, en succombant aux doudous qui les enrobent de compliments bien tournés, les hommes, cachés sous de larges chapeaux de pailles, sirotent en secret quelques ti-punch supplémentaires…
          


        Les pêcheurs rentrent au port, il est temps de les rejoindre pour négocier l’achat de quatre langoustes que nous préparerons ce soir en sauce mayonnaise. Ce n’est pas facile d’en acheter, car le pêcheur guadeloupéen ne pêche que sur commande. Il n’a pas encore pris l’habitude de thésauriser. Mais cela viendra vite avec le temps…
             


        Acras de morue, langouste grillée et banane au caramel flambée au rhum, chez Mervillon, à St François on mange bien et on cause créole. A l’ombre d’une belle terrasse construite en bois, où les embruns iodés vous chatouillent les narines, nous dégustons sans réserves cette cuisine antillaise, arrosée d’un vin blanc sec en provenance de métropole…
             


        Une petite sieste dans un hamac providentiel planté entre deux cocotiers, répare les abus de rhum. La baignade dans une eau claire et limpide revigore les esprits embrumés. Puis une longue marche sur la plage de sable blanc redonne de la vigueur à nos estomac qui vont, à nouveau, affronter le repas du soir…
 


        Oui, car le soir venu, dans la fraîcheur de notre duplex, sur la terrasse la table est dressée : Acras de morue achetés chez un petit restaurateur, broc de ti-punch maison confectionné avec application, fruit de la passion et ananas coupés en tranche venant du marché local, il ne manque plus que les langoustes qui cuisent avec amour dans une grande marmite surveillée par une doudou. Ainsi s’achève la journée comme elle a commencé dans le rituel du rhum. Ce breuvage qui prépare les nuits aux rêves les plus fantasques…
             


        Le plaisir est toujours là. Couleur, chaleur, douceur, la Guadeloupe ne serait que la moitié d’elle-même sans les enivrantes senteurs qui courent avec le vent léger des sous-bois aux champs de canne et de marchés en terrasses…

        Les puissants arômes de la coriandre, du poivre rose ou du piment oiseau le disputent aux doux effluves de vanille, de cannelle et d’anis étoilé. Aux étals des marchés de Saint François ou de la Darse, les épices régalent les yeux et le nez avant la bouche. Pour l’oreille, faites confiance au bagou des vendeuses créoles !…

        Posée sur la mer entre Caraïbes et Atlantique, la Guadeloupe, avec ses plages douces, l’ombre de ses cocotiers, ses saveurs enivrantes, vous offre le droit à la paresse et au plaisir ! Mais n’abusez pas trop du rhum, car il peut vous jouer des tours…
 


        En effet au moment du départ, l’avion qui doit nous ramener vers la métropole semble posé sur la mangrove pour prendre un dernier bain. Réalité ou excès de rhum ? A vous d’imaginer, car l’illusion est parfaite…
 
 
 
Andrée et Armand    
 
 
 


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le 15-09-2008 07:38

L'ACACIA



    
        Les FF et les SS qui sont présents de bonne heure en salle Humide voient souvent ce singulier manège : Un franc-maçon s’affère avec beaucoup d’ostentation auprès du F Servant pour obtenir une branche d’acacia. Après avoir disparu en cuisine le F servant ramène l’objet tant désiré. En le tenant avec les deux mains comme s’il s’agissait d’une relique le Maître retourne dans son atelier.

        Encore Apprenti, ignorant la botanique et la cuisine, je m’imaginais que de nombreux acacias devaient pousser dans le jardin privatif du F Servant et comme des branches se trouvaient dans sa cuisine, elles devaient probablement servir à composer d’excellentes sauces provençales. Oui, mais voilà, que pouvait faire un Franc-maçon avec une branche d’acacia dans son atelier ? Ma curiosité en était restée là, car après tout, dans le petit Temple, nous, nous brûlons bien  de l’encens sur le Naos !

        Son nom vient de « akakia » qui désigne un acacia en grec et de « hakis » qui signifie épine, pointe. L’acacia a la propriété de restaurer la fertilité des sols. Il vit en symbiose avec des bactéries fixatrices d’azote qui développent des nodules sur les racines et les tiges. On remarque que l’acacia blessé est capable de recréer sa matière. Dans le langage floral, les fleurs d’acacia désignent l’amour platonique. L’acacia est aussi connu pour ses vertus toniques, diurétiques, et pour son effet contre les calculs biliaires. L’acacia ne rentre donc pas dans la composition des sauces provençales. Mais alors les Francs-Maçons seraient-ils en manque de fertilité au point de ne vivre que des amours platoniques. Seraient-ils alors frappés de tous les maux de la vie quotidienne, au point de se réunir en secret pour se tonifier en consommant des décoctions de feuilles d’acacia ?

        L’acacia a été longtemps, aussi, associé à la religion que ce soit pour les rites funéraires des Egyptiens ou bien à la couronne d’épine qui recouvrit la tête du Christ supplicié sur la croix de la religion catholique. Les légendes populaires disent qu’on peut s’adresser à un acacia et y puiser un renouveau de force et de courage lorsque l’on est confronté aux difficultés. Symbole de renaissance et d’immortalité pour les premiers chrétiens, il est aussi un symbole d’initiation solaire manifestant la continuité des cycles de mort et de renaissance. Le personnage qui tient un rameau d’acacia annonce soit le but qu’il poursuit, soit le niveau de conscience auquel il est parvenu. Me voilà enfin rassuré car c’est probablement dans ces indices qu’il faut chercher une interprétation.

        C’est peut-être pour toutes ces raisons qu’en Maçonnerie l’acacia illustre à la fois la mort et l’ancienne connaissance disparue que les Maîtres doivent retrouver. Une construction Symbolique de la victoire de l’esprit de jeunesse sur la mort et de sa renaissance à la lumière. Mais c’est en Grandissant, comme vous l’avez fait avant moi, que j’en ai découvert la véritable signification, lors de mon élévation.

           « En voyageant vers l’Est » - dit au cours de mon Elévation un des Maîtres envoyé à la recherche du corps d’Hiram – « Nous avons aperçu à la lueur du crépuscule une branche d’acacia fichée dans un tertre dont la terre paraissait toute fraîchement remuée. Or, il est dit que la Science repose à l’ombre de l’acacia et le lieu triste et désert où nous nous trouvions avait pu être propice à l’inhumation furtive d’Hiram, notre Père ». Et c’est, en effet, sous le signe de l’Acacia que gisait le cadavre du Maître !

        Dans la symbolique maçonnique l’acacia n’est donc que le marqueur de la légende d’Hiram. N’est-ce pas ce que nous entendons exprimer lorsqu’à la traditionnelle question du Tuileur, nous répondons : « Eprouvez-moi, l’acacia m’est connu ? ».

        Déclarer que « l’on connaît l’acacia » équivaut donc à dire que l’on n’ignore plus rien du drame symbolique, que l’on sait comment et par qui fut perpétré le meurtre, que l’on se souvient de la revivification du cadavre putréfié. Et c’est pourquoi nous professons que l’acacia est le symbole de l’éternel espoir, de la survivance des énergies, de l’indestructibilité de la vie, considérée dans son principe.

        Je pense cependant que ces définitions semblent purement conventionnelles et spécifiquement maçonniques. Rien ne permet, à ma connaissance, de justifier historiquement la valeur symbolique que nous attribuons à l’acacia. D’ailleurs, Ragon enseigne que « son bois incorruptible symbolise la pureté de l’Ordre maçonnique, que rien ne peut altérer », que « son écorce repousse tout insecte malfaisant, comme la Maçonnerie repousse tous les vices », et qu’enfin « ses feuilles, inclinées pendant la nuit, se redressent à l'apparition du Soleil et à mesure que cet astre s’élève, exactement comme l’intelligence du Néophyte se développe et grandit à mesure qu’il monte en grade ». Mon incompétence en science botanique ne me permet ni de confirmer ni de contester la réalité des qualités physiologiques que Ragon attribue à l’acacia qui, rappelons-le, est d’ailleurs un arbre qui ne croît que dans les pays tropicaux. Je remarque cependant que les analogies qu’il en tire sont sans rapport aucun avec la légende d’Hiram ou les enseignements initiatiques de la Maîtrise.

        On a dit aussi que l’acacia était un arbre sacré chez les Egyptiens et avait été déifié par certaines tribus arabes.  J’ai essayé, mais en vain, de retrouver les sources de ces affirmations.

        Enfin j’ai remarqué que dans certains rituels du 17ième siècle, il n’est à aucun moment fait mention d’une « branche d’acacia ». Dans d’autres, d’origine germanique, l’acacia semble inconnu, mais on y parle, par contre d’une branche de cassier. Or, le cassier ou canéficier sont les noms vulgaires de l’acacia de Farnèse ; et les mots suscités dérivent du grec « kassier », qui signifie « cannelle » ; cette plante aromatique aurait en outre eu sa place parmi les ingrédients utilisés dans l’antique Egypte pour les embaumements, grâce auxquels les morts conservaient toutes les apparences de la vie.
De la cuisine du F Servant, de l’embaumement des momies Egyptiennes, à la chambre du Milieu, on voit par ces brèves observations, les rapports étroits que l’on peut établir entre ces versions divergentes et les confusions de mots qui sont susceptibles de les avoir suscitées.

        Dans l’ensemble elles ne modifient aucunement le sens symbolique que nous attribuons à la Branche d’Acacia, et si les formes varient, l’idée exprimée reste toujours substantiellement la même : La branche d’acacia sur la tombe d’Hiram est comme la croix sur nos autels. C’est le signe de la science qui survit à la science ; c’est la branche verte qui annonce un autre printemps. Quand les hommes ont ainsi troublé l’ordre de la nature, la providence intervient pour le rétablir, comme pour venger la mort d’Hiram.

        Depuis le commencement du travail de l’esprit pour bâtir le temple de l’unité, Hiram a été tué bien des fois, et il ressuscite toujours. C’est Adonis tué par le sanglier, c’est Osiris assassiné par Typhon. C’est Pythagore proscrit, c’est Orphé déchiré par les Bacchantes, c’est Moïse abandonné dans les cavernes du Mont Nébo, c’est jésus mis à mort par Caïphe, Judas et Pilate.

        Parvenus à un grade qui nous impose le silence, nous nous croyons parfois mieux engagé par nos convictions que par un serment, alors la branche d’acacia comme un éternel marqueur vient nous rappeler que nous aussi nous croyons à la résurrection d’Hiram, et que les rites maçonniques sont destinés à transmettre le souvenir des Légendes de l’initiation et, à le conserver parmi nous...
 
 
Jakin    
 
 
 
 


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1. elisabeth  le 15-09-2008 à 05:59:48

Bonne journée
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le 14-09-2008 07:06

LE MOT DU WEBMASTER

 

AUJOURD'HUI C'EST DIMANCHE

LE WEBMASTER SE REPOSE 

 

 

 

UNE BONNE VIREE EN MOTO CA DECOINCE !

 

A LUNDI POUR DE NOUVELLES AVENTURES

 

 

 

 

 


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1. lamaisondubonheur  le 19-09-2008 à 09:44:17  (site)

en moto et en bonne compagnie
merci pour ta visiterougis

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le 13-09-2008 09:51

AU PAYS DES MASSAIS...



Kenya, du 28 octobre au 5 novembre 1989





        Voilà à peine cent ans que les grands explorateurs ont, pour la première fois, pénétré dans les étendues de l’Afrique orientale et découvert des régions qu’aucun blanc n’avait vues jusque-là. Ils ne pouvaient imaginer que sur leurs traces, des milliers de personnes viendraient facilement des quatre coins du monde pour admirer la beauté des côtes de corail, des vastes plaines et des montagnes couvertes de neige, examiner la diversité de la faune et étudier les mœurs et les coutumes des différentes tribus qui peuplent ces contrées. Ils ne pouvaient prévoir qu’un jour viendrait où il ne faudrait plus des semaines et des mois pour atteindre l’Afrique orientale, mais quelques heures seulement…

        Un voyage au Kenya apporte, outre le foisonnement des images, des sensations fortes et rares, un retour aux origines dans un monde préservé, identique à celui des premiers jours de notre humanité. On vient ici éprouver sa capacité de curiosité, d’émotion, en de longues heures aventureuses, et seul le safari permet ce bain, de brousse et de forêts…

        Il existe sans doute peu d’endroits au monde qui offrent une telle variété de paysages, de formes animales ou végétales, et un tel foisonnement de groupes humains. Certes, on cherchera en vain ce que l’on désigne généralement sous le vocable de « culture », chefs-d’œuvre architecturaux, théâtres, salles de concert – mais on découvrira au lieu de cela un monde dont on croyait qu’il appartenait depuis longtemps au passé…

        Pendant les longs parcours sur des routes en terre rouge, à travers la steppe, qui prend une teinte brun jaune pendant la saison sèche et vert brillant après la pluie, le voyageur cherchera du regard les éléphants qui se déplacent souvent par troupeaux de plusieurs centaines, les girafes, les zèbres, les buffles, les antilopes, les guépards, les léopards et surtout les lions. Il écoutera le gazouillis d’innombrables tisserins ou le cri de joie de l’aigle pêcheur et ne pourra retenir un cri d’admiration en voyant s’envoler des lacs, tel un immense nuage rose, des dizaines de milliers de flamants à la fois…
 


        Il méditera au bord du grand fossé d’effondrement (le Rift) en pensant que c’est peut-être là que se trouve le berceau du premier homme. Il regardera les sommets couverts de neige du mont Kenya et le groupe de glaciers du Kilimandjaro, la plus haute montagne d’Afrique, et aura alors une pensée pour les explorateurs Rebmann et Krapf, que l’on railla quand ils racontèrent avoir vu de la neige sur l’Equateur. Et peut-être ira-t-il voir le lac Victoria, presque une mer, où le Nil majestueux prend sa source, et dont la légende veut que celui qui boit de son eau y revienne constamment…

        Il fera aussi la connaissance des hommes, les Kikouyous, les Luos, les Massaïs, les Samburus et les Souhélis. En un mot, il gardera de tout ce qu’il aura vu pendant les trop brèves semaines passées dans ce pays une foule de sensations inoubliables…
 


        Nous voulons nous aussi ouvrir le livre vivant de la nature et en parcourir les pistes aventureuses. Le sac est vite rempli de tenues kaki, pataugas, casquettes et jumelles. Nous avons même, pour l’occasion, acheté un appareil photo avec zoom télescopique. En un rien de temps nous faisons déjà la queue à la porte d’embarquement de l’aéroport de Marseille Provence…

        Après six heures de vol nous atterrissons à Nairobi la capitale du Kenya, le thermomètre marque 22°. On oublie presque qu’il s’agit d’un plateau situé à 2 000 mètres au dessus du niveau de la mer. Notre guide, Steven Mbogo Njeru, nous accueille, puis nous transfère à notre hôtel. Une demi-heure plus tard, en saharienne, casquette et lunettes de soleil, les jumelles et l’appareil photo en bandoulière nous montons dans un minibus à toit ouvrant pour notre premier safari dans le parc national de Nairobi…
 


        Nairobi National Park, créé en 1945, se situe à 8 kilomètres du centre ville. Ce petit parc de 114 km² était initialement sur le passage de la migration des éléphants. Le braconnage et la croissance démographique leur ont aujourd’hui coupé la route. Il n’est sans doute possible nulle part ailleurs au monde, d’observer, juste à la sortie d’une grande ville moderne, autant d’animaux sauvages. La visite est agréable et la richesse du parc en herbivores inattendue…
       
        Quant au jeu des acteurs, il est captivant et plein de surprises. Justement, voilà le phacochère qui déboule sur scène. La queue en tire-bouchon dressée comme une antenne, il pique un sprint puis s’arrête brusquement pour redémarrer sur les starting-blocks. On ne sait pas ce qui presse autant ce petit cochon sauvage, mais il fait toujours rire. Son surnom ? le Kenya express !
     


        Les gnous, les impalas, les bubales, les gazelles de Grant et de Thomson, les girafes, les autruches, mais aussi les lions, les guépards et les rhinocéros se sont habitués à la présence des voitures et se laissent facilement photographier. Il nous est toutefois interdit, par notre ranger, de descendre du véhicule…
     
        C’est au tour maintenant d’une famille de zèbres de Burchell de nous couper la route. Ils vivent dans les savanes ouvertes et les steppes herbeuses. Ils ont un magnifique pelage rayé blanc et noir. Une forte disparité dans le dessin des rayures permet de distinguer les individus. Ils vivent en groupe de un à six femelles avec leurs petits et un mâle. Cette structure familiale maintient leurs cohésions au sein des grands troupeaux…
     


        Après une bonne nuit de sommeil, nous empruntons la route du nord qui passe par les petites villes de Thika, Sagana et Karatina avant d’arriver à Nyeri en deux heures environ. C’est notre premier arrêt détente. La végétation est dense et d’un vert lumineux. La bruine qui tombe depuis le matin accentue cet effet de brillance. Sur le bord du chemin des enfants curieux viennent vers nous…
     
        La route continue vers Nanyuki, sur la gauche se dresse le majestueux massif des Aberdares ; sur la droite le second sommet d’Afrique, le mont Kenya culmine à 5199 mètres. La transparence de la lumière, la douceur du climat et la richesse des sols, produisent ici les meilleures plantations de café. Encore quelques kilomètres et nous arrivons au Mountain Lodge pour deux nuits…
     


        La chaîne des Aberdares, appelée aussi chaîne de Nyandarua, fait face au massif du mont Kenya. D’une longueur de 70 kilomètres, elle dépasse assez largement les limites du parc national proprement dit. Malgré une richesse que nul ne songe à contester, la visite est exclue. Le climat humide et la végétation touffue rendent la circulation très aléatoire et l’observation des animaux particulièrement dangereuse. Le Mountain Lodge construit dans les arbres au-dessus des points d’eau où viennent les animaux est en séjour réglementé. Personne n’est autorisé à quitter l’hôtel, du reste bien gardé…
     
        On a presque le sentiment d’être dans un chalet suisse, tout est en bois. La chambre est aménagée rationnellement et dispose d’un balcon étroit qui donne sur le point d’eau. Un banc disposé à l’extérieur est muni d’un chauffage radian, car les soirées sont fraîches à 2000 mètres d’altitude. Emmitouflés dans une couverture, les jumelles rivées aux yeux, nous attendons en silence la levée de rideau…
   

 
        A 17 heure o’ clock, la cloche de cuivre de la terrasse panoramique sonne le rassemblement. C’est l’heure du thé et des petits fours, tradition anglaise qui perdure. Nous n’avons pas le temps de quitter notre chambre, qu’un bruit sourd de cavalcade sur le toit nous surprend. Une centaine de singes gibbons envahissent l’hôtel et chapardent les petits fours sous le regard ahuri des résidents et le sourire complice du serveur. C’est impressionnant ! Les singes, très observateurs, cachés dans les grands arbres, ont vite réaliser que le bruit de la cloche correspondait à de la nourriture facilement accessible. Le rituel est tenu secret par le personnel pour que l’effet de surprise soit total…
     
        Ainsi, le temps s’écoule lentement pendant la journée, partagé entre le poste d’observation de la chambre et le salon « cosys » de l’hôtel, où un serveur très classe, en nœud papillon et blazer blanc, nous sert bière kenyane et thé anglais, à la demande…
     


        Très tôt le matin nous reprenons la piste, direction les villages de Nanyuki, Isiolo et Archer’s Post. Des deux côtés du fleuve Uaso Nyiro que l’on ne peut traverser qu’à Archer’s Post, les pistes sont médiocres. Nous bifurquons à gauche et rentrons dans la réserve de Samburu. Une nouvelle piste qui longe le fleuve Ewaso Ngiro, nous conduit de Buffalo Springs au bivouac de Samburu Lodge, un camp de toile pour deux nuits…
     
        Terrain herbeux, montagnes rocheuses, forêt en galerie, la végétation est pauvre, dominée par de petits acacias et des broussailles. Seules les rives du fleuve voient se développer des palmiers doums et de très grands acacias aux ombrages généreux. Dans ce paysages vivent des espèces rares, le zèbre de Grévy, l’antilope girafe, le beisa oryx et la girafe réticulée. Tisserins et aigles bateleurs sont aussi présents…
     


        Voir pour la première fois la tête d’une girafe dépasser largement la cime des arbres est une grande émotion. Elle peut atteindre près de 6 mètres avec un cou de plus de 2 mètres. Le pelage de la girafe réticulée est plus sombre que celui de sa sœur Massaï, et les tâches brunes sont dessinées avec netteté. Elles vivent en groupe de deux à plusieurs dizaines d’individus et se nourrissent des feuilles hautes des acacias…
      
        Et ce n’est que le début du spectacle ! quelques kilomètres plus loin, nous croisons maintenant un troupeau d’éléphants qui cherche sa pitance quotidienne. Son poids (de 3 à 6 tonnes) en fait le plus gros mammifère terrestre. Il a besoin de 200 kg de fourrage et 100 à 300 litres d’eau par jour. Une femelle adulte et trois à cinq jeunes constituent généralement un groupe. Les groupes se rassemblent pour former des troupeaux de plusieurs centaines d’individus pendant les migrations…
     


        Le décor offert par la nature africaine est simplement grandiose. Le zèbre de Grévy : le plus grand des équidés est plus massif que son cousin de Burchell, ses rayures sont plus fines et étroites, ses oreilles plus grandes et arrondies. Le mâle est solitaire ou intégré dans de petit groupes. Les femelles vivent avec leurs petits. L’oryx beisa : très grande et élégante antilope, elle a de longues cornes, annelées et toutes droites. Le pelage est brun sauf sur la tête où se dessinent des formes géométriques noires et blanches. Elle se déplace en couple ou par groupe de six à trente sujets au gré des pluies ou des points d’eau. Animal parfaitement adapté à la vie dans le désert, il est capable de faire varier la température de son corps, emmagasinant de la chaleur le jour et la libérant la nuit, afin d'éviter la transpiration (qui est alors nulle en dessous de 40°C). Toujours dans le but d’économiser l'eau, ses urines sont peu abondantes et très concentrées( aussi épaisse que du miel)...
     
        L’impala : la plus rapide et l’une des plus élégantes des antilopes. Elle a le pelage brun, et mesure 85 cm au garrot. Elle est facilement reconnaissable aux deux bandes noires qui descendent le long de ses cuisses. Seul le mâle a des cornes, et il domine un groupe de six à cinquante femelles qu’il a seul le droit de couvrir. Les babouins : pelage gris jaune sur tout le corps, avancée frontale et petits yeux très rapprochés. Ils marchent en s’aidant de leurs doigts. Rassemblés en groupes assez importants, ils vivent plus à terre que dans les arbres. Ils sont chapardeurs et parfois dangereux…
     


        Après le dîner, nous rejoignons notre tente, accompagnés par un samburu, car elle se situe à la lisière du camp.  Celui-ci, muni d’une torche enflammée, nous éclaire le chemin. Arrivé sur place, il sort de son sac un vieille appareil à « flitox » des années cinquante, et asperge de produit anti-moustique l’intérieur de la tente. L’odeur est tellement insupportable que nous sortons en courant. Les moustiques quant à eux restent ! Puis nous transmet quelques consignes pour la nuit, et notamment d’utiliser le sifflet pendu sous la moustiquaire dans le cas ou un lion roderait dans les environs ! Et avec ça, bonne nuit…
 


        Pas tout à fait rassurés, nous fermons la tente et nous passons sous la moustiquaire. Nous décidons de nous coucher, tout habillés, dans les lits de camp en toile, répliques du matériel de l’armée anglaise. Mais il nous est Impossible de fermer l’œil pendant la nuit. Des cris bizarres raisonnent dans la nuit. Des craquements de branches nous font sursauter. Les arbres et la toile frissonnent sous le vent. On entend marcher autour de la tente. Bref, à chaque instant on est prêt à sauter sur le sifflet pour s’en servir…
 


        Les Globe-trotters citadins avaient oublié que la savane vivait la nuit. Cependant, quand dans le petit matin, le soleil perce l’horizon, quel plaisir en ouvrant la tente d’être salués par un magnifique singe vervet qui vient nous rappeler que nous sommes sur son territoire. Il a un pelage gris tirant sur le vert, le visage noir cerclé de poils blancs. Les « ballottes » bleu vif et le pénis rouge se détachent sur le blanc de l’intérieur des cuisses…
     
        Après deux jours d'intensif safari, nous quittons la réserve de Samburu pour le Parc National du lac Nakuru. Il faut laisser la Rift Vallée et contourner le mont Kenya. Nous reprenons la piste jusqu’à Nanyuki où nous faisons une halte photo. En effet, le petit village se trouve sur la ligne imaginaire qui marque l’équateur. C’est aussi une pause shopping, car les marchands du temple, eux aussi, sont présents…
  

   
        La route franchit le petit village de Nyeri, puis bifurque à droite et traverse successivement Nyahururu, Gilgil et enfin Nakuru. Célèbre dans le monde entier pour ses flamants roses, ses pélicans et ses autres oiseaux, ce parc n’est qu’à quelques kilomètre du centre ville. Le lac salé situé dans le fossé d’effondrement est entouré d’une forêt d’euphorbes (arbres « candélabres »), d’une savane et des marécages. De loin, ces milliers de flamants forment une écharpe rose posée sur la rive. Mais dès que l’on approche, ce ruban s’envole précipitamment dans les airs…
     
        Le déjeuner est vite pris car la route est encore longue. Nous devons rejoindre la réserve de Massaï Mara avant la tombée de la nuit (18 heures à l’équateur). Le minibus rejoint Gilgil, et traverse les villages de Naivasha et Narok, terminus de la route goudronnée. Il en profite pour faire le plein car c’est la dernière agglomération urbanisée. Nous traversons des paysages très variés, des plaines tantôt verdoyantes et tantôt semi désertiques…
     


        Il nous reste encore une vingtaine de kilomètres avant d’atteindre la croisée des chemins à Ewaso Ngiro. On tourne à droite pour emprunter une très mauvaise piste qui nous mène jusqu’à Ngore. Puis nous franchissons les montagnes de Aitong, qui sont la séparation effective entre le monde cultivé et le monde des animaux. La nuit est tombée en quelques minutes, il faut vite échanger lunettes de soleil et casquette contre un gilet de laine. Et c’est dans la lueur des phares que nous pénétrons dans « Mara Serena » notre Lodge pour trois nuits…
     
        Au premier abord, les paysages paraissent grandioses mais un peu monotones. L’immense plaine forme comme un miroir où se reflète le ciel. Les hautes herbes changent de couleur avec les saisons, passant d’un jaune desséché au vert tendre en quelques jours. Le temps change parfois en quelques minutes, de sombres nuages se forment sur la plaine baignée en fin d’après-midi d’une lumière argentée. D’autres nuages chargés de pluie se devinent au loin, formant comme un écran…
     


        Mais nous nous rendons vite compte que la réserve possède des paysages incroyablement variés. Le long des rivières Mara et Talek défile une forêt galerie où de grands acacias ont élu domicile. En allant vers le Nord et l’Est, l’altitude s’élève graduellement à près de 2000 mètres, laissant place à une végétation riche en buissons épineux et petits arbres. Au Nord-Ouest enfin, l’escarpement d’Oloololo domine de sa hauteur le triangle de Mara ; c’est là qu’ont été tournées certaines scènes d’Out of Arica…
     
           Nous sommes levés depuis l’aube et il commence à faire très chaud, mais quel plaisir ! A Massaï Mara c’est un vrai festival. Notre chauffeur-ranger a bien compris l’affaire, nous arrêtant pour la photo ou pour le bonheur tout simple de voir de près une troupeau de zèbres, de buffles, une famille de gnous ou un couple de gazelles…
     


        « Eléphants devant ! », crie-t-il soudain. C’est avec tendresse que l’on songe alors au héros du « journal de Babar ». Tout près de nous, l’un d’eux commence à agiter les oreilles. Il serait ravi de notre départ ! Dommage. Mais ici, il est chez lui et a priorité sur la voiture. Il faut donc obtempérer…
     


        Les yeux grands ouverts, nous continuons à scruter la savane, prêts à la mitrailler de photos. Plane ou gentiment bosselée, elle sert de terrain de jeux aux plus merveilleux animaux de la planète et les pistes ont beau chahuter notre 4x4, que nous restons debout pour surprendre tout ce petit monde. Là, à droite, des hyènes font ripaille sur un reste de gnou tué probablement par une lionne. Ils se disputent le repas avec une horde de vautours affamés…
     


        La hyène a sont pelage tacheté surmonté d’une petite crinière sur la nuque. Elle enveloppe une silhouette lourde et maladroite (les pattes de derrière sont plus courte que celles de devant). Elle vit en groupe parfois important sur un territoire de 15 à 30 km². Elle se nourrit de proies disputées aux grands prédateurs et attaque des animaux vivants lorsqu’ils sont jeunes, vieux ou malades. Quelques kilomètres plus loin nous trouvons son terrier. Les trois petits attendent sagement devant l’entrée le retour de leur mère…
     
        On approche maintenant d’un troupeau de bubales. Ils ont une allure générale proche du topi, leur pelage est cependant moins roux et surtout, vues de face, ses cornes ont la forme d’une lyre. Puis c’est un cob defasa solitaire. De la taille d’un cerf, seul le mâle possède de longues cornes à courbure concave. Son pelage est brun. Il est reconnaissable facilement de derrière car sa queue est entourée d’un large anneau de poils blancs. Il vit en petit groupe très sédentaire. Il est peu chassé par les grands prédateurs car sa chair est filandreuse…
     


        La gazelle de Grant : un pelage fauve à brun roussâtre sur le dos et blanc sur le ventre. Elle a un triangle de poils blancs visible au-dessus de la queue. Elle n’a pas besoin de boire si sa pâture est assez riche. La gazelle de Thomson : un pelage brun sur le dos et blanc sur le ventre avec une ligne de séparation brun foncé sur le côté. Elle a une petite taille (60cm au garrot). Ses cornes sont légèrement lyrées et annelées pour le mâle, beaucoup plus droites et petites pour la femelle. Elle broute en remuant sa petite queue en permanence…
     
        L’autruche Massaï : le plus gros oiseau vivant sur la terre, mais incapable de voler. Elle a le cou plutôt rouge, sa sœur de somalie a le cou plutôt bleu. Le plumage du mâle est d’un noir profond, celui de la femelle est brun. Elles vivent en petit groupe de deux à six individus, et peuvent courir à une vitesse de 50 km/h. le topi : pelage soyeux marron roux et petites cornes annelées. Il a une petite bosse sur le dos au dessus des pattes antérieures qui lui donne une silhouette un peu maladroite. Le mâle vit avec un harem de six à vingt femelles accompagnées de leurs petits. Il aime se poster sur de petite buttes de terre en position d’observation. de là il peut surveiller la savane et défendre son harem contre les prédateurs ou les éventuels prétendants…
     
        Nous ne manquons pas de rencontrer dans la savane le guépard perché sur sa butte à guetter sa proie. Il est célèbre pour sa silhouette élancée et gracieuse et sa vitesse de pointe qui peut atteindre 100 km/h sur quelques dizaines de mètres. Il chasse exclusivement de jour. Se nourrit de petites antilopes et d’animaux plus petits. Très pacifique, il s’apprivoise facilement. Puis le léopard se reposant à l’ombre d’un acacia. Son magnifique pelage tacheté le fait souvent confondre avec le guépard. Beaucoup plus ramassé et plus lourd, il vit et chasse principalement la nuit. Solitaire, il chasse tous les herbivores jusqu’à la taille d’une grosse impala. Il dévore ensuite sa proie sur une branche pour se protéger des prédateurs (lions, hyènes)…
     


        Massaï Mara est aussi une grande réserve de sensations ! Elle se situe à la frontière avec la Tanzanie, en prolongement du parc tanzanien du Serengeti. Son altitude moyenne est de 1700 mètre et notre Lodge somptueux se situe sur une colline a 2100 mètres (autonomie complète : forage, groupe électrogène, téléphone satellite). Après l’excitation suscitée par le grand spectacle de la nature, le bivouac est un havre de repos. Dans une petite maison bâtie en pierre et recouverte d’un toit de chaume, les globe-trotters préparent leur prochain safari sur la terrasse, les yeux perdus dans ces grandes étendues de savane…
     
        Ce matin nous partons pour le triangle de Mara. Après vingt kilomètres de piste environ, on arrive au fleuve Mara. Peu avant un pont, une ornière éclaircit la berge, à droite, un chemin le long du fleuve mène à un endroit où l’on peut voir plusieurs hippopotames.  Mais ce sont des canards égyptiens, qui barbotent sur le chemin, que nous rencontrons en premier…
    

 
        Après avoir fait le silence pendant quelques minutes, deux hippopotames daignent sortir, d’abord leurs naseaux, puis la tête à hauteur des yeux. Dès qu’ils nous aperçoivent, ils replongent immédiatement pour ne laisser hors de l’eau qu’une petite partie du dos. Nous ne les verrons jamais en entier…
     
        Dans l’après midi nous longeons la piste du fleuve jusqu’à la borne frontière avec la Tanzanie. Simba fait la sieste vingt-deux heures sur vingt-quatre. Un Simba, c’est un lion en swahili, la langue chantante des africains de l’Est. Pour le voir bouger sa lourde masse de muscles, il faut attendre la fin de l’après midi, quand la soif et la faim tiraillent sa majesté ! Sur les rives du fleuve, les lionnes plus actives traversent la savane et vont se rafraîchir…
     


        Les fiers pasteurs Massaïs ont longtemps été les seuls humains à s’aventurer dans cette savane inhospitalière. A vingt ans, les jeunes hommes prouvaient même leur courage en affrontant un lion au corps à corps ! Temps révolu, mais on peut, en offrant un présent, visiter un village (manyattas) fait de boue et de branches qui fascinait Hemingway ou Karen Blixen…
     


        Les Massaïs vivent en dehors des limites de la réserve. Ce peuple de pasteurs a su conserver intactes ses traditions malgré un contact permanent avec le mode de vie occidental. Dans un marché improvisé près de Serova Mara, en compagnie de notre guide nous achetons une vache, qui nous servira de droit d’entrée pour le manyattas que nous allons visiter. Tous alignés devant le chef du village avec notre vache, nous laissons notre guide entamer un long palabre. Il nous est permis ensuite de filmer et de photographier tout ce que nous souhaitons, et même d’entrer dans les cases traditionnelles. Malheureusement, l’impression qui se dégage est plutôt attristante car le voyeurisme ou le sentiment d’intrusion grossière ôtent tout le sel de la visite…
     


        Dans le petit matin nous reprenons la route de Nairobi. Un immense panache de poussière se lève derrière notre 4x4 qui roule à vive allure en évitant les pièges de la piste. Il nous faudra toute la journée pour y arriver. Après une pause détente dans un hôtel de la capitale, nous rejoignons l’aéroport pour notre départ…

        Il est plus de minuit. Pas ne nouvelle du « 747 » d’Air France, en provenance de l’île de la Réunion. Nous apprenons seulement vers deux heures du matin, que l’avion est parti très en retard de l’île, et que le commandant de bord a décider de zapper l’escale de Nairobi. Un fonctionnaire nous propose de nous répartir sur plusieurs vols à destination de l’Europe. Nous choisissons au hasard un vol pour Amsterdam. L’aventure ne s’arrête pas là, car il faut maintenant d’Amsterdam prendre un vol pour Genève, et de Genève nous arrivons enfin à Marseille avec un jour de retard…

        Pendant toute cette période de transport aérien nous avons eu largement le temps de revivre nos aventures. Celles des femmes Massaïs qui proposent des animaux de bois sculptés et des colliers de perles. Puis la terre qui devient rose et où l’on entend des bruits bizarres. Un plouf ? Un crocodile plonge dans la rivière. Un gros snif ? Un hippopotame qui éternue dans la mare ! Le rugissement soudain d’un lion qui pétrifie un troupeau de gazelles. Un safari au Kenya est une vraie aventure avec juste ce qu’il faut de petites frayeurs pendant les nuits passées au Lodge avec cris et bruissements à sa porte…

        Il faut chaque matin, en se levant, conjurer le sort comme le font si bien les kenyans : « Akuna matata » (tout va bien, en swahili). Nous n’avons pas bu l’eau du lac victoria, mais nous pensons y revenir bientôt…

 

 Andrée et Armand    

 

 

 


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le 13-09-2008 06:23

LA PAROLE

 

 

 

 

        Pour les Peuls, la parole est considérée comme un fruit dont l’écorce est le bavardage, la chair est l’éloquence et le noyau le bon sens. Ainsi, pour ce peuple si c’est par la parole qu’on peut accéder au bon sens, en revanche le bon sens, c’est-à-dire le retour sur soi pour mieux percevoir le monde, prépare à la parole. Nous pouvons donc dire, en quelque sorte, qu’elle prépare à mieux vivre.


        En Maçonnerie, le rituel exige que l’art oratoire soit précédé d’un moment de silence. Car ce silence qui est une espèce de concentration, de souffle, va permettre au rythme respiratoire de porter des mots qui vont devenir paroles.


        Le silence est donc une vertu essentielle, car n’est-ce pas de l’usage inconsidéré d’une parole trop spontanée et par conséquent éminemment superficielle, que naisse toutes les dissensions, que se cristallisent toutes les divergences, que se répandent toutes les calomnies ? On peut dire de la Maçonnerie comme de toute la vie sociale, comme du perfectionnement même de l’humanité, ce que Hyacinthe Loyson disait de la Démocratie, à savoir « qu’elle naît par l’idée et meurt par les mots, dès qu’ils sont vides ».


        (Hyacinthe Loyson : Père prédicateur, prophète et théologien né en 1827, et surtout connu pour sa déclaration fracassante en 1870 contre le « prétendu dogme de l’infaillibilité du pape ». il fait parti des figures les plus intéressantes de l’opposition à l’absolutisme du Vatican.)


        C’est pourquoi le Maître doit savoir parler peu et réfléchir beaucoup ; nul ne se libère du devoir de tout peser, mesurer, comparer, en faisant de sa parole un torrent intarissable, tonitruant et impétueux.


        Nous n’avons pas en Maçonnerie, à nous convaincre, mais simplement à nous comprendre. C’est dans ce but que l’Initiation apprend à l’Apprenti à regarder, au Compagnon à discerner et au Maître à coordonner. Cette activité coordinatrice est, en soi, la synthèse même de la Maîtrise maçonnique, car elle peut s’exercer avec une égale utilité sur tous les plans, dans tous les domaines par chacun d’entre nous.


        Ceux qui dans nos rangs s’adonnent à ces complexes spéculations qui portent l’esprit jusqu’au sommet du concevable, ne sont à cet égard pas plus que le simple Maçon qui se révèle, par nature et prédispositions, foncièrement fraternel, tolérant, pitoyable, juste et désintéressé. Si les premiers apportent dans le monde profane un élément de perfection intellectuelle propre à élever le niveau spirituel des élites, tout en favorisant leur développement et leur sélection, les seconds n’en deviennent pas moins au sein des masses de vivants « centres d’union maçonnique » parce que, par la force seule de leur exemple, ils créent autour d’eux l’harmonie et la pureté.


        Nous poursuivons tous un but identique et chaque Maître a son rôle à jouer dans la lente évolution de l’esprit humain qui a, à travers le temps, fait du serf un libre citoyen et nous a menés de l’anthropophage à l’objecteur de conscience.


        Un Maître révèle sa Maîtrise en accordant son « mode de pensée » avec les principes fondamentaux de l’Ordre et en faisant de ses actes le fidèle reflet de ses discours.


        Son accession symbolique au troisième degré lui a valu cet enseignement : « Rien de peut empêcher la vie de se poursuivre et de se renouveler ». Il ne sera réellement Maître que lorsqu’il en aura sérieusement conclu qu’il faut semer pour récolter, sans souci des temps favorables ou hostiles, sans préjuger jamais de l’heure où la récolte aura mûri, détaché de toutes les contingences humaines, sans espoir de récompense, sans autre soutien que l’approbation d’une conscience pure, empreinte d’une ineffable sérénité.


        S’il épouse, de quelque manière et dans quelques circonstances que se soient, les passions grégaires qui divisent les masses profanes en factions antagonistes, en nations ennemies, en confessions rivales, il démontre lui-même combien peu le titre dont il se pare est mérité.


        Et que dire lorsqu’il règle son attitude à l’égard de ses Frères ou de ses Sœurs d’après la couleur de leur cordon, l’importance de leur situation sociale ou leur ancienneté dans l’Ordre ; lorsqu’il parle toujours de ses droits et jamais de ses devoirs ; lorsqu’il viole ses serments en calomniant les uns ou en adulant les autres ; lorsqu’il intrigue pour obtenir des honneurs et se gonfle de vanité satisfaite ?


        Le Maître ne cherche point la preuve de sa supériorité dans l’expression visible de l’infériorité intellectuelle ou sociale de ceux qu’il côtoie dans la vie, pas plus qu’il n’éprouve de satisfaction aux marques traditionnelles de respect que peut lui valoir son titre. Il aime d’autant plus ses devoirs qu’il sait ignorer ses droits, il veut asservir la matière et délivrer l’esprit, tuer l’égoïsme et faire vivre l’amour. il ne connaît point de joie plus profonde que lorsque l’étincelle du sublime jaillit dans les yeux attentifs du Néophyte, lorsqu’il voit la graine féconde germer dans les cerveaux, la Lumière soudainement éclairer les cœurs et les esprits. Il vibre d’allégresse au spectacle, précieux entre les plus précieux, de l’homme qui se surmonte, de l’homme qui, le front dressé, marche, tombe, se relève et gravit pas à pas l’abrupt sentier qui conduit au Grand Architecte.


        En maçonnerie la parole se sert des mots comme d’une énergie. Elle va à la fois affirmer la personnalité, mais elle va aussi permettre au récepteur du message d’y entendre le non-dit, car la parole est aussi un non-dit comme le silence.


        Je citerai pour exemple une phrase d’Edouard Plantagenet « Causeries initiatiques pour le travail en chambre du Milieu » :  « Mais tandis que les hommes te lapident, que les ronces te déchirent et que les vestiges de tes passions alourdissent encore ta marche à la lumière, écoute, ô toi fils de la Putréfaction, toi qui veux désapprendre le mensonge, le sang et la boue, toi qui ne veut plus ramper, écoute la voix de Zarathoustra clamer dans l’espace ».


        Et quelques citations de l’œuvre de Zarathoustra, d’une actualité éclairée : (Zarathoustra : Réformateur de la religion Iranienne, 8ième 7ième siècle av. J-C.)
 « Mes Frères, prenez garde aux heures où votre esprit veut parler en symboles : c’est là qu’est l’origine de votre vertu »,
« Solitaires d’aujourd’hui, vous qui vivez séparés, vous serez un jour un peuple. Vous qui vous êtes choisis vous-mêmes, vous formerez un jour un peuple choisi – et c’est de ce peuple que naîtra le Surhumain »,
« Tous les Dieux sont morts : nous voulons, maintenant, que le Surhumain vive ! Que ceci soit un jour, au grand midi, notre dernière volonté ! ».


        Et qu’est-ce le « grand midi » sinon le « midi plein », l’heure rituelle à laquelle les Francs-Maçons reprennent leurs Travaux !


        L’heure est venue. Répandus sur les deux hémisphères les Maîtres rassemblent les ouvriers et des quatre coins cardinaux ils accourent, ceux qui n’ont rien oublié de la mission sacrée de l’Ordre, ceux qui ne sauraient résister à l’impérieux appel qui rallie les artisans du Grand architecte de l’Univers.


        Dans le mystère de nos Temples des temps nouveaux se préparent, une ère nouvelle commence, une autre humanité surgit… Ecoute, voilà que tinte l’heure des éternelles renaissances… La parole déploie tout son sens, elle touche l’ensemble des Maîtres. Car la Parole c’est le souffle, plus l’énergie vitale personnelle de celui qui émet le message. Elle devient donc une source de communication et non plus seulement d’information. Elle est énergie. Quand elle se hausse au niveau de la communion, quand l’émission et la réception se transposent en fusion totale, il y a alors création d’être entre l’émetteur et les récepteurs.


        A ce degré, l’art oratoire rejoint donc la parole divine. Elle crée la fusion. La transposition ou la transmutation est totale. Les interlocuteurs communiquent vraiment. Chacun donne et en même temps reçoit. Nous sommes alors dans le Sacré et dans le Logos originel.

  
        Burinant ma planche dans le soleil couchant, l’ombre a fini par gagner l’ensemble de mon tracé.  A cet instant j’ai éprouvé le doute. Et si cette ombre était aussi le spectre d’Ego ! L’ombre du Maître qui vient d’oublier qu’il est un éternel Apprenti ? Alors ne suis-je pas moi aussi entrain de Véhiculer des mots ? Or les mots ne doivent pas êtres mis n’importe comment, les uns à la suite des autres….


        Je conclurai donc simplement par ce proverbe chinois : « Il faut se taire quand ce qu’on a à dire n’est pas plus beau que le silence ».

 

 

 Jakin  

 

 

 

 


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le 12-09-2008 09:21

AU PAYS DE LA TERANGA...



Sénégal, Gambie du 25 mars au 1er avril 1989




    

        Terre de la Teranga, pas de collier ni de fleurs, ni de réception factice, pour recevoir l’étranger, le sens de l’hospitalité africain est à la fois plus grave et aussi plus léger. Si au Sénégal on a le contact et la plaisanterie faciles, on accorde beaucoup de sérieux à tous ces rites qui feront de vous à jamais un ami…

        Le Sénégal comble tous ceux qu’anime l’envie de courir les chemins les plus reculés, de plonger dans ces mers chaudes où, chaque fin d’après-midi, descend un soleil en feu, d’échanger quelques mots d’une pirogue à l’autre, de goûter, sans contrainte, la lenteur des jours, la clarté des matins, la douceur des soirs face à des vagues de début du monde…

        Avec 450 kilomètres de plages délicatement ombragées par filaos, cocotiers et palmiers, le pays se présente, d’abord, comme une exceptionnelle destination. Ne dit-on pas que la Casamance possède les plus belles plages d’Afrique ?…

        Sous le sable, la découverte. A Touba, la mosquée se hérisse du plus haut minaret de toute l’Afrique de l’Ouest. A Enampor et Séléki, il existe des cases inconnues ailleurs. A Mbour, les pêcheurs réinventent tous les jours Tibériade…

        Sous le soleil, la vérité. Le pays ignore les sentiments coupés sur mesure, la prétention, l’emphase. Il rit de tout, et d’abord de lui-même. Il reste sincère, léger, fragile et volontiers mystérieux sous ses baobabs, entre ses marigots et ses griots. De Sally au Cap Skiring, la mèche de Tintin n’est jamais loin. La magie non plus, qui s’enseigne en cours du soir…

        Au Sénégal, le farniente devient une aventure et la carte postale un genre philosophique. C’est que la « plus proche des destinations lointaines » est aussi la reine de tous les envoûtements…
 


        Comme dans la chanson, « il y a le ciel, le soleil et la mer »…En route pour le Sénégal donc ! Un sac suffit pour les tee-shirts, shorts, pantalons de coton, maillots de bain, lunettes de soleil et crème bronzante. Cinq heures plus tard, nous sommes accueillis à l’aéroport  par notre guide Fatou. Un car nous attend pour nous mener à Sally  notre étape pour la nuit…
    
        Salam alikum, ça va ? Deux mots, un large sourire, une main qui se tend, nous voilà déjà adoptés, charmés et dépaysés. A deux heures au sud de Dakar, protégée des houles de l’Atlantique par la presqu’île du Cap-Vert, la Petite Côte déroule sur 120 kilomètres ses plages de sable fin…
        


        Ici les eaux sont calmes, un soleil permanent, agréablement rafraîchi par les alizés et l’ombre des palmiers, et nous comprenons pourquoi cette fange du littoral est devenue la région star du Sénégal. Notre hôtel « le Framissima » occupe une bonne place sur ce littoral, et sur sa plage de magnifiques pélicans viennent nous rendre visite…
    
        Sally-Portudal, à la fin du 15ième siècle était un port très fréquenté par les marins portugais. Avec ses jardins en terrasses abondamment fleuris, ses filaos arachnéens que taquine la brise, ses pelouses à faire pâlir d’envie les Anglais, elle apparaît comme un petit paradis. D’autant que les années qui passent ont gommé le caractère artificiel de son implantation…
     
        Ce matin, au hasard de notre promenade sur la plage, nous faisons une rencontre avec un Serere (ethnie locale). Celui-ci, habillé à l’européenne, en compagnie de son petit frère, nous propose de nous faire visiter son village. Après quelques minutes de palabres, qui permettent de faire connaissance, nous le suivons jusqu’à l’arbre sacré qui protège l’âme des ancêtres. La coutume consiste à demander la bénédiction des ancêtres pour visiter le village. En réalité c’est une mise en scène pour mieux nous vendre des objets de l’art artisanal regroupés dans une case au fond du village…
    


        Mais on peut avoir envie de voir autre chose ! A deux pas il y a Mbour. Nous partons assister au retour des pêcheurs. La plage est envahie par les villageois et la pêche est vraiment miraculeuse. Bleues, jaunes ou rouges, les pirogues sont hissées sur le sable. Les longs filets débarquent, remplis de carpes rouges, mérous, gambas et langoustes qui se débattent encore. Sur toute la cité flotte l’odeur forte du poisson, frais, séché et fumé venant des nombreuses sécheries installées sur la plage…
     
        Puis on reprend la route côtière. On traverse plusieurs petits villages : Ngazobil où à été implantée une des premières mission catholique ; Joal le village natal de Léopold Sédar Senghor et Fadiouth, célèbre pour ses greniers sur pilotis à toits coniques et pour ses buttes de coquillages. Nous traversons la région du Sine Saloum jusqu’au poste frontière de la Gambie. La savane nous offre des images de la vie quotidienne. Le delta du Sine Saloum (parc national) est l’un des plus beaux sites du Sénégal. D’une superficie d’environ 180 000 hectares, c’est une zone constituée de mangroves, de lagunes, de forêts et de cordons sableux…
 


        Sur la piste qui mène au bac il y a déjà une longue file de camions qui attendent leur passage. Avec quelques « bics », briquets et miniatures de parfum, notre guide négocie notre passage en priorité, nous devons déjeuner à Banjul la capitale de la Gambie. C’est une opération compliquée, car la douane est tatillonne et adore les papiers, qu’ils soient à remplir ou à fournir…

           Un accueil plutôt dissuasif. Dommage, car Banjul, malgré les problèmes d’insécurité qui la caractérise, est une capitale séduisante avec ses vieilles maisons coloniales, ses quantités de tissus bon marché, son mélange de rigueur very british et de pagaille organisée très couleur locale. Après le déjeuner nous reprenons la route pour l’ancien comptoir portugais de Ziguinchor, notre étape pour deux jours…
 


        Elle est aujourd’hui la capitale de la Casamance et un port fluvial actif au bord du fleuve Casamance. Très verte, elle ressemble à une cité jardin avec ses nombreuses maisons basses et ses allées de sable. On visite le marché St Maur des fossés très actif et surtout le Centre artisanal, rassemblant deux cents artisans dont la qualité et le prix des productions sont contrôlés…
      
        Nous prenons la route pour nous rendre à Oussouye, siège d’une chefferie religieuse Diola. Le village possède de bons artisans vanniers et potiers. Ces derniers travaillent avec une rare dextérité, une argile de leur composition (vase des marigots mêlée à des coquillages broyés). A notre arrivée, le village est désert, seuls les enfants sont présents et s’occupent de la collecte de l’eau…
     


        Puis d’une piste dans la forêt, et longeant des rizières, on atteint le beau village d’Enampor, dont les cases sont construites avec des impluviums. En fait ces cratères pratiqués dans les toits ne servent pas à recueillir la pluie mais à ménager un peu d’air et de lumière. Construites en terre banco, et coiffées de chaume, les cases Diola, mélange à la fois d’habitat collectif et individuel, sont divisées en « appartements » tous dotés de leur entrée et de leur cuisine personnelles…
    
        On revient sur la route peu avant Oussouye, une piste sur la gauche s’enfonce dans les bois et mène à Siganar, village des Floup qui s’est rendu célèbre grâce à sa reine, Sébeth, malheureusement décédée en 1976. Nous faisons de nouvelles connaissances avec les villageois. Sur la place principale quelques Floup nous gratifie d’un accueil traditionnel au son du tambour de brousse qui résonne en cadence avec notre cœur de Toubab…
     


        Nous empruntons maintenant la piste d’Elinkine via Loudia-Oualof. Au nord de ce dernier village, Mlomp possède un campement villageois et de pittoresques cases à étages. De vastes maisons en terre et paille mêlées, avec une armature en bois de palétuvier. On ne les voit qu’ici. Les cases à étages ont sous leur toit de chaume des allures de palais. Elles constituent vraiment une merveilleuse découverte…
     
        Nous revenons sur nos pas en prenant l’ancienne route de Cap Skiring. Le Parc National de Basse Casamance a été aménagé, non loin de la frontière de la Guinée-Bissau, dans un paysage de forêts et de mangrove. Sur le bords du fleuve Casamance nous empruntons une longue pirogue Diola pour aller à la découverte des oiseaux aquatiques…
      


        Nous glissons à la rame sur le fleuve tranquille. La pirogue, lourdement chargée, s’enfonce. Les plats-bords sont seulement à 10 cm du niveau de l’eau. Chaque fois que nous apercevons un calao à casque jaune, un aigle couronné, un touracos ou un vol de pélicans, les mouvements brusques des chasseurs d’images déséquilibrent l’embarcation qui frôle le naufrage. Nous ne sommes pas trop rassurés…
    
        De retour à Ziguinchor, après le dîner, dans la fraîcheur du soir, les Diola ont revêtu les masques ancestraux. Ils nous présentent des danses issues de leurs traditions. A leur contact, le voile se lève un peu sur les secrets les plus troublants de l’Afrique…
     


        C’est qu’ils demeurent très attachés à leurs coutumes animistes, même si une petite partie d’entre eux subit l’influence de l’Islam. A l’orée du bois sacré, ils permettent parfois aux profanes d’assister à leurs fêtes, danses et cérémonies ancestrales, fréquentes en amont du fleuve Casamance. Malgré les visiteurs, en nombre toujours croissant, elles gardent une parfaite authenticité. C’est un des grands attraits de la région…
    
        Aujourd’hui, nous reprenons la belle route goudronnée d’Oussouye pour nous rendre plus au sud à Cap Skiring. Dans la fraîcheur du matin les Diola œuvrent à leurs occupations : ramassage du bois mort, cueillette des fruits. Tenu par une simple liane, un paysan, au sommet d’un palmier dattier, avec l’aide de pollen mal, féconde les fleurs…
    


        Ombragée de cocotiers et de palmiers, la plage de Cap Skiring s’incurve doucement face à l’océan bleu et poissonneux. Cinq kilomètres de sable fin, une eau à température idéale, et toujours un hamac à portée de corps. Beaucoup la considèrent comme la plus belle de toutes les plages du pays. La mer, chaude et sans rouleaux, nous permet une petite baignade sans danger. Un babouin attaché à un tronc de palmier nous regarde passer, dubitatif…
      
        A l’origine, le village était peuplé de pêcheurs, ils sont toujours là, avec leurs pirogues étroites, leurs filets, leurs gris-gris et leur bonne humeur. Sur le marché local, improvisé sur le bout de la plage, les femmes en boubou vendent poissons et tissus dans un ambiance très colorée…
     


        Il est temps de quitter la Casamance pour rejoindre la station balnéaire de Sally Portudal. Cette fois-ci nous remontons par la piste du Nord : Kolda, Nioro et Kaolack. Le long de cette longue traversée nous croisons sans cesse des troupeaux conduits par des Peul, l’ethnie nomade du Sine Saloum et quelques villages Bassari…
        
        Il fait nuit quand nous arrivons à Sally. Vite, une douche pour nous débarrasser de la poussière de la piste. Puis nous nous retrouvons au bar, avec Jacky et Simone, un couple sympathique habitant Bagard (Gard), pour siroter un Pina Colada. Un sénégalais nous aborde pour nous proposer de déguster des langoustes grillées chez lui. Nous décidons d’abandonner le restaurant de l’hôtel pour ce repas improvisé chez l’habitant…
  


        Notre hôte vient nous chercher. Nous entraînons avec nous deux autres couples de l’Hérault, et tout ce petit monde se dirige joyeusement vers le village de pêcheurs. Dans une cabane en roseaux, éclairée par une torche au néon,  toute la famille nous attend. La table en bois brute est dressée avec des assiettes, des verres et des couverts disparates, probablement récupérés dans les hôtels voisins. Dans un coin, un brasero sous la surveillance de la maîtresse de maison est prêt à faire son office. Les langoustes, quant à elles,  se débattent dans un seau en plastique…
    
        Le repas commence avec des poissons cuits en papillotes, des pommes de terre et une sauce que seuls les africains savent préparer. Suivent les langoustes grillées, un vrai délice, quelques gâteaux de semoule enrobés de miel et, le tout arrosé d’un vin rouge peut-être millésimé. Pendant la cérémonie du thé à la menthe qui clôture le festin, quelques uns d’entre nous, encouragés par l’ambiance conviviale, poussent une petite chanson qui fait rire aux éclats tous les curieux entourant la case. Une vraie rencontre, un moment de partage sans préjugés raciaux. Sauf qu’une fois debout, nous nous apercevons que les enfants mangent nos restes. Sur le chemin du retour, on a beau se dire que c’est çà l’Afrique pour se donner bonne conscience, nous pensons que nous sommes tout de même des privilégiés…
    


        Très tôt le matin, pour profiter au maximum de la fraîcheur, nous remontons vers Dakar en empruntant la route de l’intérieur. Pendant plus de 120 kilomètres nous traversons une magnifique forêt de baobabs. Leurs troncs peuvent atteindre 20 mètres de circonférence. Malgré la déforestation, ces géants sont encore nombreux dans le pays, avec une forte implantation dans la régions de Thiès. Il ne se contente pas d’être l’arbre le plus spectaculaire et le plus symbolique du Sénégal. Il joue un rôle important dans la vie de tous les jours. Avec l’écorce les sénégalais fabriquent des cordes. Emblème du pays, avec le lion, il revêt un caractère sacré, notamment sur la Petite Côte…
         
        Au premier coup d’œil, la capitale sénégalaise déroute un peu, irrite même. C’est qu’elle est à la fois bruyante, nonchalante et brouillonne. Mais il suffit de l’aborder à pied, en flânant, pour qu’opère la séduction. Venus de l’océan, les vents chargés de douceur s’insinuent dans les moindres ruelles, rendant la chaleur toujours supportable. Cotonnades multicolores, port de tête haut et fier, bavardage ininterrompu : la foule est belle et joyeuse. Rires à fleurs des lèvres masculines, coiffures sophistiquées des femmes, apostrophes en Wolof des marchands à la sauvette : la rue est un chaud tourbillon, une kermesse qui naît dès 7 heures du matin…
      


        Gratte-ciel de verre et d’acier, immeubles aux formes triangulaires hardies, et l’odeur forte des épices qui s’échappe des marchés, et les cases en banco : la capitale affiche un goût prononcé pour l’architecture contemporaine. Elle conserve aussi ses vieilles habitudes, à peine remises au goût du jour. Sous les arcades de la place de l’indépendance, le cadre à cravate et le marabout à gris-gris font excellent ménage. De la Présidence aussi, dont la blancheur illumine l’avenue Roume ; de la fenêtre de son bureau, le président Abdou Diouf jouit d’une vue magnifique sur Gorée…
     
        Le lendemain on se doit d’embarquer pour Gorée. Sur la chaloupe nous ne sommes pas seuls, Mme de Fontenay sans ses « Miss France » est là aussi. Après vingt minutes de traversée, la chaloupe pénètre dans l’anse Bouffier et accoste au débarcadère dans la partie basse de l’île…
     


        En descendant, on parcourt le môle qui ferme la plage où plusieurs terrasses de café sont installées. Au pied des maisons jaunes, roses et rouges, le buste de Blaise Diagne, rappelle le souvenir du premier député du Sénégal qui est né à Gorée. En allant vers le nord, par le quai de la Rade, on atteint la place des Canons ou s’élève le Fort d’Estrée, appelé aussi « batterie nord » car ces canons sont installés sur la pointe septentrionale de l’île…
      
        On arrive sur la place du gouvernement pour découvrir l’ancienne Mairie (1872), le Relais de l’Espadon. Au coin de la place et de la rue du Castel : l’ancienne école William Ponty, et au coin de la rue du Port, le Poste de Police, plus vieux bâtiment de Gorée, et qui fut tour à tour une église, un entrepôt, une forge, une boulangerie, une prison, une poissonnerie et un dispensaire…
             

        
        Mais Gorée c’est aussi la porte infernale qui s’ouvrait sur l’Amérique. Celle qu’empruntèrent, pendant trois siècles, des millions d’hommes embarqués de force pour les Antilles et le sud des Etats-Unis. L’esclavage apporta la richesse, son abolition la pauvreté. Aujourd’hui, on imagine mal que cette île aux accents presque méditerranéens, au charme envoûtant, fut le théâtre d’un des principaux drames de l’humanité. La Maison des esclaves est une visite indispensable, même si elle nous arrache des larmes en écoutant avec émotion Joseph N’Diaye, son conservateur raconter l’histoire de ses ancêtres…
    
        Quand Fatou vient nous récupérer à l’hôtel pour nous accompagner à l’aéroport, nous savons que l’aventure se termine. Dans ce tourbillon de rencontre et de sable il ne reste que l’éclat de rire du Sénégal. Car les sénégalais sont volontiers moqueurs. Chaque ethnie prend un malin plaisir à monter en épingle les insuffisances de sa voisine. Et les visiteurs ont vite droit à un surnom bien trouvé, accompagné de nombreux éclats de rire, voire d’une imitation de leurs travers plus vraie que nature. Rien de méchant dans tout cela…

        Au contraire, les sénégalais témoignent généralement d’une grande gentillesse. Ce sont simplement des observateurs nés, qui détectent instantanément les faiblesses et les ridicules de chacun. Des humoristes dans l’âme, qui refusent de se priver d’un bon mot, qui saisissent, avec finesse, toutes les occasions de sourire…

        Le poète Président, Léopold Sédar Senghor, détestait l’affiche publicitaire de « Banania », représentant un tirailleur sénégalais hilare. Pourtant, le rire est une des composantes les plus attachantes de l’âme du pays. Mangui dem…
 
 
 
Andrée et Armand  
 
 
 


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